Accès… accord… mots qui résument deux des facteurs les plus importants de la prière. Le premier concerne notre relation avec le Seigneur ; le second, nos relations les uns avec les autres. Si le chemin nouveau et vivant est le don de la grâce souveraine de Dieu, le fait d’y marcher et de jouir des inestimables bienfaits qui en résultent n’est possible qu’à la condition de comprendre ce que signifient ces deux mots.
Dans l’Epître aux Ephésiens, nous lisons : « Par Lui, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père dans un même esprit » (Ephésiens 2.18).
1) Cet accès forme un contraste complet avec ce qui avait existé jusqu’à l’ascension. Sous la loi, l’homme était tenu éloigné de Dieu, que la barrière des courtines blanches du tabernacle séparait du peuple ; le service lévitique minutieusement réglé, la porte, l’autel du sacrifice, la cuve, la porte du lieu saint, puis le voile qui fermait le lieu très saint, étaient autant d’obstacles entre l’Eternel et l’homme. Une fois par an, un seul homme, le souverain sacrificateur, pouvait pénétrer dans la présence de Dieu !
« Ainsi donc, frères, puisque nous avons, au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu’Il a inaugurée pour nous au travers du voile, c’est-à-dire, de Sa chair, et puisque nous avons un Souverain Sacrificateur établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure » (Hébreux 10.19-22).
En effet, un « chemin nouveau et vivant » a été frayé à travers le voile de la chair déchirée de notre Sauveur. Sur toute sa longueur, ce chemin qui mène au trône de la grâce porte l’empreinte sanglante des pas de Celui qui, ayant achevé l’œuvre que le Père Lui avait donné à faire, est entré dans la gloire et S’est assis à la droite du Père. C’est de là qu’Il appelle Ses enfants, Ses héritiers, à s’approcher de Lui par la prière.
Libre accès jusqu’à Lui ! Voilà ce qui résulte pratiquement de Sa glorification et de l’envoi du Saint-Esprit sur la terre. Car c’est en Christ que nous nous présentons au Père, et c’est par le Saint-Esprit demeurant en nous que nous prions, comme le dit Jude, « priant par le Saint-Esprit ». Le Saint-Esprit nous conduit dans cette présence bénie ; Il nous apprend à gravir les marches de ce trône qui n’est pas encore le trône du jugement, mais le trône de la grâce pour toute créature humaine (Cp. Apocalypse 4 avec Hébreux 4.14-16), De ce trône, Il délie les victimes de l’ennemi vaincu, Il affranchit les hommes des liens d’iniquité, Il les soustrait au pouvoir des esprits de méchanceté. De ce trône, Il manifeste Son autorité de Vainqueur sur les œuvres et les plans de Satan, et en réponse à la prière des Siens, Il dispense grâce sur grâce pour l’œuvre de Dieu et pour le monde.
En voici une illustration, tirée du livre d’Esther : « Le troisième jour, Esther mit ses vêtements royaux, et se présenta dans la cour intérieure de la maison du roi, devant la maison du roi. Le roi était assis sur son trône royal dans la maison royale, en face de l’entrée de la maison. Lorsque le roi vit la reine Esther debout dans la cour, elle trouva grâce à ses yeux ; et le roi tendit à Esther le sceptre d’or qu’il tenait à la main. Esther s’approcha, et toucha le bout du sceptre. Le roi lui dit : Qu’as-tu, reine Esther, et que demandes-tu ? Quand ce serait la moitié du royaume, elle te serait donnée. Esther répondit : Si le roi le trouve bon, que le roi vienne aujourd’hui avec Haman au festin que je lui ai préparé. Et le roi dit : Allez tout de suite chercher Haman, comme le désire Esther » (Esther 5.1-5).
Ce qui se produisit ce jour-là dans l’histoire du peuple d’Israël est un exemple des résultats de cet accès qui nous est offert au trône de la grâce, d’où le Seigneur nous tend Son sceptre d’or, et nous dit : « Si vous demandez quelque chose en Mon Nom, J’agirai » (Jean 14.13-14).
Quand la prière est faite dans le Saint-Esprit, au Nom de Jésus — mais avec une foi complète en ce que signifie ce Nom — elle est revêtue d’autorité.
