Le Catholicisme à la lumière de l’Écriture Sainte

Chapitre V

La Pénitence

La grande question que se pose tout homme est celle-ci : Comment devenir chrétien, comment être sauvé, puis-je être certain d’être sauvé ?

Pour un catholique, l’assurance du salut est impossible, car notre salut dépend à chaque instant des sacrements et des œuvres… Le terme même de « salut par grâce » est pour lui très compliqué.

D’après la doctrine catholique, le salut dépend, en effet, comme nous l’avons vu, des sacrements qui donnent la grâce, et particulièrement de celui de la Pénitence.

DOCTRINE CATHOLIQUE

Voilà ce qu’en dit le catéchisme :

… On donne à ce sacrement le nom de pénitence parce que, pour obtenir le pardon des péchés, il est nécessaire de les détester avec repentir et parce que celui qui a commis une faute doit se soumettre à la peine que le prêtre impose.

… Ce sacrement est aussi appelé confession parce que, pour obtenir le pardon de ses péchés, il ne suffit pas de les détester, mais il est nécessaire de s’en accuser au prêtre…

Quelle est la matière du sacrement ?

On distingue, pour le sacrement de la Pénitence, la matière éloignée et la matière prochaine : la matière éloignée est constituée par les péchés que le pénitent a commis après son baptême, et la matière prochaine, ce sont les actes du pénitent, c’est-à-dire la contrition, l’accusation et la satisfaction.

La forme : « Je t’absous de tes péchés. »

Le ministre : Le prêtre approuvé par l’évêque. Car il ne doit pas seulement avoir l’ordre, mais le pouvoir de juridiction qui doit être donné par l’évêque.

Le sacrement de pénitence est nécessaire, pour être sauvé, à tous ceux qui, après le baptême, ont commis quelque péché mortel.

Il a la vertu de remettre tous les péchés si nombreux et si grands soient-ils, pourvu qu’on le reçoive avec les dispositions nécessaires.

Voilà les dogmes concernant la pénitence :

  1. De même que Jésus lui-même a pardonné les péchés durant sa vie, il a transmis à ses Apôtres le pouvoir de pardonner et cela non seulement pour les péchés commis avant le baptême, mais encore pour les péchés des baptisés. (De foi, PTD II. 399).
  2. Le pouvoir de l’Eglise de remettre les péchés s’étend à tous les péchés sans exception. (De foi, PTD II, 408).
  3. Le pouvoir de rémission des péchés est exercé par un acte judiciaire. (De foi, PTD II. 410).
  4. Le ministre du sacrement de Pénitence est le prêtre seul. (De foi, PTD II. 437).
  5. Pour quiconque a péché gravement après le baptême, la réception du sacrement de Pénitence est prescrite. (De foi, PTD II. 442).
  6. Par le sacrement de Pénitence, le pécheur repentant reçoit la rémission de tous ses péchés graves commis après le baptême et toujours la remise des peines éternelles. (De foi, PTD II. 444).
  7. Le sacrement de Pénitence est absolument nécessaire au salut pour tous ceux qui ont péché gravement après le baptême. (De foi, PTD II. 445).

De nombreux aspects de ce sacrement sont l’objet d’opinions très différentes parmi Les théologiens. Il suffit pour s’en convaincre d’étudier les cinquante pages consacrées à ce sujet par Mgr Bartmann dans son Précis de Dogmatique (II. 395-449). Par exemple, l’Eglise na pas défini la matière de la Pénitence.

Pour examiner ce sacrement, nous en verrons les trois parties principales, considérées par certains comme étant la matière proche : la contrition, l’accusation et la satisfaction.

1. La Contrition.

DOCTRINE CATHOLIQUE

Voilà la définition du catéchisme :

Il s’agit du déplaisir de l’âme par lequel on déteste le péché commis et on se propose de n’en plus commettre à l’avenir. Contrition veut dire : broiement. Sans elle, on ne peut jamais obtenir le pardon des péchés : avec elle seule, quand elle est parfaite, on peut obtenir le pardon, pourvu qu’elle soit unie au désir au moins implicite de se confesser.

