Médecines parallèles : oui ou non ?

Citations
tirées du rapport de M. Ballais et de la thèse de M. Cros
(Avec la permission de leurs auteurs)

Au sujet de l’acupuncture

M. Ballais

On veut ignorer que la suggestion « magnétique » exprimée mentalement, à l’insu du patient, produit les mêmes effets neurophysiologiques que ceux constatés avec les pratiques hypnotiques classiques, tout en laissant au malade une lucidité lui permettant de s’exprimer normalement ! 1.

1 Voir « L’hypnose et les phénomènes psy » de Dominique Webb, p. 85-87, Ed. « J’ai lu ».

« …En fin de compte, précise Dominique Webb, que l’on évoque l’envoûtement, le magnétisme, le somnambulisme, l’hypnose ou la sophrologie, on parle toujours de la même chose. » 2

2 Op. cit. p. 68.

Le magnétisme paranormal, l’acupuncture et ses dérivés reposent sur la même base : la notion d’énergie vitale.

« La notion d’énergie (vitale) est essentielle en acupuncture. C’est sur elle, en effet, que repose toute la médecine chinoise… » 3

3 Le dictionnaire des médecines naturelles, Tome I, p. 15, Marabout Service.

Scientifiquement, cette mystérieuse « énergie vitale » reste inconnue, indétectable en dépit des multiples recherches entreprises. En effet, selon les acupuncteurs les mieux initiés, l’énergie vitale ne saurait être confondue avec l’influx nerveux ou les courants électromagnétiques connus, observés, mesurés au niveau du corps humain depuis longtemps.

Sur ce point, on comprendra mieux l’insistance des acupuncteurs « avertis » quand on saura que la « fameuse » médecine primitive chinoise « ne connaît ni système nerveux, ni système glandulaire, ni système musculaire. Elle postule essentiellement, la libre circulation du souffle vital (K’i)… et du sang dans un système de canaux (King) mal différenciés (réplique des nadi indiens), qui ne sont ni artériels, ni veineux, ni capillaires ; les uns affectés à la distribution du yin, les autres à la distribution du yang… » 4.

4 Professeurs Pierre Huard et Ming Wong — La médecine chinoise p. 21-22, Collection Que sais-je.

Qu’est-ce que l’énergie vitale ? Mystère.

Que sont les méridiens, hypothétiques transporteurs de l’énergie vitale ? Mystère. Et, à ce sujet, les professeurs à la Faculté de médecine de Paris, Pierre Huard et Ming Wong nous révèlent la mystification opérée au 19e siècle, par les traducteurs occidentaux des textes chinois. « Ce n’est que très tardivement, au début du 19e siècle précisent les deux praticiens, que cette angiologie 5 archaïque inadéquate à l’anatomie occidentale a été remplacée par les méridiens (King-sien), transporteurs d’énergie… » 6.

5 Partie de l’anatomie qui traite des organes de la circulation sanguine.

6 Opus cité p. 119-120.

Pourquoi ce changement ?

Pour valoriser l’acupuncture aux yeux des médecins occidentaux.

L’acupuncture reposant sur des données scientifiquement erronées, on a transformé les «king-mö » (vaisseaux supposés contenir l’énergie vitale, le sang, le yin et le yang) en méridiens ou « …système de voies linéaires, pseudo-nerveuses, inconnues en Europe, et par conséquent, plus faciles à faire admettre que les vaisseaux, en majeure partie imaginaires, et, anatomiquement parlant, impensables. » 7.

7 Opus cité p. 23.

Après l’énergie vitale et les méridiens viennent… les points d’acupuncture.

Comment ont-ils été déterminés ?

Là encore, le mystère subsiste quant à l’origine, quant à la logique éventuelle qui a présidé à la localisation des points d’acupuncture, localisation qui se perd dans la nuit des temps. Pour Jean Choain, spécialiste de l’antique philosophie chinoise, la détermination d’un certain nombre de points relève incontestablement de l’art divinatoire 8.

