TEXTE. «De même aussi l’Esprit nous assiste dans nos faiblesses. Car nous ne savons pas comme il faut ce que nous devons demander; mais l’Esprit lui-même prie pour nous par des soupirs qui ne se peuvent exprimer. Mais Celui qui sonde les coeurs connaît quelle est l’affection de l’Esprit; car il prie pour les saints, selon Dieu.» {Ro 8.25,26}
Mon avant-dernier discours avait pour sujet la prière efficace; et je fis observer alors que l’un des attributs les plus importants de la prière efficace est la foi. Ce sujet est si vaste que je le réservai pour un discours particulier, et qu’en conséquence je traitai, vendredi dernier, le sujet de la foi dans la prière, ou, comme on dit, la prière de la foi. Je m’étais proposé d’achever ce sujet en un seul discours; mais, comme je fus obligé de me resserrer excessivement sur certains points, il m’a semblé, de même qu’à quelques autres personnes, que ce sujet fait naître certaines questions auxquelles il faut répondre plus abondamment, vu surtout qu’il règne sur ce même sujet tant d’obscurité. Un des grands objets de la prédication est d’exposer la vérité de manière à résoudre les questions qui s’élèvent naturellement dans l’esprit de ceux qui lisent la Bible avec attention, et qui désirent en connaître le vrai sens, afin de la mettre en pratique. Je me propose donc, en expliquant mon texte, de montrer aujourd’hui: 1° Quel est l’esprit dont il est parlé dans ces mots: «L’Esprit nous assiste dans nos faiblesses; » 2° Ce que cet Esprit fait pour nous; 3° Pourquoi il le fait; 4° Comment il le fait; 5° Le degré de son influence sur l’esprit de ceux qui sont soumis à son action; 6° Comment on peut distinguer ses influences de celles des mauvais esprits ou des suggestions du nôtre; 7° Comment nous pouvons obtenir cette action du Saint-Esprit; 8° Qui sont ceux qui ont droit à s’attendre à ses influences, c’est-à-dire ceux pour qui l’Esprit fait les choses indiquées dans notre texte.
Quelques-uns ont supposé qu’il s’agit là de notre propre esprit, de notre intelligence; mais un léger degré d’attention à notre texte montrera clairement que ce n’est pas là son sens. Sans cela, nous aurions cette phrase: que notre esprit nous assiste dans les faiblesses de notre esprit, et que notre esprit fait intercession pour notre esprit. Vous voyez que la chose n’a pas de sens. Il résulte évidemment, de la manière dont notre texte est amené, qu’il s’agit ici du Saint-Esprit. «Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont enfants de Dieu..... car vous avez reçu l’Esprit d’adoption, etc.» Or, notre texte parle clairement du même Esprit.
Il intercède pour les saints. Il aide les chrétiens à prier selon la volonté de Dieu et à demander les choses pour lesquelles Dieu veut qu’on le prie.
A cause de notre ignorance; parce que nous ne savons pas comment ni pour quels objets nous devons prier. Parce que nous ignorons tellement la volonté de Dieu, soit qu’il la révèle dans la Bible, soit qu’il ne le fasse pas, que nous avons souvent besoin d’apprendre par Lui-même à la connaître. Le genre humain est dans une profonde ignorance sur les promesses et les prophéties de la Bible; il est aveugle quant aux directions de la Providence; et l’ignorance est encore plus profonde dans les points sur lesquels Dieu ne s’explique que par les directions de son Esprit. Vous vous rappelez que j’ai indiqué ces quatre moyens ou ces quatre sources pour y puiser la prière de la foi. Quand tous nous manquent, l’Esprit vient pour nous diriger.
1° Ce n’est pas en rendant inutile l’usage de nos facultés. Ce n’est pas en priant pour nous, tandis que nous ne faisons rien. Il prie pour nous en excitant notre action à nous-mêmes, non en nous suggérant immédiatement des paroles, ou en dirigeant notre langage, mais en éclairant nos esprits, et en faisant que la vérité s’en empare; Il nous conduit à considérer l’état de l’Eglise et la condition des pécheurs autour de nous. Nous ne pouvons dire la manière dont Il présente la vérité à nos esprits et l’y tient jusqu’à ce qu’elle produise ses effets; mais ce que nous savons, c’est qu’il nous conduit à une profonde considération des choses religieuses, et que le résultat naturel et logique de cette considération est une impression profonde. Lorsque l’Esprit présente la vérité à un homme, il n’y a qu’un moyen par lequel cet homme puisse échapper aux impressions dont je parle: c’est en détournant ses pensées de dessus cette vérité pour les tourner sur d’autres objets. Les pécheurs ne peuvent échapper à de profondes émotions quand l’Esprit de Dieu leur présente la vérité. Ils se sentent mal à l’aise aussi longtemps qu’ils restent impénitents. Quand l’Esprit saint amène un sujet en contact avec un coeur chrétien, il est aussi impossible de ne pas en éprouver une impression, qu’il le serait de ne pas sentir de la chaleur en mettant sa main au feu. Quand l’Esprit de Dieu conduit un homme à réfléchir sur des objets qui sont faits pour exciter des sentiments pleins de puissance, si cet homme ne sent rien, c’est une preuve qu’il n’a aucun amour pour les âmes et qu’il ne sait ce qu’est l’Esprit de Christ ni l’expérience chrétienne.
