Bergers et troupeaux

8. L’UNITÉ DANS L’ASSEMBLÉE

Maintenir l’unité dans l’assemblée a été le problème de tous les âges depuis le temps de Paul qui écrivait aux Corinthiens: "Je vous exhorte, frères, par le Nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage et à ne point avoir de divisions parmi vous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment". "Ayez un même sentiments vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous." {1Co 1.10; 2Co 13.11}

CAUSES DE DIVISIONS

a) Il faut admettre franchement que la tendance aux divisions peut souvent être une indication de virilité dans la vie spirituelle plutôt que de stagnation, spécialement s’il s’agit de point de doctrine ou de pratique. L’intensité avec laquelle les hommes sentent les choses spirituelles, le grand intérêt qu’ils y prennent au moment des réveils sont habituellement la racine des divisions internes continuelles qui déchirent souvent les jeunes mouvements spirituels. C’est une des manifestations de l’Abondance de Vie. Les efforts pour "l’union" parmi les groupes anciens de croyants, bien que vantés comme de grandes conquêtes spirituelles, ne sont en réalité qu’un signe de décadence. Il est possible de se "congeler" ensemble.

Cependant, bien qu’il en soit ainsi, il apparaît facilement que si les multiples formes et degrés de vie spirituelle et de conception qui caractérisent un mouvement religieux jeune et viril ne sont pas dirigés, elles se répandent dans des centaines de directions différentes et finissent dans la futilité et la ruine. L’unité de l’effort est absolument nécessaire pour l’accomplissement d’une grande œuvre. L’unité dans la prière est une condition permanente pour de nouvelles ondées de Pentecôte. L’unité dans 1’ ESPRIT est la fondation de l’inspiration dans le culte et l’adoration chrétienne et produit l’atmosphère essentielle d’un ministère édifiant selon le N.T. qui a pour but ultime d’amener à "l’ unité de la foi" le corps entier {Eph 4.3-13} Tous les efforts doivent tendre à garder l’unité si sincères que soient les convictions qui produisent les divisions.

b) Les divisions proviennent souvent aussi, hélas, non de la surabondance de vie spirituelle, mais de ce que la vieille nature a toujours sa place dans les croyants. Il ne peut pas y avoir une réelle tendance de division après tout dans l’Esprit de Christ car: "nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres". {Ro 12.5} L’unité parmi les croyants est TOUJOURS POSSIBLE "en CHRIST". Les raisons profondes de désunion sont toujours en nous-mêmes.

Certaines des plus affreuses, des plus sinistres causes de divisions sont classées clairement comme "œuvre de la chair". "les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l’envie" {Ga 5.20-21} les difficultés proviennent toujours de ces éléments de la personnalité naturel le des croyants qui n’ont pas été volontairement soumis à la puissance de la croix pour la crucifixion personnelle.

Paul n’adoucit pas son langage en parlant de cela; il dit: "Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, {Ga 5.15} prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres." Les croyants peuvent se quereller jusqu’à la disparition complète de l’Assemblée. Certains mouvements en sont arrivés là.

c) Les divisions peuvent aussi malheureusement venir d’un simple manque de sagesse et de grâce dans la direction de l’assemblée, par exemple, par l’arrogance des conducteurs, par le favoritisme, par une organisation défectueuse des finances, par la présentation continuelle de doctrines non essentielles, mais sujettes aux controverses, par la négligence pastorale.

Ces simples raisons de désunion peuvent être aisément évitées par les précautions des pasteurs et des conducteurs. Ce sont des raisons dont les conducteurs sont les premiers responsables.

COMMENT GARDER L’ UNITÉ?

a) Des occasions suffisantes doivent être données dans chaque assemblée pour l’expression de la plénitude de vie spirituelle de ses membres. Les gens occupés sont habituellement des heureux et le Seigneur désire donner à chaque membre de son corps, la manifestation de l’Esprit pour l’utilité commune. {1Co 12.7} Le secret de la réussite pour un pasteur c’est de donner de l’occupation à ses membres. Un Pasteur qui fait tout lui-même est après tout un triste pasteur. Il réunit autour de lui un essaim de bourdons satisfaits de n’avoir rien à faire. Des croyants remplis de l’Esprit veulent travailler et c’est le devoir de l’assemblée d’organiser des activités en donnant le plus possible d’occasions à chacun de faire quelque chose. Même le ministère de la Parole devrait être partagé par ceux qui ont des dons éprouvés dans ce domaine là, dans l’œuvre des enfants, dans les visites, l’œuvre des femmes, des jeunes, de plein air, des missions, du secrétariat, de l’accueil aux réunions, de la musique, du colportage etc. Il y a du travail pour tous.