8 Voir « Introduction au Yi-King », p. 189, Editions du Rocher.

S’il en est ainsi comment expliquer l’engouement actuel pour l’acupuncture et ses dérivés ?

Pour beaucoup, aujourd’hui, seul le résultat compte. Même dans les milieux scientifiques. Et la pratique de l’acupuncture donne des résultats tangibles.

Faut-il s’en étonner ?

Absolument pas. L’évidente parenté entre l’acupuncture et le magnétisme paranormal explique les résultats constatés.

Et l’acupuncture est en passe de devenir le trait d’union idéal entre la médecine scientifique et la médecine occulte.

M. Cros

Tous les auteurs d’ouvrages sur l’acupuncture, quel que soit leur souci d’objectivité, finissent par reconnaître leur adhésion au mode de pensée chinois, ce qui, du reste, est logique.

L’éditorial du docteur Cl. Le Prestre dans la Revue « Acupuncture » est, à ce titre, caractéristique : rejetant tout d’abord l’assimilation de l’acupuncture à une réflexothérapie technique… dépourvue de toute connotation orientale, il poursuit en disant que :

9 « Harmonisation micro-macrocosme, guérison ésotérique » chap. I § C 3.

10 Théories énergétiques. Revue d’Acupuncture – Lyon 1983.

L’acupuncture traditionnelle est impraticable sans connaissance des principes du taoïsme qui lui sont inclus.

C. Roustan rapporte la condition suivante, liée à l’acupuncturo-résistance : « Le succès du traitement dépend étroitement de l’attitude du malade (confiance, foi) et de celle du médecin qui concentre son énergie psychique sur les aiguilles (ce qui rappelle le magnétisme) » 11.

11 Dans son Traité d’Acupuncture, page 10.

Du mariage de la science et de l’ésotérisme

L’historique des traditions ésotériques montre deux attitudes vis-à-vis de la science :

Une volonté avouée d’utiliser les connaissances scientifiques dans le seul but de démontrer la doctrine du monisme. Il n’y aurait de vraie science que celle qui se complète de l’intuition.

P. Huard montre que le mode de pensée ésotérique de certaines traditions (hindoue et chinoise) incite à la passivité (ou même au rejet) vis-à-vis d’une connaissance scientifique expérimentale dans le domaine médical 12.

12 Dans « les médecines de l’Asie » Ed. du Seuil 1978.

La volonté de masquer le manque de preuves scientifiques caractérise ce mariage. Le professeur Ewerbeck écrit à ce sujet : « Les méthodes marginales n’ont que faire de preuves. Il y a inversion du devoir de fournir des preuves : ce n’est plus l’inventeur ou l’adepte qui doit prouver l’efficacité, comme c’est la règle en pharmacologie, mais c’est au détracteur de fournir les preuves de l’inefficacité. Leurs inventeurs se limitent — comme au 18e siècle — à placer dans un système bien évident basé sur des dogmes, les processus espérés et les relations possibles. Les détracteurs sont réduits à l’état de scolastiques puisqu’ils ne veulent pas collaborer à ces méthodes marginales. C’est ici que se pose la question de l’éthique régissant l’emploi des méthodes paramédicales. » 13.

13 « Médecines et hygiène » du 21.10.82.

La passivité qui entraîne une ouverture de l’esprit aux influences extérieures débouche sur une augmentation de la suggestivité.

Là encore, cette suggestivité est plus que le simple échange entre deux psychismes auquel les psychiatres se limiteraient dans les états hypnotiques.

En effet, « la passivité de l’esprit comporte le risque que certaines puissances s’emparent d’un homme et le transforment radicalement… » 14.

