La première chose que nous avons à remarquer ici, c’est que Dieu oignit pour être roi sur son peuple l’homme qui devait être l’ancêtre de Christ. Les dispensations de la Providence, pendant l’époque précédente, se rapportent au peuple duquel Dieu doit procéder ; mais maintenant les Écritures nous conduisent à considérer les dispensations de Dieu à l’égard de cet homme dont Christ devait descendre, David. Dieu jugea bon dans ce temps de le choisir d’une manière remarquable, d’entre les milliers d’Israël, et de mettre sur lui une marque distinctive très honorable, en l’oignant pour être roi sur son peuple. C’était Dieu seul qui pouvait le trouver. Il est parlé de la maison de son père comme étant petite en Israël ; il était le plus jeune des fils de son père, et c’était le dernier que Samuel aurait pris pour être l’élu de Dieu. Antérieurement Dieu avait distingué d’une manière remarquable les personnes dont Christ devait descendre : comme Seth, Noé, Abraham, Isaac et Jacob. La bénédiction accordée par Jacob à Juda, est la dernière circonstance dans laquelle nous voyons Dieu mettre à part la personne dont Christ devait descendre, à moins que nous ne considérions la prééminence de Nahasson dans le désert, comme signe qu’il devait être le chef de la tribu de Juda. Mais il mit à part David, d’une manière très honorable, comme l’homme dont Christ devait descendre ; car il l’oignit pour être roi sur son peuple. Il y avait quelque chose de plus dans ce cas-ci que dans l’onction de Saül. L’onction de Saül était quelque chose de personnel ; mais en envoyant Samuel pour oindre David, il entendait fixer la couronne d’Israël sur sa tête et dans sa famille, aussi longtemps que le royaume d’Israël subsisterait. Bien plus encore, il se proposait de fixer dans sa famille la couronne de son Église universelle, de l’Israël spirituel, jusqu’à la fin du monde et durant toute l’éternité.
Ce fut là une grande dispensation de Dieu pour l’avancement du règne de la rédemption, alors que le temps de la venue de Christ s’approchait toujours plus. David, en même temps qu’il fut l’ancêtre de Christ, fut aussi sous l’Ancien Testament son plus grand type personnel. Les types de Christ étaient de trois espèces : les uns légaux, les autres providentiels, les troisièmes personnels. Les sacrifices étaient le plus grand des types légaux ; la délivrance d’Egypte fut le plus grand des providentiels ; et David le plus grand d’entre les personnels. Aussi Christ est-il souvent appelé David dans les prophéties de l’Écriture, comme (Ézéchiel 34.23-24) : « Je susciterai sur elles un pasteur qui les paîtra, savoir mon serviteur David ; il les paîtra, et lui-même sera leur pasteur. — Et moi, l’Éternel, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’elles ; moi, l’Éternel, j’ai parlé. » Et dans beaucoup d’autres passages il est souvent désigné comme la semence et le fils de David.
Comme David était l’aïeul et le grand type de Christ, son sacre solennel à titre de roi sur son peuple, afin que le royaume de son Église fût conservé pour toujours dans sa famille, put, à quelques égards, être considéré comme le sacre de Christ lui-même. — Christ fut en quelque sorte oint en lui ; c’est pourquoi il est parlé du sacre de Christ et de celui de David dans l’Écriture, comme d’une seule et même chose. « J’ai trouvé David, mon serviteur, je l’ai oint de ma sainte huile (Psaumes 89.20). » Le trône de David est le même que celui de Christ. « Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père (Luc 1.32). » « Mais comme il était prophète, et qu’il savait que Dieu lui avait promis, avec serment, que du fruit de ses reins il ferait naître selon la chair le Christ, pour le faire asseoir sur son trône (Actes 2.30). »
Ainsi Dieu, en établissant le royaume de son Église dans la famille de David, fonda en quelque sorte le royaume de Christ sous cette forme visible qu’il a toujours eue depuis. Il plante la racine d’où devait sortir ensuite cette branche juste, le Roi éternel de son Église : c’est pourquoi ce Roi éternel est appelé le rejeton du tronc d’Isaïe. « Mais il sortira un rejeton du tronc d’Isaïe, et un surgeon croîtra de ses racines (Ésaïe 11.1). » « Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, que je ferai lever à David un germe juste, qui règnera comme roi ; il prospèrera, et exercera le jugement et la justice sur la terre (Jérémie 23.5). » Et encore : « En ces jours-là, et en ce temps-là, je ferai germer à David le germe de justice, qui exercera le jugement et la justice en la terre. (Jérémie 33.15). » Ainsi Christ, dans le Nouveau Testament, est appelé la racine et la postérité de David (Apocalypse 22.16). »
Il est à remarquer que Dieu fit oindre David après Saül pour régner à sa place. Il enleva la couronne à la famille de Saül et à lui-même, qui était le plus grand en stature de tous ceux de son peuple, et qui, à leurs yeux, était le plus fait pour le commandement, afin de le donner à David, qui était le petit de taille, et, comparativement parlant, d’une apparence misérable. Ainsi Dieu se plut à montrer comment Christ, qui n’avait ni apparence ni beauté extérieure, et qui fut le méprisé et le rejeté des hommes, enlèverait le royaume aux grands de la terre. Remarquons encore que David était le plus jeune des fils de Jessé ; que Jacob, aussi le plus jeune, supplanta Esaü, et lui enleva le droit d’aînesse et la bénédiction ; que Pharès, frère de l’aïeul de Christ, supplanta aussi Zara en naissant, et que Isaac, un autre des ancêtres de Christ, chassa son frère aîné Ismaël. Ainsi fut accomplie la parole suivante répétée par Christ : Les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.
Je ferai encore remarquer comment Dieu préserva la vie de David jusqu’à la mort de Saül, par une suite de dispensations miraculeuses de sa providence. J’ai déjà fait remarquer l’admirable préservation d’autres ancêtres de Christ, comme Noé, Abraham, Isaac et Jacob, et nous avons vu comment leur salut a garanti le succès de l’œuvre de la rédemption, et comment par ce moyen l’Église entière des rachetés a été préservée d’une ruine complète. La préservation de David ne fut pas moins remarquable que celle d’aucun autre. Que de fois il se trouva à un pas de sa ruine. Ainsi premièrement quand il rencontra un lion et un ours qui avaient saisi un agneau de son troupeau, et qui, sans une assistance miraculeuse, l’auraient aussi aisément mis en pièces que l’agneau qu’il leur arracha. Ainsi la racine et la postérité de David fut préservée du lion rugissant, cherchant qui il pourrait dévorer ; elle le vainquit, et délivra les âmes des hommes qui étaient comme tout autant d’agneaux dans la gueule de ce lion. Dans une autre circonstance remarquable, il fut gardé contre le géant Goliath, qui était assez fort pour le mettre en pièces et pour donner sa chair à manger aux bêtes des champs et aux oiseaux de l’air comme il l’en menaçait. Mais Dieu le garda et le fit triompher de Goliath, si bien qu’il lui coupa la tête avec sa propre épée, et ainsi délivra Israël. Christ de même tua le Goliath spirituel avec sa propre arme, la croix, et délivra son peuple. Et comme Dieu préserva miraculeusement David de la main de Saül, lorsque celui-ci chercha sa vie pour la première fois, en lui donnant sa fille pour lui être un piège, exigeant de lui cent prépuces des Philistins, afin de mettre ainsi sa vie en danger ; il y eut aussi une intervention manifeste de la providence de Dieu, quand Saül dit à Jonathan et à tous ses serviteurs de tuer David, et que Jonathan, au lieu de le tuer, comme son père l’ordonnait, s’attacha à lui pour l’aimer comme son âme, de sorte qu’il fut un instrument de son salut, au risque de sa propre vie. Et pourtant on aurait pensé que personne n’aurait plus que Jonathan désiré la mort de David, puisque c’était un prétendant à la couronne. Ensuite Saül lui lança. une hallebarde pour l’écraser contre la muraille, et envoya des messagers à sa demeure pour le veiller et le tuer, et alors Mical, fille de Saül, le descendit par la fenêtre. Plus tard il envoya par deux fois des messagers à Najoth, en Rama, afin de le prendre, et ils furent arrêtés dans l’exécution de leurs projets par un miraculeux effet de l’Esprit de Dieu ; et quand Saül, bien décidé dans son entreprise, y alla lui-même, il se trouva lui aussi parmi les prophètes. Comme la vie de David fut admirablement préservée à Gath, au milieu des Philistins, lorsqu’il alla trouver Akis, roi de Gath, et qu’il se trouva là au pouvoir des Philistins, qui, tout le monde l’aurait supposé, auraient dû en finir avec celui qui les avait tellement provoqués par la victoire qu’il avait remportée sur eux ! Il fut aussi miraculeusement préservé à Kéhila, après être entré dans cette ville murée, et lorsque Saül se croyait sûr de lui. Et comme il échappa miraculeusement à Saül qui le poursuivait et le pourchassait dans les montagnes ! Comme Dieu le délivra d’une manière remarquable dans le désert de Mahon, alors que Saül et son armée l’entouraient ! Comme il fut délivré dans la caverne de Hen-Guédi, où, au lieu de tuer David, Saül se trouva livré entre ses mains ! David coupa un pan de sa robe, il lui aurait été tout aussi facile de lui couper la tête. Il fut sauvé de la même manière dans le désert de Ziph, et plus tard dans le pays des Philistins, bien qu’il les eût vaincus à Kéhila, depuis qu’il avait été parmi eux. Il semble que cela aurait dû suffisamment les avertir de n’avoir pas de confiance en lui et de ne pas le laisser échapper une seconde fois ; mais Dieu changea miraculeusement leurs cœurs, de sorte qu’au lieu de le tuer, ils le reçurent comme un ami et le protégèrent.