Le véritable pasteur doit plutôt être considéré comme le berger et non comme le "chien du troupeau". Son travail par excellence est de diriger les activités des croyants qui lui sont confiés par le Grand Maître de la Moisson, et de garder l’assemblée entière spirituellement forte en donnant la nourriture "en temps convenable; heureux ce serviteur que son Maître, à son arrivée, trouvera faisant ainsi." {Mt 24.46} Le ministère du pasteur n’est pas d’essayer de remplir toutes les fonctions lui-même; ce n’est ni scripturaire, ni raisonnable, ni pratique. Chaque activité, qu’il s’agisse de gagner des âmes ou de payer la note du gaz, devrait être considérée comme la responsabilité et le privilège de toute l’assemblée.

Il va de soi que dans les assemblées de Pentecôte, il y a des occasions nombreuses d’exercer tous les dons spirituels, indépendamment des talents naturels consacrés que nous venons de considérer. Si de telles occasions n’existent pas au cours des réunions, il faut les trouver le plus vite possible dans toute l’assemblée qui désire se conformer aux enseignements du N.T. Une grande cause de division est écartée par la possibilité d’expression des formes variées de la vie spirituelle pour tous les membres de l’assemblée.

C’est un moyen de maintenir l’unité et le contentement.

b) Les divisions provenant de la faiblesse de la chair sont habituellement "bien plus délicates et douloureuses à maîtriser. Lorsque deux membres de l’assemblée sont désunis (comme ces deux sœurs Evodie et Syntyche {Php 4.2} dans la belle assemblée de Philippes) ils doivent être exhortés à rétablir les choses aussi vite que possible non seulement pour l’amour de Christ non seulement pour eux-mêmes mais parce que cette désunion peut se propager rapidement dans une assemblée et beaucoup peuvent être ébranlés" La règle d’or si difficile à suivre de Mt 18.15 devrait être suivie et enseignée avec insistance. La personne offensée doit faire le premier pas et non attendre celle qui a fait l’injure réelle ou supposée. "Si ton frère a péché, va et reprends le entre toi et lui seul". La méthode la plus sévère qui suit ne doit être employée que si la première a complètement échouée.

Lorsque les parties adverses refusent de se soumettre, le seul moyen en générai (si douloureux qu’il puisse être) est de les confronter. C’est ainsi que les faits exacts et les causes de discussion peuvent être dégagés de tous les malentendus, des exagérations des bavardages etc. qui habituellement, entourent toutes les causes de divisions. Les véritables raisons de l’offense sont souvent infimes après tout et peuvent être facilement arrangées amicalement à la lumière de l’amour, de la raison et de la grâce chrétienne. Le péché exige la repentance, les fautes réelles doivent être confessées franchement à celui contre lequel elles ont été commises; {Jas 5.16} parfois, une restitution pratique doit être exigée.

Dans la vie de l’assemblée un enseignement doit être donné sur les causes primordiales des querelles et des divisions parmi les croyants. Les possibilités de la vie égoïste doivent être enseignées clairement, même après le baptême du Saint Esprit et le seul remède devrait spécialement et continuellement être mis en évidence devant les brebis du Seigneur s la participation expérimentale du croyant à la croix de Christ, la mort à soi-même. Certains d’entre nous ne peuvent assez remercier Dieu pour les Pasteurs fidèles qui nous ont donné un clair enseignement sur ce point dans notre expérience chrétienne des premiers temps, et qui aussi vivaient ce qu’ils enseignaient.

Les divisions et les difficultés entre les croyants ne doivent pas seulement être réglées entre eux, mais mises dans l’atmosphère de la présence de Dieu par la prière, tout en demandant la puissance purificatrice du Sang, avec l’assurance de l’obtenir, jusqu’à ce que chacun soit sur d’être en règle avec Dieu.

c) Le dernier groupe des raisons de divisions sont celles dont le pasteur ou les anciens sont surtout responsables par manque de grâce ou de sagesse ou des deux. Le ministère de pasteur est l’un des plus difficiles à remplir sur la terre; beaucoup d’excellents prédicateurs ne feront jamais de bons pasteurs.

Une des sources les plus fécondes des dissensions est le favoritisme montré par le pasteur envers certains membres: les riches, les plus capables ou ceux qui lui plaisent particulièrement. Dans ce domaine, le pasteur sage restera dans un rigide renoncement à soi-même et ne se permettra pas le luxe d’avoir des amis personnels et intimes parmi les membres de l’assemblée, pour l’amour du corps dans son entier. Cela doit être spécialement évité avec les riches, s’ils montrent qu’ils attendent du Pasteur des égards particuliers; ils doivent trouver chez le pasteur une réserve pleine de douceur et de fermeté. Cela n’exclue pas l’honneur à ceux qui le méritent.