2° L’Esprit apprend aux chrétiens à sentir le prix des âmes, et la culpabilité et le danger des pécheurs inconvertis. C’est une chose qui confond que de voir l’insensibilité et la stupidité de bien des chrétiens à ce sujet. Oui! il y a des parents même chrétiens, qui laissent descendre leurs enfants droit en enfer, sous leurs yeux et qui semblent à peine éprouver quelque chose à leur égard ou faire le moindre effort pour les sauver! Et pourquoi? parce qu’ils sont aveugles sur ce qu’est l’enfer, incrédules devant la Bible, et ignorants quant aux promesses précieuses que Dieu a faites aux parents fidèles; ils repoussent l’Esprit de Dieu à force de l’affliger; et il est inutile de leur dire de prier pour leurs enfants, puisque l’Esprit de Dieu les a abandonnés.
3° L’Esprit enseigne aux chrétiens à comprendre et à appliquer les promesses de l’Ecriture; c’est étonnant que jamais les chrétiens n’aient su appliquer pleinement les promesses de l’Ecriture aux événements ordinaires de la vie. Ce n’est pas que ces promesses soient obscures, elles sont assez claires; mais on a toujours une disposition excessive à méconnaître la lumière que les Ecritures répandent sur les événements de cette vie. Combien les apôtres n’étaient-ils pas surpris de l’application que Christ se faisait à lui-même de tant de prophéties! On dirait qu’on les entend continuellement s’écrier: «C’est singulier! Est-ce bien possible? Jamais nous ne l’avions compris!» Quel est l’homme qui, considérant la manière dont ces apôtres, dirigés plus tard par le Saint-Esprit, appliquaient aux temps évangéliques les passages de l’Ancien Testament, n’ait été surpris de la richesse de signification que présentent les Ecritures? Il en a été de même de plus d’un chrétien qui, plein de l’esprit de prière, a vu des passages de l’Ecriture recevoir une application dont il ne s’était auparavant jamais douté.
J’ai connu un individu qui était dans une grande obscurité spirituelle. Il s’était retiré pour prier, résolu de ne pas lâcher prise jusqu’à ce qu’il eût trouvé le Seigneur; il se mit à genoux et s’efforça de prier. Mais tout était ténèbres, et les mots n’arrivaient pas. Il se releva pour un moment; mais il ne pouvait renoncer à son entreprise, car il s’était promis à lui-même de ne pas laisser coucher le soleil avant de s’être donné à Dieu en entier. Il se remet donc à genoux; mais tout était encore ténébreux, et son coeur était aussi dur qu’auparavant. Il était près de désespérer, et il s’écriait comme en agonie: «J’ai repoussé l’Esprit de Dieu en le consistant, et il n’y a plus pour moi de promesses! L’accès auprès de Dieu m’est fermé!» Mais comme il avait résolu de ne pas lâcher prise, il se remit à genoux. Il n’avait prononcé que peu de paroles lorsque ce passage se présenta à son esprit aussi nouveau et aussi frais que s’il venait de le lire: «Vous me chercherez et vous me trouverez quand vous m’aurez recherché de tout votre coeur». {Jer 29.13} Il comprit que cette promesse, quoique renfermée dans l’Ancien Testament et adressée aux Juifs, était aussi bien applicable à lui-même qu’à eux et son coeur en fut brisé en un moment comme par le marteau de l’Eternel; il pria et se releva heureux en Dieu. (Conversion de Finney. Voir la Notice biographique en tète de ce volume. La plupart des exemples cités dans ces Discours se retrouvent dans la vie de Finney.) C’est ainsi qu’il arrive souvent aussi à des gens qui n’avaient guère que la profession de la religion et qui prient pour leurs enfants. Ils prient d’abord dans l’obscurité et dans le doute, et il leur semble qu’il n’y a aucun fondement pour leur foi à cet égard, aucune promesse spéciale pour les enfants des fidèles. Mais, tandis qu’ils plaident avec Dieu, Dieu leur a montré le sens étendu de quelque promesse qu’ils oubliaient, et leur âme s’appuie sur elle comme sur le bras du Tout-Puissant. J’ai entendu raconter qu’une veuve était vivement en peine au sujet de ses enfants, jusqu’à ce que ce passage se présentât puissamment à son esprit: «Laisse tes orphelins et je leur donnerai de quoi vivre.» Elle vit que cette déclaration était susceptible d’un sens étendu, et elle fut rendue capable de saisir ce sens, et, pour ainsi dire, de mettre la main dessus. Dès lors sa prière acquit de l’efficace et ses enfants furent convertis.
Le Saint-Esprit a été envoyé dans le monde par le Sauveur pour diriger son peuple, pour l’instruire et pour lui remettre en mémoire les enseignements divins, aussi bien que pour convaincre le monde de péché.