14 Dr S. Pfeifer : La santé à n’importe quel prix, Brunnen Verlag, p. 112.

Sir John Eccles, détenteur d’un prix Nobel et savant mondialement connu pour ses recherches sur le cerveau, a parlé du cerveau humain comme « d’une machine dont un esprit sait aussi se servir »... «&nbssp;Normalement, explique Dave Hunt, un écrivain connu, l’esprit qui dirige mon cerveau, c’est ma personnalité ; mais, lorsque dans un état de conscience modifié, j’en laisse le contrôle à la puissance que le spirite ou l’initiateur à la méditation nomme l’énergie cosmique et que le médium appelle esprit, rien n’empêche alors cet autre esprit de diriger mon cerveau… ».

S. Pfeifer continue en affirmant que « celui qui s’ouvre à cette puissance… subit une sujetion occulte. Il se peut qu’il s’ensuive une amélioration de son état de santé mais au prix de l’apparition chez lui de graves troubles psychiques et spirituels… » 15.

15 Op. cit. p. 112.

On peut dire, par conséquent, que les ésotériques qui croient pouvoir posséder cette énergie et l’utiliser à leurs fins sont en réalité et à l’inverse possédés progressivement par celle-ci.

♦ ♦ ♦

Au sujet de l’homéopathie

M. Ballais

En visite d’information au laboratoire homéopathique Dolisos (Anemasse – novembre 1984), il m’a été confirmé le rôle prépondérant de la dynamisation dans la mise au point du remède homéopathique. « Toute l’efficacité du médicament homéopathique dépend de la dynamisation » m’indiqua avec assurance la directrice de l’établissement. Comme je manifestais mon scepticisme, elle me.confia d’où venait sa certitude. Des médecins homéopathes de la région avaient testé longuement plusieurs centaines de personnes souffrant de maux divers. Ces personnes ont été réparties en trois groupes. Celles appartenant au premier groupe ont reçu chaque jour un médicament placebo (sans effet thérapeutique). Celles du deuxième groupe, un médicament « homéopathique » dosé et mélangé en une seule fois, c’est-à-dire non dynamisé. Celles du troisième groupe, un médicament homéopathique dilué et dynamisé selon la méthode hahnemannienne.

Au bout de plusieurs semaines, un constat a été fait : une amélioration quasiment identique chez 20 à 25 % des personnes du premier et du deuxième groupes. Une amélioration supérieure à 60 % chez les personnes ayant absorbé un remède dynamisé !

Célèbre médecin homéopathe, Alain Horvilleur aboutit à la même conclusion que mon interlocutrice : « …Entre chaque opération de dilution au 1/100e un temps capital est réalisé : la dynamisation. Le flacon qui va servir à la préparation suivante est secoué mécaniquement d’une façon énergique. Si l’on omet de le faire, il n’y a pas d’action thérapeutique… » 16.

16 Alain Horvilleur — 101 conseils pour vous soigner par l’homéopathie p. 17 à 18 (collection de poche 1984 — voir aussi « le guide familial de l’homéopathie » p. 285, même auteur, même collection).

Question : Que pourrait-il se produire de si mystérieux lors de la dynamisation qui fasse échec à toutes les recherches entreprises sur le plan scientifique ?

La doctrine homéopathique contient un dogme selon lequel : « Le contact, par dilution, avec les éléments d’une substance, confère indéfiniment au solvant de cette substance des caractères spécifiques. » 17.

17 Jacques Hodler, « Guide pratique d’homéopathe » Ed. Andrillon, p. 42.

« Dans la masse énorme de solvant où le remède de base est dilué et étiré, explique Jacques Hodler, il ne subsiste plus qu’à l’état de traces avec cependant des propriétés nouvelles, un pouvoir énergétique absent de la substance inerte. Cette observation est du reste amplement confirmée par l’action des hautes dilutions qui subissent précisément davantage de fractionnements et de brassages énergétiques. Dans cet état, il n’est plus question de masse de remède ou quantité de matière, mais d’une sorte de photographie spécifique et peut-être de nature magnétique, comme si le milieu conservait l’empreinte active indéfiniment multipliée du schéma moléculaire. D’ou les pouvoirs nouveaux que ne possède pas la substance initiale. Pouvoirs contrôlés chez le malade par tous les médecins homéopathes, tous les usagers de ces remèdes. » 18.

