Le Chemin qui mène à Dieu

6. CONSEILS PRATIQUES

(Esaïe 13.8 ; Mat 12.20)

Il est dangereux, pour ceux qui cherchent le salut, de s'appuyer sur l'expérience des autres. Beaucoup ne croient être sauvés que si leur conversion s'opère comme s'est opérée celle de leurs parents. Un de mes amis, qui fut converti dans un champ, voudrait envoyer la ville entière dans ce champ-là. La seule règle qui existe pour tous, c'est la Parole de Dieu ; c'est elle qui doit être précieuse à ceux qui désirent être sauvés.

Si quelqu'un dit, par exemple : « Je n'ai aucune force », qu'il lise ce verset de Romains 5.6 : « Lorsque nous étions encore sans force, Christ est mort en son temps pour nous qui sommes pécheurs. » C'est justement parce que nous n'avons aucune force qu'il nous faut Christ. Il est venu donner la force aux faibles.

Un autre dira : « Je ne puis voir où est la vérité. » — Christ dit : « Je suis la lumière du monde. » (Jean 8.12). Il est venu, non seulement pour donner la lumière, mais « pour ouvrir les yeux des aveugles. » (Esaïe 42:7)

Un autre encore prétendra qu'on ne peut être converti sur le champ. A celui-là, je montrerai ce passage : « Le salaire du péché, c'est la mort ; mais le don de Dieu, c'est la vie éternelle par Jésus-Christ notre Seigneur. » Combien de temps faut-il pour accepter un don ? Il y a un instant où vous ne l'avez pas, et un instant où vous l'avez, il passe de la main d'autrui dans la vôtre en un moment. La vie éternelle commence instantanément.

— Elle peut cependant, comme le grain de semence, ne croître que lentement ; certaines personnes ont été converties d'une manière si graduelle que, comme pour le lever du jour, ou ne peut dire quand leur conversion a commencé. D'autres, au contraire, éprouvent comme un coup de tonnerre, et la vérité resplendit soudainement à leurs yeux.

— Je ne ferais pas un pas pour prouver le jour et l'heure de ma conversion ; mais ce qu'il m'importe de savoir, c'est que je suis vraiment converti.

Il est possible qu'un enfant ait été si bien  élevé dans la crainte du Seigneur qu'on ne puisse déterminer l'instant de sa nouvelle naissance ; mais il y a cependant un changement décisif, à un moment déterminé, qui l'a fait participant de la nature divine.

On nie les conversions instantanées. Mais je défie qui que ce soit de m'en montrer d'autres dans tout le nouveau Testament. « Comme Jésus passait, il vit Lévi, fils d'Alphée, assis au bureau des impôts, et il lui dit : Suis-moi ; et il se leva et le suivit. » (Mat 9.9). Il ne peut rien y avoir de plus soudain que cela.

Zachée le péager cherchait à voir qui était Jésus ; et parce qu'il était de petite taille il monta sur un arbre. Quand Jésus vint à cet endroit, il leva les yeux, l'aperçut et lui dit :

« Zachée, hâte-toi de descendre. » (Luc 19.5) Sa conversion eut lieu entre la branche et le sol. Il reçut Jésus avec joie et dit : « Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres, et si j'ai fait tort à quelqu'un en quelque chose, je lui en rends quatre fois autant. » (Luc 19/8) Bien peu de gens pourraient, de nos jours, donner de pareilles preuves de leur conversion.

La maison entière de Corneille fut convertie soudainement, car tandis que Pierre leur prêchait Christ, le Saint-Esprit descendit sur eux et ils furent baptisés. (Actes 10)

Au jour de la Pentecôte, trois mille personnes reçurent la parole avec joie. Non seulement elles furent converties, mais même baptisées le même jour. (Actes 2) L'histoire de l'eunuque de la reine d'Ethiopie est un exemple de conversion instantanée : (Actes 8.26,38) Ces exemples abondent dans l'Écriture.

Supposez un homme qui dérobe habituellement l'argent de son patron. Il a volé 2000 francs l'année dernière; lui conseillerons-nous de n'en prendre que 1500 cette année, et 1000 francs l'année suivante, jusqu'à ce qu'au bout de quelques années il ne vole plus que 2 ou 300 francs ? Ce conseil sera basé sur le même principe que la théorie de la conversion graduelle.