4° L’Esprit enseigne aux chrétiens à désirer et à demander les choses que la Parole écrite ne spécifie aucunement. Prenez le cas d’un individu. Que Dieu soit disposé à sauver, voilà une vérité générale. Il est vrai de même qu’il est disposé à répondre aux prières. Mais comment connaîtrai-je la volonté de Dieu, quant à cet individu, pour savoir si je puis prier avec foi et selon la volonté de Dieu, pour la conversion et le salut de cet individu ou non? C’est ici qu’intervient l’action de l’Esprit. Quand nous ne savons pour quel objet prier, l’Esprit nous apprend à insister sur tel ou tel objet, à en considérer les circonstances et la valeur, à prier et à éprouver comme des douleurs d’enfantement en faveur de telle ou telle personne, jusqu’à ce qu’elle soit convertie. Je sais que cette sorte d’expérience est moins commune dans les villes que dans certaines parties de la campagne, à cause du nombre infini d’objets qui. dans les villes, détournent l’attention et contristent l’Esprit. J’ai eu beaucoup d’occasions de voir ce qu’il en était en certains lieux. J’ai connu un individu qui avait coutume de tenir une liste des personnes pour lesquelles il s’intéressait spécialement: et je sais une multitude de ces personnes qui furent immédiatement converties. Je l’ai vu prier dans une espèce d’agonie pour certaines personnes portées sur sa liste et je sais qu’il demandait même quelquefois à d’autres personnes de l’aider à prier pour tels ou tels. Son esprit s’attachait, se cramponnait quelquefois à tel individu d’un caractère endurci et désespéré qui ne pouvait sûrement être atteint par les voies ordinaires. Dans une ville du nord de notre Etat, où était un réveil, il se trouvait aussi un adversaire violent et haineux de l’Evangile. Il tenait un cabaret et il prenait plaisir à jurer d’une manière effroyable toutes les fois qu’il pouvait être entendu par quelques chrétiens, afin de leur faire de la peine. Il était tellement pervers qu’un de ses voisins songeait à vendre son établissement et à quitter la ville pour fuir un jureur de cette force. Le chrétien dont je vous parle, passant par cette ville, apprit ces choses et fut profondément affligé au sujet de l’impie. Il le prit sur sa liste d’intercession; le cas pesait sur son coeur, même pendant le sommeil, et il pensa à lui et il pria pour lui pendant quelque temps. La première chose que nous apprîmes du malheureux jureur, c’est qu’il vint peu après à une assemblée, qu’il se présenta pour confesser ses péchés: son comptoir devint aussitôt le lieu où se tinrent les prières.
Voilà comment l’Esprit de Dieu conduit des chrétiens à prier pour des choses ou pour des personnes auxquelles sans cet Esprit ils n’auraient pas songé, et comment on prie pour certains objets «selon la volonté de Dieu». Quelques-uns diront peut-être qu’on peut accorder à une telle intervention de l’Esprit le nom de révélation. Je sais qu’on a fait beaucoup de mal en usant pour ce cas-là de cette expression; mais le terme n’importe pas. Bien des gens seront effrayés de le voir employé dans ce cas, et ne voudront pas même s’arrêter à rechercher ce qu’il signifie, et si l’Ecriture le justifie ou non. Le fait est que l’Esprit porte un homme à prier; et quand Dieu nous porte à prier pour un de nos semblables, nous devons conclure avec la Bible que le dessein de Dieu est de sauver cet homme. Si donc nous trouvons, en examinant l’état de notre âme selon les Ecritures, que nous sommes conduits par l’Esprit à prier pour un individu, nous avons une bonne présomption pour croire que Dieu veut le bénir.
5° L’Esprit guide encore les chrétiens, en leur donnant un discernement spirituel à l’égard des mouvements et des actes de la Providence. Des chrétiens dévots, gens de prière, voient souvent les choses avec une telle clarté, et si loin devant eux, que c’est pour d’autres personnes un sujet d’étonnement; ces chrétiens semblent quelquefois presque prophétiser. Sans doute on peut être trompé, et on l’est quelquefois en s’appuyant sur sa propre intelligence, tandis qu’on croit être conduit par l’Esprit; mais il n’y a aucun doute qu’un chrétien ne puisse en venir à voir et à discerner clairement les signes du temps, de manière à comprendre, par les voies de la Providence, ce à quoi il doit s’attendre, et ce qui peut, en conséquence, devenir pour lui l’objet d’une prière faite avec foi; et c’est ainsi, qu’il pourra souvent s’attendre à un réveil, et le demander avec foi, lorsque personne d’autre n’en voit les moindres symptômes.
Il y avait, dans l’Etat de New-Jersey, une femme qui avait eu un réveil dans son endroit, et qui était assurée qu’il allait y en avoir un autre, Elle répétait qu’on avait eu les pluies de la première saison et qu’on allait avoir celles de l’arrière-saison. Elle demandait qu’on tînt ce que nous appelons des conférences, Mais le pasteur et les anciens, ne voyant rien qui les encourageât à cet égard, ne voulaient rien faire. Elle, au contraire, voyait qu’ils étaient aveugles, et elle alla en avant. Elle demanda à un charpentier de lui faire des bancs, parce qu’elle voulait avoir des assemblées dans sa maison, qu’il y aurait certainement un réveil. A peine avait-elle ouvert les portes de ses assemblées que l’Esprit de Dieu descendit avec grande puissance; et les membres endormis du troupeau se virent entourés tout à coup de pécheurs ébranlés; de sorte qu’ils ne pouvaient que s’écrier: «Certainement l’Eternel était en ce lieu, et nous ne le savions pas!»—La raison pour laquelle des personnes de ce genre discernent les indices de la volonté de Dieu n’est point une sagesse supérieure qu’elles possèdent, mais l’action de l’Esprit de Dieu qui leur apprend à voir les signes du temps. Ce n’est pas une révélation: elles apprennent à voir converger en un seul point différentes directions de la Providence, ce qui leur suffit pour conclure, avec raison, à un résultat assuré.
Notre texte répond que «l’Esprit intercède par des soupirs qui ne peuvent s’exprimer.» J’entends par là que l’Esprit excite des désirs trop grands pour qu’ils puissent s’exprimer autrement que par des soupirs: c’est quelque chose que le langage ne peut rendre, l’âme est trop pleine pour pouvoir mettre en paroles ce qu’elle éprouve. Le chrétien, dans ce cas, ne peut que soupirer; et Dieu entend ce langage du coeur.