Si nous sommes en ordre avec Dieu et en ordre les uns avec les autres, ce libre accès jouit de toute l’efficacité des promesses du Dieu de grâce et obtient des résultats insoupçonnés. Mais, hélas, l’Eglise dans une large mesure ignore ces vérités, où ne les fait pas valoir. N’est-il pas temps qu’elle se réveille de son sommeil, alors que dans la nuit, l’ouragan souffle avec violence et que de terribles courants balayent l’humanité ? Secouons notre torpeur ! Repentons-nous devant Dieu. Il est prêt non seulement à pardonner, mais « à réparer les brèches » (Esaïe 58.12), à « rendre les années que les sauterelles ont dévorées » (Joël 2.25).
Cet accès auprès du Père est donc le privilège de chacun de Ses enfants, Ses héritiers. A nous d’y veiller avec un soin jaloux, afin que rien ne nous le ravisse et que le Saint-Esprit nous instruise constamment. Le temps vient où les communications normales entre pays seront coupées. C’est alors que cet accès au trône de la grâce prendra toute sa valeur, car nul ne pourra jamais y mettre obstacle. « Moïse bâtit un autel et lui donna pour nom : l’Eternel, ma bannière. Il dit : Parce que la main a été levée sur le trône de l’Eternel, il y aura guerre de l’Eternel contre Amalek, de génération en génération » (Exode 17.15, 16). Elevons cette « bannière » ! Levons la main sur le trône de la grâce ! Faisons valoir les droits divins de notre Seigneur glorifié. Vivons dans la réalité de Sa victoire et prions afin que le Père soit glorifié dans le Fils. C’est au trône de la grâce que nos esprits se rencontreront. Aucune volonté de l’enfer ou de la terre, aucun édit, aucune situation ne pourront empêcher cela (Hébreux 12.22-24).
2) Ce chemin nouveau et vivant appartient à chacun de Ses rachetés. Il n’y a pas de limite ni de restriction dans une telle communion avec Lui. Nous expérimentons en esprit ce que promet ce texte de notre Bible : nous sommes enfants et héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, héritiers de tous les fruits de Son œuvre et de Sa victoire rédemptrice ; héritiers pour le présent, dans et pour les circonstances actuelles. Que celui qui est faible réalise cette force ! Que nos craintes disparaissent devant la gloire de ce trône. Que le Saint-Esprit nous conduise dans cette voie victorieuse, nouvelle et vivante !
Est-ce ainsi que nous comprenons la réunion de prière ? Est-ce ainsi que je comprends ma vie de prière ?
Demandons humblement pardon à Dieu. Qu’Il nous montre tout ce qui, dans nos vies, empêche cet accès : obstacles, incompréhensions. Il faut se hâter, car le temps est court, les portes se ferment, la nuit descend ; qu’avons-nous fait de cette « plus grande œuvre » qui nous a été confiée ?… En nous occupant de futilités, nous avons perdu du temps. Sur le champ de bataille, nous avons perdu du terrain en nous adonnant à des œuvres, des activités, des professions religieuses qui sont étrangères au sacerdoce de notre Seigneur, comme à la vocation de Ses enfants. Effleurant à peine la surface du mal, elles ne menacent aucunement le royaume des ténèbres. C’est pourquoi nous connaissons Ja pauvreté au lieu des richesses de Christ, la faiblesse au lieu de la puissance promise, la mort au lieu de la vie que le Seigneur veut manifester en nous, un esprit abattu au lieu d’un esprit de louange, « la cendre » au lieu du « diadème », le « deuil » au lieu de « l’huile de joie » ! (Esaïe 61.3).
Et le Seigneur nous attend ! « Il S’étonne de ce que personne ne Se tienne sur la brèche pour qu’Il ne détruise pas le pays » (Ezéchiel 22.30 ; Esaïe 59.16). Nous ne sommes pas entrés dans la brèche, nous ne l’avons pas même aperçue ! Nous n’avons pas maintenu le témoignage du Seigneur, nous ne sommes pas demeurés fermes dans le combat. Malheur à ceux qui suivent leur propre voie, leur propre programme ! Au lieu d’être des témoins qui se tiennent sur la brèche, ils sont ce que le prophète décrit : « des renards au milieu des ruines » (Ezéchiel 13.1-5).