18 Jacques Hodler, ouvrage cité p. 43,

Le Dr Alain Horvilleur, déjà mentionné, formule la même hypothèse : « Il semble que le frottement des molécules de soluté et de solvant ait un rôle capital. » 19.

19 Alain Horvilleur, ouvrage cité p. 17-18.

Question : Au plan scientifique, que vaut ce dogme ou cette hypothèse ?

« Si l’on admettait une telle modification, indique le Pr Jean Jacques, directeur du Laboratoire d’interactions moléculaires et de stéréochimie du CNRS, le problème de la dilution resterait… entier. Il faudrait en effet que, dans la solution-mère, les molécules du corps actif, très minoritaires, agissent sur les milliards de molécules du solvant. Ce qui est impensable, car cette action hypothétique ne pourrait porter que sur un petit nombre d’entre elles. De sorte qu’en gravissant l’échelle de dilution, le nombre de molécules d’eau (ou d’alcool) modifiées n’irait qu’en diminuant et jusqu’à s’annuler… à moins d’admettre une nouvelle modification des molécules non modifiées par celles qui l’étaient déjà… ce qui nous place, on le voit, en pleine magie. Maïs la question n’est pas là. Elle est évidemment dans la modification elle-même : par quel moyen ? Radiation ? Imprégnation ? Mise en résonance ? Rien de tout cela n’est concevable dans la physico-chimie actuelle. Et il est encore moins concevable que cette modification puisse se faire au niveau atomique ou au niveau ionique. Pour la simple raison que si les électrons, que l’on trouve à la périphérie d’un atome ou d’une molécule, sont concernés par une réaction chimique, ils « oublient » immédiatement ces modifications si une autre réaction les fait revenir à la situation antérieure. A plus forte raison doivent-ils oublier une mise en solution qui laisse les molécules intactes. Imaginez-vous que dans le cycle océan, nuage, pluie, source, l’eau « se souvienne » des sels de la mer ?

Essayez par ailleurs d’imaginer ce qu’impliquerait cette modification : il faudrait concevoir que des molécules différentes, tant dans leur composition que dans leur structure et bien entendu leurs effets thérapeutiques, soient à même de laisser des empreintes différentes à une même molécule : l’eau (ou l’alcool). Celle-ci serait donc capable de conserver des « souvenirs » spécifiques pouvant provenir de sels très simples ou d’alcoloïdes très compliqués. C’est impensable, et ce l’est encore pour une autre raison qui, celle-ci, me semble sans appel : la molécule d’eau est une molécule symétrique et l’on ne voit pas comment elle pourrait « se souvenir » de molécules asymétriques comme le sont la majorité des molécules naturelles… » 20.

20 Science et vie — Les médecines parallèles, p. 32-33 (Mars 1985).

Comme on le voit, les mécanismes présidant à la mise au point du médicament homéopathique comme les effets thérapeutiques de celui-ci demeurent inexpliqués après plus de 175 ans de recherches !

« Le mode d’action du remède homéopathique ne peut faire l’objet que d’hypothèses, précise le Dr Pierre Vannier, président honoraire du Centre d’Etudes Homéopathiques de France, les moyens dont nous disposons à l’heure actuelle ne nous permettant pas de les vérifier expérimentalement. » 21.

21 L’homéopathie p. 125 — Collection Que sais-je N° 677 (Février 1984).

Question : Devant le vide scientifique que présente l’hypothèse homéopathique, quelle peut être l’attitude du chrétien vis-à-vis de cette thérapeutique ?

Aujourd’hui, beaucoup de chrétiens (médecins ou non) raisonnent de la même manière que la plupart des homéopathes : « Nous ne savons pas comment agissent les remèdes que nous prescrivons, mais nous savons qu’ils guérissent. Et pour un médecin, il n’y a que cela qui doit compter. »

Autrement dit : seul le résultat compte.