Et voici le dogme :

La contrition parfaite, unie au désir du sacrement, justifie le pécheur coupable d’un péché mortel, avant la réception du sacrement. (Proche de la foi, PTD II. 421).

La contrition doit être normalement précédée par un « examen de conscience » qui doit faire un triage entre les péchés véniels et les péchés mortels. — Pour qu’un péché soit mortel il faut : 1° matière grave : qu’il soit contraire aux lois de Dieu et de l’Eglise ; 2° pleine connaissance : savoir qu’on fait mal grave… ; 3° parfait consentement de la volonté.

EXAMEN HISTORIQUE DE LA NOTION DE PÉCHÉ MORTEL

Dans l’Eglise constantinienne (au IVe siècle) on considérait comme particulièrement grave : l’apostasie, l’adultère et l’homicide que l’on nomma péchés capitaux, à la distinction des péchés quotidiens. Le nombre de ces péchés augmenta bientôt, sans qu’on puisse discerner sur quels principes on s’appuya (PTD II. 447). On y comprit l’ivresse, le vol, le pillage. On alla jusqu’au chiffre de dix-huit, ramené plus tard à sept ou huit, mais « l’histoire du péché mortel est difficile » (PTD II. 443).

EXAMEN BIBLIQUE

Cette notion correspond à ce que l’Ecriture nomme repentance. A ce propos il faut noter que les versions catholiques du Nouveau Testament traduisent par « faites pénitence » ce que les protestants rendent par « repentez-vous  » Le mot grec utilisé par l’Eglise Primitive est metanoia, dont le sens est clair : c’est un changement de pensée et de conduite, c’est le regret d’avoir commis une faute et le désir de ne plus la commettre. Le terme pénitence se situe sur un autre plan et n’est pas une traduction valable.

Quant à la distinction faite entre péchés véniels et mortels, elle nous paraît contraire à l’Ecriture, qui enseigne clairement que tout péché est mortel, car le salaire du péché, c’est la mort. Le péché est d’ailleurs en premier lieu un état, se manifestant par des actes passagers et extérieurs qui sont les péchés particuliers. Tout péché est un symptôme trahissant un état de péché qui est nommé par Dieu : la mort. « C’est pourquoi, comme par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché…, (Romains 5.12-13). « Car tous ceux qui s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi et ne le met pas en pratique » (Galates 8.10). « Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous » (Jacques 2.10). (Voir aussi Romains 6.16 ; Matthieu 5.19 ; 1 Jean 3.4 ; Habakuk 1.13).

2. L’Accusation ou la Confession.

DOCTRINE CATHOLIQUE

Voici le catéchisme sur ce point :

La confession, c’est-à-dire l’accusation de ses péchés à un prêtre au tribunal de la pénitence, est une obligation. En 1215, le Concile de Latran décréta :

« Tout fidèle des deux sexes arrivé à l’âge de raison doit se confesser à son prêtre au moins une fois par an, avant de recevoir avec respect le sacrement de l’Eucharistie, au moins à Pâques, et en avouant fidèlement tous ses péchés. »

Sous peine d’excommunication, tout catholique doit s’y soumettre. Le secret de la confession est d’ailleurs rigoureusement assuré, en théorie, au pénitent.

Et notons le dogme !

Il est nécessaire, d’après l’ordonnance divine, que tout péché grave commis après le baptême, soit soumis, dans la confession secrète, au pouvoir des clefs de l’Eglise, pour en obtenir le pardon. (De foi, PTD II. 425).

EXAMEN HISTORIQUE

Ce n’est que vers le IVe siècle qu’apparaît la confession, mais elle n’est imposée à personne. Pourtant, peu à peu, on y soumet les moines, puis le clergé. Finalement, les laïcs. Mais il y eut de vives résistances.