Après avoir reçu la révélation que nous a donnée le Nouveau Testament des richesses de la prière, écoutons cet appel du prophète Jérémie :
« Car Je connais les projets que J’ai formés sur vous, dit l’Eternel, projets de paix, et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance. Vous M’invoquerez et vous partirez ; vous Me prierez, et Je vous exaucerai. Vous Me chercherez et vous Me trouverez, si vous Me cherchez de tout votre cœur, Je Me laisserai trouver par vous, dit l’Eternel, et Je ramènerai vos captifs » (Jérémie 29.11-14).
Cette invitation à nous approcher de Lui, demande une réponse de notre part, une réponse qui tienne compte du prix que notre Seigneur a payé pour nous l’obtenir. Sachons y réfléchir. Sortons de notre superficialité ! Que nos cœurs se fondent devant Son amour et Ses souffrances ! N’est-il pas temps que nous nous inclinions devant Lui en L’adorant ? Devant tout ce que Lui a coûté notre salut, confessons la dureté de nos cœurs et notre lenteur à croire, notre manque de puissance et le peu de résultats de notre vie de prière. En priant, n’oublions jamais que Son sacerdoce est le fruit de Son sacrifice. Il a fallu les deux pour faire de nous des intercesseurs ! Quand nous le comprendrons vraiment, notre prière sera une puissance de Dieu agissant envers ceux pour lesquels nous prierons.
Sous la loi, le sacrificateur posait sa main sur la tête de l’offrande (Lévitique 1.4) ; sachons aussi nous identifier au Sacrifice, être un même esprit avec Lui. Dans cette prière, conduite par le Saint-Esprit, faisons valoir l’autorité de Son Nom, les fruits de Sa rédemption (Romains 8.26, 27).
Si le mot « accès » nous fait regarder vers le ciel, le mot « accord » nous incite à nous examiner nous-mêmes. Il est employé pour la première fois dans l’Evangile selon Matthieu en rapport avec la prière.
« Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Eglise ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Eglise, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. Je vous dis encore que et deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par Mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 18.15-19).
Remarquez que ce passage fait ressortir le contraste entre le désaccord des frères dans l’Eglise et l’unité de cœur de « deux d’entre vous » qui s’accordent pour prier et qui sont exaucés.
Du verbe grec traduit par accorder est dérivé le mot symphonie, terme qui évoque aussitôt l’idée d’harmonie. Nous le retrouvons dans le livre des Actes (Actes 15.15) où il exprime l’unité divine des Saintes Ecritures. Si nous devons veiller à sauvegarder et à maintenir, selon la Parole, notre accès auprès du Père, nous devons aussi apporter tous nos soins à la réalisation de cet accord nécessaire entre chrétiens qui prient.
La communion entre chrétiens dépend avant toute chose de leur communion avec le Seigneur ; aucune communion véritable ne peut exister entre Dieu et Ses enfants aussi longtemps qu’il subsiste entre eux des interdits ou des péchés non confessés et non réparés. Ceux qui prétendent édifier une unité chrétienne, être tous un en Christ, sans régler au préalable cette question, sont dans l’illusion ; tous leurs efforts ne peuvent être que vains et stériles : ils sont « morts-nés », condamnés d’avance à l’insuccès, car la digue qu’ils essayent d’opposer à l’ennemi des âmes présente des fissures ! De celui qui présente l’offrande, notre divin Chef exige l’accord avec son frère ; Il n’accepte pas l’offrande qui ne remplit pas les conditions qu’Il a posées.
« Si deux d’entre vous s’accordent » ! Il y a diversité de notes et d’instruments dans un accord, mais cet « accord » est harmonisé par Celui qui est au milieu de nous. « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse-là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande » (Matthieu 5.23, 24). Prenons à la lettre cette déclaration du divin « Accordeur » ! Alors un changement se produira ! Alors s’écrouleront ces véritables retranchements que l’ennemi, profitant de certaines situations, a pu élever dans le camp chrétien !
