Sa présence

LES PENSÉES GARDÉES EN JÉSUS-CHRIST

« Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ. »

(Philippiens 4.7)

Il vous est certainement arrivé d’être obsédé par un refrain entendu quelque part, une mélodie lancinante qui encombre votre tête et ne quitte pas vos lèvres. Impossible de « changer de disque » ! Hélas ! Il en va de même de certaines pensées ; elles nous poursuivent sans que nous parvenions à les chasser.

La pensée, disions-nous, est une conversation que l’homme se tient à lui-même, une sorte de monologue intérieur qui se poursuit sans discontinuer. A vrai dire, il s’agit plutôt d’un dialogue même en l’absence de tout interlocuteur, car je ne suis jamais seul. Comme moi sans doute, vous vous êtes surpris bien des fois en train d’évoquer des choses abominables qui auraient entraîné sûrement votre exclusion de l’église si l’entourage les avait perçues ? Conscient des horreurs qui circulaient dans votre tête, outré et confus à la fois, vous avez réagi en murmurant :

« Comment est-ce possible que moi, chrétien soucieux de sanctification, je me sois laissé aller à imaginer des choses pareilles ? »

Alors, déterminé à ne plus tolérer ces ordures, vous avez tenté de chasser ces pensées en changeant résolument de thème. Vous avez cru y parvenir lorsque… coucou ! ces horreurs, les mêmes, ont refait surface… sans votre accord bien entendu. L’Accusateur, qui guettait cet instant pour accroître votre désarroi, s’est exclamé avec des accents de sainteté :

« Mais c’est affreux ! Certainement, tu viens de pécher contre le Saint-Esprit. »

Halte-là ! Ne tendez pas l’oreille à de telles insinuations. Elles sont mensongères. Votre brusque réaction, votre refus d’entretenir de telles pensées prouvaient hautement que vous n’en étiez pas l’auteur… pourvu que, maintenant, vous les rejetiez encore en les donnant au Christ qui délivre. Il y aurait faute si vous preniez plaisir à prolonger cette conversation infâme. En vérité, un autre que vous a relancé ce dialogue abominable que vous aviez rompu brutalement. Cet « autre » qui vous impose ces idées et les déverse dans votre âme – vous l’avez deviné – c’est Satan. Il serait trop heureux qu’en les tolérant vous en deveniez responsable. Démasquez-le en le congédiant sans égard : « Arrière Satan. » Inutile de batailler avec lui : tournez-vous plutôt vers le Christ qui prendra le relais.

Qui veut chasser de mauvaises pensées n’a pas de plus sûr moyen que de s’en remettre au Fils. Il est puissant pour tenir en échec le diable et ses anges, et plein d’amour pour remplir de choses saintes et bénies le cœur de son enfant. Tenez bon (1 Pierre 5.8). Après un temps de lutte peut-être, le Christ engagera avec vous un dialogue intérieur qui, cette fois, édifiera et élèvera votre âme. Quoi qu’il en soit, vous devez refuser d’être le jouet « d’un autre » qui serait trop heureux de vous imposer le thème et l’esprit de vos réflexions.

Ceci dit, n’accusons pas systématiquement le diable d’être l’auteur de toute pensée mauvaise ou simplement erronée. Si certaines sont bien de lui, il en est d’autres dont je puis revendiquer la paternité. « C’est du dedans, du cœur de l’homme – siège de la volonté – que sortent les mauvaises pensées » (Matthieu 15.19). En effet, je peux méditer le mal (Proverbes 14.22), nourrir la rancœur et songer à me venger. Je ne suis pas nécessairement inspiré par Dieu lorsque je réfléchis pour établir mon emploi du temps ou me concentre pour trouver une issue à une situation délicate lors même que mes intentions sont louables. Même le chrétien de bonne foi a besoin de veiller et de chercher à savoir de quoi sont faites ses pensées en disant avec David : « Ô Dieu, connais mes pensées » (Psaumes 139.23) ! N’oublions pas que nous sommes ce que sont nos pensées (Proverbes 23.7).

La Bible distingue trois sortes de pensées :

a) Les mauvaises pensées qui naissent au hasard des circonstances, des rencontres ou des choses vues ou entendues. Qu’une personne se moque de moi, me calomnie ou critique mon enfant, que le professeur m’inflige une mauvaise note, que le facteur m’apporte la feuille d’impôt, que je croise une personne extravagante ou peu sympathique… et me voilà préoccupé, tendu, irrité, méprisant ou accusateur, ruminant des heures durant tel fait désagréable, tel événement fâcheux ou tel sujet d’humiliation. Inutile de revenir sur ce point déjà abordé.

b) Les vaines pensées. S’il y a des pensées abominables facilement détectables, il en est d’autres – la plupart d’ailleurs – qui ne sont pas mauvaises en soi ; et parce qu’elles n’ont rien de répréhensible on les tolère sans être alerté ou sans penser à mal. Nous faisons bon ménage avec elles. Alors, pourquoi leur faire barrage et s’acharner contre elles ? Attention ! La Bible les dénonce, les qualifiant de « vaines » (Psaumes 94.11 ; Job 27.12 ; 1 Corinthiens 3.20 ; Éphésiens 4.17-18…). Elles occupent d’autant plus de place en nous qu’elles passent inaperçues. Même la conscience a quelque peine à les déceler, aussi les condamne-t-elle très rarement.

Vous êtes-vous déjà humilié pour avoir entretenu de « vaines pensées » ? J’en doute. Elles sont « vaines » parce que Dieu y est absent, qu’elles occupent inutilement notre esprit et nous tiennent loin de l’essentiel (voir ici ce qui devrait être l’objet de nos pensées : Philippiens 4.8). On peut s’éterniser sur le même sujet et, par exemple, penser voiture, sport, gastronomie, loisirs, mode… des heures entières. Coulées dans la mentalité des hommes, ces pensées se révèlent superficielles, futiles, enclines à l’autosatisfaction. Paul les qualifie de « charnelles » (Colossiens 2.18). Pour en avoir une idée plus précise, je vous propose de tenter l’expérience suivante : au cours de la journée et à plusieurs reprises, faites halte un instant en vous demandant : « A quoi étais-je en train de penser durant les dix minutes précédentes ? Quelle place occupaient dans mon esprit le Seigneur, son royaume, le prochain à secourir, les vraies valeurs… ? » Si vous y arrivez, vous découvrirez avec tristesse que vous avez brassé des idées sans valeur d’où Dieu était exclu. La plupart du temps, il vous faudra admettre que vous êtes dans l’impossibilité de vous remémorer les choses qui viennent de traverser votre esprit. Le vide, quoi ! C’est pourquoi, il importe que je sois et reste le maître chez moi. Donc, pas de passivité coupable qui laisserait le champ libre à l’Adversaire. Je refuse de penser à n’importe quoi, de me perdre dans « la lune » ou les nuages, et pour y parvenir plus sûrement, je confie mon esprit à la garde du Seigneur.

c) Heureusement, il y a, selon la Bible, les « pensées gardées en Jésus-Christ », remplies de lui, de son Royaume, du prochain à aimer. Des pensées don de Dieu, de saintes pensées orientées vers les choses d’En Haut, toutes de confiance, de patience, d’humilité et d’amour (Colossiens 3.3).

Si la paix de Dieu garde le cœur et les pensées en Jésus-Christ (Philippiens 4.8), posséder cette paix sera la chose à rechercher en priorité. Selon l’apôtre « elle surpasse toute intelligence » (Philippiens 4.7) et doit « régner dans notre cœur » (Colossiens 3.15). Le Seigneur l’accorde à quiconque jouit de son approbation et vit en réelle communion avec lui. C’est donc lui, l’auteur de la paix et non la paix qu’il faut rechercher. Dieu est lumière et sa présence est lumière. Elle éclaire, purifie, inspire et métamorphose toute chose.

Si une personne m’éprouve et place des embûches sur ma route, Jésus gardera mes pensées de toute amère critique pourvu… que je cultive sa présence. Plus encore, il me parlera de Son amour pour elle ; il m’incitera à la bénir et à rechercher son bonheur en dépit du tort qu’elle m’inflige. Dès lors, je la regarderai avec espérance.

Un fait douloureux du passé me revient-il en mémoire ? Dieu en ôtera le souvenir pénible et me parlera du présent où il y a tant à faire, tant de bien à accomplir.

Peut-être rencontrerai-je mon voisin d’en face, jusqu’ici objet de mon indifférence. Alors Jésus me donnera des yeux pour le distinguer et un cœur pour l’aimer. Une fidèle intercession occupera mes pensées et le désir de le rencontrer pour lui parler de son âme grandira en moi.

Qu’un fait divers attire mon attention et il introduira dans mes réflexions le Dieu souverain, maître du temps et des circonstances.

Le dimanche je me rendrai à l’église heureux à l’idée de me présenter devant Dieu avec mes frères ! Je sais que mes pensées, d’ordinaire si vagabondes en ce lieu, seront gardées par Jésus tout au long de l’office. Il sera présent dans mes cantiques, dans mes prières et dans les paroles du prédicateur. Il me permettra de découvrir quelques riches personnalités, d’humbles chrétiens revêtus du Seigneur et dont la conversation gravite volontiers autour du Bien-Aimé. A mon étonnement, je me sentirai plus proche d’eux que d’anciens amis qui, maintenant, m’attristent par leur apathie et leur superficialité ; cette tristesse me poussera, non pas à m’éloigner d’eux ou à les juger, mais à supplier le Seigneur de les visiter dans sa grâce. Ah ! On ne chôme guère lorsqu’on vit près de Jésus !

— D’accord me direz-vous, mais n’y a-t-il pas des domaines où Dieu n’est pas concerné, et pour parler crûment, des domaines où nous n’avons que faire de Dieu ? Je vous le demande, que peut m’apporter – ou changer – sa présence lorsque je me penche sur un problème de géométrie ou compulse une table de logarithmes ?

— Je répondrai : Cessez de supputer ce que pourrait « vous apporter » la présence du Seigneur. Déplacez donc le centre et occupez-vous plutôt de lui. Dans une adoration secrète qui ne gênera en rien vos recherches, bénissez Celui qui vous a donné l’intelligence et des capacités pour résoudre des questions difficiles. L’Écriture ne vous recommande-t-elle pas de faire toute chose – même de la géométrie – « pour la gloire de Dieu » ?

— Fort bien. Toutefois, dans les affaires temporelles qui réclament une attention soutenue, est-il possible de rester en état d’adoration sans courir le risque de décrocher d’avec la réalité, je veux dire d’accomplir ma tâche l’esprit ailleurs, donc sans application ?

— Ici encore vous vous méprenez. Œuvrer dans la présence de Dieu c’est agir dans sa lumière et non dans les nuages. Dieu est lumière (1 Jean 1.5). Or, s’il y a un élément indispensable pour mener parfaitement les affaires de ce monde, c’est bien la lumière. La sienne. Lumière précieuse qui rend apte à discerner le moment d’agir, le geste à accomplir, la parole à dire ou à ne pas dire, à avoir le juste comportement dans chaque circonstance. Les occupations les plus absorbantes s’accomplissent plus aisément dans une atmosphère de louange. Elle donne du cœur à l’ouvrage, renouvelle force et vigueur et illumine la tâche la plus ingrate. C’est pourquoi « rendez continuellement grâces à Dieu pour toutes choses » (Éphésiens 5.20).

Oui ! Je puis accomplir très lucidement ma tâche et avoir mon esprit orienté vers le Seigneur. A un niveau plus profond, et sans que je m’évade de la réalité, je puis être en état de paisible et joyeuse adoration, sensible au souffle de l’Esprit. L’Écriture ne m’invite-t-elle pas à demeurer en lui dans une prière incessante (1 Thessaloniciens 5.17) ? Il est possible et hautement souhaitable d’accomplir même les tâches apparemment les plus profanes dans la joie de sa présence. Une présence qui me « gardera » des vaines ou mauvaises pensées. Oui, Dieu dans sa grâce peut nous rendre capable de vivre en prière incessante au milieu des occupations les plus absorbantes.

Maintenant, ne nous alarmons pas si notre communion est intermittente et surtout ne perdons pas notre temps à nous culpabiliser. L’Adversaire exploiterait ce prétexte pour nous tenir loin de sa face. Revenons au Seigneur, tournons nos pensées vers lui en lui disant : « Garde-les en Jésus. Inspire-les. Qu’elles soient remplies de louange et d’adoration. »

Questions :

  1. Ai-je réellement la volonté de ne pas laisser vagabonder mes pensées ? Être passif, avons-nous dit, c’est faire le jeu de Satan.
  2. Suis-je résolu à faire « tous mes efforts » (2 Pierre 1.5) pour « porter mes pensées devant Dieu » (Psaumes 54.5, Segond non révisé) chaque fois que je serai conscient de l’avoir oublié ? Alors mes longs oublis développeront en moi la soif d’une communion ininterrompue avec Jésus.
  3. Je me disciplinerai pour créer, par la grâce de Dieu, l’habitude d’une orientation de mon esprit vers Dieu. Certes, mes efforts resteront insuffisants, ils n’en seront pas moins nécessaires car Dieu n’accorde la grâce de vivre en sa présence qu’à ceux qui, par leur persévérance, donnent la preuve qu’ils en connaissent le prix. « Que celui qui VEUT prenne de l’eau de la vie gratuitement », dit l’Apocalypse (Apocalypse 22.17). Je peux donc, à l’avance, le bénir pour sa réponse.
    Ô Dieu ! Connais mes pensées » (Psaumes 139.23).

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