La confession, telle qu’elle existe aujourd’hui, ne se rencontre chez aucun Père avant le Concile de Nicée. Chrysostome déclare au Ve siècle :

« Je ne te dis pas de confesser tes fautes à celui qui n’est qu’un serviteur comme toi. Ne dis donc pas tes fautes, même à ton ami, confesse-les à Dieu qui seul pénètre ton cœur et le sonde. Que ce jugement se fasse sans témoins, qu’il n’y ait que Dieu seul qui voit ta confession. »

On pourrait multiplier les citations de ceux qui, jusqu’en plein moyen âge, protestèrent contre les abus de la confession.

En fait, la confession est une source d’abus intolérables :

  1. Le secret du confessionnal ne peut être absolu. Bien des prêtres n’ont pu résister à la tentation d’utiliser les secrets qui leur avaient été révélés au tribunal de la confession.
  2. Le confessionnal a été souvent une école de corruption. Beaucoup de catholiques sincères le reconnaissent, car le prêtre doit poser des questions précises pour sonder les consciences. La liste de ces questions fait frémir.
  3. Le système de la confession a rabaissé la loi de Dieu. Dans l’esprit du pénitent s’établit l’idée que le confessionnal est une sorte de blanchisserie. C’est un marché où l’on se débarrasse de son péché moyennant un prix qu’il faut payer d’après un barème. Cette idée est combattue par la doctrine catholique, mais dans la pratique, elle est très générale.
  4. Ce système permet à un homme de prendre la place de Dieu. Dieu seul pardonne (Luc 5.24). Il est vrai que l’Eglise prétend détenir le pouvoir des clefs de Jésus Lui-même. Mais une chose est certaine (et le fidèle voit surtout cela), c’est que le prêtre dit : « Je te pardonne » et juge souverainement s’il donne ou non l’absolution. Il est à noter que la formule était d’ailleurs jusqu’au XIIIe siècle : « Que Dieu te pardonne… »

EXAMEN BIBLIQUE

Il n’y a rien dans la Bible qui puisse se comparer à une confession auriculaire.

La confession dont parle l’Ecriture est d’abord faite à Dieu (1 Jean 1.8-10). Dans l’Eglise primitive, certains péchés devaient être avoués publiquement quand il y avait eu scandale public. Mais cette confession à des hommes doit être réciproque. Jacques 5.16 : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière fervente du juste a une grande efficace. » Il ne faut pas détacher ce texte du contexte : il s’agit de malades qui le sont parfois à cause de leurs péchés et à qui l’apôtre conseille de décharger leur conscience. La prière « du juste » indique bien qu’il ne s’agit pas du clergé, mais du simple fidèle. Ces péchés, que nous devons confesser aux hommes, sont ceux qui leur ont porté préjudice. De même, la confession est nécessaire envers ceux que l’on a offensés. C’est plus difficile qu’à un prêtre « professionnel ». Matthieu 5.23-24 : « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère. » Ces confessions avaient souvent lieu avant la Sainte-Cène dans l’Eglise primitive.

En tout cas, cette confession à des hommes, de fautes commises envers eux ou même envers Dieu, mais empoisonnant notre vie, ne peut aboutir à une absolution. Elle ne peut aboutir qu’à une prière, car le principal offensé demeure Dieu. Il est très significatif de voir l’apôtre Pierre dire à Simon le Magicien de se repentir et de prier Dieu pour être pardonné : il ne parle ni de confession, ni d’absolution (Actes 8.24).

3. La Satisfaction.

DOCTRINE CATHOLIQUE

La satisfaction, qu’on appelle aussi pénitence sacramentelle, est un des actes du pénitent par lequel il donne une certaine compensation à la Justice divine pour les péchés commis, en accomplissant les œuvres que lui impute le confesseur.

