Notre périple à la découverte de l’occultisme nous a laissés devant quelques réponses claires, mais en même temps devant un très grand nombre de questions en suspens. Chacun à leur manière, hommes de science, psychologues, parapsychologues, les occultistes eux-mêmes, nous ont expliqué les phénomènes accompagnant les différentes « pratiques » étudiées. Mais ces explications se contredisent souvent. Ou alors, elles ne rendent compte que d’une partie de la réalité. Enfin, comme nous l’avons déjà dit, quelques-unes de ces théories n’ont qu’une apparence scientifique et ne reposent en définitive que sur l’imagination de leurs auteurs.
Nous ne dénions nullement aux savants le droit de ramener sur le plan rationnel ce que les occultistes rejettent dans l’irrationnel. Nous leur sommes même reconnaissants de le faire, car le christianisme n’a pas à redouter les explications objectives de la science.
Mais nous l’avons dit dans notre premier chapitre : le chrétien est au bénéfice d’un autre moyen de connaissance que la simple raison éclairée par l’observation. Il vérifie et confronte les phénomènes et leur expérimentation à la lumière de la révélation, réservant à celle-ci la liberté de compléter, peut-être aussi de corriger ce qu’il vient d’apprendre.
C’est à cette confrontation que s’attachera la dernière partie de ce livre. Que le Seigneur nous aide à demeurer sous la direction de son Esprit et dans la fidélité à sa Parole.
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La curiosité d’esprit est une des qualités maîtresses de l’homme de science. S’il fait des constatations et croit avoir découvert une loi, sa curiosité l’amènera à multiplier les expériences afin de discerner si celles-ci vérifient la loi. Cette même curiosité lui fera chercher non seulement les causes d’un phénomène, maïs aussi ses conséquences.
Nous avons déjà eu l’occasion de le souligner : les pratiques occultes, lorsqu’elles ne sont pas du charlatanisme ou de la prestidigitation, s’accompagnent de manifestations extraordinaires, même de miracles. Mais elles s’accompagnent aussi d’autres phénomènes extraordinaires et troublants, auxquels il faut nous intéresser.
Ces phénomènes apparaissent, entre autres, dans la vie de beaucoup d’occultistes.
De nombreux praticiens, qu’ils soient voyants, magiciens ou guérisseurs, passent tôt ou tard par des difficultés d’ordre nerveux, psychique, spirituel, d’une gravité telle que l’hôpital psychiatrique reste parfois le seul refuge à leurs souffrances.
Les occultistes l’expliquent en incriminant les mauvais esprits de l’astral proches de la terre. Qu’en disent les hommes de science, habituellement si curieux d’esprit ?
La plupart d’entre eux restent muets sur cet aspect du problème. Il leur est pourtant posé à eux aussi. Semblables en cela aux occultistes eux-mêmes, ils ne savent pas discerner ces séquelles de l’occultisme, visibles jusque chez les clients des voyants et des guérisseurs. Or, c’est là une constatation que peut faire tout observateur de l’âme humaine, en particulier le médecin-psychiatre, mais aussi et surtout les chrétiens qui ont reçu le ministère de la cure d’âme. L’intérêt que je porte moi-même à l’occultisme tient, en partie, aux observations troublantes que j’ai eu l’occasion de faire dans mon ministère de pasteur et d’évangéliste marqué par de très nombreuses heures de cure d’âme. Voici quelques cas types choisis parmi une liste, hélas ! bien longue et qui s’allongerait démesurément si l’on interrogeait tous ceux qui ont consulté un voyant ou un guérisseur… et qui en portent les traces.
