La Bible des Juifs de Palestine. — Comment elle s’est formée. — Elle se compose de trois volumes. — La Bible des Juifs alexandrins. — Les livres deutéro-canoniques ou Apocryphes. — L’autorité de la Thorah est absolue. — L’exégèse des docteurs de la Loi. — L’autorité des traditions.
L’Ancien Testament n’existait pas encore sous sa forme actuelle. Non seulement les livres qui le composent n’étaient pas rangés dans le même ordre qu’aujourd’hui, ce qui a peu d’importance, mais ils n’avaient pas tous la même valeur religieuse, et un certain nombre d’entre eux avaient fort peu d’autorité.
Depuis le temps d’Esdras (cinquième siècle avant J. -C.) on lisait, chaque jour de sabbat, une portion de « la Loi » dans les synagogues (Actes 15.21). On entendait par la Loi (Thorah) les cinq livres attribués à Moïse. Le texte en était divisé en un certain nombre de sections. En trois ans, on l’avait lu en entier. Plus tard, on fit les sections trois fois plus grandes et on lut toute la Loi en un an. Nos Bibles hébraïques portent encore aujourd’hui ces 54 divisions.
On comprend quelle connaissance exacte du Mosaïsme le peuple puisait dans ces lectures hebdomadaires entendues depuis l’enfance.
Au volume de la Loi, on joignit plus tard, un second recueil intitulé : « les Prophètes, » sans qu’il soit possible de savoir exactement à quelle époque. La Thorah était lue depuis longtemps ; elle avait conquis la place prépondérante. Le recueil nouveau occupa un rang secondaire. On le divisait en deux parties : les « premiers prophètes » nom donné aux livres historiques de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois ; et les « derniers prophètes » nom réservé aux livres prophétiques proprement dits, au nombre de quinze. On ne lisait du volume des « prophètes » que des morceaux choisis et à la fin du culte. De là le nom que portaient ces extraits : Haftares (leçons finales)a.
a – Luc 4.16-17 ; Actes 13.27. Les divisions des « Prophètes » en sections telles que les donnent nos Bibles hébraïques datent du moyen âge.
Telle était la Bible de la synagogue au premier siècle. On l’appelait- : « la Loi et les Prophètesb. » On la lisait au peuple dans la langue sainte qu’il ne comprenait plus ; puis on la lui commentait oralement. On développait longuement certains passages ; on passait rapidement sur d’autres. Il n’est pas probable qu’on se servit déjà de Targoums écrits. On estimait peu les traductions.
b – Matthieu 5.17 ; Luc 16.16 ; Actes 13.15 ; 24.14 ; Romains 3.21.
Peu de temps avant l’ère chrétienne on commença à se servir d’un livre de cantiques très anciens appelé « les Psaumesc ; » et on se mit à en chanter des fragments au culte, le jour du sabbat. On en vint à nommer quelquefois les Psaumes après la Loi et les Prophètes (Luc 24.44). Bientôt ces Psaumes servirent de point de départ à la formation d’un troisième recueil. D’autres livres, dont l’autorité religieuse était très inférieure à celle de la Loi et des Prophètes, vinrent prendre place à côté des Psaumes. Ce furent les Proverbes, le poème de Job, un petit volume appelé les Cinq Rouleaux, renfermant le Cantique, Ruth, les Lamentations, l’Ecclésiaste et Esther. L’Apocalypse de Daniel vint ensuite ; enfin on termina le recueil par les histoires d’Esdras et de Néhémie et par les Chroniques.
c – Nous ne croyons pas aux prétendus Psaumes macchabéens malgré la haute autorité de M. Reuss. (Voir Rev. de théologie de Montauban, no de Juillet et Oct. 1876. Art. de M. Bruston).