Qu’il n’y ait plus d’arrière-pensées des uns à l’égard des autres ! Cachées sous une prétendue unité ou communion chrétienne, elles tuent la vie spirituelle. Que Dieu nous donne de ne pas nous contenter d’une apparence extérieure ! Ne nous laissons pas tromper par une cordialité superficielle qui souvent cache des animosités, par une façade de fraternité derrière laquelle il y a de vieilles rancunes, des torts non confessés ! C’est ici un sujet qui à lui seul remplirait un volume, tant le caractère des relations entre chrétiens est tragiquement grave ! Prouvons notre amour pour le Seigneur, prouvons notre amour pour nos frères en réparant les désordres, en ôtant les obstacles que nos mains et nos langues ont élevés. Quelle responsabilité que celle des chrétiens auxquels de si grandes promesses concernant la prière ont été faites ! Quand ils sauront y faire face, le Seigneur pourra alors agir et exaucer.
N’oublions pas qu’on peut se réunir pour prier sans pour cela être « unis » ! Mais le Seigneur le sait ; Il connaît tout désaccord qui subsisterait, Son Saint-Esprit en est contristé, et la réunion de prière en est affectée. Ne vaut-il pas la peine de nous mettre en ordre les uns avec les autres, ne fût-ce que pour le monde perdu qui a tellement besoin de cet « accord » sans lequel Dieu ne peut exaucer nos requêtes ? Demandons à Dieu de nous donner le discernement de ces choses ! Qu’Il nous garde de préférer notre satisfaction propre et nos illusions à l’action douloureuse mais salutaire de Son Saint-Esprit, quand Il dévoile les erreurs ! Qu’Il nous amène à faire face à la réalité et, sur le chemin de la délivrance, un grand pas sera fait !
Onze fois dans les Actes, nous trouvons l’expression « tous d’un commun accord ». Elle se rencontre pour la première fois au ch. 1.14. « Tous d’un commun accord persévéraient dans la prière, avec les femmes, et Marie, mère de Jésus, et avec les frères de Jésus ».
La liste des noms qui précède ce verset est instructive, car nous connaissons quelques-uns de ces hommes par les récits des Evangiles : les ambitions de Jacques et de Jean, la présomption de Pierre, les doutes de Thomas et l’esprit de rivalité des autres ; au sujet des frères de Jésus, nous avons vu qu’ils allèrent jusqu’à L’accuser de « vouloir paraître » (Jean 7.1-7) et d’être hors de sens (Marc 3.21). Nous savons quel désaccord régnait parfois entre les disciples et le Maître et aussi entre eux. Mais les voici tous d’un commun accord persévérant dans la prière (Actes 2.41, 46), même au sein de la terrible persécution qui sévit plus tard (Actes 11.24). Tel fut le secret de la force de l’Eglise primitive, méprisée mais fidèle, qui mit le monde sens dessus dessous (Actes 17.6).
Si cet accord était possible alors, n’est-il pas possible aujourd’hui ? Il est vrai que nous en sommes bien loin ; mais n’est-il pas possible pour commencer que deux au moins se mettent d’accord et remplissent ainsi la première condition de l’exaucement de la prière ?
En attendant, affirmons cette unité, recherchons-la. Qu’il n’y ait rien de spectaculaire, mais une réelle communion spirituelle de deux ou trois. Quand notre unité sera sans ombre, mettons-nous à l’œuvre. Par la foi, entrons dans le sanctuaire, et que nos prières soient en accord avec celles de notre Souverain Sacrificateur. Alors — et pas avant — Dieu suscitera dans nos cœurs ces fardeaux de prière et de souffrance qu’Il désire exaucer. Il nous donnera la vision des âmes perdues, en nous rendant conscients de cette terrible course de vitesse entre le ciel et l’enfer qui a lieu aujourd’hui, pendant que le puits de l’abîme s’ouvre, avec son émanation d’esprits méchants et séducteurs qui envahissent la terre (Luc 8.30, 31 ; 2 Pierre 2.4 ; Apocalypse 9.1-12).
Tant qu’il y a grâce dans le ciel, il y a espérance sur la terre. La possibilité de l’intervention du Seigneur subsiste. Mais Il veut la coopération de ceux qui savent prier en Son Nom, de ceux qui ont compris que le sacerdoce de la prière est le fruit de leur communion avec Lui, le Souverain Sacrificateur.