M. F. 32 ans, souffrait depuis longtemps de maux d’estomac. Consultations chez le médecin, régime, remèdes, apportèrent un mieux mais non une réelle guérison. Il décide d’aller voir un guérisseur. Celui-ci est à la fois radiesthésiste et magnétiseur. Au bout de deux séances, le malade semble délivré de son mal. Il retrouve une digestion normale, se montre extrêmement heureux. Bonheur de courte durée. Une semaine plus tard, il découvre qu’il a des démangeaisons de plus en plus tenaces. Un bras, deux bras, le dos, l’abdomen ; bientôt les deux jambes sont atteintes. Divers traitements sont appliqués sans succès. Trois mois plus tard, M. F. a quasi perdu le sommeil, s’épuise nerveusement à lutter contre de furieuses envies de se gratter jusqu’au sang. Le médecin ne sait plus que lui faire. Aucun traitement n’agit. En réfléchissant, le malade a établi de lui-même la relation entre sa visite chez le guérisseur et cet eczéma. C’est pourquoi. il n’ose pas le dire au médecin et ne veut pas non plus retourner chez le guérisseur.
Il me demande une entrevue. L’action miséricordieuse du Christ délivrera ce malade sur-le-champ. Quelques jours après, il ne restera plus trace de son mal.
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Mme R. avait des douleurs persistantes dans le dos. Le traitement médical ne lui apportant pas le soulagement attendu, une parente lui donne l’adresse d’un guérisseur. Elle y va une seule fois. Le pendule donne comme diagnostic : rhumatisme intercostal. Par le pendule aussi sont déterminés les remèdes à prendre. A quelque temps de là, Mme R., qui ne va pas mieux, éprouve des difficultés très grande à lire sa bible et à prier. Elle connaît même intérieurement une lutte très vive chaque fois qu’elle veut avoir un instant de recueillement. Ses idées se brouillent, une sorte de lassitude lui vient. Elle en arrive au point où toute vie spirituelle lui est interdite. Même au culte dominical, elle n’est plus capable de suivre ce que dit le prédicateur.. Ne comprenant rien à ce qui se passe en elle, elle s’en ouvre à moi.
Il faudra l’aveu de cette consultation chez le guérisseur et l’abandon des remèdes qu’il avait ordonnés pour que l’intervention du Christ libère Mme R. de sa sécheresse spirituelle et lui rende sa liberté intérieure.
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Après avoir consulté médecins et psychologues, M. et Mme X. viennent me voir accompagnés de leur garçon de quatorze ans. Depuis environ deux ans, ce garçon est devenu bizarre, maniaque. Une singulière manie du reste : celle de la propreté. Elle le poursuit, l’obsède. Prend-il une assiette propre, il ne saurait l’utiliser avant de l’avoir ébouillantée, essuyée avec un linge propre et, ceci, de ses propres mains. Idem avec chacun de ses services de table. Il se lave sans cesse les mains, la bouche, le visage. Mais il recommence l’instant d’après, parce qu’il a le sentiment d’être à nouveau sale. Il refuse de toucher à certains aliments parce que quelqu’un les a eus en mains avant lui. Cette obsession de la propreté le poursuit sur le chemin de l’école à laquelle il ne peut bientôt plus se rendre, car la route qui y mène est semée d’obstacles malpropres. Je pose aux parents une seule question :
— Avez-vous été voir un radiesthésiste ?
Leur réponse négative m’étonne.
— Avez-vous consulté un devin ?
Nouvelle réponse négative. Mais j’insiste…
— Vous êtes absolument certains que votre enfant n’a pas été en contact avec un guérisseur ?
Réflexion de la mère, qui dit soudain :
— En fait, il y a déjà assez longtemps, sur le conseil d’amis, nous avons montré notre fils à quelqu’un qui fait des prières secrètes et impose les mains ! Il l’a fait pour notre enfant.
— Quand cela s’est-il passé ?
— Il y a environ deux ans.
— Et c’est depuis deux ans que votre enfant a commencé à devenir bizarre… Vous n’avez jamais fait ce rapprochement ?
— Nous n’y avons jamais pensé !
Le même jour, le Christ délivra cet enfant du démon qui le harcelait.