1° D’abord ce n’est pas en nous apercevant qu’il y a quelque influence ou quelque action extérieure qui s’applique à notre intelligence. Il ne faut pas nous attendre à sentir nos esprits en un contact pour ainsi dire physique avec Dieu; si pareille chose peut avoir lieu, nous ne savons absolument pas de quelle manière elle pourrait nous devenir sensible. Nous savons que nous exerçons notre esprit librement et que nos pensées s’appliquent à quelque chose qui excite nos sentiments; mais nous ne devons pas nous attendre à ce qu’il se fasse un miracle comme si nous étions menés par la main, ou comme si nous entendions dire quelque chose à l’oreille, ou comme s’il devait y avoir une manifestation surnaturelle de la volonté de Dieu. Souvent on éloigne l’Esprit en le contristant, parce qu’on ne reçoit et ne cultive pas ses influences avec soin. Les hommes inconvertis tombent souvent dans cette faute sans s’en douter; ils supposent que, s’ils étaient sous quelque conviction, de l’Esprit, ils éprouveraient telle ou telle sensation mystérieuse, ils recevraient un choc sur lequel ils ne pourraient se méprendre; et même un grand nombre de chrétiens ignorent tellement ce que sont les influences de l’Esprit, et ont si peu réfléchi sur ce que c’est que d’avoir son assistance dans la prière, que, lorsqu’ils en ont quelque chose, ils ne le savent pas, ils n’en prennent pas soin, et ils ne cèdent pas à ces mouvements pour les entretenir. La vérité est que, dans ce cas, nous ne nous apercevons de rien que de l’effet produit sur notre esprit: il n’y a rien autre que l’on puisse sentir. Nous apercevons seulement que nos pensées s’appliquent avec intensité à un certain objet.
Les chrétiens s’inquiètent et s’égarent souvent sur ce point, dans la crainte mal fondée qu’ils n’ont pas l’Esprit de Dieu. Ils éprouvent des sentiments intenses, et ils ne savent reconnaître d’où ces sentiments leur viennent. Souvent ils s’occuperont des pécheurs impénitents pendant tout le jour, et ils seront en détresse à leur sujet; or, le fait seul que vous pensez ainsi à ces êtres est une preuve que l’Esprit de Dieu vous conduit. Ne savez-vous pas réfléchir que la plupart du temps ces pensées ne vous affectent pas de la même manière, et que vous n’êtes pas toujours également inquiets sur l’état des pécheurs? Leur salut a toujours la même importance; et, cependant, il y a des temps où, ayant tout le loisir de réfléchir sur ce sujet, vous vous sentez profondément indifférents. Lors donc qu’à d’autres époques vous vous occupez du sort éternel de vos semblables au milieu même de vos occupations les plus pressantes, quand vous priez avec ardeur pour eux au sein de travaux qui, en d’autres temps, auraient absorbé toute votre attention, d’où vient que toutes vos pensées reviennent ainsi à demander grâce pour les ennemis de Dieu? C’est que leur cas se présente à vous sous un point de vue qui vous frappe. Et d’où vient ce changement dans vos dispositions, si ce n’est de l’Esprit de Dieu? Ce ne sont pas les démons qui nous les inspireraient. Si donc vos dispositions portent le caractère de la bienveillance chrétienne, vous devez les considérer comme le produit du Saint-Esprit, qui vous pousse à prier pour des objets qui sont «conformes à la volonté de Dieu».
2° Eprouvez les esprits par la Bible. Quelquefois les gens sont trompés par de singulières imaginations et par de misérables idées. Si vous les comparez fidèlement à la Bible, vous ne serez jamais séduits; vous pourrez toujours connaître si vos sentiments sont produits par l’Esprit, en comparant vos désirs avec l’esprit et le caractère de la religion tel qu’il est décrit dans la Bible.—La Bible vous dit: «Bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits, s’ils sont de Dieu.»
1° Il faut la chercher par des prières pleines de ferveur et de foi. Jésus dit: «Si vous donc qui êtes méchants savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent.» Si quelqu’un de vous disait qu’il a prié pour l’obtenir et qu’il ne vient pas, je lui dirais que c’est parce qu’il ne prie pas comme il faut. «Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de l’employer dans vos convoitises.» Souvent des motifs impurs se mêlent même à notre insu à nos prières. Un homme qui professait hautement la piété, et qui était l’un des principaux membres de son église, demandait un jour à un ministre ce qu’il pensait de son cas. «J’ai prié,» lui dit-il, pendant des semaines pour l’Esprit et je n’ai rien obtenu.» Le ministre lui demanda quel était le motif qui le portait à la prière.—C’est pour être heureux. Je sais que ceux qui ont reçu l’Esprit sont heureux.—Oh! dit le ministre, le diable pourrait prier ainsi. C’est par égoïsme.—L’homme se détourna en colère, pour le moment. Il vit qu’il n’avait encore jamais su ce que c’était que de prier. Il fut convaincu qu’il avait été jusque-là un hypocrite, et que ses prières étaient toutes égoïstes. David demandait à Dieu que son esprit d’affranchissement le soutînt, «afin qu’il pût enseigner les transgresseurs et convertir les pécheurs à Dieu.» Un chrétien devrait demander l’Esprit, afin de devenir plus utile et de glorifier Dieu davantage, et non pour être lui-même plus heureux. L’homme dont je vous parle vit clairement son erreur et fut converti. Peut-être en avez-vous fait autant que lui. Il faut vous examiner, et voir si vos prières ne sont pas toutes encore teintes et entachées d’égoïsme.
