Au cours d'une conversation avec les saints, ils me donnèrent le renseignement suivant :
« Après la mort, l'âme de chaque être humain entre dans le monde des esprits, et chacune, d'après sa croissance spirituelle, habitera avec des esprits de même nature et de même mentalité, soit dans les ténèbres soit dans une lumière glorieuse. Nous sommes certains que personne n'est jamais entré, avec son corps matériel, dans le monde spirituel, sauf Christ, et un petit nombre de saints, dont les corps ont été transformés en corps glorieux ; cependant il a été accordé à quelques-unes de voir le monde des esprits durant leur séjour ici-bas, et même de contempler le ciel comme nous lisons de saint Paul dans II Cor. 12.2, quoiqu'ils ne se soient pas rendus compte s'ils entraient au Paradis avec ou sans leur corps ».
Après cet entretien, ces saints me conduisirent ici et là, me montrant beaucoup de choses et d'endroits merveilleux. Je vis que de tous côtés des milliers et des milliers d'âmes arrivaient continuellement dans le monde des esprits, toutes accompagnées d'anges. L'âme des bons n'avait avec elle que des anges ou de bons esprits qui les avaient conduits de leur lit de mort jusqu'au ciel. Les esprits malins n'avaient pas la permission de les approcher, mais se tenaient à distance et les regardaient. Je vis aussi qu'il n'y avait pas de bons esprits auprès des âmes vraiment mauvaises, mais qu'elles étaient entourées d'esprits malins qui les avaient suivies depuis leur lit de mort, tandis que des anges se tenaient là pour empêcher les esprits malins de donner libre cours à la malice de leur nature en tourmentant ces âmes. Ces esprits malins conduisirent presque immédiatement ces âmes dans les ténèbres, car dans les jours de leur chair elles avaient permis à ces malins esprits d'exercer sur elles leur mauvaise influence et de les entraîner à toutes espèces d'actions mauvaises. Les anges ne forcent jamais le libre arbitre des âmes. Je vis là aussi beaucoup d'âmes qui venaient d'arriver dans le monde des esprits, et qui étaient accompagnées de bons comme de mauvais esprits, ainsi que par des anges aussi. Mais bientôt la différence radicale de ce qu'avait été leur vie commença à s'affirmer de sorte qu'elles se séparèrent les unes des autres, les bonnes pour s'allier aux bonnes et les mauvaises pour s'allier aux mauvaises.
Quand les âmes des hommes arrivent dans le monde des esprits, les bons se séparent immédiatement des méchants. Dans ce monde-ci tous sont mélangés, mais il n'en est pas ainsi dans le monde spirituel. J'ai souvent remarqué que l'esprit des bons, des fils de la lumière, quand ils entrent dans le monde des esprits, commencent par se baigner dans les eaux cristallines et impalpables d'un océan qui leur procurent un rafraîchissement intense et vivifiant. Ils se meuvent dans ces eaux merveilleuses comme dans une atmosphère qui ne les mouille pas, ne les noie pas, mais les purifie complètement et les prépare à entrer dans ce monde lumineux et glorieux où ils passeront l'éternité dans la présence de leur Sauveur et dans la communion d'innombrables saints et d'anges.
Quelle différence entre ces âmes et celles qui ont mené une vie de péché ici-bas. Elles sont mal à l'aise dans la compagnie des enfants de lumière et sont tourmentées par la lumière révélatrice de la gloire ambiante, de sorte qu'elles cherchent à se cacher là où leur nature impure et souillée ne pourra se voir. Une fumée noire et puante monte de la partie la plus basse et la plus sombre du monde des esprits malins, et dans leur effort pour se cacher et échapper à la lumière, ces fils des ténèbres se précipitent tête baissée dans cette région d'où l'on entend leurs gémissements et leurs cris de remords. Mais le ciel est ainsi fait que cette fumée y est invisible et qu'on n'y entend pas ces gémissements à moins que, pour une raison spéciale, il y ait un esprit qui désire voir l'affreux état de ces âmes perdues.
Un petit enfant mourut d'une pneumonie et un groupe d'anges vint pour conduire son âme dans le monde des esprits. J'aurais voulu que sa mère pût assister à cette merveilleuse cérémonie, car au lieu de pleurer elle aurait chanté de joie, tant les anges prennent soin des enfants avec un amour et une sollicitude, comme aucune mère ne peut les montrer. J'entendis un de ces anges dire : « Voyez comme la mère de l'enfant pleure sur cette courte séparation ! Dans peu d'années elle retrouvera le bonheur d'être avec lui ! » Alors les anges conduisirent l'âme de l'enfant dans cette magnifique et lumineuse partie du ciel réservée aux enfants, et où ils les soignent et les instruisent dans toute la sagesse céleste, de sorte que graduellement les enfants deviennent semblables aux anges.