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Mme M. est une femme vertueuse, intelligente, de milieu très aisé. Son mari est un homme cultivé. Ils forment un heureux ménage, ont deux enfants. Tout à coup, un torrent déferle sur cette maison. Cette épouse digne, de bonne éducation, semble soudain prise dans un vent de panique. Il lui vient des goûts inattendus. Elle recherche des compagnies vulgaires, des lieux mal famés, mène une vie sexuelle déréglée. Son caractère se transforme lui aussi. Elle était connue comme une femme douce, aimante ; elle devient acerbe, grossière, méchante. Elle fait le vide autour d’elle, se désintéresse de ses enfants, tourmente son mari. Il vient me voir en me disant :
— Je connais mal les évangiles. Mais si je voulais employer leur langage, je dirais de ma femme qu’elle est possédée du démon.
Je l’interroge et finis par découvrir que ce brusque changement dans sa vie coïncide avec des séances qu’elle a eues chez un magnétiseur, qui était en même temps astrologue…
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M. F. est un jeune époux avec deux enfants. C’est un homme sensé, sensible aussi, et respecté de tous. Il a hérité de ses parents une propriété qui se trouve assez loin de chez lui. Sans raison apparente, sinon peut-être par curiosité, il va voir un guérisseur connu surtout comme radiesthésiste. Celui-ci lui fait du bien moralement et physiquement, dit-il. En fait, de l’aveu de tous ceux qui le connaissent d’un peu près, depuis qu’il fréquente cet homme, il a changé complètement de caractère et de genre. Il devient peu à peu un homme énervé, susceptible, agressif, souvent morose, parfois même dépressif. Il rend son entourage malheureux. Ses amis le fuient. Sa femme se plaint à eux. Elle ne le reconnaît plus. Comme ils vivent en séparation de biens, il a liberté d’action quant à ses terrains. Elle constate que cet occultiste a une totale emprise sur son mari. Par le moyen du pendule, sans être jamais allé sur la propriété, il lui indique quels arbres il doit arracher ou conserver, à quel endroit il doit creuser pour avoir de l’eau. Bientôt, il ne prend plus aucune décision sans consulter le radiesthésiste. Finalement, notre homme lui amène ses deux enfants pour qu’ils soient traités. Or l’institutrice se plaint à la mère : depuis quelque temps, l’aîné est devenu paresseux, distrait, presque incapable de suivre un raisonnement. Quant au second, on lui découvre des gestes vicieux.
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M. H. vient s’ouvrir à moi des souffrances qui sont les siennes. Depuis des années, il souffre de dépression. Il a été plusieurs fois au bord du suicide. Son humeur morose a été à charge de tout son entourage qui le fuit manifestement. Je l’interroge sur son passé, sur son hérédité. Aucun des autres membres de sa famille n’a jamais souffert de dépression. Il est le seul. Il précise : « Ça m’a pris alors que j’étais dans la quarantaine. » Au cours de l’entrevue, je découvre que M. H., alors qu’il avait quarante ans, a été appelé au chevet d’un oncle mourant qui lui a confié le « secret » pour guérir une maladie précise. Depuis lors, il pratique avec succès. Il a régulièrement des clients. Mais il est devenu neurasthénique, même suicidaire…
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Mme K. a suivi quelques réunions d’évangélisation. Elle prend la décision de se tourner vers le Christ. Elle veut faire profession de foi chrétienne, mais un obstacle inattendu surgit. Quand elle veut se mettre à genoux pour prier, elle éprouve en elle comme une force contraignante et contraire. Elle ne comprend rien à ce qui lui arrive. Elle lutte, se met finalement à genoux, mais à l’instant où elle veut ouvrir la bouche pour prier, un flot d’injures, d’imprécations passent ses lèvres. Elle en est elle-même apeurée. Elle n’ose plus recommencer. Alors, elle s’essaie à lire la bible et à prier intérieurement, mais à chaque tentative, des pensées et des images obscènes envahissent son esprit. Elle en est à ce point troublée qu’elle se demande si elle va perdre la raison. Désespérée, angoissée, elle me demande une entrevue et, dans les larmes, me raconte ce qui lui arrive.