Peu importent les moyens mis en œuvre pour aboutir à ce résultat…

En conscience, un chrétien ne peut souscrire à cette formule diamétralement opposée au concept évangélique ! Et ce, d’autant plus que le vide scientifique — concernant l’homéopathie — demeure depuis l’origine, depuis la publication en 1810 de « l’Organon de l’art de guérir » de Samuel Hahnemann !

Cette constatation, appuyée par une enquête minutieuse, permet au médecin chrétien Samuel Pfeifer d’affirmer que « les conceptions philosophiques et médicales des homéopathes contemporains n’ont changé qu’en apparence ; dans le fond elles sont restées fidèles aux théories de Hahnemann. » 22.

22 Samuel Pfeifer — La santé à n’importe quel prix ? p. 82, Editions Brunnen Verlag Bâle, 1983.

En effet, ne pouvant fournir aucun élément scientifique sûr pour justifier la pratique homéopathique et mettant à profit l’engouement actuel pour tout ce qui a trait au magnétisme (surtout paranormal), les tenants de l’homéopathie font davantage appel aux théories d’Hahnemann (fervent adepte du magnétisme paranormal) pour valoriser leur discipline auprès du grand public. Evoquant le mode d’action du remède homéopathique, J. Hodler n’indique-t-il pas que celui-ci pourrait être « …de nature magnétique » ? 23 Médecin homéopathe connu du grand public, Colette Guinebert va plus loin : « A notre connaissance, écrit cette praticienne, Hahnemann n’a jamais fourni d’explication quant à la façon dont il a découvert le procédé des « succussions », nous savons seulement qu’il avait de fortes connaissances en chimie et en alchimie …Les détracteurs de l’homéopathie, sans prêter attention au fait que les remèdes étaient dynamisés, tentèrent de lui faire une réputation de médecine placebo… » Mais Hahnemann présente la dynamisation « …comme ayant une analogie avec les propriétés magnétiques, » ce que nous appellerions aujourd’hui « champ électro-magnétique ». Par le moyen des succussions, c’est l’existence de la Force vitale que Hahnemann a voulu démontrer, comme l’avait fait, plus de vingt siècles avant lui, la médecine chinoise, par une démarche différente mais tout aussi originale. » 24.

23 Jacques Hodler, ouvrage cité p. 43.

24 Colette Guinebert et Georges Vithoulkas — L’homéopathie p. 32-42, Ed. Payot, 1981.

Dans le même ouvrage, à la page 10, Colette Guinebert exprime clairement l’essentiel de la conception homéopathique : « L’homéopathie, précise-t-elle, repose sur une vision de l’homme total qui n’a d’équivalent dans l’histoire de la médecine, que l’homme « corps énergétique » de l’acupuncture traditionnelle chinoise. Dilués et dynamisés, c’est sur ce « corps énergétique » qu’agissent les remèdes. Si l’on supprime la notion d’énergie vitale, de champ magnétique, que reste-t-il ? Plus d’homéopathie en tout cas… »

Est-il nécessaire de préciser que « le corps énergétique » (ou champ électro-magnétique) mentionné par le Dr Guinebert est aussi « le corps éthérique » des anthroposophes et des spirites. C’est également « le fluide magnétique » ou « l’énergie vitale » des guérisseurs, magnétiseurs, hypnotiseurs, sophrologues, radiesthésistes, acupuncteurs et assimilés, yogathérapeutes et adeptes du karaté médical.

A ce propos, je suis frappé par l’étrange ressemblance qui existe au niveau des conceptions de base et des pratiques prônées par les spécialistes du magnétisme (paranormal), de l’acupuncture et de l’homéopathie. Schématiquement, pour les uns comme pour les autres, la maladie se traduit par une mauvaise répartition de « l’énergie vitale » au sein de l’organisme. La guérison s’obtient par un « rééquilibrage de cette énergie ». Pour y parvenir, le guérisseur-magnétiseur effectue les passes magnétiques appropriées ou divers attouchements magnétiques en des points précis du corps ce qui répartirait uniformément l’énergie dans l’organisme. Dans le même but, l’acupuncteur pique, presse ou masse divers points du corps ; divers points-relais mystérieux qui commanderaient la circulation de « l’énergie vitale ». Pour sa part, l’homéopathe utilise un médicament dynamisé, c’est-à-dire porteur d’une énergie immatérielle de « nature magnétique » dosée précisément (le plus souvent entre 1 CH et 30 CH voire davantage selon les pays) qui rétablirait l’équilibre « énergétique » perturbé par la maladie…

Pour le chrétien, la sagesse serait de se tenir à l’écart de ces pratiques mystérieuses qui reposent davantage sur des conceptions philosophiques panthéistes que sur des observations scientifiques sérieuses et méthodiques. Mais le chrétien de la fin du 20e siècle vit dans l’auto-satisfaction et la suffisance spirituelle. Par son comportement il montre qu’il est riche et qu’il n’a besoin de rien alors qu’il ne sait pas qu’il est malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu… » (Apocalypse 3.17).

Instruit par le texte biblique, le chrétien sait que « Satan se déguise en ange de lumière » (2 Corinthiens 11.14), en guérisseur inimitable, en médecin hors du commun pour gagner la confiance des humains et, ensuite, les amener à minimiser l’importance de certains concepts bibliques sans qu’ils s’en rendent compte ! Les pratiques occultes millénaires (astrologie, divination, nécromancie, voyance, télépathie, hypnotisme, magnétisme, radiesthésie, magie, etc.) condamnées sans appel par le Dieu de la Bible (Deutéronome 18.9-14) ressurgissent en force aujourd’hui sous des formes nouvelles, enrobées d’un vernis scientifique séduisant, ou habilement dissimulées derrière une théorie suffisamment vague et généreuse pour ne pas éveiller les soupçons du plus grand nombre…

Homéopathe de réputation internationale, le Dr Jacques Michaud a pu dire : « C’est l’homéopathie qui m’a conduit à l’astrologie dans la mesure où ces deux disciplines reposent sur les mêmes bases philosophiques. L’homéopathie repose sur la loi de similitude qui n’est que l’application à la médecine de la loi d’analogie, analogie entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, entre le microcosme et le macrocosme. Etant homéopathe et appliquant la loi de similitude, l’analogie entre l’homme et le remède, entre l’homme et l’infiniment petit, il était tentant d’explorer l’autre côté, l’analogie entre l’homme et l’infiniment grand. On trouve là une conception philosophique grandiose, celle de l’être humain pris entre les deux infinis pascaliens.» (Santé magazine 1984).

S’ils conservaient encore quelque lucidité en la matière, des chrétiens pourraient dire aussi : « C’est l’homéopathie, l’acupuncture ou la yogathérapie qui m’a conduit à la radiesthésie, au magnétisme, à la sophrologie (hypnose + yoga + zen) ou à la méditation transcendantale, parce que toutes ces disciplines reposent sur une conception de l’homme et de l’univers quasiment semblable ».

Plus que jamais, il est nécessaire d’être attentif et de se familiariser avec cet enseignement biblique (Matthieu 4.4) pour discerner les subtilités qui se développent présentement sous nos yeux.

Conclusions de M. Cros

J.-J. Aulas a repris une à une toutes les vérifications successives de pathogénésies 25. De 1834 à 1980, huit équipes ont ré-expérimenté certaines substances avec des méthodologies variant du simple insu pour les plus anciennes, au double aveugle croisé (méthode la plus fiable actuellement en expérimentation pharmaceutique) pour les études récentes.

25 L’expérimentation pathogénétique chez l’homme sain, La Revue Prescrire, avril 1985, Tome 5, N° 44.

Les conclusions sont les suivantes :

  1. La méthodologie non comparative de Hahnemann n’est pas scientifiquement acceptable.
  2. Les études expérimentant les remèdes à dose pondérale ne recoupent qu’en partie les résultats des matières médicales.
  3. Les résultats de l’expérimentation des dilutions infinitésimales sont similaires à ceux du placebo, donc sans effet spécifique.
  4. Les sujets avant pris le placebo présentent un nombre de symptômes important.