Après l’absolution sacramentelle qui remet la faute et la peine éternelle, il reste une peine temporelle à payer en ce monde ou dans le purgatoire. (Les péchés commis avant le baptême sont pardonnés totalement sans avoir besoin de satisfaction, mais ceux commis après entraînent la nécessité d’une satisfaction, car ils sont plus graves, étant faits avec plus de connaissances et d’ingratitude.)

Nous ne pouvons satisfaire à Dieu, mais nous le pouvons en nous unissant à Jésus-Christ qui, par le mérite de sa passion et de sa mort, donne de la valeur à nos actes.

La pénitence donnée par le confesseur ne suffit généralement pas : il faut y ajouter des pénitences volontaires.

Les œuvres de la pénitence sont de trois espèces : la prière, le jeûne et l’aumône.

La pénitence la plus méritoire est celle donnée par le confesseur parce que, faisant partie du sacrement, elle reçoit une plus grande efficacité des mérites de la passion de Jésus-Christ.

Et voici le dogme :

Dieu ne remet pas toujours, en même temps que le péché et sa peine éternelle, toute la peine temporelle, c’est pourquoi le prêtre peut et doit imposer au pénitent, en vertu du pouvoir des clefs, des œuvres de pénitence. (De foi, PTD II. 434).

EXAMEN HISTORIQUE

A l’origine nous voyons que, peu après la fin des persécutions, on exigeait des renégats une pénitence publique dans l’Eglise primitive, mais cette pénitence n’est jamais considérée comme une satisfaction à Dieu.

Ce terme de satisfaction date de Tertullien et a lentement évolué jusqu’à Anselme (XIIIe siècle). Il a un aspect juridique : il fallait que la justice de Dieu fût satisfaite. Cette idée est admise par Calvin : La Justice de Dieu a puni notre péché en Jésus-Christ. Longtemps, on considéra que cette satisfaction par le Christ était infinie. Duns Scot (XIVe siècle) prétendit qu’elle n’était pas infinie et le Concile de Trente établit nettement la différence entre la satisfaction éternelle et la satisfaction temporelle, restant à la charge de l’homme pécheur. Cette satisfaction par l’homme est contraire à l’enseignement des Pères :

Chrysostome : « Dieu nous impose une peine pour nous corriger pour l’avenir et non point pour châtier des péchés déjà pardonnés. »

Augustin (Ve siècle) : « La vraie pénitence c’est de pleurer ses fautes, et la satisfaction de cette pénitence-là, c’est de fermer tout accès à de nouveaux péchés. »

Les pénitences physiques (mortifications) viennent du paganisme : les prêtres de Bellone se fouettaient et se lacéraient, ainsi que les pénitents des Lupercales, les fakirs des Indes, etc. Ce sont elles qui sont devenues, petit à petit, la satisfaction temporelle.

EXAMEN BIBLIQUE

Cette doctrine ne se trouve pas dans l’Ecriture Sainte. Parfois, Rome cite : Colossiens 1.24 : « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous ; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps. » Il s’agit là seulement des souffrances endurées par Paul, en tant que membre du Corps de Christ, dans son ministère de missionnaire persécuté.

Notons un détail peut-être secondaire, mais combien significatif : comment peut-on, à la lumière de l’Écriture, assimiler la prière et l’aumône à des châtiments ? Est-il possible pour un chrétien de considérer comme un pensum l’insigne privilège de pouvoir parler à Dieu comme à son père ?

NOTES ANNEXES

Le sacrement de la Pénitence est lié étroitement à deux importantes notions que nous aimerions considérer maintenant : les notions du Purgatoire et des Indulgences.

a) Le Purgatoire.

DOCTRINE CATHOLIQUE

Ceux qui meurent après avoir reçu l’absolution, mais avant d’avoir pleinement satisfait à la justice de Dieu, ne vont pas directement au paradis, mais vont au purgatoire pour y satisfaire à la justice de Dieu et se purifier complètement.