La Bible dit, au contraire : « Que celui qui dérobait ne dérobe plus. » (Eph 4.20.) C'est un complet « demi-tour ». Un blasphémateur ne sera pas converti pour jurer chaque jour un peu moins ; car le Sauveur à dit : « Ne jurez point du tout. » (Mat 5.34.)

Qu'un ivrogne, qui a l'habitude de boire et de battre sa femme deux fois par mois, ne le fasse plus qu'une seule fois, il ne sera pas converti pour cela. Pouvez-vous vous représenter Ananias allant au devant de Paul, qui ne respirait que « haine et carnage contre les disciples de Christ », pour lui conseiller de se modérer, de n'en pas tuer autant à la fois, de faire mourir par degrés la haine dans son cœur ? Ce serait aussi raisonnable que de prétendre que l'on peut croire en Jésus et se convertir que par degrés et insensiblement. Une autre classe est composée de personnes qui disent craindre de ne pouvoir persévérer. C'est une catégorie nombreuse et intéressante : j'aime à voir des gens qui se défient d'eux-mêmes. Il n'y a qu'une réponse à leur faire : regardez Dieu ; ce n'est pas vous qui le gardez, c'est lui qui vous garde. Au lieu que nous ayons à saisir Christ, c'est lui qui, en réponse à nos prières, doit nous saisir. Lisez, vous qui avez peur de broncher, le Psaume 121.2.

« J'élève mes yeux vers les montagnes d'où me viendra le secours? Mon secours vient de celui a fait les cieux et la terre. Il ne permettra point que ton pied soit ébranlé ; Celui qui te garde ne sommeillera point. Voilà, Celui qui garde Israël ne sommeillera point et ne s'endormira point. L'Éternel est Celui qui te garde ; l'Éternel est ton ombre, il est à ta main droite. Le soleil ne frappera point sur toi pendant le jour, ni la lune pendant la nuit. L'Eternel te gardera de tout mal; il gardera ton âme. L'Eternel gardera ton issue et ton entrée dés maintenant et à toujours. » Quelqu'un a appelé ce psaume le cantique des voyageurs. C'est un admirable cantique, en effet, pour nous qui sommes pèlerins dans ce monde; c'est un psaume que nous devrions tous savoir par cœur.

Dieu peut toujours faire ce qu'il a déjà fait. Il a gardé Joseph en Egypte, Moïse devant Pharaon, Daniel à Babylone; Il a rendu Elie capable de tenir tête à Achab. Et les hommes que je viens de nommer nous étaient semblables en toutes choses. Leur grandeur venait de Dieu. Regardez à Dieu, voilà le salut. La vraie foi, c'est la faiblesse humaine s'appuyant sur la force divine.

Que ceux qui craignent de ne pas persévérer lisent le vingt-quatrième verset de l'Epître de Jude : « A celui qui peut vous garder de toute chute et vous faire paraître sans tache et comblés de joie en sa glorieuse présence... » Lisez encore Esaïe 41.10 : « Ne crains point, car je suis avec toi; ne sois point éperdu, car je suis ton Dieu, Je t'ai fortifié, je t'ai même aidé et je t'ai maintenu par la main droite de ma justice.

Refuser de se donner à Lui maintenant de peur de retomber plus tard, serait aussi insensé que  pour un prisonnier refuser sa grâce, de peur de revenir plus tard en prison ; ou pour un noyé refuser des secours, de peur d'être exposé de nouveau à tomber dans l'eau.

Il y a deux espèces de sceptiques : ceux qui ont de vrais doutes, et ceux qui aiment la discussion pour elle-même. Ces derniers ont longtemps été mon écharde, mais c'est une épine que je ne redoute plus aujourd'hui. C'étaient ces gens-là qui, autour du Christ, essayaient sans cesse de l'embarrasser et de le surprendre. Ils viennent à nous pour montrer leur esprit, non pour se convertir. Je rappelle à leur propos ces paroles de Paul à Timothée :

« Rejette les questions folles et qui sont sans instruction, sachant qu'elles ne produisent que des contestations. » (2Ti 2.23). Questions folles ! Bien des chrétiens nouvellement convertis font une grande folie en se croyant obligés de défendre la Bible envers et contre tous. La vérité c'est qu'il y a dans la Bible bien des choses que je ne puis ni comprendre ni expliquer; et quand on me dit : Que faites-vous de ces choses-là ? Je réponds : Rien.