Par exemple, dans la vérification de 1877, les étudiants qui avaient reçu le placebo avaient noté en tout 919 symptômes. En 1928, F. Donner remarquait que le placebo produisait une symptomatologie aussi riche que le remède homéopathique.

♦ ♦ ♦

L’expérimentation selon Hahnemann n’est plus actuellement considérée comme fiable.

Et pourtant : une des gloires de l’homéopathie est de proclamer que Hahnemann a découvert sa loi et l’expérimentation cinq ans avant la naissance de Claude Bernard 26.

26 M. Ploin. L’homéopathie pour qui et pour quoi ? Gazette médicale, 1985, 92, 30, p. 36.

En réalité, les deux méthodes expérimentales n’ont rien de comparable. En effet, Claude Bernard met sa foi dans l’hypothèse, qui est abandonnée si l’expérimentation rigoureuse et contrôlée l’infirme.

Au contraire, Hahnemann et les homéopathes mettent leur foi dans la doctrine homéopathique qu’ils appliquent en attendant que l’avenir la confirme sur le plan scientifique. Et nous n’avons vu que l’avenir n’a pas confirmé, au contraire, l’ensemble d’hypothèses qui constitue la doctrine homéopathique.

L’inventeur de la méthode expérimentale qui fait progresser la médecine et la protège contre l’empirisme et la spéculation, reste bien Claude Bernard.

La connaissance des principes ésotériques (analogie, polarité, vibration, énergie, conception de l’homme…) jette un jour nouveau sur la manière de s’exprimer d’Hahnemann.

De même que l’« énergie » éclaire la compréhension de l’acupuncture, la doctrine du monisme éclaire tous les points obscurs de l’homéopathie, En particulier, elle révèle le mode d’action des médicaments qui restait difficilement explicable rationnellement.

L’homéopathie est donc une médecine globale dont le trépied doctrinal ne peut être appelé scientifique en 1986.

La loi d’analogie ou de similitude, fondement de toute prescription homéopathique, dont la généralisation est une extrapolation abusive en l’état des connaissances scientifiques actuelles, permettra peut-être de nouvelles découvertes pharmacologiques pour certaines substances, dans un cadre précis.

Le regroupement de toutes ces médecines globales de terrain présente deux risques et tendances qui sont :

  1. L’acceptation puis l’adhésion à la cosmogonie et à l’anthropologie ésotérique qui se dessine derrière le mode de pensée des médecines empiriques de terrain, leur conception des maladies et des traitements par l’analogie thérapeutique à la nature. Cela est particulièrement évident pour certains biothérapeutes et homéopathes.
  2. Le corollaire de cette voie est le rejet définitif de toute expérimentation scientifique rigoureuse au profit des bases doctrinales sacrées des traditions (exemple : l’anthroposophie qui se définit comme une « biothérapie personnalisée »). Car ce qui est global, total, a-t-il besoin et supporterait-il d’être analysé, démembré, réduit ?

Lancel résume cette pensée : « Ainsi, les frontières qui sectionnent, divisent les conceptions médicales devront, dans un proche avenir, se fondre sous l’impact d’un puissant appel d’unification.

Les prémices de cette médecine globale se montrent chaque jour plus nombreux : introduction très répandue de procédés curatifs empruntés à l’Orient, à la période antique, à l’empirisme…» 27.

27 « L’herboristerie de l’an 2000 » Paris, Maloine, 1982, p. 7.

C’est pourquoi, une vision globale chrétienne de la médecine s’oppose aux médecines globales ou holistiques ésotériques que nous avons étudiées. Pour celles-ci, en effet, la globalité signifie l’amalgame de toutes les techniques possibles permettant de transformer la matière en énergie spirituelle en vue de la fusion — délivrance cosmique.

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