Le début de 1850 marqua dans la vie d'Hudson Taylor une étape nouvelle. Il était âgé de dix-sept ans et demi, avait jusqu'alors aidé son père, et un bel avenir s'ouvrait sans doute devant lui comme pharmacien. Mais tout était changé : il était appelé pour une œuvre dont il ignorait tout, qui devait absorber toute son énergie et pouvait exiger le sacrifice de sa vie. Il ne savait ni comment s'y employer, ni même comment s'y préparer. Il avait entendu l'appel de Dieu, et il n'était pas question de regarder en arrière. Une chose était sûre : il devait faire la volonté de son Maître en Chine et pour la Chine.
Que pouvait-il faire pour la Chine, lui, un tout jeune homme, simple assistant d'un pharmacien de province? Il ne savait pas comment il pourrait contribuer à l'avancement du règne de Dieu dans ce pays lointain, si fermé et si obscur. Mais l'appel divin était si net qu'il se mit à prier pour obtenir une direction d'En-haut, et qu'il commença à réunir toutes les informations possibles sur son futur champ de mission.
La Chine était alors une terre inconnue. Cinq ports seulement étaient ouverts aux étrangers1 ; les missions qui commençaient à y travailler étaient tout à fait à leurs débuts2, personne ne pouvait pénétrer à l'intérieur du pays, et l'on n'en avait même aucune connaissance exacte. À Barnsley, nul n'était familiarisé avec les questions d'Extrême-Orient. Un seul ami d'Hudson Taylor pouvait l'aider, c'était M. Whitworth, le fondateur et directeur de l'École du Dimanche, qui était en rapport avec la Société Biblique Britannique et Étrangère. Hudson se procura par son intermédiaire une traduction des écrits de saint Luc dans la langue des mandarins, et apprit de lui que le pasteur congrégationaliste de Barnsley possédait l'ouvrage capital de Medhurst sur la Chine. Poussé par un désir qu'il ne pouvait exprimer en paroles, Hudson Taylor alla chez ce pasteur. Il est intéressant d'avoir le récit de cette visite, qui nous révèle ses pensées intimes à ce moment-là et montre le sérieux avec lequel il cherchait à se préparer pour l'avenir.
Il me semblait fort probable que l'œuvre à laquelle j'étais appelé pourrait me coûter la vie. La Chine n'était pas ouverte, alors, comme aujourd'hui. Il n'y avait là-bas que peu de missionnaires, et je ne pouvais me procurer qu'un très petit nombre de livres sur ce sujet. Ayant appris qu'un pasteur de Barnsley possédait un exemplaire de l'ouvrage de Medhurst sur la Chine, je me risquai à aller le voir et à lui demander de me prêter ce volume.
Il eut la bonté de le faire et me demanda pourquoi je désirais le lire. je lui racontai que Dieu m'avait appelé à consacrer ma vie à ce pays. Il me demanda alors comment je me proposais d'y aller. je lui répondis que je ne le savais pas du tout, mais qu'il me semblait que je devais faire comme les douze ou les soixante-dix en Judée, partir sans bourse ni sac, comptant seulement sur Celui qui m'envoyait pour subvenir à tous mes besoins. Le pasteur me mit alors la main. sur l'épaule avec bonté et me dit : « Ah ! mon ami, en vieillissant, vous deviendrez plus sage ; une telle idée pouvait réussir lorsque Jésus était sur la terre, mais plus maintenant. »
J'ai vieilli depuis, mais ne me suis pas assagi et suis de plus en plus convaincu que, si nous acceptions les directions de notre Maître et si nous nous laissions guider par les promesses qu'Il faisait à ses premiers disciples, nous nous apercevrions qu'elles s'appliquent tout aussi bien à notre temps qu'au leur.
L'ouvrage de Medhurst insistait sur l'importance des missions médicales en Chine, et cela me fit considérer les études de médecine comme une manière de me préparer.
Mes bien-aimés parents n'approuvaient ni ne désapprouvaient mes résolutions. Ils m'exhortèrent à développer toutes mes ressources physiques et morales et à persévérer dans la prière devant Dieu, avec le désir absolu de suivre Ses directives s'Il me montrait que je me trompais, ou d'aller de l'avant, le moment venu, s'Il m'ouvrait la voie pour le service missionnaire. Depuis lors, j'ai eu l'occasion d'éprouver l'importance de ce conseil. Je commençai à prendre plus d'exercice en plein air, pour fortifier mon état général. Je renonçai à mon lit de plumes et à tout confort pour me préparer à une vie plus rude. Je donnai aussi le plus de temps possible aux œuvres chrétiennes : distribution de traités, École du dimanche, visites aux pauvres et aux malades.