Pendant la vie du Christ, ce troisième recueil existait sous sa forme actuelle. Nous en trouvons la preuve dans un détail insignifiant des Évangiles (Matthieu 23.35). Un jour, Jésus parlait du sang innocent répandu sur la terre « depuis le sang d’Abel le Juste jusqu’à celui de Zacharie, fils de Barachied. » Il voulait citer, on le voit, deux crimes, dont l’un ouvrît le canon biblique et dont l’autre le fermât ; or ce meurtre de Zaccharie est précisément raconté à la fin du second livre des Chroniques qui termine aujourd’hui le troisième recueil et forme le dernier livre du canon hébreu. Il en était de même pendant la vie de Jésus. Le canon était déjà complet.
d – Il y a ici une légère erreur. Ce Zaccharie n’était pas fils de Barachie, mais de Joiada : 2 Chroniques 24.20-21. Il est remarquable que la même erreur ait été commise par le Targoum de Jonathan (sur Lamentations 2.20).
Mais sa troisième partie n’avait pas encore reçu la sanction du temps ; on ne la nommait même pas, puisqu’on disait simplement la Loi et les Prophètes.
Pour le troisième livre, on se servait, au besoin, du terme un peu vague les « Écrits » (Ketoubim). Quelques-uns jouissaient d’une certaine influence, le livre d’Esther, par exemple ; d’autres, au contraire, étaient fort peu estimés, comme l’Ecclésiaste et le Cantique. Ces deux ouvrages eurent même beaucoup de peine à se faire admettre. Ce n’est qu’au milieu du second siècle après Jésus-Christ qu’ils eurent définitivement gain de cause. On sait qu’ils ne sont pas cités une seule fois dans le Nouveau Testament. L’Ecclésiaste passait pour peu religieux, et le Cantique pour peu moral.
A Alexandrie, on se servait d’une autre Bible, dont le canon était beaucoup plus considérable, et ne fut même jamais fermé. Cette Bible était en grec. La traduction s’en était faite peu à peu. Elle renfermait les ouvrages hébreux et chaldéens que comprenait l’Ancien Testament des Juifs de Palestine et de Babylone, et de plus un certain nombre de livres dont les Juifs « disséminés » (τῆς διασπόρας) comme on disait, faisaient seuls usage. On les nomme aujourd’hui deutéro-canoniques ou apocryphes. Ce dernier mot signifie cachés ; il est la traduction de l’hébreu guerouzime. On ne sait quel motif a déterminé l’emploi de ce terme. Nous avons dit que le nombre de ces livres ne fut jamais fixé. Les uns en avaient plus, les autres moins, dans leurs manuscrits respectifs.
e – Munk, la Palestine, p. 525.
Revenons en Palestine ; l’autorité des Prophètes y devint peu à peu presque aussi grande que celle de la Loi. On s’en aperçoit aux citations des auteurs du temps et en particulier des premiers chrétiens dans le Nouveau Testamentf. Les « Écrits » seuls, restèrent à un rang décidément inférieur. La Thorah, au contraire, inspirait un véritable culte. Elle avait été la base de la restauration d’Esdras et de Néhémie, et était restée l’unique règle de toutes choses : la religion, la politique, la vie sociale y trouvaient leurs principes. Les divers préceptes qu’elle renferme revêtaient tous la même importance ; le moindre de ses commandements exigeait la plus stricte observation. L’usage de telle ou telle viande était aussi interdit que le vol et l’adultère ; car l’un et l’autre commandement « était écrit. » Dieu en avait dicté les mots. La Thorah était comme divinisée. L’esprit de Dieu la remplissait partout, et partout on y trouvait des prophéties, des miracles ; on y sentait la présence du surnaturel et du divin. On peut en juger par les citations qui en sont faites dans le Nouveau Testament. Le culte qu’elle inspirait touchait au fanatisme. Le Zélote considérait comme un devoir de poignarder quiconque violait la Loig.
f – Actes 1.16 ; 3.18, 31 ; Hébreux 3.7 ; 4.7 ; 10.8 ; Matthieu 22.43 : ἐν πνεύματι.
g – Mischna, Sanh. ix, 6 ; Jean 16.2 ; Jos. D. Bell. Jud., vii, 8, i ; 3Macch.7-8,12-13.