2° Usez des moyens propres à exciter vos esprits à ce sujet et à y fixer votre attention. Si un homme demande l’Esprit et se détourne ensuite vers des objets temporels, s’il n’use pas d’autres moyens à côté de la prière, mais qu’après l’avoir faite il aille s’occuper à des objets mondains, il tente Dieu, il abandonne son but, et ce serait un miracle s’il obtenait ce qu’il demande. Comment un pécheur peut-il obtenir de profondes convictions? Hé! c’est en pensant à ses péchés. C’est là la manière dont un chrétien obtient des impressions profondes. Il faut qu’il pense à son objet; Dieu n’ira pas vous donner ses grâces sans quelque effort de votre part; il vous faut cultiver avec soin vos bonnes impressions, même les plus légères. Prenez la Bible, parcourez les passages qui montrent la condition et la perspective des mondains; jetez les yeux sur l’humanité, sur vos enfants, sur vos voisins. Voyez l’état où ils se trouvent aussi longtemps qu’ils persévèrent dans leurs péchés, et persévérez dans la prière et dans vos efforts, jusqu’à ce que vous obteniez la grâce que l’Esprit de Dieu demeure en vous. C’est là sans doute le moyen qu’employait le docteur Watts pour entrer dans les sentiments qu’il décrivait dans le cantique II de son second livre, que vous ferez bien de lire chez vous quand vous serez de retour.
«Mes pensées roulent sur des sujets solennels, le trépas et la damnation. Quelles horreurs s’emparent d’une âme coupable sur le lit de mort!»
«Languissant sur les rives d’ici-bas, l’âme du pécheur voudrait ne les jamais quitter. Mais la mort, comme un torrent dévastateur, vient entraîner le misérable.»
«Alors, avec la vitesse de la foudre, il descend vers l’étang de feu parmi des ennemis qu’il déteste et qui s’effraient à leur tour de son apparition.»
«Là gisent des masses innombrables de méchants liés dans des chaînes d’obscurité. Ils crient dans les tortures du désespoir, en prévoyant des peines plus horribles encore.»
«Toute leur angoisse et leur sang est insuffisant pour expier leur impiété passée, et les compassions de Dieu n’écoutent plus leur gémissement.»
«Grâce ineffable qui m’a conservé la vie et qui a retenu mon âme ici-bas, jusqu’à ce que j’aie appris à connaître la mort de mon Sauveur et que je me sois assuré de son amour!»
Regardez, pour ainsi dire, à travers un télescope qui vous rapproche les objets, regardez en enfer et écoutez-en les gémissements; puis tournez vos instruments vers les cieux, et voyez-y les saints dans leurs robes blanches avec des harpes dans les mains! Ecoutez-les chanter le cantique de l’amour d’un rédempteur, et demandez-vous à vous-mêmes: Serait-il possible que je pusse être vainqueur de l’Eternel et porter par mes prières un pécheur jusqu’à cette gloire? Faites cela, et si vous n’êtes pas un misérable entièrement étranger à Dieu, vous obtiendrez bientôt de l’Esprit de prière autant que votre corps pourra en supporter.
3° Il vous faut joindre la vigilance à votre prière, vous tenir en vigie et voir si Dieu vous accorde la bénédiction que vous lui demandez. Quelquefois les gens prient sans regarder si Dieu les exauce. Ayez soin aussi de ne point contrister l’Esprit de Dieu; confessez et abandonnez vos péchés. Jamais Dieu ne vous guidera comme un de ses intimes et ne vous admettra dans ses secrets avant que vous ayez confessé et abandonné vos péchés. Ne passez pas votre vie à confesser toujours et à n’abandonner jamais; mais confessez et abandonnez. Redressez tous les torts que vous pouvez avoir commis; vous ne pouvez vous attendre à recevoir d’abord l’esprit de prière et à vous repentir ensuite. Ce n’est pas là le moyen de percer les rangs ennemis. Les hommes qui affichent la religion et qui sont orgueilleux et revêches, et qui se justifient eux-mêmes, ne forceront jamais Dieu à demeurer avec eux.
4° Visez à obéir parfaitement à la loi écrite; en d’autres termes, n’ayez aucune communion avec le péché; visez à vivre entièrement au-dessus du monde. «Soyez parfaits comme votre Père qui est au ciel est parfait.» Si pourtant vous péchez, que ce soit votre affliction journalière. L’homme qui ne se propose pas ce but consent à vivre dans le péché, et puisqu’il n’est pas sincère dans le désir de garder tous les commandements de Dieu, il ne doit pas s’attendre à sa bénédiction.
Réponse. Il intercède pour les saints, pour tous les saints, pour quiconque est saint.
1. Pourquoi attache-t-on si peu d’importance aux influences du Saint-Esprit sur la prière, tandis qu’on parle tant de ses influences dans l’oeuvre de la conversion? Il est difficile d’en découvrir la raison. Et cependant il y a des gens qui s’effraient qu’on oublie les influences du Saint-Esprit dans la conversion des pécheurs, et qui ne savent presque rien dire sur son influence dans la prière. Combien on semble être peu attentif à cet oubli presque général des chrétiens, quant à cette influence qui doit nous conduire à prier «selon la volonté de Dieu!» N’oublions jamais qu’un chrétien ne peut prier convenablement sans y être poussé par l’Esprit de Dieu. Sans doute il a un pouvoir naturel de prier; et autant que la volonté de Dieu sur ce point nous est révélée, il est capable de le faire dès qu’il le veut; et cependant il ne le fait jamais, à moins que l’Esprit de Dieu ne l’y pousse: précisément comme les pécheurs sont capables de repentance et ne se repentent pourtant jamais sans cette même influence du Saint-Esprit.
2. Ce sujet nous découvre le fondement de la difficulté que soulèvent quelques personnes touchant la prière de la foi. On dit que la foi dans la prière n’est que la conviction que nous recevrons les choses mêmes que nous demandons; et on ajoute qu’il n’existe aucun fondement, aucune preuve sur laquelle cette foi même pourrait s’appuyer. J’ai vu cette difficulté présentée dans toute sa force par l’auteur d’un sermon publié il y a peu d’années.