Il avait compris de prime abord que, pour devenir missionnaire en Chine, il faut commencer par l'être chez soi. « Ce n'est pas une traversée, disait-il souvent, qui fait d'un homme un pêcheur d'âmes. » Aussi se préparait-il humblement à sa tâche future en s'efforçant de gagner des cœurs autour de lui.
Il se consacra aussi avec ardeur à une autre forme de préparation : l'étude de la langue chinoise. Cette tâche gigantesque exige, comme l'a écrit Milne, le célèbre linguiste mort en 1822, « Un corps de fer, des poumons d'airain, une tête en chêne, des yeux d'aigle, un cœur d'apôtre, une mémoire d'ange et la vie de Mathusalem ». Plein d'entrain, malgré son inexpérience, Hudson Taylor se mit à l'œuvre, bien qu'il n'eût ni professeur ni livres, à l'exception du petit volume contenant les écrits de saint Luc. Il n'était pas question d'acheter une grammaire ou un dictionnaire, vu leur prix exorbitant. Mais un labeur acharné et l'ingéniosité accomplirent des merveilles. En quelques semaines, son cousin et lui avaient découvert la signification de plus de cinq cents caractères.
Voici comment il expliquait sa méthode à sa sœur, par sa lettre du 14 février 1850 :
Nous prenons un court verset dans la traduction anglaise et nous en cherchons une douzaine d'autres qui aient un mot commun avec lui. Nous reprenons alors le premier verset en chinois et, le comparant aux douze autres, nous cherchons le caractère qui semble représenter le mot anglais commun. Nous le notons alors sur un morceau de papier ; puis, après l'avoir vérifié à travers tout le texte chinois, nous l'inscrivons dans notre dictionnaire... Nous avons d'abord avancé lentement, mais nous allons plus vite, maintenant que nous connaissons les caractères les plus usuels. Notre dictionnaire contient déjà quatre cent cinquante-trois mots tout à fait sûrs, et nous en connaissons beaucoup d'autres dont la signification est seulement probable...
J'ai commencé à me lever à cinq heures du matin. Il est donc nécessaire que je me couche tôt le soir. Il faut que j'étudie si je veux aller en Chine. Je suis tout à fait décidé à partir, et je me prépare dans tous les domaines. Je veux me remettre au latin, apprendre le grec et les éléments de l'hébreu et développer autant que possible mes connaissances générales. J'ai besoin de toutes tes prières.
Mais, tout en se préparant pour l'avenir, Hudson Taylor ne négligeait pas les occasions qu'il avait à sa portée. Avec son esprit pratique, il vit que quelque chose pouvait être tenté sans délai, même à Barnsley, pour promouvoir la cause pour laquelle il avait donné sa vie. Il ne pouvait pas partir lui-même, avant plusieurs années peut-être, mais il n'était pas moins responsable, ici et maintenant, du salut des âmes qui périssaient en Chine. Il pouvait prier et encourager les autres à prier, donner et encourager les autres à donner. Et, juste à ce moment, une œuvre nouvelle, inaugurée par le Dr Gutzlaff, de Hongkong, parvint à sa connaissance et sembla lui procurer précisément le moyen désiré.
En effet, jusqu'alors, il ne savait guère comment communiquer avec la Chine. Bien que le champ fût immense, les Wesleyens ni y entretenaient aucune mission. L'œuvre dans les ports ouverts par les Traités était poursuivie par d'autres sociétés et, déjà alors, Hudson Taylor soupirait après l'intérieur, non atteint encore, de ce vaste monde dans l'attente, toujours privé de l'Évangile. Si seulement quelqu'un cherchait à porter la lumière dans ces contrées lointaines ! Mais toutes les portes paraissaient fermées. Les missionnaires étaient confinés dans les provinces côtières, et les chrétiens chinois étaient si peu nombreux et si disséminés que, même s'ils avaient été qualifiés pour cela, aucun n'eût pu être affecté à ce travail de pionnier.