Toutefois il importe de remarquer que la question du mode d’inspiration n’était pas théologiquement résolue comme elle l’a été de nos jours. On disait seulement : « Il est écrit » et cela signifiait : Voici la vérité absolue.
L’étude de la Thorah passait naturellement avant tout le reste. Le Pirké Aboth, qui renferme de si beaux préceptes de morale, subordonne tout à l’étude de la Loi. Le seul savant était « le Docteur de la Loi ; » il avait toutes les connaissances littéraires, scientifiques, juridiques, et si les Docteurs méprisaient autant le peuple, c’est « qu’il ne comprenait pas la Loi. »
[Jean 7.49 : « Cette populace qui ne comprend pas la loi n’est que de la canaille. » Voilà bien un mot du temps. Il nous révèle le profond mépris des hautes classes pour le peuple ; elles entendaient par s’instruire : « comprendre la loi » et rien d’autre.]
Chaque parti y cherchait la justification de ses préférences particulières. On voulait tout légitimer à sa lumière ; le Saducéen y trouvait ses arguments favoris contre la résurrection, et l’Essénien lui-même des preuves en faveur de son ascétisme et de ses ablutions. Au reste, ce respect absolu ne tenait pas du fétichisme. La Loi était divine et cette doctrine était profondément religieuse. C’est leur amour effréné pour la Thorah qui a sauvé les Juifs sous Antiochus Epiphane et sous la domination romaine.
Il va presque sans dire que toute interprétation sérieuse de cette Loi était impossible. L’exégèse en était déplorable. Elle ne consistait qu’en rapprochements artificiels de mots et en allusions arbitraires. Le texte étant immuable et divin, la critique en aurait été inconvenante ; et une explication tant soit peu indépendante aurait paru tout à fait déplacée.
Quand le respect d’un texte prend cette forme absolue, on en vient à méconnaître son sens historique et à lui faire dire ce que l’on veut ; on y trouve ce qu’on désire y trouver ; on y découvre ses propres opinions ; à vrai dire, on ne)e respecte plus du tout. Cette exégèse laborieuse et approfondie qui s’exerce sans scrupule, et dont la conclusion est arrêtée d’avance dans l’esprit, ne pouvait être que stérile. Toute la science des Docteurs de la Loi consistait à être assez habile pour faire dire à l’écrivain sacré ce qu’il n’avait jamais songé à dire. Saint Paul, l’ancien Pharisien, cite quelquefois les Écritures de cette manière. Dans sa première épître aux Corinthiens, il nous dit que le don des langues a été prédit dans la Loi : « Il est écrit dans la Loi, je parlerai à ce peuple dans d’autres langues (1 Corinthiens 14.21). » Or, dans le passage qu’il cite, Esaïe ne parle que des langues étrangères que les ennemis de la Palestine imposeront aux Juifs après s’être emparés de leur pays (Ésaïe 28.11-12). Si nous ouvrons au hasard un des traités du Talmud, par exemple le traité des Berakhoth, que M. Moïse Schwab a traduit en français, nous rencontrerons à chaque page des interprétations semblables, L’Évangile de saint Matthieu, qui a été rédigé par un Juif, nous offre plusieurs spécimens de cette exégèse fantaisiste ; Parle-t-il de la naissance de Jésus à Bethléem, il s’écrie : « C’est ce qui a été écrit par le prophète : Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la moindre parmi les villes de Juda…, » etc. (Matthieu 2.6), Or le prophète qu’il cite (Michée 5.1) nous dit exactement le contraire : « Bethléem, trop petite parmi les maisons de Juda, » etc.
[L’auteur du premier Évangile a su sans doute distinguer une affirmation d’une négation. Il a probablement voulu dire que Bethléem, petite géographiquement, est devenue grande historiquement.]