«Je n’ai,» dit-il, «aucune preuve que la chose pour laquelle je prie me sera accordée, jusqu’à ce que j’aie prié avec foi. Car c’est de prier avec foi qui est la condition sous laquelle je suis exaucé, et je ne puis naturellement m’appuyer sur la promesse jusqu’à ce que j’aie rempli la condition. Or, si cette condition est que je dois croire que je recevrai la bénédiction que je demande, il semble que la condition est impossible à remplir.» Toute la force de cette objection résulte de ce qu’on oublie entièrement les influences que le Saint-Esprit exerce sur les individus en les portant à la prière. On a supposé que les passages de Marc Mr 11.22,24, et quelques autres promesses de ce genre sur la prière de la foi se rapportaient exclusivement aux miracles. Supposons d’abord que ce fût vrai. Les apôtres, quand ils demandaient un miracle, ne devaient-ils pas croire qu’ils obtiendraient celui-là même qu’ils demandaient? Evidemment. Dans les versets auxquels nous faisons allusion, Christ dit: «En vérité je vous dis que quiconque dira à cette montagne: «Ote-toi de là et te jette à la mer, et ne doutera pas dans son coeur, mais croira que ce qu’il dit arrivera, cet homme aura ce qu’il demande. C’est pourquoi je vous dis: Quoi que ce soit que «vous demandiez quand vous priez, croyez que vous l’obis, tenez, et vous l’aurez.» Ici il est évident que la chose qu’il s’agissait de croire et dont les disciples ne devaient pas douter dans leur coeur, c’étaient qu’ils recevaient la bénédiction demandée. Or, l’objection ci-dessus attaque aussi bien la foi pour le cas d’un miracle que pour un autre cas. Ou la promesse est complètement nulle et illusoire, ou au contraire il nous est possible d’en remplir la condition.
La difficulté qu’on élevait contre la prière de la foi ne provient donc que de ce qu’on perd de vue cette foi, qui est l’oeuvre de Dieu. Oui, l’Esprit de Dieu peut nous donner une assurance suffisante pour croire qu’un miracle quelconque nous sera accordé; Il peut apprendre à notre esprit à se reposer fermement sur Dieu; et, de nos jours comme autrefois, Il peut nous donner la conviction que nous recevons les grâces que nous lui demandons par la prière. D’ailleurs les influences de l’Esprit ne sont miraculeuses ni dans un cas ni dans l’autre; la prière est un même acte, soit que vous demandiez la conversion d’une âme ou un miracle. La foi aussi est une même chose dans les deux cas; elle s’applique seulement à deux objets différents; et dans les deux cas elle ne s’exerce non plus qu’en rapport à une promesse. Or, on peut appliquer aussi légitimement une promesse générale à la conversion d’une âme, qu’à un miracle qu’on voudrait obtenir. Enfin, il est également vrai dans les deux cas que jamais personne ne prie dans la foi sans être influencé par l’Esprit de Dieu. Si l’Esprit pouvait porter un apôtre à faire un acte de foi en vue d’un miracle, il peut porter un autre chrétien à faire le même acte de foi pour recevoir quelque autre bénédiction, en se reposant dans ce dernier cas comme dans le premier sur une même promesse générale.
Quelqu’un demandera peut-être «dans quels cas nous sommes obligés de croire que nous recevons la grâce que nous demandons.» Je réponds:
1° Lorsqu’il y a quelque promesse particulière qui spécifie la grâce dont il s’agit, comme lorsque nous demandons le Saint-Esprit. Cette dernière grâce est désignée tout spécialement dans une promesse. Dans ce cas-là nous avons une preuve, et nous sommes tenus de croire, soit que nous éprouvions une influence divine ou non, précisément comme les pécheurs son tenus de se repentir, soit que l’Esprit conteste avec eux, soit qu’il ne le fasse pas. Leur obligation repose non sur les influences de l’Esprit, mais sur les pouvoirs moraux dont ils sont investis; car comment prouveraient-ils leur incapacité d’accomplir un devoir? Et quoiqu’il soit vrai que pas un d’entre eux ne se repentira jamais sans les influences de l’Esprit, ils n’en ont pas moins la capacité et l’obligation dont je parle. De même le chrétien est tenu de croire là où il a une déclaration devant lui; et quoique le fait prouve qu’il ne croira jamais sans l’influence de Dieu, même en face d’une promesse positive, cependant son obligation de croire repose sur la capacité qu’il possède à cet effet et non sur l’action divine qui peut s’exercer en sus de la promesse.
2° Quand Dieu fait une révélation au moyen des directions de sa providence, nous sommes également tenus de croire, et cela à proportion de la clarté des indices providentiels.
3° De même pour le cas d’une prophétie; là encore nous devons croire, sans attendre un secours divin.
Lorsqu’il n’y a ni promesse, ni direction providentielle, ni prophétie sur laquelle nous puissions appuyer notre foi, nous ne sommes point dans l’obligation de croire, à moins pourtant, comme je l’ai montré dans ce discours, que l’Esprit ne nous donne un autre genre de preuve en nous portant sensiblement à prier pour un certain objet. Dans le cas des promesses d’une nature générale où nous ne pouvons de bonne foi conclure avec certitude pour un cas particulier, on peut dire que c’est notre privilège plutôt que notre devoir de faire certaines applications spéciales. Mais quand l’Esprit de Dieu nous porte à cette application, alors nous nous retrouvons sous l’obligation d’y ajouter foi. Dans ce cas Dieu explique sa propre promesse et montre comment il a voulu qu’elle s’appliquât.