C’est ainsi que fut préservée la précieuse semence qui renfermait virtuellement le Rédempteur et toutes les bénédictions de sa rédemption, alors que l’enfer et la terre conspiraient pour la détruire. David remarque souvent la chose avec actions de grâces et admiration dans le livre des Psaumes.
Environ vers ce temps-là, la Parole de Dieu écrite ou canon des Écritures, fut augmentée par Samuel. J’ai déjà fait remarquer que le canon des Écritures remonte jusqu’à Moïse, et que ce fut alors que l’Église reçut par écrit la première règle de foi et de vie. Il est probable que Josué l’augmenta et qu’il écrivit le dernier chapitre du Deutéronome et la plus grande partie du livre qui porte son nom. Quelques-uns pensent que Josué, les Juges, Ruth, et une portion du livre de Samuel, ont été écrits par Samuel. Quoi qu’il en soit de cela, il est bien prouvé que Samuel ajouta au canon des Écritures, car il est parlé de lui dans le Nouveau Testament comme d’un des prophètes dont nous avons les écrits dans la Bible. « Et même tous les prophètes, depuis Samuel et ceux qui l’ont suivi, tout autant qu’il y en a eu qui ont parlé, ont aussi prédit ces jours (Actes 3.24). » Par cette expression : « Tout autant qu’il y en a eu qui ont parlé, » il faut entendre qui ont écrit.
Samuel parla de ces temps de Christ et de l’Évangile en donnant l’histoire de choses qui les annonçaient en leur servant de type. Ce fut particulièrement le cas pour ce qu’il écrivit sur David. L’Esprit de Dieu le porta à écrire ces choses, surtout parce qu’elles annonçaient Christ et le temps de l’Évangile ; et comme nous l’avons déjà dit, ce fut la principale affaire de cette succession de prophètes qui commença avec Samuel. On voit en outre que Samuel ajouta encore au canon des Écritures par le passage suivant : « Or, quant aux faits du roi David, tant les premiers que les derniers ; voilà, ils sont écrits au livre de Samuel, le Voyant (1 Chroniques 29.29). »
Que le livre de Josué ait été écrit ou non par Samuel, c’est l’opinion générale des théologiens que les livres des Juges et de Ruth et une partie du premier de Samuel l’ont été. Le livre de Ruth fut écrit parce que, tout en semblant traiter d’affaires privées, les personnes dont il s’occupe principalement étaient de la famille de laquelle David et Jésus-Christ devaient sortir, et par là même il annonçait les jours du Messie, comme l’apôtre Pierre le remarque de Samuel et des autres prophètes, dans le troisième chapitre des Actes. Ces additions au canon des Écritures, le grand et principal moyen pour l’application de la rédemption, doivent être considérées comme une continuation de l’œuvre, une addition faite au grand édifice.
Dieu avança encore son œuvre dans ce temps-là en inspirant à David de proclamer Christ et sa rédemption, dans des cantiques sacrés devant servir au culte public de l’Église dans tous les âges. David lui-même avait l’esprit de prophétie. Il est appelé prophète : « Hommes frères, je puis bien vous dire librement, touchant le patriarche David, qu’il est mort, et qu’il a été enseveli, et que son sépulcre est parmi nous jusqu’à ce jour. — Mais comme il était prophète, et qu’il savait que Dieu lui avait promis, avec serment, que du fruit de ses reins il ferait naître selon la chair le Christ, pour le faire asseoir sur son trône (Actes 2.29-30). » De sorte qu’il fut un type de Christ, en étant à la fois prophète et roi.
L’huile qui servit au sacre de David était un type de l’Esprit de Dieu, et le type et l’antitype furent donnés à la fois, comme cela est dit. « Alors Samuel prit la corne d’huile, et l’oignit au milieu de ses frères, et depuis ce jour-là l’Esprit de l’Éternel saisit David (1 Samuel 16.13). » Et il est probable qu’il vint alors sur lui avec son influence prophétique. Cet esprit agit sur lui en l’inspirant pour prédire Christ et les choses se rapportant à la rédemption glorieuse dans des cantiques sacrés, respirant les élans d’une âme pieuse, pleine d’admiration pour le Rédempteur, enflammée de l’amour divin et se répandant en actions de grâces. Aussi est-il désigné comme celui qui composa les doux cantiques d’Israël (2 Samuel 23.1). Les choses merveilleuses de l’Évangile faisaient le principal sujet de ces chants, comme on le voit clairement par l’interprétation qui en est donnée dans le Nouveau Testament et par l’usage qu’on en fait ; car il n’y a pas de livre de l’Ancien Testament qui soit aussi souvent cité dans le Nouveau, que celui des Psaumes. C’est avec joie que ce saint homme chanta les grandes choses de la rédemption par Christ, qui avait été l’espérance et l’attente de l’Église et du peuple de Dieu dans le commencement ; ce fut avec bonheur aussi que d’autres l’imitèrent, comme Asaph, Héman, Ethan et autres. Car le livre des Psaumes ne fut pas exclusivement composé par David, bien que la plus grande portion soit de lui. Par ce moyen-là le canon s’augmenta d’une excellente partie de l’Écriture sainte.
Ce fut là un grand pas de fait dans la construction de cet édifice, et la lumière de l’Évangile, qui était graduellement devenue plus vive, fut très augmentée par ce moyen-là. Car tandis qu’auparavant, pendant plusieurs siècles, il n’y avait de prophétie sur Jésus-Christ que de temps à autre, ici son ancêtre David en parle très souvent dans cette multitude de chants. Il parle de son incarnation, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection, de son ascension, de sa satisfaction, de son intercession ; — son office de prophète, de roi et de sacrificateur, les glorieux privilèges qui doivent en découler dans cette vie et dans celle qui est à venir ; son union avec l’Église, la bénédiction qu’il lui procurera, la vocation des Gentils, la gloire à venir de l’Église vers la fin du monde, et la venue de Christ pour le jugement dernier, sont les divers sujets de ses chants. David, dans ses Psaumes, parle très souvent de ces diverses choses et de beaucoup d’autres ayant rapport à Christ et à sa rédemption.
Ce fut aussi un progrès dans l’œuvre de la rédemption, en ce que Dieu donna à son Église un recueil de chants sacrés pour son usage dans le culte public, et pour chanter ses louanges à travers tous les siècles jusqu’à la fin du monde. Il est manifeste que c’est dans ce but-là que Dieu donna le livre des Psaumes. On s’en servait dans l’Église d’Israël par l’ordre de Dieu, comme on voit par l’inscription de plusieurs psaumes, qui sont adressés au maître chantre choisi pour présider au chant sacré dans le culte public qui se célébrait au temple.
David est donc appelé l’auteur des doux cantiques d’Israël, parce qu’il composa des psaumes pour l’usage de l’Église israélite ; aussi voyons-nous qu’ils étaient chantés par elle plusieurs siècles après la mort de David, comme (2 Chroniques 29.30) : « Puis le roi Ezéchias et les principaux dirent aux Lévites qu’ils louassent l’Éternel, suivant les paroles de David et d’Asaph, le Voyant ; et ils louèrent l’Éternel, jusqu’à tressaillir de joie, et ils s’inclinèrent et se prosternèrent. » Et nous voyons que dans le Nouveau Testament il est ordonné à l’Église de s’en servir dans son culte : « Vous entretenant par des psaumes, des cantiques et des chansons spirituelles ; chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur (Éphésiens 5.19). » « Que la Parole de Christ habite en vous abondamment en toute sagesse, vous enseignant et vous exhortant l’un l’autre par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, avec grâce, chantant de votre cœur au Seigneur (Colossiens 3.16). » Ils ont été employés dans l’Église pour célébrer les louanges de Dieu, et ils le seront jusqu’à la fin du monde. Déjà avant cela, le peuple avait coutume de l’adorer en chantant des cantiques à sa louange, comme ils firent près de la mer Rouge. Le cantique prophétique de Moïse avait été conservé dans ce but dans le 32e chapitre du Deutéronome. Débora, Barac et Anne chantèrent les louanges de Dieu ; mais ce fut alors pour la première fois que Dieu donna à son Église un livre de chants sacrés pour son usage permanent.
Je remarquerai ensuite que Dieu éleva David au trône d’Israël, malgré toute l’opposition qu’il rencontra. Dieu avait décidé de le faire, et il leva tous les obstacles qui s’opposaient à la chose. Il retira Saül et ses fils et établit d’abord David sur la tribu de Juda, après quoi ayant retiré Is-Boseth, il l’établit sur tout Israël. Ce fut ainsi que Dieu accomplit ce qu’il avait promis à David. Il le prit des parcs de brebis et l’établit roi sur son peuple d’Israël (Psaumes 78.70-71). C’est alors que le trône d’Israël fut établi dans cette famille d’où il ne devait jamais sortir.