Les âmes qui sont au purgatoire peuvent être soulagées par les prières, les aumônes et toutes les autres bonnes œuvres, par les indulgences et surtout par le saint sacrifice de la messe…

Voici le dogme :

Il y a un purgatoire, ou un état de purification morale, dans lequel les âmes qui ne sont pas entièrement pures sont purifiées par les peines et rendues aptes au ciel. (De foi, PTD II. 524).

Il importe de comprendre que le purgatoire n’est pas un lieu intermédiaire entre le Ciel et l’Enfer : il est, pour les rachetés, l’antichambre du Ciel. Seuls, les chrétiens y sont admis. Ce n’est pas une seconde chance de salut après la mort.

La doctrine en est d’ailleurs incertaine. En fait, les catholiques ne savent ni le lieu, ni la durée, ni la nature des souffrances du purgatoire, ni comment les prières des vivants agissent sur le sort de ceux qui s’y trouvent…

EXAMEN HISTORIQUE

Origène (IIIe siècle) semble être le premier à suggérer l’existence d’un feu purificateur après la mort.

Augustin écrit (Ve siècle) : « Lorsque l’âme est séparée du corps, elle est à l’instant placée au paradis, à cause de ses bonnes œuvres, ou précipitée en enfer, pour ses péchés. Il n’existe pas de lieu mitoyen ; celui qui n’habite pas avec Jésus-Christ ne peut être ailleurs qu’avec le diable !» (Livre du mérite et des péchés, ch. 28).

C’est le pape Grégoire le Grand (mort en 604) qui ébauche la doctrine, mais tout le moyen âge en discute. L’Eglise est influencée sur ce point par l’idée païenne d’un lieu préparant les âmes à la félicité, avec le secours des vivants. On institue le « jour des morts ». Le Concile de Florence, en 1439, définit le dogme confirmé par le Concile de Trente.

La doctrine est précisée en 1621 par le cardinal Bellarmin, mais elle est encore aujourd’hui très vague en de nombreux points.

Le purgatoire, admis par les orthodoxes, est rejeté par tous les protestants.

EXAMEN BIBLIQUE

Les catholiques invoquent, pour défendre le purgatoire, différents arguments bibliques : Elie faisant descendre le feu du ciel, et Matthieu 5.25-26 : « Tu ne sortiras pas de là avant d’avoir payé le dernier quadrant », et des textes dans les Apocryphes (Macchabées et Tobie). Les textes canoniques parlent simplement de la réalité du jugement, ce qui n’a pas de rapport avec le purgatoire.

Les autres passages cités méritent plus d’attention : Matthieu 12.32 : « Quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir. » (Le parallèle de Marc dit : « jamais »). S’appuyer sur un texte disant qu’on ne pardonne pas dans le siècle à venir ce péché, pour prouver que l’on y pardonne d’autres péchés, est inadmissible. Il s’agit d’une répétition de la même affirmation que jamais ce péché n’est pardonné.

1 Corinthiens 3.10-15 : « Pour lui, il sera sauvé comme au travers du feu. » Le contexte montre qu’il s’agit uniquement de l’œuvre de chaque chrétien qui sera examinée par l’épreuve du feu. Certains chrétiens verront leurs œuvres consumées ; ils entreront au ciel les mains vides, au travers du feu.

En vérité, l’Ecriture s’oppose à toute idée de complément de peine à payer par le croyant après la mort. Jésus promet au brigand sur la croix une délivrance immédiate : « Aujourd’hui tu seras avec moi » (Luc 23.48). L’apôtre Paul sait qu’après la mort il demeurera avec le Seigneur (2 Corinthiens 5.8 ; Apocalypse 14.13). Le ciel n’a pas d’antichambre.

Quant à l’idée d’un prix à compléter d’une « peine temporelle » différente de la « peine éternelle », nous n’en trouvons aucune trace. 1 Jean 1.7 nous affirme que les péchés du chrétien sont effacés par le sang de Christ.