3. Quelques personnes ont supposé que Paul avait prié par la foi pour être délivré de son écharde en la chair, et que malgré cela il n’avait pas été exaucé. Mais ces personnes ne peuvent prouver que Paul eût prié par la foi; la présomption est toute pour le contraire, comme je l’ai déjà prouvé précédemment. Il n’avait, pour appuyer sa foi, dans ce cas, ni promesse, ni prophétie, ni direction particulière de la Providence, ni l’action de l’Esprit de Dieu; et toute l’objection repose sur la supposition que l’apôtre a pu prier par la foi sans y être poussé par l’Esprit.
Mais c’est une manière trop expéditive de disposer des influences de l’Esprit dans la prière. Supposer que dans ce cas Paul priait par la foi, c’est supposer ou qu’il priait par la foi sans être conduit par l’Esprit, ou que l’Esprit de Dieu le poussait à prier pour une chose qui n’était pas conforme à la volonté de Dieu. J’ai beaucoup insisté sur ce sujet, parce que je désire le rendre assez clair pour que vous soyez tous attentifs à ne point contrister l’Esprit. Je désire que vous ayez une haute idée du Saint-Esprit, et que vous sentiez que nous ne pouvons rien faire de bon sans ses influences. Ni prière, ni prédication ne servira de rien sans Lui; quand Jésus-Christ lui-même descendrait ici et prêcherait aux pécheurs, pas un ne se convertirait sans cet Esprit. Ayez donc soin de ne pas L’éloigner en Le contristant, et en méprisant ou négligeant son influence sacrée quand Il vous porte à prier.
4. En priant pour un objet vous devez persévérer jusqu’à ce que vous obteniez votre demande. Oh! avec quelle ardeur les chrétiens zélés poursuivent-ils souvent de leurs prières un pécheur égaré! Il n’y a pas d’avare qui cherche son or avec une persévérance aussi opiniâtre.
5. La crainte d’être conduit par des impulsions a produit beaucoup de mal, faute d’être convenablement envisagée. Sans doute l’esprit d’une personne peut être égaré par un feu follet; mais nous avons bien tort si, à raison de cette crainte, nous résistons aux bonnes impulsions du Saint-Esprit. Il ne faut pas s’étonner que les chrétiens ne reçoivent pas l’Esprit de prière quand ils refusent de prendre la peine de faire la distinction entre la réalité et l’illusion, et qu’ainsi ils résistent à toute impulsion intérieure et à toute direction d’un agent invisible. On a dit sur le sujet du fanatisme bien des choses peu mesurées, et qui ont porté plus d’un chrétien à rejeter les directions de l’Esprit de Dieu. «Tous ceux qui sont enfants de Dieu sont conduits par l’Esprit de Dieu.» C’est donc notre devoir «d’éprouver les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu.» Nous devrions faire à ce sujet un examen sévère et des distinctions scrupuleuses. Il faut qu’il y ait quelque chose de pareil à une direction de l’Esprit de Dieu; et lorsque nous sommes sûrs de nous trouver sous cette direction, nous devrions la suivre hardiment et marcher en avant avec la pleine certitude que cet Esprit ne nous conduira pas à faux.
6. Notre sujet nous fournit une pierre de touche quant au caractère des hommes. L’Esprit intercède......pour qui? Pour les saints; et de cette manière, si vous êtes véritablement saints (c’est-à-dire consacrés à Dieu, vous saurez par expérience ce que c’est que d’être sous l’action de l’Esprit de Dieu. Si vous ne l’éprouvez pas, c’est que vous avez contristé cet Esprit et qu’il ne veut pas vous diriger. Vous vivez de manière à ce que ce saint Avocat ne veut pas demeurer avec vous ni vous donner l’Esprit de prière. S’il en est ainsi, vous devez vous repentir; soit que vous soyez chrétien ou non, hâtez-vous de mettre cette affaire en règle, et retournez-vous vers Dieu comme si vous ne l’aviez encore jamais fait. Faites vos premières oeuvres, ne regardez comme une affaire conclue que vous soyez chrétien, mais allez, comme de pauvres pécheurs, répandre votre coeur devant Dieu. Jamais sans cela vous ne recevrez l’Esprit de prière.
7. Considérons encore combien il importe de bien comprendre notre sujet.
1° Pour que nous devenions utiles dans le règne de Dieu. Sans cet Esprit il ne peut s’établir entre nous et Dieu cette sympathie qui nous rend capables de marcher avec Dieu ou de travailler avec Lui. Il faut que votre coeur batte puissamment en accord avec le sien; ou vous ne devez pas vous attendre à être d’une grande utilité.
2° La chose importe encore pour votre sanctification. Sans cet Esprit vous ne serez pas sanctifiés, vous ne comprendrez pas la Bible; vous ne saurez comment l’appliquer à votre cas. Je désire que vous sentiez l’importance d’avoir Dieu constamment avec vous. Si vous vivez comme vous le devez, Il dit qu’il viendra à vous et qu’il fera sa demeure chez vous, et qu’il soupera avec vous et vous avec Lui.
8. Les personnes qui ne savent ce que c’est que l’Esprit de prière sont très disposées à être incrédules, quant aux résultats de la prière. Elles ne voient pas ce qui se fait, ou elles n’en voient pas la liaison avec la prière; elles n’attendent pas de bénédictions spirituelles. Si quelques pécheurs sont convaincus, elles pensent qu’ils ont seulement été effrayés par quelque terrible prédication. Quand les gens se convertissent, ces mêmes personnes n’éprouvent aucune confiance, et elles se bornent à dire: «Nous verrons comme cela tournera.»
9. Ceux au contraire qui ont l’esprit de prière savent s’apercevoir de l’arrivée de la grâce. Il en était ainsi à l’avènement de Jésus-Christ. Siméon et Anne le reconnurent. Et comment? Remarquez leurs paroles; comment ils priaient et comment ils vivaient. Ils priaient par la foi; et ainsi ils ne furent point surpris lorsque la bénédiction survint. Il en est de même des hommes de prière. Ils ne s’étonnent point de voir des pécheurs convaincus ou convertis; ils s’y attendaient au contraire. Ils reconnaissent Dieu quand il arrive, parce qu’ils attendaient sa visite.
10. Il y a dans l’Eglise trois classes de personnes qui se trompent ou qui méconnaissent la vérité sur le sujet qui nous occupe:
1° Ceux qui ont une grande confiance en la prière et qui n’usent d’aucun autre moyen. Ils s’alarment de tout ce qu’on peut faire au-delà et vous reproche de vouloir «faire un réveil.» Nous avons montré qu’on peut y travailler à coup sûr.
2° Presque à l’opposite de ceux-là sont les hommes qui usent de moyens et qui prient aussi, mais qui ne pensent jamais aux influences de l’Esprit dans la prière. Ils parlent de prier pour obtenir l’Esprit; ils sentent l’importance de l’action de l’Esprit pour la conversion des pécheurs; et pourtant ils ne réalisent pas l’importance de cette action pour ce qui regarde la prière: leurs prières sont froides, elles ne pénètrent personne, elles ne s’emparent pas de Dieu.
3° Enfin il y a des gens qui ont des notions singulières sur la souveraineté de Dieu, et qui attendent que Dieu convertisse le monde sans la prière ni les moyens.
Il faut qu’il y ait dans l’Eglise un sentiment plus profond du besoin de l’Esprit de prière; car, à parler en général, ceux qui usent le plus assidûment des moyens nécessaires, qui font les efforts les plus soutenus pour le salut des hommes, et qui ont les notions les plus correctes sur la manière de se servir des moyens convenables pour la conversion des pécheurs, sont aussi ceux qui prient le plus pour recevoir l’Esprit de Dieu et qui luttent le plus avec Dieu pour lui demander ses grâces. Et quel en est le résultat? Voyez les faits; voyez si l’Esprit de Dieu ne rend pas témoignage aux prières de ces personnes et n’accompagne pas leurs travaux de sa puissance.
11. Il règne dans l’Eglise en général un esprit bien différent de l’Esprit de prière. Rien n’excite l’agitation et l’opposition aussi vivement que cet esprit. Quelque personne est-elle comme chargée de la misère des pécheurs qui l’entourent de manière à prier pour eux avec ardeur....... «Hé! ce sont des femmes nerveuses!» Et aussitôt ces âmes de prière sont accablées de reproches et d’opposition. J’abhorre de toute mon âme toute affectation d’un sentiment qui ne supporterait pas l’épreuve et même tout effort qu’on ferait pour s’exciter soi-même à des impressions artificielles. Mais je soutiens de toute mon âme aussi qu’il y a tel état de l’esprit dans lequel on ne peut résister aux soupirs ineffables et aux gémissements de la foi, qu’en résistant au Saint-Esprit. J’étais présent un jour à une discussion sur ce sujet. On disait qu’il fallait comprimer et arrêter dans tous les cas les gémissements et les soupirs religieux dont je parle ici. Un interlocuteur demanda si Dieu ne pouvait pas produire en nous des sentiments tellement vifs, qu’il devînt impossible d’en comprimer l’essor. On répondit: «Oui, sans doute, Dieu le peut; mais Il ne le fait jamais.» Alors il fallait ajouter que Paul était étrangement déçu lorsqu’il parlait de soupirs qui ne peuvent s’exprimer. Edwards aussi était dans l’illusion lorsqu’il écrivit son livre sur les réveils; et les réveils eux-mêmes ne sont alors plus que du fanatisme!.... Mais non! Nul homme qui étudiera convenablement l’histoire de l’Eglise n’adoptera un sentiment semblable; et ce sont de mauvaises tentatives que celles qui veulent ainsi exclure, étouffer, comprimer ou limiter l’Esprit de prière. J’aimerais mieux me couper la main droite que de repousser l’Esprit de prière, comme je l’ai entendu faire par une personne qui s’écriait avec mépris: «Que je n’entende plus pousser de ces soupirs!»
Bien-aimés! Croyez-vous toutes ces choses? Ou bien vous étonnez-vous de mon langage? J’espère que quelques-uns d’entre vous ont déjà reçu quelques rayons de lumière sur ce sujet si important. Voulez-vous maintenant vous livrer à l’exercice de la prière et vivre de manière à admettre constamment en vous l’Esprit qui la produit? Oh! Dieu veuille nous donner une’ église qui sache prier! J’ai connu une fois un ministre qui eut un réveil pendant quatorze hivers de suite. Je ne savais comment m’en rendre compte, jusqu’à ce que je vis l’un des membres de son troupeau prendre la parole dans une assemblée de prière et faire une confession. «Mes frères,» dit-il, «j’ai eu longtemps l’habitude de prier chaque samedi soir jusqu’après minuit, pour demander la descente du Saint-Esprit parmi nous; et maintenant (et ici il se mit à pleurer), je confesse que j’ai négligé ce soin depuis deux ou trois semaines.» Le secret était éventé, le ministre avait une église qui priait.
Mes chers frères, dans l’état actuel de ma santé, je ne puis plus prier autant que je l’ai fait précédemment, et continuer de prêcher en même temps. Cela dépasse mes forces. Faut-il maintenant que je cesse de prêcher pour concentrer toutes mes forces sur la prière? J’en aurais regret. Ne voulez-vous donc pas, vous qui êtes en santé, vous appliquer vous-mêmes à cette oeuvre, porter ce fardeau, et vous attacher à la prière jusqu’à ce que Dieu verse sur nous sa grâce?