Alors Dieu choisit d’entre toutes les tribus d’Israël une ville particulière pour y placer son nom. Il est souvent dit dans la loi de Moïse que les enfants d’Israël porteraient leurs offrandes dans le lieu que Dieu choisirait, comme (Deutéronome 12.5-7) ; mais jusqu’ici il n’avait pas fait de choix. Le tabernacle et l’arche ne furent jamais dans un lieu arrêté, mais tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre ; mais alors Dieu fit choix de Jérusalem. La ville de Jérusalem ne fut jamais complètement conquise, ou enlevée aux Jébusiens avant le temps de David. Nous lisons dans Josué 15.63 : « Au reste, les enfants de Juda ne purent point déposséder les Jébusiens qui habitaient à Jérusalem ; c’est pourquoi le Jébusien a demeuré avec les enfants de Juda, à Jérusalem, jusqu’à ce jour. » Mais à cette époque David la soumit complètement, comme cela est rapporté (2 Samuel ch. 5). Et Dieu choisit cette ville pour y placer son nom, comme on le voit par la circonstance que David y porta l’arche bientôt après. Il est dit que c’est pour la première fois que Dieu fit choix d’une ville à cet effet (2 Chroniques 6.5-6 ; 12.13). Ensuite Dieu montra à David la place où il voulait que son temple fût bâti : l’aire d’Arauna le Jébusien.
C’est pourquoi Jérusalem est appelée la ville sainte ; ce fut le plus grand type de l’Église de Christ dans tout l’Ancien Testament. Elle fut rachetée de la main des Jébusiens par David, le capitaine des armées de l’Éternel, pour être la cité de Dieu, le saint lieu de son repos pour toujours, dans laquelle il habiterait. Ainsi Jésus-Christ, le capitaine de notre salut, rachète son Église des mains des démons pour être sa cité sainte et bien-aimée. Par conséquent, très souvent, lorsque l’Écriture parle de la rédemption de l’Église par Christ, elle l’appelle Sion et Jérusalem. Ce fut cette ville que Dieu choisit pour être le premier lieu de rassemblement, dans lequel l’Église se formerait après la résurrection de Christ, le théâtre de cette remarquable effusion du Saint-Esprit sur les apôtres et les premiers chrétiens. C’est de là que l’Évangile devait retentir dans le monde ; elle fut le siège de la première Église chrétienne, qui allait être, en quelque sorte, la mère de toutes les autres dans le monde, selon cette prophétie : « Car la loi sortira de Sion, et la parole de l’Éternel sortira de Jérusalem. — Il exercera le jugement parmi les nations, et il reprendra plusieurs peuples (Ésaïe 2.3-4). » Ainsi Dieu choisit le mont de Sion, d’où l’Évangile allait être proclamé, comme la loi l’avait été du mont Sinaï.
Il faut encore remarquer que Dieu renouvela solennellement son alliance avec David en lui promettant que le Messie sortirait de sa semence. Le fait est rapporté, 2 Samuel ch. 7. — Cela eut lieu à l’occasion du projet que David avait de bâtir une maison à l’Éternel. A cette occasion Dieu lui avait envoyé le prophète Nathan, porteur des glorieuses promesses de l’alliance de grâce. Elle est surtout renfermée dans ces paroles du verset 16 : « Ainsi ta maison et ton règne seront assurés pour jamais devant tes yeux, et ton trône sera affermi à jamais. » Cette promesse se rapporte à Jésus-Christ, la semence de David, et ne trouve son accomplissement qu’en Lui, car le royaume de David a cessé depuis longtemps d’exister autrement qu’en Christ.
Le témoignage de l’Écriture montre que cette alliance, faite alors avec David par Nathan le prophète, était bien l’alliance de grâce (Ésaïe 55.1-3). Ici Christ invite les pécheurs à venir aux eaux. Et au v. 3 il dit : « Inclinez votre oreille et venez à moi, écoutez et votre âme vivra ; et je traiterai avec vous une alliance éternelle, savoir, les gratuités immuables promises à David. » Ici Christ offre aux pauvres pécheurs, s’ils veulent venir à Lui, de les faire participants de cette alliance éternelle qu’il avait traitée avec David, et de leur accorder les mêmes grâces. Mais quelle est cette alliance dont les pécheurs sont rendus participants quand ils viennent à Christ, si ce n’est l’alliance de grâce ?
Ce fut pour la cinquième fois après la chute que Dieu traita solennellement une alliance de grâce avec son Église. Elle avait été révélée et établie pendant tout ce temps. Mais il y avait eu des circonstances particulières dans lesquelles Dieu avait solennellement renouvelé son alliance avec son Église, en en donnant en quelque sorte une nouvelle édition, et en la révélant d’une autre manière. Ce fut d’abord avec Adam, puis avec Noé ; la troisième fois avec les patriarches Abraham, Isaac et Jacob ; la quatrième, dans le désert avec Moïse ; et maintenant il la renouvelle pour la cinquième fois avec David.
David considéra toujours l’établissement de cette alliance comme la plus grande faveur et le plus grand honneur que Dieu lui ait conféré, il s’en réjouit plus que de toutes les autres faveurs qu’il obtint pendant son règne. Remarquez avec quelle joie et quelle reconnaissance il accueille le glorieux message que Nathan lui apporte, 2 Samuel 7.18. Et dans ses dernières paroles, David déclare que c’est tout son salut et tout son plaisir. « Il a traité avec moi une alliance éternelle bien établie et assurée ; car c’est tout mon salut et tout mon plaisir (2 Samuel 23.5). »
Ce fut par David que Dieu, pour la première fois, mit son peuple en possession de toute la terre promise. J’ai déjà montré comment la mise en possession de la terre promise rentre dans l’alliance de grâce. La chose fut, en grande partie, accomplie par Josué, mais pas entièrement achevée. Josué ne soumit pas complètement cette portion de la terre promise, qui était appelée dans un sens restreint, le pays de Canaan, et qui avait été partagée par le sort entre les douze tribus. Il y avait un grand nombre des anciens habitants qui n’étaient pas soumis, comme nous le lisons dans les livres de Josué et des Juges ; il y en eut beaucoup de laissés de reste pour éprouver Israël et pour être comme des épines. Il y avait les Jébusiens à Jérusalem, beaucoup de Cananéens, et la nation entière des Philistins qui tous habitaient cette portion du pays qui avait été partagée par le sort, et surtout dans la portion qui appartenait aux tribus de Juda et d’Ephraïm.
Ainsi ces restes des anciens habitants de Canaan ne furent pas subjugués jusqu’au temps de David, mais il les soumit complètement. Ce qui est d’accord avec l’observation de Saint-Etienne. « Et nos pères ayant reçu ce tabernacle, ils le portèrent, sous la conduite de Josué, au pays qui était possédé par les nations que Dieu chassa de devant nos pères, où il demeura jusqu’aux jours de David (Actes 7.45). » Ils furent occupés à les chasser jusqu’au temps de David, mais lui les soumit. Il soumit les Jébusiens, la nation entière des Philistins, et tous les débris des sept nations de Canaan (1 Chroniques 18.1).
Après cela, tous les débris des anciens habitants de Canaan devinrent les esclaves des Israélites. Les descendants des Gabaonites avaient été réduits en esclavage précédemment pour être coupeurs de bois et porteurs d’eau pour la maison de l’Éternel. Mais Salomon, fils et successeur de David, réduisit en esclavage tous les débris des sept nations de Canaan, ou du moins, leur fit payer tribut (1 Rois 9.20-22). Aussi est-il question des enfants des serviteurs de Salomon après le retour de la captivité de Babylone (Esdras 2.55 ; Néhémie 11.3). Ils étaient les enfants ou la postérité des sept nations de Canaan que Salomon avait réduites en esclavage. Ainsi David soumit tout le pays de Canaan proprement dit. Mais ce n’était là ni une moitié ni un quart du pays que Dieu avait promis à leurs pères. La terre souvent promise à leurs pères comprenait tous les pays depuis le fleuve d’Egypte jusqu’à l’Euphrate. Voilà quelles étaient les frontières de la terre promise à Abraham. « En ce jour-là l’Éternel traita alliance avec Abram, en disant : J’ai donné ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d’Egypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate (Genèse 15.18). » Dieu fit de nouveau la même promesse au mont Sinaï. « Et je mettrai tes bornes depuis la mer Rouge jusqu’à la mer des Philistins, et depuis le désert jusqu’au fleuve ; car je livrerai entre tes mains les habitants du pays, et je les chasserai devant toi (Exode 23.31). » Et encore : « Tout lieu où vous aurez mis la plante de voire pied sera à vous ; vos frontières seront du désert au Liban ; et depuis le fleuve, qui est le fleuve d’Euphrate, jusqu’à la mer d’Occident (Deutéronome 11.24). » La même promesse est de nouveau faite à Josué : « Je vous ai donné tout lieu où vous aurez mis la plante de votre pied, selon que je l’ai dit à Moïse. — Vos frontières seront depuis ce désert et ce Liban-là jusqu’à ce grand fleuve, le fleuve d’Euphrate ; tout le pays des Héthiens jusqu’à la grande mer, au soleil couchant (Josué 1.3-4). » Mais ce que Josué conquit pour le peuple n’était qu’une faible portion de ce pays. Le peuple n’en eut jamais possession jusqu’à ce que Dieu le lui donna par le moyen de David.