Plus tard la mère mourut aussi, et son enfant, devenu comme un ange, vint avec eux, accueillir l'âme de sa mère. Lorsqu'il lui dit : « Mère, me reconnais-tu ? Je suis ton fils Théodore », le cœur de la mère fut inondé de joie, et ils s'embrassèrent dans des transports de bonheur. Ce fut un spectacle touchant ! Puis, tout en marchant ensemble, il montrait à sa mère en le lui expliquant tout ce qu'ils voyaient en passant. Pendant tout le temps qu'elle dut rester dans l'état intermédiaire, il resta avec elle, et lorsqu'elle eut terminé l'instruction nécessaire, son fils l'emmena dans la sphère plus élevée où il habitait lui-même.
Là ils virent de tous côtés des paysages magnifiques où se trouvaient d'innombrables âmes qui jadis sur la terre avaient souffert pour Christ et avaient ensuite atteint la glorieuse place d'honneur qui les attendait. Tout alentour se trouvaient de belles montagnes, de fraîches sources et de merveilleux paysages, et les jardins étaient remplis de toutes sortes de belles fleurs et de fruits délicieux. Il s'y trouvait tout ce que le cœur peut désirer. Son fils lui dit : « Dans le monde physique qui n'est qu'un pâle reflet de celui-ci, nos bien-aimés pleurent sur nous, mais dis-moi, si ceci est la mort ou la vraie vie que toute âme désire ? » La mère répondit : « Mon fils, ceci est la vraie vie, et si j'avais su, dans le monde, la vérité concernant le ciel, jamais je n'aurais pleuré ta mort. Quel dommage que les habitants de la terre soient si aveuglés ! Malgré le fait que Christ a expliqué clairement la gloire du ciel et que les Évangiles parlent si souvent de cette gloire éternelle du Père, non seulement les ignorants n'en savent rien, mais de nombreux croyants en sont au même point. Dieu veuille que tous puissent un jour arriver dans ce bienheureux séjour de gloire ! »
L'âme d'un philosophe allemand entra dans le monde des esprits et aperçut de loin la gloire incomparable du monde spirituel et le bonheur sans borne de ses habitants. Il en fut charmé mais, ancré dans son intellectualisme, il ne put y pénétrer et jouir de ce bonheur. Au lieu d'admettre la réalité de ce qu'il voyait, il raisonnait ainsi : « Il n'y a pas de doute que je ne voie toutes ces choses, mais quelle preuve puis-je en avoir de leur existence objective, et que ce n'est pas une illusion née dans mon esprit ? Je veux appliquer à toutes ces scènes les principes de la logique, de la philosophie et de la science, et seulement alors pourrai-je me convaincre de leur réalité et être certain qu'ils ne sont pas de l'imagination.
Les anges lui répondirent : « Il est évident, d'après tes paroles, que ton intellectualisme a faussé ta nature entière, car de même qu'il faut des yeux spirituels et non pas corporels pour discerner le monde spirituel, il faut aussi une compréhension spirituelle pour en saisir la réalité et non pas l'exercice de l'intelligence avec les éléments de la logique et de la philosophie.
« Ta science traitant de faits matériels est restée avec ton cerveau et ton crâne matériel sur la terre. Ici la seule science spirituelle est celle qui résulte de la crainte et de l'amour de Dieu ».
Puis un des anges s'adressant à un autre lui dit : « Quel dommage que tant de gens oublient cette déclaration de l'Écriture, cette précieuse parole du Seigneur : Si vous ne naissez de nouveau et ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux (Mat. 18.3) ». Je demandai à l'ange ce que serait le sort de cet homme et il me répondit : « que s'il avait mené une vie coupable, du commencement à la fin, il aurait en mourant rejoint les esprits de ténèbres, mais comme il n'est pas privé de sens moral, il errera en aveugle dans la semi obscurité des états intermédiaires, heurtant partout sa tête de philosophe jusqu'à ce que, reconnaissant sa folie, il se repente. Il sera enfin apte à accepter les enseignements nécessaires que les anges préposés à ce service sont prêts à lui donner. Il sera alors admis à entrer en pleine lumière dans la sphère supérieure ».
Dans un sens, l'espace infini dans son entier – pour autant qu'il est rempli de la Présence de Dieu qui est Esprit – est un monde spirituel. Dans un autre sens, le monde visible est aussi un monde spirituel puisque ses habitants sont des esprits revêtus de corps humains. Mais il existe encore un autre monde d'esprits qui est l'asile temporaire des esprits qui, à la mort, ont quitté leur corps. C'est là un état intermédiaire pour un lieu intermédiaire entre la gloire lumineuse des plus hauts cieux, et l'espèce d'obscurité et de ténèbres des enfers. Il s'y trouve d'innombrables degrés d'existence et l'âme est conduite à celui auquel ses progrès d'ici-bas l'ont préparée. C'est là que des anges préposés à ce service instruisent l'âme pendant un temps plus ou moins long jusqu'à ce qu'elle aille rejoindre les bons esprits dans une plus grande lumière, ou les malins esprits dans une profonde obscurité et qui ont la même nature et la même mentalité.