Mgr Bartmann concède ceci : « Si l’on compare notre doctrine actuelle du purgatoire, à la lumière de la pratique de l’Eglise, avec celle de l’Eglise Primitive, on reconnaîtra que ce dogme, comme tous les autres dogmes, a connu un développement. L’Ecriture n’en a pas parlé d’une manière formelle et précise » (PTD II. 525).

Dans la pratique, les messes qui peuvent faire sortir les âmes du purgatoire sont payantes 1, c’est inadmissible, car finalement c’est l’argent qui abrège les souffrances de l’Au-delà ! Bien des prêtres doivent être torturés en pensant aux pauvres qui n’ont pas d’argent pour payer le repos de leur âme. Et que dire du fait que ce sont les papes qui ont le plus de messes après leur mort (dans le monde entier), cela ne devrait pas être nécessaire pour le Vicaire du Christ ! Comment se fait-il que l’on dise encore des messes pour des gens trépassés depuis des siècles ? Rien ne justifie cette doctrine dans l’Ecriture, elle y est, au contraire, condamnée.

1 Le Jour des Morts, une des trois messes célébrées par le prêtre l’est pour les âmes du Purgatoire : elle est sans honoraires. Cela représente plus de 300 000 messes dans le monde, En outre, un prêtre ne doit jamais refuser de dire une messe pour un défunt… sans héritage. Mais, pratiquement, plus on est riche, plus on a de messes !

b) Les Indulgences.

DOCTRINE CATHOLIQUE

L’indulgence est la rémission de la peine temporelle due aux péchés déjà pardonnés quant à la faute. Cette rémission est accordée par l’Eglise en dehors du sacrement de la pénitence.

Ce pouvoir, l’Eglise l’a reçu de Jésus-Christ. Elle l’exerce en nous appliquant les satisfactions surabondantes de Jésus-Christ, de la très Sainte-Vierge Marie et des saints qui forment ce qu’on appelle le Trésor des Indulgences. Ce pouvoir appartient au pape seul pour toute l’Eglise et à l’évêque pour son diocèse, dans la mesure où le pape le lui permet.

L’indulgence plénière remet toute la peine temporelle due pour nos péchés. Si donc quelqu’un mourait après avoir reçu cette indulgence, il irait tout droit au paradis.

Par indulgence de 40 jours, etc…, on entend la rémission de la peine temporelle qu’on aurait obtenue par 40 jours, etc…, de la pénitence publique établie anciennement par l’Eglise.

Il faut, pour gagner des indulgences, être en état de grâce. Elles peuvent être appliquées aux âmes du purgatoire si l’Eglise en décide ainsi.

Cette distinction entre peines éternelles et temporelles est très subtile et nous échappe facilement. Les docteurs catholiques enseignent que le sang de Jésus-Christ nous lave de la faute et de la peine (châtiment) éternelle, mais qu’en vertu du pouvoir des clefs l’Eglise a aussi son mot à dire, et qu’il existe pour elle une peine temporelle. Il faut que la chair soit froissée. A côté de la peine ôtée virtuellement par Jésus-Christ, existe une peine « ecclésiastique » qui doit être satisfaite par le fidèle.

L’Eglise Grecque ignore les Indulgences.

EXAMEN HISTORIQUE

Au début, il s’agissait d’apporter un adoucissement à la discipline rigoureuse exercée contre les chrétiens qui avaient fait scandale public. On en vint à remplacer les longues et difficiles pénitences infligées comme punition par des actes de charité ou des pratiques religieuses (abstinences, prières, etc…). Petit à petit, les indulgences s’appliquèrent à tous les cas, puisqu’aussi bien, dans le même temps, se multipliaient les pénitences infligées pour les péchés non publics. Les autorités ecclésiastiques en décidaient. Les papes, bien en- tendu, cherchèrent à s’emparer de cette source de puissance. A la fin, ils réussirent à posséder cette arme redoutable. Par exemple Grégoire VII pro- met l’indulgence plénière à qui prend les armes contre Henri IV d’Allemagne.