Ce grand pays comprenait, non seulement cette portion de Canaan qui fut partagée par le sort entre ceux qui vinrent avec Josué, mais aussi le pays des Moabites, des Ammonites, des Hamalécites, et du reste des Edomites, ainsi que le pays de Tsoba. Toutes ces nations furent soumises et assujetties aux enfants d’Israël par David. Il plaça des garnisons dans ces divers pays, et ils devinrent tributaires, comme cela est raconté (2 Samuel ch. 8) ; et David recula les frontières du pays jusque sur le bord de l’Euphrate, ainsi que cela avait été promis. « David battit aussi Hadadhézer, fils de Réhob, roi de Tsoba, comme il allait pour recouvrer ses limites sur le fleuve d’Euphrate (2 Samuel 8.3). » C’est pourquoi nous lisons que Salomon son fils régna sur tout le pays en deçà du fleuve. « Car il dominait sur toutes les contrées de deçà le fleuve, depuis Tiphsah jusqu’à Gaza, sur tous les rois qui étaient de deçà le fleuve, et il était en paix avec tous les pays d’alentour, de tous côtés (1 Rois 4.24). » C’est ce qu’Artaxerxès, roi de Perse, remarque longtemps après. « Et qu’aussi il y a eu à Jérusalem des rois puissants qui ont dominé sur tous ceux de delà le fleuve, et qu’on leur payait des tailles, des gabelles et des péages (Esdras 4.20). »
De sorte que Josué, ce type remarquable de Christ, ne fit que commencer de mettre Israël en possession de la terre promise ; et il laissa l’achèvement de l’œuvre à celui qui était encore un plus grand type de Christ, à David, qui soumit une beaucoup plus grande portion de pays que Josué. Ce royaume, par son étendue, avait une certaine ressemblance avec celui de Christ, comme on le voit par ces paroles : « Même il dominera depuis une mer jusqu’à l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre (Psaumes 72.8). » Voyez aussi, 1 Rois 8.56.
Dieu, par le moyen de David, perfectionna le culte juif, et y ajouta plusieurs institutions nouvelles. La loi fut donnée par Moïse ; mais il n’en fut pas ainsi de toutes les cérémonies du culte juif, et quelques-unes furent ajoutées sous la direction de Dieu. Ainsi celui qui fut le plus grand de tous les types personnels de Christ, n’acheva pas seulement l’œuvre de Josué en mettant le peuple en possession de la terre promise, mais il compléta aussi l’œuvre de Moïse, en achevant, de régler le culte d’Israël. C’est ainsi qu’il fallut un nombre de prophètes typiques, de prêtres et de princes pour compléter la figure ou l’ombre de Jésus-Christ, l’antitype, la substance de tous les types et de toutes les ombres. Car Christ fut jugé digne d’une gloire plus grande que celle de Moïse, de Josué, de David, de Salomon, et de tous les grands prophètes, prêtres, princes, juges et libérateurs de l’Ancien Testament.
Les ordonnances de David sont présentées comme ayant la même valeur que celles de Moïse. « Jéhojadah rétablit aussi les charges de la maison de l’Éternel, entre les mains des sacrificateurs Lévites, que David avait distribués pour la maison de l’Éternel, afin qu’ils offrissent les holocaustes à l’Éternel, ainsi qu’il est écrit dans la loi de Moïse, avec joie et avec des cantiques, selon la disposition qui en avait été faite par David (2 Chroniques 23.18). »
David perfectionna le culte public des Israélites en faisant des additions à la loi cérémonielle (1 Chroniques ch. 23, etc.). Ainsi il divisa les Lévites en divers ordres et rangs, et leur assigna des fonctions différentes de celles qui avaient été déterminées par Moïse. Il divisa ainsi les prêtres, les fils d’Aaron, en vingt-quatre rangs, assignant à chacun ses fonctions dans la maison de l’Éternel, et arrêtant le temps dans lequel ils auraient à les remplir. Il choisit quelques Lévites pour en faire des chantres, et arrêta et détermina tout ce qui avait rapport à cette charge (1 Chroniques ch. 25). D’autres Lévites furent, par une loi, créés portiers, trésoriers, officiers et juges, et ces ordonnances de David restèrent en vigueur dans l’Église juive aussi longtemps qu’elle dura. Ainsi, après la captivité, nous retrouvons les divers ordres de prêtres, de Lévites, de portiers et de chantres. Nous voyons que les rangs des prêtres établis par David continuent encore dans le Nouveau Testament : Zacharie, le père de Jean-Baptiste, était un prêtre du rang d’Abia ; ce qui est le même que celui d’Abija, établi par David (1 Chroniques 24.10).
C’est ainsi que David, aussi bien que Moïse, fut fait semblable à Christ le fils de David, en ceci que, par son moyen, Dieu établit en quelque sorte de nouvelles institutions ecclésiastiques et un nouveau culte. David n’ajouta pas seulement aux institutions de Moïse, mais par les additions qu’il fit il abolit quelques-unes des anciennes institutions qui avaient été en vigueur jusqu’à cette époque ; en particulier, les lois déterminant les fonctions des Lévites (Nombres ch. 3 et 4), qui consistaient principalement à avoir soin de diverses parties et ustensiles du tabernacle. Mais ces lois furent alors abolies, et ils n’eurent plus à prendre soin de ces choses, comme ils avaient eu l’habitude de le faire. Mais David les chargea de faire un autre ouvrage au lieu de celui-là. « Et même, quant aux Lévites, ils n’avaient plus à porter le tabernacle, ni tous les ustensiles pour son service (1 Chroniques 23.26). » Preuve évidente que la loi cérémonielle donnée par Moïse n’est pas perpétuelle, comme les Juifs le supposent, mais qu’elle peut avoir été complètement abolie par Jésus-Christ ; car si David, un type du Messie, a le droit d’abolir une partie de la loi mosaïque, combien plus le Messie lui-même ne peut-il pas l’abolir tout entière. David, d’après l’ordre de Dieu, abolit l’usage du tabernacle construit par Moïse, d’après le dessin livré par Dieu, car l’Éternel révéla alors à Moïse que c’était sa volonté qu’un temple fût bâti en place du tabernacle. C’était là un grand présage de ce que Jésus-Christ, le fils de David, ferait à son avènement, savoir qu’il abolirait toute la constitution ecclésiastique des Juifs, qui n’était qu’une espèce de tabernacle temporaire, pour établir à sa place le temple spirituel de l’Évangile, qui devait être beaucoup plus glorieux, plus étendu, et qui devait durer toujours. Le dessin de tout ce qui concernait le temple lui fut montré, exactement de la même manière que celui du tabernacle avait été montré à Moïse. Et Salomon bâtit le temple d’après le plan qu’il avait de son père David, qui l’avait reçu de Dieu. « Et David donna à Salomon, son fils, le modèle du portique, de ses maisons, de ses cabinets, de ses chambres hautes, de ses cabinets du dedans, et du lieu du propitiatoire. — Et le modèle de toutes les choses qui lui avaient été inspirées par l’Esprit qui était avec lui, pour les parvis de la maison de l’Éternel, pour les chambres d’alentour, pour les trésors de la maison de l’Éternel, et pour les trésors des choses saintes (1 Chroniques 28.11-12). » Et verset 19 : « Toutes ces choses, dit-il, m’ont été données par écrit, de la part de l’Éternel, afin que j’eusse l’intelligence de tous les ouvrages de ce modèle. »
Le canon des Écritures semble encore avoir été augmenté, vers la fin du règne de David, par les prophètes Nathan et Gad. Il semble probable par les Écritures, qu’ils reprirent l’histoire des deux livres de Samuel où celui-ci l’avait laissée, et qu’ils la finirent. C’est ce qui est désigné comme les écrits de Samuel, le voyant, et de Nathan, le prophète, et de Gad, le voyant. « Or, quant aux faits du roi David, tant les premiers que les derniers ; voilà ils sont écrits au livre de Samuel, le voyant, et aux livres de Nathan, le prophète, et aux livres de Gad, le voyant (1 Chroniques 29.29). »
Je remarquerai encore que Dieu maintint admirablement le royaume visible de son peuple dans la ligne des ancêtres légaux de Jésus-Christ, aussi longtemps qu’ils restèrent un peuple indépendant. Cela eut lieu sans aucune interruption digne de remarque. A la vérité, le royaume de toutes les tribus d’Israël ne fut pas maintenu dans cette ligne, mais le pouvoir de cette portion qui conserva le vrai culte de Dieu, qui fut son peuple visible, se maintint toujours dans la famille de David, aussi longtemps qu’il y eut un roi indépendant en Israël. Ainsi s’accomplit la promesse faite à David.
Le pouvoir fut maintenu, non seulement dans sa famille, mais dans cette branche dont Christ devait descendre. De sorte que les ancêtres légaux de Jésus-Christ furent toujours sur le trône, excepté Jéhoachas qui régna trois mois, et Sédécias, comme on le voit dans la généalogie de Jésus-Christ conservée par Matthieu.