La similitude que Stapfer avance entre l’exégèse forcée des commentateurs talmudiques, par laquelle ils croyaient retrouver leurs doctrines dans n’importe quel passage de la Loi, et la façon dont les auteurs du Nouveau Testament citent l’Ancien, pour appuyer leur prédication, est injustifiée et irrecevable. Tout d’abord les apôtres visaient non à exposer des opinions personnelles, mais à rendre compte de faits, constatés par leurs auditeurs. Par exemple à Corinthe, on assistait au phénomène extraordinaire, miraculeux, du parler dans des langues inconnues de gens ne les avaient jamais apprises. Il s’agissait donc d’une action divine, réelle, irréfutable ; il était alors pertinent de chercher dans les prophètes si ce fait n’avait point été annoncé à l’avance. Ensuite, lorsque les auteurs du N. T. justifient l’Évangile par des textes de l’A. T., ils ne prétendent pas en faire l’exégèse ; ils se contentent de montrer comment ils contenaient, ou des principes divins s’appliquant maintenant au déroulement de l’histoire, ou un double sens prophétique, démontré par ce qui arrivait. Ainsi, lorsque saint Paul cite Esaïe à propos des langues barbares de l’envahisseur, son but n’est pas de nier le sens historique des versets, mais de souligner un principe divin : à savoir qu’en guise de jugement, Dieu se met à parler de façon obscure à ceux qui n’ont pas voulu l’entendre lorsqu’il leur parlait clairement. Ainsi lorsque Michée apostrophait la petite Bethléem Ephrata, cette parole annonçait prophétiquement que le Messie sortirait de son sein ; ce que d’ailleurs les Juifs avaient compris depuis longtemps, puisque c’est ce qu’ils apprennent à Hérode qui s’en inquiète. Ainsi lorsque Osée écrit : « J’ai appelé mon fils hors d’Égypte », c’est à son insu que le prophète annonce aussi le retour de Jésus en terre d’Israël, d’où ses parents avaient fui à cause d’Hérode. La critique de Stapfer envers l’interprétation des écrivains du N. T. équivaut finalement à une négation de l’inspiration des Écritures. (ThéoTEX)
Lorsque Osée parle de la sortie d’Egypte des enfants d’Israël, il place dans la bouche de Jahveh ces paroles : « Quand Israël était enfant je l’aimai et j’ai rappelé mon fils d’Egypte (Osée 11.1). » Matthieu voit dans ce passage, une prophétie de la fuite de l’enfant Jésus en Egypte (Matthieu 2.23). Ailleurs, trompé par le parallélisme de la poésie hébraïque, il laisse entendre que, pour accomplir une prophétie, Jésus est monté sur deux ânes, le jour de son entrée à Jérusalem.
[Matthieu 21.7. Le texte est formel : ἐπεκάϑισεν ἐπάνω αὐτῶν, il s’assit sur eux. Le texte hébreu (Zacharie 9.9), porte en effet ces mots : « Voici que ton Roi vient à toi, il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne et sur un ânon, petit d’une ânesse. » Ce n’est là qu’une exigence du parallélisme que Matthieu n’a pas comprise.]
Autre exemple flagrant du ridicule auquel peut mener un préjugé négatif : comment Matthieu n’aurait-il pas senti l’absurdité de se représenter Jésus assis sur deux ânes à la fois ?! (dont un nettement plus petit que l’autre, encore). Le sur eux (ἐπάνω αὐτῶν) désigne ici évidemment les vêtements, dont la foule enthousiaste vient de recouvrir l’ânesse et son ânon. D’ailleurs au verset 5 Matthieu, citant Zacharie, dit expressément : Voici, ton Roi vient à toi, doux et monté sur un âne, sur le poulain de celle qui porte le joug. Il avait donc bien saisi que dans Zacharie 9.9, soit qu’on le lise en hébreu, soit qu’on le lise en grec de la Septante, la conjonction et dans le groupe de mots un âne et un poulain, le petit d’une ânesse, n’est pas là pour désigner deux animaux différents, mais pour préciser la particularité de la monture du Messie. (ThéoTEX)
On le voit, sur ce terrain commun, l’autorité absolue de la Loi et des Prophètes, germaient les idées les plus contradictoires et les plus bizarres. Les allégorismes étaient nombreux, surtout dans la solution des questions messianiques et apocalyptiques, qui étaient les problèmes à l’ordre du jour.