En reprenant le fil de sa vie passée, on constate qu’elle a toujours été parfaitement saine d’esprit et qu’il a fallu sa décision de conversion à Christ pour que se déchaînent en elle des puissances dont elle ne s’explique ni la présence, ni l’origine. Je fais une enquête et découvre qu’elle a été longtemps en traitement chez un guérisseur.
La délivrance que Christ opéra chez cette femme s’accompagna d’une interdiction d’absorber les remèdes indiqués par le guérisseur. En effet, c’est en coupant court avec ces remèdes que prirent fin les dernières séquelles de cette « maladie » où, une fois de plus, le « pendule » avait joué son rôle.
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Mme B., quoique encore très jeune, souffrait depuis longtemps de fatigues, de langueur. C’est une femme ouverte aux choses spirituelles. Elle a fait plusieurs maladies graves dont elle a peine à se relever, en dépit de soins entendus du médecin. Le père de Madame B. s’est toujours beaucoup intéressé à l’astrologie. C’est lui qui lui envoie un ami guérisseur. Celui-ci vient, fait des passes magnétiques, pose sa main sur les endroits malades. Elle sent le « fluide » l’envahir. Mais le lendemain déjà, sa santé physique s’altère plus gravement encore. Et des manifestations inconnues et inattendues s’emparent de son être psychique. D’abord une angoisse tenace, irraisonnée. Elle était une femme qui priait régulièrement. Elle ne peut plus le faire. Une force contraire crispe ses mains, semble les glacer à chaque fois qu’elle veut les joindre. Elle a l’impression qu’à vouloir les joindre malgré tout, elle mourrait littéralement. De fait, elle s’évanouit à plusieurs reprises. Elle fréquentait l’Eglise. Le pasteur veut venir la voir. Elle ne supporte plus sa présence. Une crise d’angoisse, même de terreur, s’empare d’elle quand il s’approche. Elle aimait beaucoup la nature ; les fleurs lui deviennent insupportables, ont soudain une odeur de mort.
Là encore, le Christ donnera la victoire et délivrera cette femme de la puissance démoniaque qui était entrée en elle.
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On pourrait multiplier les récits rapportant les tourments d’âme et d’esprit par lesquels passent ceux qui sont entrés en contact avec des occultistes. On pourrait citer des hommes ou des femmes qui ont vu leur caractère ou leur vie intérieure s’altérer gravement depuis qu’ils se sont mis à la pratique de l’une ou de l’autre des mancies en vogue actuellement.
Par de nombreux exemples encore, on pourrait montrer que l’occultisme pratiqué ou subi fait perdre tout intérêt et toute saveur à la Parole de Dieu révélée dans l’Ecriture sainte ou la prédication. Ce désintéressement peut aller jusqu’au dégoût.
Ces mêmes constatations pourraient être faites à propos de la vie de prière et de communion fraternelle.
Il y aurait aussi de nombreux exemples à donner des conséquences de l’occultisme dans la vie morale. Combien de vices, de traits de caractère touchant à la méchanceté, à la cruauté, combien d’états mélancoliques, dépressifs, suicidaires, sont à mettre en relation directe avec l’occultisme, qu’il soit d’ordre littéraire ou expérimental. Qui ne se souvient du pouvoir magnétique d’un Hitler subjuguant tous ceux qu’il approchait et auxquels il s’adressait : qui pourrait oublier que cet homme puisait sa « force spirituelle » aux sources du vieil occultisme allemand, et ne décidait rien sans avoir consulté ses astrologues ?