Jésus-Christ descendait légalement des rois des Juifs, mais non naturellement. Il descendait légalement et naturellement de David. Il descendait naturellement de Nathan, fils de David ; car Marie sa mère était de la postérité de David par Nathan, comme on peut le voir par la généalogie de Luc Mais Joseph, le père supposé et légitime de Jésus-Christ, descendait naturellement de Salomon et de ses successeurs, comme cela est rapporté dans la généalogie de Matthieu. Bien que Jésus-Christ ne fût pas le fils de Joseph par la voie naturelle, d’après la loi et, la constitution des Juifs, il n’était pas moins son héritier : parce qu’il était le fils légitime de la femme légitime de Joseph, conçu alors qu’elle était légalement sa femme. Le Saint-Esprit lui suscita une semence. D’après la loi de Moïse une personne pouvait être le fils légitime et l’héritier d’un autre sans être son fils par la voie naturelle ; car quelquefois un homme suscitait lignée à son frère : un frère, dans certains cas, avait à édifier la maison de son frère ; ainsi le Saint-Esprit édifia celle de Joseph. Joseph étant dans la ligne directe des rois de Juda, de la maison de David, se trouvait être, sous ce rapport, l’héritier légitime de la couronne de David ; et Jésus, qui était légalement son fils aîné, était son héritier. Ainsi, Jésus-Christ, d’après la loi, était l’héritier légitime de la couronne de David ; c’est pourquoi il est dit être assis sur le trône de David son père.
La couronne du peuple de Dieu fut maintenue d’une manière admirable dans la ligne des ancêtres légitimes de Christ. Quand David fut vieux et hors d’état d’administrer plus longtemps les affaires du royaume, Adonija, un de ses fils, prétendit se faire roi, et sembla atteindre son but. Tout eut l’air de bien tourner en sa faveur pendant quelque temps, et il se crut très fort. Mais Adonija n’était pas l’ancêtre de Joseph, le père légitime de Jésus-Christ : aussi comme la Providence intervint admirablement ! Quelle révolution étrange et subite ! le royaume et la gloire d’Adonija s’évanouirent à peine établis, et Salomon, l’ancêtre légal de Christ, fut établi sur le trône.
Et après la mort de Salomon Jéroboam conspira contre la famille de David, et Roboam se conduisit de telle façon, que ce fut un miracle que tout Israël ne fût pas conduit à l’abandonner, comme firent les dix tribus, pour établir Jéroboam à sa place. Cependant, bien qu’il fût un homme méchant et qu’il méritât d’être privé de la couronne, comme il était l’ancêtre légal de Jésus-Christ, Dieu maintint en sa possession le royaume des deux tribus dans laquelle la vraie religion se conserva. Et quoique son fils Abija fût un autre méchant prince, Dieu maintint la couronne dans sa famille et la donna à Asa son fils. Dans la suite, plusieurs des rois de Juda furent très impies, et provoquèrent Dieu ; par exemple, Joram, Achazia, Achaz, Manassé et Amon. Néanmoins Dieu ne laissa point sortir la couronne de leur famille, mais il la donna à leurs fils, parce qu’ils étaient les ancêtres de Christ. Dieu agit ainsi malgré leur méchanceté, parce qu’il se souvint, nous est-il dit, de l’alliance faite avec David. Il est dit, en parlant de la méchanceté d’Abija : « Mais, pour l’amour de David, l’Éternel son Dieu lui donna une lampe dans Jérusalem, lui suscitant son fils après lui, et protégeant Jérusalem (1 Rois 15.4). » Et, en parlant de la grande méchanceté de Joram, il dit : « Toutefois, l’Éternel ne voulut point détruire la maison de David, à cause de l’alliance qu’il avait traitée avec David, et selon ce qu’il avait dit, qu’il lui donnerait une lampe, à lui et à ses fils, à toujours (2 Chroniques 21.7). »
La couronne des dix tribus passait continuellement d’une famille à une autre. Jéroboam fut le premier qui la prit, mais elle ne passa qu’à son fils Nadab. Ensuite Bahasa, qui était d’une autre famille, s’en empara, et elle ne resta dans sa postérité qu’une génération après sa mort. Alors Zimri, qui était son serviteur, et qui n’appartenait pas à sa postérité, s’en empara ; Omri, qui était encore d’une autre famille, la lui enleva. La couronne fut transmise successivement à trois membres de sa famille, après quoi Jéhu, qui appartenait à une autre, s’en saisit. La couronne ne passa pas à sa postérité, car Ménahem qui était d’une autre famille la prit ; mais elle ne resta dans sa famille qu’une génération. Alors Pékah qui était encore d’une autre famille s’en saisit, après quoi Hosée, qui était encore d’une autre, la prit à son tour. Telle était la grande différence entre la couronne d’Israël et celle de Juda : celle-ci resta toujours dans la même famille, et à fort peu d’exceptions près, dans la ligne directe ; celle-là passa continuellement d’une famille dans l’autre. Ce n’est pas que les rois de Juda, du moins plusieurs d’entre eux, fussent meilleurs que les rois d’Israël ; mais la bénédiction de Dieu reposait sur eux, ils étaient les ancêtres de Christ qui avait droit de s’asseoir sur le trône d’Israël. Mais il n’en était pas de même des rois d’Israël. C’est pourquoi la Providence divine, à travers tous les changements qui s’accomplirent dans plusieurs générations pendant un si long espace de temps, eut soin de maintenir la couronne de Juda dans la ligne directe, accomplissant ainsi l’alliance éternelle faite avec David. Les bénédictions de cette alliance étaient certaines, mais dans l’autre cas il n’y avait pas d’alliance semblable ; aussi la Providence n’intervint pas de cette manière.
Et ici nous ne devons pas oublier de dire qu’il y eut une fois une conspiration formidable des rois de Syrie et d’Israël, du temps de ce méchant roi de Juda, Achaz, dans le but de le renverser lui et sa famille du trône de Juda, et de mettre un homme d’une autre famille à sa place, le fils de Tabéal. « Montons en Judée, et la réveillons, et nous y faisons ouverture, partageons-la entre nous, et établissons pour roi le fils de Tabéal au milieu d’elle (Ésaïe 7.6). » Et il était très vraisemblable qu’ils allaient accomplir leur dessein, d’autant plus que le peuple était découragé et abandonnait la cause. Il est dit : « Le cœur d’Achaz et le cœur de son peuple fut ébranlé, comme les arbres de la forêt sont ébranlés par le vent. » Et à cette occasion Dieu envoya le prophète Esaïe pour encourager le peuple et lui déclarer que la chose n’aurait pas lieu. Et comme l’affaire paraissait désespérée à Achaz et au peuple, Dieu chargea le prophète de leur montrer par un signe que le Christ naîtrait de la postérité d’Achaz : « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe ; voici, une vierge sera enceinte, et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel (Ésaïe 7.14), » C’était là un signe excellent, et une grande confirmation de la vérité de la promesse que Dieu fit par le moyen d’Esaïe, savoir que les rois d’Israël et de Syrie ne réussiraient jamais dans leur projet de déposséder la famille d’Achaz du trône de Juda, pour mettre à sa place le fils de Tabéal ; car Christ, l’Emmanuel, devait être de leur famille.
La construction du temple fut le grand type de trois choses ; savoir, de Christ, particulièrement quant à la nature humaine, de l’Église et des cieux. Le tabernacle semblait représenter plutôt l’Église dans sa condition changeante et incertaine dans ce monde. Mais cet édifice, beau, magnifique et riche, le temple, qui remplaça le tabernacle, semble surtout représenter l’Église dans son état glorifié dans les cieux. Ce temple fut construit d’après les directions et les plans montrés par le Saint-Esprit à David dans l’aire d’Oman, le Jébusien, sur la montagne de Morija (2 Chroniques 3.1), la même montagne (et probablement la même place) sur laquelle Abraham offrit son fils Isaac en sacrifice, car il est dit que cela eut lieu dans le pays de Morija (Genèse 22.2), et elle était appelée la montagne de l’Éternel, comme celle du temple. « Et Abraham appela le nom de ce lieu-là, Dieu y pourvoira ; c’est pourquoi on dit aujourd’hui : en la montagne de l’Éternel, il y sera pourvu (Genèse 22.14).
Ce fut dans cette maison que le Christ habita jusqu’à ce qu’il vint se revêtir de la nature humaine. On voit que son corps était l’antitype de ce temple, parce qu’il dit : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai (Jean 2.19-20), » parlant du temple de son corps. Ce fut là toujours la maison de Dieu, le lieu de culte pour l’Église jusqu’à la venue de Christ : la place que Dieu choisit pour offrir tous les sacrifices jusqu’à ce que le grand sacrifice fût offert. Ce fut dans ce temple que le Seigneur, l’ange de l’alliance, fit son entrée ; ce fut là que souvent il proclama ses doctrines célestes et accomplit des miracles ; ce fut là que son Église fut assemblée par l’effusion du Saint-Esprit après son ascension : « Et ils étaient toujours dans le temple, louant et bénissant Dieu (Luc 24.53). » Et il est dit au sujet des multitudes qui furent converties par l’effusion du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte : « Tous les jours ils persévéraient tous d’un accord dans le temple (Actes 2.46). » Et l’historien sacré, en parlant des apôtres, dit : « Et ils ne cessaient tous les jours d’enseigner, et d’annoncer Jésus-Christ dans le temple et de maison en maison (Actes 5.42). » Ce fut de là que la voix de l’Évangile se fit entendre, et que l’Église se répandit dans tout le monde.
