« Que l’intégrité et la droiture me préservent, car je me suis attendu à toi. » Ps 25.21.
Une troisième fois voici le mot « s’attendre à Dieu » qui revient dans ce psaume. Dans le cinquième verset le psalmiste s’écrie : « Je m’attends à toi tout le jour. » ici, le croyant en prière demande à Dieu de se souvenir qu’il regarde à lui et attend de lui une réponse. Quel puissant secours pour l’âme de savoir qu’elle est dans l’attitude de l’attente, si bien qu’elle puisse dire avec une confiance d’enfant : Seigneur, tu sais que je m’attends à toi. Ceci fait de la prière un plaidoyer plein de force, et donne au croyant toujours plus de hardiesse pour réclamer de Dieu ses promesses et en attendre l’accomplissement. « Certainement aucun de ceux qui s’attendent à toi ne sera confus. » {Ps 25.3}
Ce genre de prière est de grande importance pour notre vie spirituelle. Quand nous nous approchons de Dieu, il faut que nous le fassions avec droiture. Sincérité et droiture de cœur doivent présider à tous nos rapports avec Dieu, comme nous le dit le psaume vingt-sixième : « Rends-moi justice, Éternel, car je marche dans l’intégrité...Moi, je marche dans l’intégrité délivre-moi et aie pitié de moi. » {Ps 26.1,11} Il est écrit que Dieu « déploie sa justice sur ceux qui ont le cœur droit. » {Ps 36.10} Sachons-le bien, pour s’approcher du Dieu saint et être abondamment béni, il faut que le cœur soit voué à faire sa volonté, sans tolérer en lui ni doute, ni souillure. Le croyant qui s’attend à Dieu doit être animé d’un esprit toujours prêt à dire : « Que l’intégrité et la droiture me préservent. » Tu vois, Seigneur, que c’est bien ainsi que je désire aller à toi, tu sais que c’est de toi que j’attends la force de pouvoir le faire, Daigne donc me préserver, « car je me suis attendu à toi. »
Si nos tentatives pour vivre toujours de cette vie-là nous font découvrir combien nous sommes loin encore de cette droiture, de cette intégrité, voyons là un des premiers fruits d’une vie tournée vers Dieu. L’âme ne peut pas entrer en communion intime avec Dieu, ni obtenir l’assurance qu’elle « s’attend à lui tout le jour » sans une consécration sincère, un abandon complet à sa volonté, « Car je me suis attendu à toi. » Toute prière peut s’appuyer de ces mots pour réclamer du Seigneur une réponse. Nous trouverons grande bénédiction à nous en servir souvent. Cherchons donc à en comprendre toute la portée. Soyons bien au clair sur ce qui doit faire le sujet de notre attente. Nos prières peuvent présenter à Dieu des requêtes très diverses. Nous pouvons nous attendre à lui pour qu’il vienne agir souverainement en nous et nous l’aire sentir sa présence divine, ou bien pour quelque sujet plus spécial, ou aussi pour notre vie religieuse qui réclame une nouvelle effusion de la puissance d’en haut, ou bien encore pour l’état général de l’Église et des saints, ou enfin pour telle ou telle fraction de son œuvre qui nous oblige à toujours regarder à lui. Il nous sera bon parfois de nous énumérer les divers sujets de prière pour lesquels nous regardons à Dieu et lorsqu’en précisant chacun d’eux, nous pourrons ajouter « Je m’attends à toi, Seigneur, » nous serons enhardis à réclamer une réponse du Seigneur en lui disant : « Car je me suis attendu à toi. »
Voyons clairement aussi à qui nous nous attendons. Il ne s’agit pas là d’une idole, d’un Dieu de notre imagination, mais du Dieu vivant tel qu’il est dans sa gloire, dans son infinie sainteté, sa puissance, sa sagesse, sa bonté, son amour, et aussi d’un Dieu qui est tout près de nous. La présence du maître éveille l’attention du serviteur; c’est la présence de Dieu se révélant en Christ et par le Saint-Esprit qui ranime et vivifie le croyant. Sachons donc faire silence et attendre avec adoration jusqu’à ce que nous puissions sentir Dieu tout près de nous et lui dire : « Oui, c’est à toi que je m’attends. »
Que cette attente devienne en outre très précise et certaine. Soyons-en si pénétré que nous puissions nous écrier spontanément : « Je m’attends à toi tout le jour. » C’est bien à toi que je m’attends ! Ceci ne se peut que lorsque l’âme s’est entièrement donnée, abandonnée à Dieu, et que Dieu devient son tout, sa seule joie. S’attendre ainsi à Dieu est le seul véritable christianisme ; mais qu’on est loin généralement de le reconnaître. Et pourtant s’il est vrai que Dieu seul soit pour nous bonté, joie, amour, s’il est vrai que notre plus grand bonheur consiste à recevoir de lui le plus possible, s’il est vrai que Christ nous a rachetés pour que nous soyons entièrement à Dieu et pour nous rendre possible cette vie d’habituelle confiance en lui, pourrions-nous vivre autrement qu’en, nous attendant constamment à lui ?
« Mon âme, attends-toi à Dieu ! »