On possède, sous le nom de saint Barnabé, une épître contenue dans deux manuscrits principaux, le Sinaïticus, du ive siècle et le Hierosolymitanus, de 1056. Les anciens attribuaient unanimement cet écrit au compagnon de saint Paul, bien qu’on le rangeât parmi les ἀντιλεγομέναι γραφαί, c’est-à-dire qu’on en contestât la canonicité. Les critiques actuels s’accordent au contraire à en rejeter l’authenticité. Au moment où l’épître a été composée, saint Barnabé n’était sûrement plus de ce monde, et, l’eût-il été, il n’aurait pas pris contre la loi mosaïque l’attitude violente et excessive dont témoigne notre écrit.
Les destinataires de la lettre sont des païens convertis, à qui des judéo-chrétiens, plus juifs que chrétiens, ont tenté de persuader que l’Ancienne Loi conserve sa valeur et reste obligatoire. Pour combattre cette prétention, l’auteur consacre la plus grande partie de son épître (ch. 1 à 17) à montrer que les observances anciennes sont abrogées et que l’ancienne alliance de Dieu avec les juifs a été rompue par le fait de la mort de Jésus-Christ et de la promulgation de la Loi chrétienne. Il va plus loin. Ces observances, ajoute-t-il, n’ont en réalité jamais existé telles que les comprenaient les juifs. Les prescriptions relatives aux jeûnes, à la circoncision, au sabbat, au temple, etc. qu’ils ont entendues au sens matériel et grossier, devaient s’entendre au sens purement spirituel de la mortification des passions et de la sanctification du temple intérieur qui est notre âme. — Dans la seconde partie (ch. 18 à 21), l’auteur, entamant brusquement un autre ordre d’idées, reproduit le contenu des chapitres sur les Deux voies qui sont dans la Didachè, contenu qu’il a puisé ou dans un écrit original, ou dans la Didachè elle-même. Il y a deux voies, l’une des ténèbres et du vice, l’autre de la lumière et de la vertu : il faut suivre celle-ci et se détourner de l’autre.
On désigne généralement Alexandrie et l’Egypte comme la patrie de l’Épître de Barnabé. C’est là qu’on la trouve d’abord citée (Clément d’Al.) et tenue en haute estime. C’est là encore que nous ramène l’allégorisme outré qui s’y montre. L’auteur voit dans les 318 serviteurs d’Abraham la figure de Jésus-Christ et de sa croix (Τ = 300, ιη = 18). Il est millénariste.
La date est difficile à fixer, et dépend de l’interprétation que l’on donne des chapitres 4 et 16. Funk et Bardenhewer mettent l’écrit sous Nerva (96-98) ; Veil, Harnack, Oger sous Hadrien, de 117 à 131 environ.