— Comment les expliquez-vous ?

— Je ne les explique pas.

— Qu'en faites-vous alors ?

— Je les crois.

— Mais moi, je ne crois pas ce que je ne puis-comprendre.

— Eh bien ! moi, je crois même ce que je ne comprends pas, si je le trouve dans la Bible.

Il y a bien des points qui étaient pour moi mystérieux et difficiles, il y a cinq ans, et qui me paraissent lumineux et évidents aujourd'hui, et j'espère que, pendant l'éternité, je découvrirai toujours quelque vérité nouvelle sur Dieu et sur sa grâce. Je me fais un devoir de ne jamais discuter les passages controversés de l'Ecriture sainte. J'attends d'avoir plus de lumière avant d'en parler. Je ne suis pas obligé d'expliquer ce que je ne comprends pas : « Les choses cachées appartiennent à l'Eternel, notre Dieu, mais les choses révélées sont pour nous et nos enfants à jamais. » (Deut 29.29) Ce sont ces choses que je prends pour m'en nourrir et renouveler mes forces spirituelles.

Mais voici un douteur sincère. Celui-ci doit être traité aussi tendrement que l'est un enfant malade par sa mère. C'est par le manque de sympathie des chrétiens que beaucoup de sceptiques s'endurcissent. J'étais, il n'y a pas longtemps, dans une réunion  destinée aux personnes inquiètes sur l'état de leur âme. Il y avait là une dame incrédule, que je confiai à une chrétienne, pour qu'elle l'éclairât et priât pour elle. Un instant après, je vis la première se dirigeant vers la porte. Je demandai : « Pourquoi la laissez-vous partir ? — Oh  c'est une incrédule ! » me répondit-on. Je courus à la porte et l'arrêtai, et je la présentai à un autre serviteur du Christ qui passa une heure à causer et à prier avec elle.

Il alla voir la dame et son mari ; et au bout d'une semaine, cette personne intelligente et sincère avait rejeté tous ses doutes et était devenue une chrétienne active. Il y fallut le temps, le tact et la prière, mais il en valait la peine.

Voici quelques passages qui s'appliquent aux âmes droites que le doute retient :

« Si quelqu'un fait la volonté du Père, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de moi-même.. » (Jean 7.17) Celui qui ne veut pas faire la volonté de Dieu ne peut non plus connaître sa doctrine. Il n'y a pas d'incrédule qui ne sache que Dieu veut que l'homme abandonne son péché tout d'abord, et la lumière brillera sur lui. Mais qu'il ne s'attende pas à recevoir toutes les lumières à la fois ; elles viendront l'une après l'autre, jour après jour.

Ce n'est pas à ses ennemis que Dieu révèle ses secrets, et si un homme persiste à vivre dans le péché, il ne saurait comprendre la vérité divine.

« Le secret de l'Eternel est pour ceux qui le craignent, et son alliance pour la leur faire connaître. » (Ps 25.14)

Et dans Jean 15.15, nous lisons encore :

« Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que son maître fait, mais je vous ai appelés mes amis, car je vous ai fait connaître tout ce que j'ai entendu de mon Père. » L'ami de Christ connaît ses secrets. « L'Eternel dit : cacherai-je à Abraham ce que je m'en vais faire ? » (Gen 18.17).

Ceux qui ressemblent le plus à Dieu sont naturellement les plus capables de le comprendre. Le péché est le grand obstacle à la lumière. Otez le péché, et quel flot de clarté pénètre aussitôt dans l'esprit et dans le cœur !

Je me souviens d'un soir ou la Bible était pour moi le livre le plus sec et le plus obscur de l'univers. Le jour suivant, c'était le contraire. J'en avais reçu la clé. J'étais né de l'Esprit. Mais avant de comprendre quoi que ce fût de la révélation divine, il m'avait fallu abandonner le péché. C'est quand nous abdiquons aux pieds de Dieu qu'Il se montre à nous. Le malheur des gens qui doutent, c'est qu'ils sont orgueilleux. Ils en savent plus que le Très Haut ! Ils ne s'approchent pas, avec un esprit docile. Quiconque vient à Dieu pour se faire instruire par Lui, recevra ce qu'il demande, car « si quelqu'un de nous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu qui la donne à tous libéralement et sans rien reprocher, et elle lui sera donnée. » (Jac 1.5)

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant