Nous n’aurions qu’une idée incomplète de la préparation du salut dans l’Ancienne alliance, si nous nous contentions d’en suivre les phases dans la série des révélations historiques sans en rechercher l’effet et le contre-coup dans l’âme humaine et dans l’âme israélite, témoin fidèle ou infidèle de ces révélations, acteur et héros de ces drames surnaturels, objet de ces dispensations de grâce ou de justice.
C’est la partie dite hagiographique de l’Ancien Testament qui nous offre les documents de ce que nous appelons : la partie réflexive de la révélation de l’Ancienne alliance, c’est-à-dire la réponse de la conscience israélite aux révélations créatrices, originales et directes qui ont marqué la fondation de cette alliance. Les documents qui nous intéressent particulièrement à ce point de vue sont : les Psaumes, les Proverbes, le Cantique des Cantiques, Job et l’Ecclésiaste. C’est là que nous pourrons surprendre sur le vif, pour ainsi dire, les effets et, dirons-nous, les succès de l’institution légale dans l’âme des anciens fidèles, en même temps que fixer la raison d’être des révélations ultérieuresg.
g – Aussi le plan généralement suivi dans les théologies de l’A.T. (voir celle de Oehler), selon lequel la partie hagiographique est placée après les Prophètes, c’est-à-dire à la fin, manque-t-il, selon nous, de tout ordre pragmatique.
Or le développement religieux et moral d’Israël dut porter sur deux objets principaux auxquels correspondent dans la partie hagiographique de l’Ancien Testament deux catégories de documents : l’ordre spécialement théocratique, institué par la loi, qui dut être et qui fut l’objet d’appropriation le plus prochain et le plus important pour la conscience israélite ; et l’ordre cosmique ou universel, qui répondit à la tendance universaliste et, dirions-nous, cosmopolite éclose à l’époque de Salomon, alors que, favorisé par la paisible possession d’un territoire étendu, l’élève de l’ancienne théocratie commence à jeter des regards curieux par delà l’étroit horizon tracé autour de lui, et à considérer tour à tour la nature physique et la nature morale dans leurs rapports généraux et leurs caractères universels.
Nous diviserons donc la matière de notre article subsidiaire, tout d’abord en deux chapitres, selon que nous considérons la conscience israélite en rapport avec l’ordre théocratique ou avec l’ordre universel ; et chacun de ces chapitres se divisera à son tour en deux paragraphes, selon que nous considérons la conscience israélite en état d’harmonie ou en état de conflit avec l’un ou l’autre de ces deux ordres.
Les Psaumes et le Cantique des Cantiques seront nos principaux documents dans notre premier chapitre, et les livres contenant la chocmah, ou la philosophie Israélite, dans le second.