Il est digne de remarque que sous le règne de Salomon, après que le temple fut terminé, l’Église juive parvint à son plus haut degré de gloire extérieure. L’Église juive, pour ce qui est de ses ordonnances et de ses constitutions, est comparée à la lune : « Et un grand signe parut au ciel, savoir une femme revêtue du soleil, sous les pieds de laquelle était la lune, et sur sa tête une couronne de douze étoiles (Apocalypse 12.1). » Cette Église pouvait être comparée à la lune à plusieurs autres égards, en particulier, en ceci qu’elle crût et diminua comme elle. Depuis sa formation, quand Dieu fit alliance avec Abraham, qui fut l’époque à laquelle cette lune avait commencé à paraître, elle avait toujours augmenté en gloire. Le moment où le temple fut terminé et sa dédicace faite est à peu près également éloigné de la vocation d’Abraham et de la venue de Christ : la lune est alors dans son plein. A partir de ce temps-là, la gloire de l’Église juive diminue graduellement jusqu’à la venue de Christ, comme nous aurons l’occasion de le montrer plus en détail.
L’Église d’Israël était alors au plus haut point de sa gloire extérieure. Israël s’était, dans ce temps, considérablement multiplié, de sorte qu’ils semblaient être devenus comme le sable de la mer (1 Rois 4.20). A cette époque, le royaume d’Israël était fermement établi dans la famille où il devait se trouver, dans celle de laquelle Jésus-Christ devait naître. Dieu avait fait choix de la ville dans laquelle il entendait établir son nom, il avait mis le peuple complètement en possession de la terre promise. Ils la possédaient alors tout entière en repos et en paix ; ses limites étaient le fleuve d’Egypte et l’Euphrate ; tous les peuples qui avaient été précédemment leurs ennemis se soumettaient tranquillement à eux ; aucun ne songeait à se révolter. Le culte juif était complètement arrêté dans ses cérémonies ; au lieu d’un tabernacle portatif, ils avaient un magnifique temple, le plus magnifique, le plus beau et le plus riche édifice qu’il y ait jamais eu, soit avant, soit après. Le peuple jouissait alors de la paix et de l’abondance, chacun était sous sa vigne et sous son figuier (1 Rois 4.20). Ils étaient dans la plus grande prospérité terrestre possible ; l’argent était aussi commun que les pierres ; le pays abondait en or, en pierres précieuses et en beaucoup d’autres choses que les vaisseaux de Salomon portaient d’Ophir et d’autres parties du monde. Ils avaient pour régner sur eux un roi qui était le plus sage des hommes, et probablement le plus grand prince qui ait jamais existé. Leur renommée se répandit par tout le monde, de sorte que plusieurs vinrent des extrémités de la terre pour voir leur gloire et leur bonheur. C’est ainsi que Dieu se plut à donner dans le règne d’un des ancêtres du Messie une image remarquable du règne glorieux de Jésus-Christ. David, homme de guerre, qui avait versé beaucoup de sang, et dont la vie fut pleine d’agitations et de luttes, fut un représentant plus fidèle de Christ dans son humiliation, alors qu’il était en conflit avec ses ennemis. Mais Salomon, homme de paix, représente surtout Christ glorifié, triomphant et régnant dans son royaume de paix. La position heureuse et glorieuse de l’Église juive à cette époque préfigurait d’une manière remarquable deux choses : 1° un état de gloire pour l’Église sur la terre dans les derniers âges du monde, ces jours de paix dans lesquels une nation ne tirera plus l’épée contre une autre nation, et n’apprendra plus à faire la guerre ; 2° le futur état glorifié de l’Église dans les cieux. La Canaan terrestre ne fut jamais un type plus éclatant de la Canaan céleste que lorsque le peuple heureux en jouit comme d’un pays découlant de lait et de miel.
Après cela, la gloire de l’Église juive diminue graduellement jusqu’à la venue de Christ ; mais l’œuvre de la rédemption se poursuivit toujours. Quelles que fussent les chutes et les décadences, Dieu n’en poursuivit pas moins son œuvre à travers tous les âges ; l’édifice s’éleva toujours plus. L’œuvre destinée à toujours mieux préparer la venue de Christ se poursuivit aussi bien durant la décadence de l’Église juive que dans ses jours de prospérité. Car chaque chose avait été si admirablement ordonnée par le Gouverneur de ce monde dans son infinie sagesse, que tout ce qui arrivait contribuait au bien et à l’avancement de son plan général. Quand les Juifs fleurirent et furent dans la prospérité, il le fit tourner à la réalisation de son plan, et quand ils furent dans l’adversité, de même. Quand l’Église juive fut en progrès, ce progrès contribua à avancer l’œuvre de la rédemption ; et quand ils en vinrent à la décadence, depuis Salomon jusqu’à Christ, Dieu se servit de cette décadence pour avancer cette œuvre. Cette décadence fut même une des choses dont Dieu se servit pour préparer toujours mieux la venue de Christ.
Quand la lune, à partir de son plein, s’approche toujours plus de sa conjonction avec le soleil, sa lumière diminue toujours davantage jusqu’au moment où la conjonction ayant lieu, elle est complètement éclipsée par celle du soleil. Il en est de même de l’Église juive, à partir de ses plus beaux jours, du temps de Salomon. Vers la fin du règne de Salomon, les choses prennent déjà une tournure moins favorable ; il se souille avec les idolâtres, ce qui vient beaucoup obscurcir la gloire de ce prince riche et puissant : et il commence à y avoir des troubles dans le royaume. Après sa mort, le royaume fut divisé, dix tribus se révoltèrent et refusèrent de se soumettre à la maison de David ; elles abandonnèrent également le vrai culte de Dieu célébré dans le temple de Jérusalem, et se firent des veaux d’or à Béthel et à Dan. D’abord après, les dix tribus furent très réduites en nombre dans la bataille de Jéroboam contre Abija, où il périt 500 000 hommes d’élite dans Israël, perte dont le royaume ne se releva jamais.
Les dix tribus finirent par abandonner le vrai Dieu sous Jéroboam. Le royaume de Juda tomba dans une grande corruption ; à partir de cette époque, ce fut son état presque permanent. Du temps d’Achab, le royaume d’Israël n’adora pas seulement les veaux d’or à Béthel et à Dan, on introduisit de plus le culte de Baal. Jusqu’alors ils avaient prétendu adorer le vrai Dieu au moyen de ces images, les veaux de Jéroboam ; mais Achab introduisit une idolâtrie grossière, l’adoration immédiate des faux dieux à la place du vrai ; et bientôt après le culte de Baal fut introduit dans le royaume de Juda, sous le règne de Joram, par son mariage avec Athalie, fille d’Achab. Après quoi Dieu commença à réduire Israël, et il finit par détruire et envoyer en captivité la portion qui se trouvait au-delà du Jourdain (2 Rois 10.32). Alors Tiglath-Piléser soumit et emmena en captivité tous ceux qui habitaient le Nord (2 Rois 15.29). Enfin, les dix tribus furent soumises par Salmanézer, et transportées captives loin de leur pays. Plus tard, le royaume de Juda fut aussi transporté captif à Babylone, et une grande portion du peuple n’en revint jamais. Ceux qui revinrent étaient très peu de chose en comparaison de ceux qui avaient été conduits en captivité, et la plupart du temps, à partir de cette époque, ils furent dépendants d’autres peuples. Ils furent assujettis pendant quelque temps au roi des Perses, puis à la monarchie des Grecs, et enfin aux Romains. Et avant la venue de Christ, l’Église juive était devenue très corrompue et envahie par la superstition et la propre justice. A quel petit troupeau l’Église de Christ n’était-elle pas réduite dans les jours de son incarnation !
Par cette décadence graduelle de l’Etat et de l’Église des Juifs, à partir de Salomon, Dieu prépare à plusieurs égards la voie pour la venue de Christ.
1° Le déclin de la gloire de cette dispensation légale prépare l’introduction de la dispensation évangélique beaucoup plus glorieuse. Celle-ci était si supérieure, que la dispensation légale se trouve dépourvue de toute gloire quand on la compare à celle de l’Évangile. L’ancienne dispensation, même dans ses plus beaux jours du temps de Salomon, était d’une nature très inférieure en comparaison de la gloire spirituelle de la dispensation chrétienne. L’Église, sous l’Ancien Testament, était comme un enfant sous des tuteurs et des curateurs, et Dieu agissait avec elle en conséquence. Les pompes extérieures sont appelées par l’Apôtre « faibles et misérables rudiments. » Il fallait que ces choses diminuassent alors que le moment de la venue de Christ approchait ; aussi Jean-Baptiste, le précurseur, parlant de Christ, dit : « Il faut qu’il croisse et que je diminue (Jean 3.20). » Il faut que les étoiles étincelantes perdent peu à peu leur éclat, quand l’heure du lever du soleil approche. L’éclat de la dispensation juive doit diminuer graduellement pour que la gloire spirituelle de l’Évangile soit reçue avec plus de joie. Si l’Église juive, à la venue de Christ, avait joui de la même gloire que pendant le règne de Salomon, les hommes en auraient eu les yeux si éblouis, qu’ils n’auraient nullement été disposés à abandonner avec joie cet éclat extérieur pour la gloire purement spirituelle de Jésus, le méprisé des hommes. De plus :
2° Le déclin graduel de la gloire de la république juive contribue à rendre plus remarquable la gloire de Dieu et son pouvoir qui se manifestèrent dans les grands effets de la rédemption chrétienne. La diminution et l’affaiblissement successifs du peuple de Dieu, jusqu’à la venue de Christ, ressemble beaucoup à ce qui arriva à l’armée de Gédéon. Dieu dit à Gédéon que le peuple qui l’accompagnait était trop nombreux pour défaire les Madianites, de peur qu’Israël ne s’en attribuât la gloire, disant : « Ma main m’a délivré. » C’est pourquoi il fut ordonné à tous ceux qui étaient craintifs de s’en retourner. Il en repartit vingt-deux mille, il en resta dix mille. Mais ils étaient encore trop nombreux, et alors ils furent encore éprouvés au ruisseau et réduits à trois cents. Ainsi ce peuple était du temps de Salomon trop nombreux, trop puissant et trop prospère pour la venue de Christ ; aussi le diminua-t-il : d’abord en dispersant les dix tribus, ensuite par la captivité de Babylone ; enfin, ils furent encore plus amoindris par le moyen de cette grande corruption qui devint générale du temps de Christ, de sorte qu’il ne trouva parmi eux que très peu de personnes vraiment pieuses. Avec une poignée de disciples, Christ fit la conquête du monde. C’est ainsi que Dieu abaissa les choses élevées afin d’élever Christ.