Hudson Taylor fut donc très heureux d'entendre parler de cette œuvre nouvelle et d'apprendre qu'une société avait été fondée à Londres justement pour atteindre le but qui lui tenait tant à cœur. Sans aucune étiquette ecclésiastique, la Chinese Association, comme on l'appelait, visait à employer des évangélistes indigènes pour coopérer avec toutes les missions existantes, mais tout particulièrement avec le Dr Gutzlaff dans une entreprise qui tendait à résoudre le problème de la diffusion de l'Évangile dans l'intérieur. Nombre de personnes travaillaient déjà sous sa surveillance, et un grand succès semblait couronner leurs efforts.
Plein d'amour pour Christ et de zèle pour l'avancement de Sa cause, le Dr Gutzlaff était revenu de Hongkong au début de 1850 et avait commencé une croisade missionnaire tout à fait remarquable. Débutant à Londres, il parcourut l'Europe, de l'Irlande jusqu'en Hongrie en proclamant la responsabilité de l'Église chrétienne envers les millions de Chinois non encore évangélisés. Pour la première fois, les besoins et la détresse de ce grand pays touchèrent bien des cœurs, à tel point que des multitudes, comme jamais auparavant, se mirent à genoux pour intercéder. Car le Dr Gutzlaff faisait d'abord appel à la prière, à la prière pour une effusion de l'Esprit de Dieu sur la Chine plongée dans les ténèbres séculaires. Mais la prière véritable, si elle est puissante en elle-même, conduit assurément à des résultats pratiques. Dans le cas particulier, il y eut des efforts organisés tant à Londres que sur le continent, avec une bénédiction permanente comme fruit.
La piété du Dr Gutzlaff était profonde et réelle. Ses projets étaient vastes et son optimisme sans limites. C'était un homme extraordinairement doué. Il occupait à Hongkong un poste important comme interprète du gouvernement anglais. Son enthousiasme pour la propagation de l'Évangile était si grand qu'il risqua sa vie maintes fois en tentant d'atteindre l'intérieur de la Chine et en voyageant le long de la côte. Portant le costume chinois, il fit, entre 1831 et 1835, sept voyages le long de la côte de la Chine, abordant à des endroits situés aussi au nord que Tientsin. Il s'engagea même comme matelot à bord d'une jonque chinoise, et une autre fois comme cuisinier, pour visiter des lieux que ne touchaient jamais les vaisseaux étrangers, et avoir des occasions de parler de Jésus. Quoiqu'il ne fût pas missionnaire au sens strict de ce terme, il vivait pour une seule chose : l'extension du royaume de Dieu. Il n'écrivit pas moins de quatre-vingts ouvrages en huit langues différentes, et traduisit en chinois l'Ancien et le Nouveau Testament. Il fonda la Chinese Union, société missionnaire indigène dont les membres devaient répandre l'Évangile au loin dans chacune des dix-huit provinces. Il éveilla en Europe un grand intérêt pour cette œuvre en organisant partout des réunions de prières et des groupes pour la soutenir. La nouvelle société à Londres était du nombre et acquit immédiatement la sympathie d'Hudson Taylor.
D'après les renseignements apportés par le Dr Gutzlaff, les évangélistes de la Chinese Union, fondée six ans auparavant, avaient eu des encouragements remarquables. Ils étaient au nombre de cent trente, faisant des tournées systématiques dans l'intérieur, prêchant et distribuant de la littérature chrétienne. Ils écrivaient des lettres détaillées, racontant leurs voyages jusqu'aux confins du Thibet et de la Mongolie. Enfin, fait inouï, ils avaient baptisé deux mille huit cent soixante-dix convertis « après examen et confession satisfaisante de leur foi ». De tels résultats, acquis en si peu de temps, ne pouvaient que susciter le plus vif intérêt.