Toutes les affaires de l’assemblée doivent être faites avec une loyauté parfaite et évidente. Aussitôt qu’une jeune assemblée devient suffisamment établie, il est généralement sage de nommer un trésorier. Un rapport financier devrait toujours être mis à la disposition de toute personne légitimement intéressée. Cela n’est rien de plus que de"rechercher ce qui est bien devant les hommes" et enlever ce qui est souvent une cause de mécontentement et de désunion.

La direction de l’assemblée est un chapitre en soi-même; nous croyons personnellement que, si une assemblée possède, par la grâce de Dieu, des hommes spirituels, de mure expérience, il est en accord avec le N.T. de laisser à de tels "anciens," une part des responsabilités dans le gouvernement de l’assemblée. Cela aide généralement à produire le contentement, la confiance et l’unité.

Naturellement, on doit agir selon les circonstances locales. Les hommes qualifiés comme anciens ayant une responsabilité reconnue ne sont pas toujours ceux qui se considèrent comme tels. Il est clair cependant que l’autorité dogmatique et autocratique d’un prédicateur sur l’héritage de Dieu ne maintient qu’un travesti d’"unité". On trouve parfois une forme très belle de gouvernement autocratique parmi les assemblées, lorsqu’un serviteur de Dieu honoré se trouve dans la situation patriarcale de "père" spirituel de son troupeau, {1Co 4.15} c’est alors différent. Cependant, dans le même cas, le conducteur doit penser à l’avenir et organiser les choses pour le moment où il devra quitter son troupeau si le Seigneur tarde. L’unité maintenue autour d’une personnalité humaine est toujours faible et instable mais l’unité de l’Esprit est éternelle.

Certains prédicateurs mettent en péril l’unité du troupeau confié à leurs soins en donnant une place prépondérante à des doctrines non essentielles et controversées. Cela doit être particulièrement évité par tous ceux qui aiment et désirent l’unité. Les grandes lignes de vérités fondamentales et sûres suffisent amplement à la prédication sans excursions dans des questions subversives. Il est inexcusable de mettre toujours en évidence ses "trouvailles" personnelles dans l’enseignement des doctrines et de détruire ainsi l’unité du troupeau, {voir 1Ti 6.3-6}

Les visites pastorales faites avec sagesse et promptitude sont un autre moyen de saper à temps toute cause possible de division.

Une assemblée négligée reste rarement unie ou bien elle contient un continuel ferment de mécontentement et le premier "voleur de brebis" venu fait facilement sa proie. Un pasteur qui veut maintenir son troupeau uni ne doit relâcher sa vigilance ni jour ni nuit.

Des visites pastorales régulières et fidèles sont un moyen merveilleux de maintenir l’unité.

Du point de vue de l’assemblée, il va sans dire que la loyauté envers le pasteur et les anciens qui l’aident dans le gouvernement est l’une des fondations de l’unité. Probablement, les plus dangereux destructeurs de toute unité dans l’assemblée sont les gens qui parlent contre le pasteur derrière son dos. Si le pasteur est réellement répréhensible, (et les pasteurs ne prétendent pas être parfaits) il faut s’adresser à lui loyalement et toujours avec le bien de l’œuvre comme principale considération. Le pasteur et les anciens doivent cultiver un esprit de franchise parfaite entre eux, afin de pouvoir s’aborder facilement les uns les autres. Cela, sauvegardera l’unité.

L’UNITE MÉRITE L’EFFORT

Finalement, il faut réaliser que l’unité mérite un EFFORT défini. Il nous est commandé de nous EFFORCER de conserver "l’unité de l’Esprit par le lien de la paix". {Eph 4.3} Quelqu’un a dit que nous devions faire cet effort même à "la sueur de notre front" Certes il faut parfois un effort surtout avec certains.

Il est généralement tellement facile de glisser dans des querelles, des jalousies, des animosités, des cabales, des médisances des calomnies, de l’orgueil, des troubles {2Co 12.20} que de résister à la subtile tentation de se quereller et de murmurer. Mais remarquez le rapide "crescendo:" cela commence par des discussions inoffensives en apparence et finit par la discorde complète.

Il est certain que l’Unité de l’Esprit existe constamment entre les véritables croyants; elle est créée et envoyée par Dieu dans leur cœur. Tout ce que nous avons à faire est de la CONSERVER. Partout où les tempêtes de la discussion et des cabales se sont éloignées du peuple de Dieu, nous voyons toujours leur unité essentielle en JESUS-CHRIST de nouveau rétablie. Alléluia!

C’est une grâce de vivre dans cette unité dont nous avons tous besoin; la grâce de laisser cette unité de l’Esprit triompher sur l’opposition du naturel.

Plus nous nous tenons près du Seigneur, plus cela devient facile.

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