3° Tout cela, en préparant la venue de Christ, rendit plus frappant et plus remarquable le salut des Juifs qui furent sauvés par Lui. Quoique la plus grande partie de la nation juive fût rejetée et les Gentils appelés à leur place, cependant plusieurs milliers de Juifs furent sauvés par Christ après sa résurrection (Actes 21.20). La position si modeste dans laquelle ils se trouvaient sous la servitude des Romains, ainsi que leur corruption et leurs superstitions, rendirent cette rédemption plus remarquable et plus glorieuse.
Nous dirons ici quelques mots des adjonctions qui furent faites au canon des Écritures sous le règne de Salomon ou bientôt après. Des additions considérables y furent faites par Salomon lui-même, qui écrivit le livre des Proverbes et l’Ecclésiaste, probablement vers la fin de son règne. Son Cantique des Cantiques, comme on l’appelle, traite de Christ et de sa rédemption, représentant les relations glorieuses, l’union et l’amour qui règnent entre Christ et son Église. Il semble que l’histoire sacrée, sous le règne de Salomon et de son successeur immédiat, fut augmentée par les prophètes Nathan, Ahija, Sémahja, Jeddo. Il est probable qu’une partie de l’histoire contenue dans le livre des Rois fut écrite par eux (2 Chroniques 9.29 ; 12.15 ; 13.22).
La préservation de l’Église et de la vraie religion pendant cette période est un fait très remarquable, si on considère les nombreuses et grandes apostasies du peuple qui s’adonnait à l’idolâtrie. Quand les dix tribus eurent généralement et définitivement abandonné la vraie religion, Dieu la conserva dans le royaume de Juda, et lorsque ceux-ci se corrompirent, ce qu’ils firent très souvent, et que l’idolâtrie fut sur le point de tout envahir, Dieu conserva pourtant toujours le lumignon fumant. Alors que tout semblait aller aussi mal que possible, et la religion en être à son dernier soupir, il se plut maintes fois à accorder des réveils très bénis, par de remarquables effusions du Saint-Esprit, surtout du temps d’Ezéchias et de Josias.
Dieu ne permit pas que le livre de la loi se perdit dans ces jours où on négligeait généralement la lecture. La préservation fut surtout une chose remarquable du temps de la grande apostasie, qui dura pendant la plus grande partie du long règne de Manassé (il régna cinquante-cinq ans), et sous le règne d’Amos, son fils. Le livre de la loi fut si négligé, les affaires du temple furent administrées avec tant de négligence et avec un esprit si profane, que l’exemplaire qu’on avait l’habitude de placer à côté de l’arche, dans le saint des saints, fut perdu pendant longtemps ; personne ne savait où il était. Mais Dieu ne permit pas qu’il fût définitivement perdu. Du temps de Josias, quand ils eurent à réparer le temple, cet exemplaire du livre de la loi fut trouvé parmi les décombres. Il avait été égaré pendant si longtemps, que Josias lui-même semble à peine en avoir eu connaissance.
Dieu préserva de la destruction, à travers les dangers aussi nombreux que grands de cette période, la tribu dont Christ devait naître. L’Église visible de Christ, à partir du règne de Salomon, se recruta principalement dans la tribu de Juda. La tribu de Benjamin, qui lui fut adjointe, était très peu de chose, tandis que celle de Juda était très grande. De même que Juda prit Benjamin sous sa protection quand il descendit en Egypte pour acheter du blé, ainsi la tribu de Benjamin semble avoir toujours été sous la protection de celle de Juda. Il est vrai, quand Jéroboam établit le culte des veaux à Béthel et à Dan, tous les Lévites des diverses tribus se joignirent à Juda (2 Chroniques 11.13). Mais ils étaient très peu nombreux, et on ne les comptait pas au nombre des tribus. Il est vrai aussi qu’à cette occasion beaucoup de personnes, dans le but d’adorer Dieu dans le temple, laissèrent leurs héritages dans les diverses tribus pour s’établir dans celle de Juda et s’incorporer à elle. Cependant cette tribu fournit si bien l’élément dominant qu’ils furent appelés du même nom, Juda. C’est pourquoi Dieu dit à Salomon : « Néanmoins, je ne déchirerai pas tout le royaume, j’en donnerai une tribu à ton fils pour l’amour de David, mon serviteur, et pour l’amour de Jérusalem que j’ai choisie (1 Rois 11.13). » De même quand les dix tribus furent conduites en captivité, il est dit qu’il n’en fut laissé qu’une seule, celle de Juda. « C’est pourquoi l’Éternel fut fort irrité contre Israël, et il les rejeta, en sorte qu’il n’y eût que la seule tribu de Juda qui restât (2 Rois 17.18). » C’est de là qu’ils furent tous appelés Juifs, mot dérivé de Juda.
C’était la tribu dont Christ devait naître, et à partir de Salomon, elle constitua surtout l’Église visible. Le peuple sur lequel régnaient les rois de la maison de David, ancêtre légitime de Christ, fut admirablement préservé de la corruption pendant cette période ; il fut sur le point de sa ruine et à la veille d’être englouti. Ce fut le cas du temps de Roboam, quand Siscak, roi d’Egypte, monta contre Juda avec une grande force (2 Chroniques ch. 12). Ce fut encore le cas sous le règne d’Abija, quand Jéroboam se rangea en bataille contre lui avec huit cent mille hommes d’élite. C’était là une armée puissante (2 Chroniques 13.3). Alors Dieu délivra Juda en considération de l’alliance de grâce traitée avec David, et ils remportèrent la victoire, parce que l’Éternel était avec eux. La même chose eut lieu encore du temps d’Asa, quand Zéraph l’Ethiopien sortit contre eux avec une armée d’un million d’hommes et de trois cents chariots (2 Chroniques 14.9). A cette occasion, Asa cria à l’Éternel, et se confia en Lui, sachant bien qu’il ne lui était pas difficile d’aider ceux qui n’avaient pas de force. « Éternel ! il ne t’est pas plus difficile d’aider celui qui n’a point de force que celui qui a des gens en grand nombre. » Et Dieu leur fit remporter une victoire éclatante sur cette grande armée.
Il en fut de même du temps de Josaphat, quand les enfants de Moab, les enfants d’Hammon, et les habitants du mont Séhir s’allièrent contre Juda, et levèrent une armée très supérieure à celle que Josaphat pouvait mettre sur pied. Josaphat et son peuple furent très alarmés, mais ils se mirent à chercher Dieu à cette occasion ; ils placèrent leur confiance en lui, et Dieu leur fit dire par un de ses prophètes qu’ils n’eussent pas à craindre, qu’ils n’auraient pas même à livrer bataille dans cette circonstance, qu’ils auraient seulement à se tenir debout et à voir la délivrance de l’Éternel. Et, conformément à cette direction, ils se tinrent debout et chantèrent les louanges de l’Éternel. Et Dieu fit la chose par le moyen de leurs ennemis, en les portant à se tuer les uns les autres. Les enfants d’Israël eurent seulement à recueillir les dépouilles qui furent plus qu’ils ne purent porter (2 Chroniques ch. 20).
