I-Définition:
C’est la prédication sans préparation, jaillissant spontanément de notre cerveau et de notre esprit.
II-Conseils:
1) Impossible de recommander une telle méthode comme règle générale. Adopter cette méthode, c’est faire le vide autour de soi.
2) Si pouvant travailler notre sermon, nous ne le méditons pas avec soin, ce serait une étrange prétention de notre part, que de réclamer l’intervention d’un agent divin pour combler les vides creusés par notre paresse et notre extravagance.
3) La meilleure méthode consiste à emmagasiner dans notre esprit la matière de notre discours et à le développer en public avec les expressions qui nous viennent à l’esprit au même moment. Ce n’est pas là à proprement parler "improviser," les expressions ont bien ce caractère, mais les pensées sont le résultat d’une étude approfondie.
Il n’y a que les esprits superficiels, qui trouvent que ce mode de prédication est facile; il nécessite au contraire un grand effort, mais il est supérieur à tout autre.
4) Si je vous déconseille de lire vos sermons, je ne puis que vous recommander, comme exercice salutaire, d’en écrire un certain nombre et de les revoir ensuite avec attention.
Préparons soigneusement nos prédications et disons-nous bien que dans ce domaine, Dieu ne nous demande pas des offrandes qui ne nous coûtent rien.
III L’improvisation est-elle utile?
1) Ce qu’un homme de loi peut faire en faveur d’un client, ou un homme politique en faveur de son pays, ne le pouvons-nous pas lorsqu’il s’agit de défendre la vérité?
L’improvisation rend le serviteur capable de s’exprimer sur le champ correctement dans une circonstance donnée et ces occasions ne sont pas rares.
a) Il peut se produire un accident dans le culte le mieux organisé.
b) Des circonstances imprévues peuvent modifier le cours de nos réflexions.
c) Il y a des cas où l’on est obligé de changer de sujet.
d) Pour réparer le mal causé par la prédication sotte et ennuyeuse d’un frère.
e) Lorsqu’on est obligé de prêcher du jour au lendemain, par suite de la maladie d’un frère ou de son arrivée tardive?
f) Lorsqu’on se sent poussé à parler au cours d’une réunion, alors qu’on était décidé à ne pas le faire.
Lorsque la vieille route est barrée et qu’il faut absolument en frayer une nouvelle pour y passer votre attelage, si vous n’êtes pas habitué à conduire vos chevaux aussi bien dans un champ labouré que dans une rue mécanisée, vous risquez fort d’être renversé de votre siège et de précipiter vos voyageurs dans le fossé.
IV Pouvons-nous l’acquérir?
1) Dans la plupart des cas on ne peut l’acquérir. Certaines personnes la possèdent, mais c’est toutefois un don assez rare. Il y a des hommes qui n’y parviendront jamais. Pour pouvoir parler d’abondance, il faut en effet une prédisposition native. L’exercice peut accroître le don de la parole, mais il ne le crée pas, c’est un talent inné. Il y a des gens qui sont faits pour s’exprimer facilement comme l’oiseau a été crée pour chanter, l’abeille pour faire son miel.
2) Il faut s’y exercer chaque jour: On peut le faire soi-même sans autres auditeurs que les choses et les livres de son cabinet de travail, car c’est la parole qui dessine les contours de la pensée et à ce point de vue, il est bon de penser et de lire tout haut quand on est seul.
3) Il faut étudier. Il faut étudier beaucoup et avoir une connaissance approfondie de la Bible, de la vie chrétienne et surtout de Jésus-Christ.
4) Choisir un sujet facile à traiter, qui nous soit familier et se présente clairement à notre esprit. Nous ne serons pas en peine en effet de présenter et d’exposer des vérités qui sont le pain quotidien de notre âme.
5) Ne pas avoir peur: On gaspille beaucoup de talents dans ce monde, faute d’un peu de courage, le Seigneur nous a appelés au ministère, pourquoi avoir peur ainsi? Nous avons à transmettre son message avec la force qu’il nous donnera et une fois la chose faite, nous n’avons de compte à rendre qu’à lui-même.
6) Compter sur l’assistance du Saint-Esprit et toute crainte des hommes disparaîtra.
7) S’il vous échappe une incorrection de langage, ne vous reprenez pas et continuez à parler.
8) Et si vous avez été heureux d’acquérir le don de parler d’abondance, rappelez-vous que vous pouvez facilement le perdre, que votre facilité de parole peut subir des éclipses. Votre langue aujourd’hui, semblable à la plume d’un habile écrivain, sera peut-être demain congelée.
Le grand avantage, de ces éclipses possibles de notre facilité d’élocution, c’est qu’elles nous obligent de Lui demander son secours et à regarder sans cesse et humblement vers Lui seul.
9) Il vous arrivera plus d’une fois de croire que vous avez mal prêché et peut-être découvrirez-vous par la suite, que c’est justement alors que le succès a été le plus grand.
10) Il y a des discours d’abondance qui sont pareils à des nuages sans pluie et à des fontaines sans eau; ce ne sont que des bavardages spirituels et l’habitude de parler pour rien dire. Mieux vaut cent fois perdre ou n’avoir jamais possédé le don de l’improvisation que de nous ravaler au rang du moulin à paroles et d’être selon l’expression de l’apôtre "Un airain qui résonne et une cymbale qui retentit".