Pendant tout le printemps et l'été 1850 ces nouvelles réjouirent Hudson Taylor à Barnsley. Un excellent périodique commença à paraître en mars de cette année pour donner des nouvelles des collaborateurs du Dr Gutzlaff et des informations missionnaires provenant d'autres parties du monde. Hudson Taylor s'y abonna tout de suite et le soin avec lequel il le lut pendant des années eut sur lui une grande action éducative dans les questions de principe et de pratique concernant la mission. Par le moyen de ce journal, il entendit parler de tous ceux qui, en Angleterre ou sur le continent, s'intéressaient directement à l'évangélisation de la Chine. Il apprit ainsi à connaître notamment les Missions moraves, les Sociétés missionnaires de Berlin et de Bâle, et d'autres encore. Il eut aussi des échos des travaux de Georges Müller, de Bristol, qui, en 1849 et en 1850, avait dépensé plus de deux mille cinq cents livres sterling pour la mission en pays catholique et en terre païenne. En un mot, ce périodique fut, dans la main de Dieu, un moyen pour introduire Hudson Taylor dans un monde nouveau : celui des entreprises missionnaires, interecclésiastiques dans leur caractère et internationales dans leurs intérêts. Il fut ainsi préparé de bonne heure pour les travaux étendus des années futures. Cet intéressant périodique, The Gleaner in the Missionary Field, semble avoir été édité par la Chinese Association ou, comme on l'appela ensuite, la Chinese Evangelisation Society. Beaucoup d'articles étaient rédigés par M. Georges Pearse et M. R. Ball, hommes très versés dans la Parole de Dieu.
Par le moyen du Gleaner, Hudson Taylor put suivre les travaux de la nouvelle société de Londres. Tout impressionné par ces choses, il écrivit, quelque temps plus tard, la lettre que voici, ignorant les conséquences de cette modeste entrée en relation :
Barnsley, le 29 juillet 1850.
À M. Georges Pearse, secrétaire de la Chinese Association.
Monsieur, Il y a quelque temps, M. Whitworth, le vénéré trésorier local de la Société Biblique Britannique et Étrangère, attira mon attention sur la Chinese Association.
Prenant le plus vif intérêt à la diffusion de l'Évangile parmi les Chinois et ayant résolu que, dès que la Providence m'aurait ouvert le chemin, je me consacrerais à ce champ immense et presque sans limite pour l'activité chrétienne, j'ai le désir, en attendant, d'encourager cette œuvre le plus possible. C'est pourquoi je prends la liberté de m'adresser à vous, en votre qualité de secrétaire. je vous serais obligé de m'envoyer, dès que vous le pourrez, quelques circulaires ou cartes de collecteur, ainsi que les renseignements, règlements, etc., propres à m'aider à faire connaître cette œuvre à mes amis.
Priant pour que le Chef de l'Église, sans la bénédiction duquel rien ne peut prospérer, développe vos efforts, je reste, Monsieur, respectueusement vôtre James H. TAYLOR.
À ce moment, des nouvelles commencèrent à arriver en Angleterre, éveillant des doutes sur le caractère de l'organisation du Dr Gutzlaff. La réponse de M. Pearse fut évidemment décourageante. De nouveaux rapports confirmèrent que le Dr Gutzlaff, malgré ses dons remarquables et son rare dévouement, manquait malheureusement de bon sens et du discernement des esprits si nécessaire quand on a affaire à des Orientaux. En un mot, il avait été systématiquement trompé, ainsi que le découvrit le missionnaire allemand qui le remplaça à Hongkong. Peu de ces soi-disant évangélistes avaient voyagé au delà de Canton, et beaucoup de leurs magnifiques rapports avaient été composés dans des fumeries d'opium à quelques minutes seulement de sa propre maison. Ce fut une révélation douloureuse et presque incroyable. Personne n'en souffrit plus que le généreux chef qui ne survécut pas longtemps à la faillite de son œuvre. En effet, le Dr Gutzlaff mourut à Hongkong le 9 août 1851, travaillant avec dévouement parmi les Chinois jusqu'à l'heure où une courte maladie l'emporta. Le Gleaner de janvier 1852 donna les détails suivants : « Jusqu'à ses derniers moments, toutes ses pensées allaient à l'évangélisation de la Chine. On peut dire qu'il quitta cette terre et entra dans la présence du Seigneur en portant sur son cœur les millions d'êtres de ce vaste pays.
Le Dr Gutzlaff aurait-il réellement fait faillite ? Ses plans échouèrent malheureusement et ses projets aboutirent à zéro. Mais la prière et la foi ne peuvent faire faillite. Plus que n'importe qui de son temps, il avait eu la vision de la Chine gagnée à Christ. Il s'était donné lui-même, tout entier, pour cette réalisation. « Dieu enterre Ses serviteurs et continue Son œuvre. » Il n'avait pu atteindre son but ; son idéal semblait irréalisable : laisser aux indigènes le soin d'évangéliser une zone très étendue. Mais son projet fut comme une bonne semence qui tomba en terre pour porter du fruit à son heure dans toutes les parties de la Chine.
Bien longtemps plus tard, quand la Mission à l'Intérieur de la Chine fut devenue une réalité dans toutes les provinces de l'intérieur, son fondateur aimait à souligner que, dans un sens très réel, le Dr Gutzlaff était le père de cette œuvre. En vérité, ce fut chose remarquable que cet homme, tout brûlant d'une vision missionnaire prophétique, passât à cette époque dans la vie d'Hudson Taylor. Il n'était pas possible que ce dernier ne fût pas désappointé, et en quelque mesure découragé, par la tournure qu'avaient prise les événements. Parmi les amis et les soutiens du Dr Gutzlaff, dont l'intérêt avait été éveillé principalement par son enthousiasme, il y eut naturellement une réaction quand ces faits vinrent à la lumière. Il sembla que tout allait s'effondrer et que cette œuvre ne laisserait aucun résultat durable. Cependant ceux dont Dieu avait touché le cœur se sentirent d'autant plus responsables d'apporter la lumière à une nation qui avait un besoin si évident de l'Évangile. Ce fut une période d'épreuves qui révéla le caractère de beaucoup de chrétiens, en Europe et en Chine. Mais de tout cela il sortit une connaissance plus claire de la situation, une foi plus forte, et quelques entreprises de valeur. Parmi celles-ci, il faut citer la Mission morave au Tibet et, à Londres, la société à laquelle se rattachait M. Pearse, qui devait, plus tard, envoyer Hudson Taylor à Shanghaï.
Enfin, Hudson Taylor lui-même se trouva, par la grâce de Dieu, plus décidé que jamais à donner sa vie pour la Chine. Cette épreuve aurait suffi à faire retourner en arrière quelqu'un dont l'« appel » eût dépendu uniquement d'une émotion. Mais, comme la lettre suivante le prouve, elle stimula le jeune homme de Barnsley à prier et lui enseigna des leçons d'une portée inestimable.
À M. Georges Pearse,
Barnsley, le 7 août 1850.
Cher Monsieur, je vous écris pour vous remercier de votre aimable réponse et de l'envoi du rapport. Je me prévaux de votre permission de vous écrire de nouveau pour vous demander de plus amples renseignements.
Je pense que, bien que la tournure de l'œuvre soit actuellement décourageante à plusieurs égards, nous pouvons escompter des jours meilleurs. Le caractère des Chinois paraît très opposé à l'Évangile, mais nous savons qu'ils connaîtront Celui par qui est la vie éternelle. Nous ne savons pas ce que nous eussions été sans le christianisme. Christ est mort afin que tous puissent se convertir, se repentir, vivre. Nous qui connaissons les avantages et l'influence transformatrice de la religion, sommes tenus d'annoncer l'Évangile à toutes les nations. Je pense avec vous que, sous la surveillance de missionnaires européens et américains, beaucoup de bien pourrait être fait par une organisation indigène.
« La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. » Nous ne pouvons être trop consacrés pour accomplir cette tâche immense. Les missionnaires devraient être des hommes ayant un zèle, une patience et une endurance d'apôtres, désireux de se faire tout à tous. Puisse le Seigneur susciter de tels ouvriers et me former moi-même pour ce service.
Quand le Dr Gutzlaff retournera en Chine, est-ce que l'œuvre sera réorganisée ? De nouvelles fraudes pourront-elles être évitées désormais ? Avez-vous des cartes de collecte ? Si oui, envoyez-moi quelques-unes de ces cartes ou autorisez-moi à faire une collecte. Je m'efforcerai de recueillir quelques livres sterling, si possible. Je m'excuse de vous déranger et reste, cher Monsieur, respectueusement vôtre.
J. Hudson TAYLOR.
Ainsi, au milieu de tous les découragements de cette période particulièrement difficile, nous voyons Hudson Taylor persévérant, ferme et résolu.
1 Canton, Amoy, Fuchow, Ningpo et Shanghaï, ouverts en 1842.
2 Voici l'ordre dans lequel les sociétés anglaises commencèrent l'œuvre missionnaire en Chine :
1807, La London Missionary Society envoie Robert Morrison à Canton, Après le traité de Nanking ;
1843. La British and Foreign Bible Society ;
1844. La Church Missionary Society ;
1845. La Baptist Missionary Society ;
1847. La English Presbyterian Mission dont le premier missionnaire fut le Rev. William Burns. (Cf. plus bas chap. 25 à 29.)