Il en fut de nouveau ainsi du temps d’Achaz, quand Retsin, roi de Syrie, et Pekach, fils de Rémalja, roi d’Israël, conspirèrent contre Juda, et semblaient compter sur le succès de leur entreprise, dont il a déjà été question. Les choses se passèrent de même du temps d’Ezéchias, lorsque Sanchérib, ce grand roi d’Assyrie, chef de la plus grande monarchie qu’il y eut alors au monde, monta contre les villes fortifiées de Juda, après avoir fait la conquête de la plupart des pays environnants. Il envoya Rab-Saké, capitaine de son armée, contre Jérusalem, et celui-ci insulta grossièrement Ezéchias et son peuple, se croyant sûr de la victoire. Et le peuple fut saisi de crainte comme un agneau devant un lion. Alors Dieu envoya le prophète Esaïe pour les encourager et pour leur donner l’assurance que leurs ennemis ne réussiraient pas. Et, comme garantie de ce fait, il leur donna ce signe : que la terre pendant deux années successives porterait des fruits d’elle-même sans qu’ils eussent à labourer ou à semer, et que la troisième année ils auraient à semer et à moissonner, à planter des vignes, à en manger les fruits, et à vivre du produit de leur travail, comme ils avaient précédemment l’habitude de le faire (2 Rois 19.29). Cela est donné comme un type de ce qui est promis dans les versets 30, 31 : « Et ce qui est réchappé et demeuré de reste dans la maison de Juda, étendra sa racine par-dessous, et elle produira des fruits par-dessus. Car de Jérusalem sortira quelque reste, et de la montagne de Sion quelques réchappés ; la jalousie de l’Éternel des armées fera cela. » Le blé qui repousse après avoir été coupé avec la faucille et qui donne une nouvelle moisson, représente l’Église qui revit et fleurit de nouveau, comme une plante qui semble avoir été coupée pour toujours. Lorsque les ennemis de l’Église ont fait tout leur possible et semblent avoir obtenu ce qu’ils voulaient ; lorsqu’ils ont renversé l’Église à tel point qu’elle est à peine visible, elle est toujours comme une racine vivante cachée sous le sol : il y a en elle une vie cachée qui la fera fleurir de nouveau, s’enraciner profondément et porter des fruits. Cela eut alors son entier accomplissement. Le roi d’Assyrie avait déjà emmené les dix tribus captives ; Sanchérib avait pris toutes les villes fortifiées de Juda, et ravagé les pays environnants : Jérusalem seulement tenait bon, Rab-Saké s’imaginait déjà l’avoir envahie, et les Juifs avaient bien peur qu’il en fût ainsi. Mais Dieu opéra une délivrance merveilleuse : il envoya un ange, qui, dans une nuit, tua cent quatre-vingt-cinq mille hommes dans le camp ennemi.
Du temps d’Hosias et sous les règnes suivants, Dieu suscita plusieurs prophètes distingués, qui devaient écrire leurs prophéties pour l’usage de son Église dans tous les temps. Nous avons déjà remarqué que Dieu suscita une succession de prophètes en Israël, du temps de Samuel, et que plusieurs de ces prophètes écrivirent par inspiration divine, et augmentèrent ainsi le canon des Écritures. Mais il ne paraît pas que jusqu’alors aucun d’eux eût écrit un livre de prophéties. Plusieurs d’entre eux écrivirent des histoires des merveilleuses dispensations de Dieu envers son Église. C’est ce que nous avons déjà observé à l’occasion de Samuel, qui, suppose-t-on, a écrit le livre des Juges, Ruth, une partie du premier livre de Samuel et peut-être le livre de Josué. Il paraît que Nathan et Gad écrivirent le reste des livres de Samuel. Nathan, Ahija et Hiddo, écrivirent l’histoire de Salomon, qui est probablement celle que nous avons dans le premier livre des Rois. Hiddo et Semahja semblent avoir continué l’histoire d’Israël : « Or les faits de Roboam, tant les premiers que les derniers, ne sont-ils pas écrits dans les livres de Sémahja, le prophète, et de Hiddo, le voyant, dans le récit des généalogies avec les guerres que Roboam et Jéroboam ont eues tout le temps qu’ils ont vécu (2 Chroniques 12.15) ? » Après cela, elle fut continuée par le prophète Jéhu, fils de Hanani : « Or, le reste des faits de Josaphat, tant les premiers que les derniers, voilà, ils sont écrits dans les mémoires de Jéhu fils de Hanani, selon, qu’il a été enregistré au livre des rois d’Israël (2 Chroniques 20.34 ; 1 Rois 16.1, 7). Et ensuite par le prophète Esaïe : « Or, Esaïe, fils d’Amots, prophète, a écrit le reste des faits d’Hozias, tant les premiers quelles derniers (2 Chroniques 26.22). » Il l’écrivit probablement aussi bien dans le second livre des Rois que dans le livre de ses prophéties ; et l’histoire fut continuée et achevée par d’autres prophètes qui vinrent après lui.
C’est ainsi que les prophètes, à partir de Salomon, avaient ajouté au canon des Écritures par leurs récits historiques. Mais alors, dans les jours d’Hozias, Dieu suscita, pour la première fois, de grands prophètes pour écrire, non seulement des histoires, mais des livres entiers de prophéties. On suppose qu’Osée, fils de Bééri, fut le premier de ces prophètes ; c’est pourquoi il est dit : Au commencement que Dieu parla par Osée (Osée 1.2). C’est-à-dire que ce fut le premier qui écrivit des livres de prophéties. Il prophétisa aux temps d’Hozias, de Jotham, d’Achaz et d’Ezéchias, rois de Juda, et au temps de Jéroboam, fils de Joas, roi d’Israël. Il y eut plusieurs autres témoins de Dieu, suscités vers la même époque, pour mettre leurs prophéties par écrit. Esaïe, Amos, Jonas, Michée, Nahum et probablement quelques autres. Ainsi, à partir de ce temps, Dieu maintint dans le sein de son peuple une succession de prophètes qui écrivaient leurs prophéties.
Ce fut là une grande dispensation de la Providence et un grand pas de fait pour, l’avancement de l’œuvre de la Rédemption. On s’en convaincra si on considère que la principale affaire des prophètes était d’annoncer Christ et sa rédemption. Ils étaient tous des précurseurs du grand Prophète. L’esprit de prophétie leur avait été donné surtout pour les mettre en état de rendre témoignage à Jésus-Christ, le grand Rédempteur, qui devait venir. C’est pourquoi il est parlé du témoignage de Jésus et de l’esprit de prophétie comme n’étant qu’une seule et même chose : « Alors je me jetai à ses pieds pour l’adorer, mais il me dit : Garde-toi de le faire ; je suis ton compagnon de service, et le compagnon de tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu ; car le témoignage de Jésus est l’esprit de prophétie (Apocalypse 19.10). » Aussi voyons-nous que la plupart des prophètes insistent surtout sur Christ et sa rédemption et les temps glorieux de l’Évangile. Et, bien qu’il soit question de beaucoup d’autres choses dans leurs prophéties, elles ne semblent être là que pour servir d’introduction aux prophéties de ces grandes choses. Quoi que ce soit qu’ils annoncent, leurs prophéties aboutissent là communément.
Ces prophètes, inspirés par l’Esprit de Christ, écrivirent surtout pour préparer sa venue et pour révéler la gloire qui devait en résulter. Et combien est sublime le langage dans lequel ils annoncent ces choses ! Ils parlent de beaucoup d’autres choses dans le langage ordinaire des hommes ; mais quand ils en viennent à ce sujet leur style revêt une solennité céleste. Quelques-uns d’entre eux sont très complets et entrent dans les détails en prédisant ces choses ; c’est surtout le cas avec le prophète Esaïe, qui pour cela a été appelé, avec raison, le prophète évangélique. On dirait qu’il prêche les grandes doctrines de l’Évangile tout aussi clairement que les apôtres. Aussi l’apôtre Paul remarque-t-il que le prophète Esaïe est très hardi (Romains 10.20), c’est-à-dire, selon l’acception du mot dans le Nouveau Testament, très libre ; ainsi, nous parlons avec une grande liberté ou hardiesse (2 Corinthiens 3.12).
Avec quelle clarté et quels détails le prophète Esaïe décrit le mode et les circonstances, la nature et le but des souffrances et du sacrifice de Christ, dans le cinquante-troisième chapitre de ses prophéties. Il est à peine dans le Nouveau Testament lui-même un chapitre plus complet. Et dans quel style sublime le même prophète ne parle-t-il pas de temps à autre des magnifiques privilèges conquis par Jésus-Christ, des bénédictions inexprimables que son Église doit retirer de la rédemption ! Jésus-Christ, dont ce prophète s’entretint tant, lui apparut une fois, sous une forme humaine, dans cette nature qu’il devait revêtir plus tard. « L’année en laquelle mourut le roi Hozias, je vis le Seigneur séant sur son trône haut et élevé, et ses pans remplissaient le temple (Ésaïe 6.1). » C’était Christ qu’il vit, ainsi que cela est expressément déclaré dans le Nouveau Testament (Jean 12.39-41).
Et, si nous considérons ses prophéties et celles des autres prophètes, quelle grande augmentation de la lumière évangélique ! Combien sont nombreuses les révélations et les prophéties concernant Christ, quand on les compare à ce qu’elles furent dans la première période de l’Ancien Testament, d’Adam à Noé ; ou dans la seconde, de Noé à Abraham ; ou à ce qu’elles étaient avant Moïse ; ou dans les jours de Moïse, de Josué et des Juges ! Cette dispensation contribua aussi beaucoup à avancer l’œuvre de la rédemption en occasionnant de grandes additions au canon des Écritures. Une grande portion de l’Ancien Testament fut écrite dans le temps qui s’écoula entre le règne d’Hozias et la captivité de Babylone. Et combien sont importantes ces portions ! Quels précieux trésors ces prophètes ont confiés à l’Église de Dieu, dont la tendance est de confirmer l’Évangile de Jésus-Christ ! Quelle grande consolation cela a depuis lors procuré à l’Église de Dieu dans tous les temps ; et il est hors de doute qu’il en sera ainsi jusqu’à’la fin du monde.