A côté de l’autorité de la Loi et des prophètes, il faut placer celle des traditions, qui avaient aussi une grande importance. Moïse, disait-on, les avaient reçues de Dieu, et elles s’étaient transmises de Moïse à Josué, de Josué aux anciens, des anciens aux prophètes et des prophètes aux membres de la grande synagogue. Avoir pour soi la tradition, c’était avoir la vérité. L’autorité ecclésiastique a souvent tiré sa force du prestige des traditions. En ces matières, l’idée nouvelle est toujours une idée hérétique.
Le Nouveau Testament nous a conservé l’écho de ces traditions. Elles consistaient en général en interprétations des difficultés de la Loi. Il se trouvait dans la Thorah des passages obscurs. Diverses explications en avaient été proposées et l’une d’elles, adoptée par la majorité, était devenue l’exégèse officielle ou la tradition, qui revêtait, à la longue, une autorité presque égale à celle de la Loi elle-même.
On s’était demandé, par exemple, comment les Israélites, après s’être désaltérés au rocher d’Horeb, n’avaient plus manqué d’eau pendant le reste de leur voyage. « Le rocher, répondait la tradition, les a accompagnés dans le désert et, après leur avoir donné de l’eau le premier jour, il a continué à leur en fournir, car il les « suivait (1 Corinthiens 10.4 ἀκολουϑούσης πέτρας). » La tradition donnait encore les noms des magiciens que Pharaon opposa à Moïse : ils s’appelaient Jannès et Jambrès (2 Timothée 3.8). Elle racontait la mort du prophète Esaïe : il avait été scié en deux par les ordres de Manasséh. Plus tard, les « Traditions » furent mises par écrit et devinrent la Mischna. Le propre du génie juif a toujours été d’expliquer l’autorité religieuse » de la développer, de la commenter, et puis de créer avec ces développements et ces commentaires une nouvelle autorité qui, plus tard, devait être expliquée à son tour, Les apocalypses de Daniel, d’Énoch, de Jean ne sont que des amplifications de l’espérance messianique des prophètes. De même la Mischna est le développement de la Thorah, et la Guemara sera plus tard l’amplification de la Mischna. Au premier siècle, on était dans toute l’effervescence de ces interprétations et de ces explications. Le plus savant était celui qui interprétait le plus, et le plus considéré celui qui interprétait le mieux, qui trouvait le sens le plus subtil à un passage, ou en donnait les développements les plus longs. La parole de Jésus : « Vous anéantissez la Loi par votre tradition » était tout à fait à l’opposé des idées courantes. Les Juifs étaient très convaincus qu’ils établissaient la Loi par leurs traditions et lui donnaient plus d’autorité. Le respect de celles-ci ne faisait à leurs yeux qu’accroître le respect qu’inspirait celle-là.
h – Hébreux 11.37, fait une allusion probable à cette tradition. Cette fin du chap. 11 de l’Ép. aux Hébreux rapporte divers faits empruntés aux livres deutéro-canoniques.
La Thorah étant divinisée, devenait inaccessible comme Dieu lui-même. Le simple fidèle ne pouvait la comprendre si un scribe ne la lui expliquait, et cette explication devenait pour lui l’autorité religieuse. Une évolution de ce genre devait se faire plus tard au sein de l’Église chrétienne. La Bible, après avoir été lue au culte public et mise entre les mains de tous les chrétiens pendant les premiers siècles, sera considérée au moyen âge comme d’une interprétation difficile et passera pour inaccessible au simple fidèle. Elle aura besoin d’être expliquée par l’Église, et peu à peu l’autorité de l’Église remplacera l’autorité de l’Écriture.