Mais jamais les indulgences ne s’appliquèrent aux morts avant le XIIIe siècle.

C’est à cette époque qu’un moine, Alexandre Alès, inventa « le trésor des indulgences ». D’autres docteurs l’appliquèrent aux morts. C’est Boniface VIII, en 1300, qui, lors de son Jubilé, enseigna formellement cette doctrine.

A partir de ce moment, l’affaire prit un essor formidable, car le peuple crut que c’était un réel pardon éternel que l’on pouvait acheter pour tous les crimes. On cite la fameuse phrase de Tetzel : « Aussitôt que l’argent tombe dans la caisse les âmes s’envolent du purgatoire… »

En 1552, le Concile de Trente rend ce dogme « de foi ».

Notons que, contrairement à la croyance de la plupart des catholiques, les « jours d’indulgence » ne correspondent en rien à des jours de purgatoire. Il s’agit de jours de pénitence publique, que l’Eglise primitive infligeait à ses membres coupables, selon un barème que l’on ne connaît plus. « Soixante jours d’indulgence », cela veut dire que qu’on efface, en matière de peine temporelle, soixante jours de pénitence ecclésiastique infligée selon un barème inconnu. Nul ne peut donc savoir exactement à quoi cela correspond.

EXAMEN BIBLIQUE

Certes, la Bible ordonne à ceux qui se repentent de le manifester par des actes de réparation (Joël 2.12-13, etc…), et l’Eglise locale est libre de reprendre dans son sein l’un de ses membres écarté pour raison disciplinaire. Mais, en ce qui concerne les rapports personnels du chrétien avec Dieu, la Bible nous dit que la seule « sanctification » est une opération du Saint-Esprit. Le sang de Jésus purifie chaque chrétien de son péché, s’il l’a confessé à Dieu (1 Jean 1.7 ; 1 Corinthiens 1.30).

4. L’Absolution.

EXAMEN BIBLIQUE

Nous avons déjà dit, à propos de la confession, que tout le Nouveau Testament s’insurge contre l’idée d’un homme qui serait le maître du pardon. Le pardon appartient à Dieu seul. Un-homme peut seulement dire : « Dieu te pardonne » (Marc 2.7 ; Luc 5.21).

Nous avons parlé de la puissance des clefs à propos de la papauté.

Jean 20.23, répétons-le, n’a aucun rapport avec la confession. D’abord, cette parole est dite à tous les disciples, hommes et femmes, car Luc 24.33 nous dit que Jésus a parlé à tous ceux qui étaient là. C’est par la prédication de l’Evangile que les péchés sont retenus (Luc 24,47). Les chrétiens lient et délient en prêchant l’Evangile (Actes 10.42-43).

D’ailleurs l’Église catholique a longtemps admis que l’absolution soit donnée par des diacres en cas de nécessité.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Ce sacrement de la pénitence est une pierre de touche. Il nous montre où, logiquement, la prétention d’être, organiquement et comme physiquement, le corps de Christ a conduit l’Église romaine. Elle a été amenée à se substituer peu à peu au Sauveur. Tout en reconnaissant la valeur absolue de sa rédemption, elle en prive le fidèle. Pour l’homme simple, c’est le prêtre qui soupèse son péché, le catalogue, le pardonne. Même après la mort, c’est l’Eglise qui retient captif l’homme que le Christ a libéré ! L’incarnation de Jésus devient sa « carnalisation », le dépouillant de sa divinité, et pourtant nous sommes avertis : « La chair ne sert de rien » (Jean 6.63). L’Ecriture nous paraît ainsi condamner l’enseignement catholique sur le sacrement de la pénitence.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant