Jean 10.17-18 : Mon Père m’aime parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais moi, je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu cet ordre de mon Père.
Ces versets nous transportent dans une tout autre scène. Jésus a quitté la Galilée et il est arrivé secrètement à Jérusalem, au milieu de la fête des Tabernacles qui se célébrait en octobre (Jean 7.1-14). Les Juifs sont toujours plus décidés à le faire périr et il ne leur échappe que parce que son heure n’est pas encore venue (Jean 7.30) — On envoie des huissiers pour le saisir et les huissiers reviennent auprès des pharisiens, sans avoir osé mettre la main sur lui (Jean 7.45-46). A la suite d’une des discussions que Jésus eut avec ses adversaires et lorsqu’il leur eut dit : En vérité, en vérité je vous le déclare, avant qu’Abraham fût, je suis, ils prirent des pierres pour le lapider, mais Jésus se cacha et sortit du temple (Jean 8.58-59) — La guérison d’un homme aveugle de naissance et l’admirable fermeté que déploya cet homme dans le témoignage qu’il rendit au Seigneur, vinrent encore augmenter leur exaspération (Jean 9.1-41). Ce fut alors que Jésus, se comparant lui-même à ses ennemis, se déclara le bon berger et les traita de mercenaires (Jean 10.1-14) : Le bon berger, dit-il entre autres (Jean 10.11), donne sa vie pour ses brebis, et c’est en développant cette prophétie qu’il prononça les paroles que nous avons mises en tête de ce paragraphe.
Ces paroles sont parfaitement claires. Jésus y déclare, 1° qu’il a le pouvoir de donner sa vie et le pouvoir de la reprendre, 2° qu’il usera de ce double pouvoir et 3° que telle est la volonté de son Père.
M. Godet paraphrase ainsi le v. 17 : « Mon Père m’aime, parce que je donne ma vie et parce que je la donne, afin de la reprendre ! » Nous le paraphraserions plus simplement : « Mon Père m’aime parce que je donne ma vie et je la donne, afin de la reprendre, » ou plus exactement encore : « et je la donne cependant de telle sorte que je la reprendrai. » M. Astié dit au sujet de ce verset : « C’est à cause de tout ce qu’il a dit de lui-même comme bon berger que son Père l’aime, savoir parce qu’il donne sa vie, et il la donne pour la reprendre, dans le but de la reprendre afin qu’après l’avoir reprise, il puisse s’acquitter de ses fonctions de berger dans toute leur plénitude, comme il les a décrites (v. 16), et arriver ainsi à réunir en une seule bergerie les diverses brebis dispersées en tous les lieux de la terre. » (Explication de l’Évang. selon St. Jean.)
Ce que Jésus dit dans ces versets qu’il avait le pouvoir de reprendre sa vie après l’avoir donnée et qu’il la reprendrait en effet, il l’exprimait déjà quand il disait aux Juifs au commencement même de son ministère : Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai, mais alors c’était sous une forme beaucoup moins claire, beaucoup plus enveloppée.