Les vices du caractère ou du comportement ont des causes diverses. Nous voulons nous garder de toute généralisation facile. Mais je suis loin d’être seul à constater l’influence prépondérante de l’occultisme, quand même sont encore très rares aujourd’hui les théologiens et les serviteurs de Dieu qui lui ont porté intérêt.
Dans nos pays de langue française la littérature occultiste surabonde. Elle trouve même une large audience dans nos maisons d’éditions de littérature chrétienne. Mais dans ces librairies, vous cherchez en vain un livre expliquant l’occultisme à la lumière de l’Evangile. Seuls traitent de ce problème quelques rares brochures, généralement méconnues, parce que publiées dans des milieux ecclésiastiques non officiels.
Par contre, la littérature chrétienne allemande et anglaise compte plusieurs ouvrages sur cette question. Le plus connu est certainement celui du Dr Kurt Koch déjà cité : « Seelsorge und Okkultismus ». *
* En 1972, en coédition Emmaüs et Ligue pour la lecture de la Bible, sous le titre : Occultisme et cure d’âme, à paru une traduction française de cet important ouvrage.
L’introduction à ce livre comporte la remarque suivante :
« A notre grand étonnement, dans les heures de cure d’âme, d’innombrables confessions montraient que ceux qui demandaient notre aide, ou bien avaient été en contact d’une manière active avec l’occultisme, ou bien passivement en avaient subi l’influence. Les conséquences étaient chaque fois pareilles : ils avaient obtenu satisfaction sur le plan où ils attendaient quelque chose de l’occultisme, mais en payaient le prix par des difficultés spirituelles et psychiques de toutes sortes : mélancolie, dégoût de l’existence, pensées de suicide, obsessions, tendance à l’irritation, convoitises perverses… »
Et l’auteur de conclure :
« A chaque fois que, par l’occultisme empirique, l’homme franchit les limites que Dieu a mises à de telles pratiques, il atteint peut-être son but mais perd en même temps le plus-grand bien offert à l’homme : la communion avec Dieu. »
Le Dr Koch a établi un fichier de plus de 1500 cas de patients, pratiquant l’occultisme ou victimes de l’occultisme. De l’étude de ces très nombreux exemples, il a tiré des conclusions qu’il nous plaît de citer, car elles confirment et étayent nos propres constatations.
1. Les mêmes symptômes se retrouvent chez tous ceux qui pratiquent l’occultisme ou deviennent les patients des occultistes. On est donc en droit d’établir une relation de cause à effet.
Ces symptômes peuvent être rangés sous sept catégories et caractérisés de la manière suivante :
Après les symptômes, les faits.
2. Beaucoup d’occultistes pratiquants ont une fin tragique : mort violente, suicide, fin lamentable moralement, parfois mentalement. Leur agonie est pénible et tourmentée.
3. Il y a une hérédité occulte. Les capacités (comme la voyance ou la médiumnité) et les troubles qui en résultent se retrouvent jusqu’à la troisième et quatrième génération.
Le Dr Koch établit cette règle à partir d’une observation menée systématiquement avec fiches d’enquêtes et interrogation des patients. Pour ma part, à propos de ce troisième point, je pourrais citer plusieurs cas où manifestement dans la même famille et la même maison, l’hérédité occulte a joué son rôle douloureux. Dans l’un des cas, à l’heure de la délivrance par l’action puissante du Saint-Esprit, le patient a vu sortir de lui les démons hérités de son grand-père et les reconnaissait comme tels, alors qu’il ignorait totalement que puisse exister une hérédité occulte.
Nous ne faisons pas étalage de ces choses pour susciter un intérêt malsain ou donner en passant quelque épisode sensationnel. Nous voulons en toute objectivité entraîner le lecteur à réfléchir avec nous et l’amener à la découverte des réponses que l’Ecriture sainte donne lorsqu’on l’interroge sur la cause profonde de cet ensemble de faits incontestables.
Dans les chapitres précédents, il a été dit et démontré que si la science peut expliquer certains aspects des phénomènes dits occultes, elle ne saurait elle-même nier qu’une part importante d’entre eux échappe à ses explications. Ainsi sommes-nous ramenés à les éclairer à la lumière des enseignements de l’Ecriture. Nous tenons à faire précéder nos commentaires du rappel de certaines vérités élémentaires.
La bible est le seul livre à nous révéler la personne de Satan et des puissances à l’œuvre à ses côtés. Elle montre que tout le problème du mal et de la perdition de l’homme reste lié à la personne même du diable. Car de la Genèse à l’Apocalypse, Satan est présent personnellement. Il s’emploie activement à séduire l’homme, à l’entraîner toujours plus loin dans l’erreur et le mal jusqu’à ce que soit réalisé le comble de la méchanceté dont il est l’inspirateur.. C’est à ce titre du reste qu’il est souvent appelé « le Prince de ce monde » 1 ou « le dieu de ce siècle » 2.
A dire vrai, l’Ecriture est très sobre quant à l’origine du diable. Elle s’attache davantage à nous dévoiler la perfidie de ses intentions et de son œuvre qu’à nous enseigner sur ses origines. Quelques textes cependant 3 font allusion à sa nature céleste.
3 Esaïe 14.12-14 ; Ezéchiel 28.12-14 ; Job 1.6-12 ; Jude 8-9.
Créature unique en son genre, le diable n’est cependant pas un solitaire. A ses côtés, il a d’autres êtres célestes dont les intentions ne sont pas différentes des siennes.
Il y a d’abord les principautés, puis les autorités. Plusieurs textes les mentionnent 4 et désignent sous ce nom les puissances déchues qui, en plein accord avec Satan, cherchent à diriger l’histoire des nations.
4 Ephésiens 6.12 ; 1 Corinthiens 15.24 ; Romains 8.38 ; Colossiens 1.16 ; 2.15.
Il faut nommer ensuite les dominateurs des ténèbres 5. Cette expression, unique dans l’Ecriture sainte, est par contre assez répandue dans la littérature astrologique contemporaine de l’apôtre Paul. Elle désigne les planètes soit comme « dominateurs des mondes célestes », soit comme autorité « déterminant le destin des hommes ». En adjoignant à cette expression un complément caractéristique : dominateur des ténèbres, l’apôtre voulait faire comprendre que le pouvoir de ces créatures trouve à s’exercer partout où l’homme reste étranger à la lumière de la vérité.
Puis viennent les esprits méchants, dits aussi esprits mauvais. Satan n’est pas omniprésent. Il remédie à cette infirmité par l’activité de ces serviteurs obéissants que sont les mauvais esprits et les démons. De nombreux récits de l’Ancien et du Nouveau Testament font état de la personnalité et de l’œuvre redoutable de ces instruments de la puissance des ténèbres. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? La Parole de Dieu ne répond pas en toute clarté à ces questions. Elle parle d’anges déchus, agissant dans les ténèbres, où ils sont gardés comme Satan, pour le jour du jugement 6.
6 Jude 6 ; 2 Pierre 2.4.
Beaucoup de suppositions ont été faites, d’explications données. Une seule chose est à souligner. Puisque Dieu n’a pas jugé nécessaire de nous documenter sur l’origine de ces êtres malfaisants, respectons à notre tour ce silence et gardons-nous d’y ajouter des explications tirées de notre propre imagination. Car toute doctrine ainsi formulée risquerait non seulement d’être purement imaginaire, mais de servir encore la cause des démons. C’est une de leurs activités particulières que de répandre dans ce monde, et dans l’Eglise principalement, de fausses doctrines 7. Combien seraient-ils réjouis de nous voir donner dans ce piège !
Si leur origine n’est pas révélée, la description de leur individualité abonde en détails. Ils ont une réelle personnalité, manifestée dans leurs courts entretiens avec Jésus.
Ils savent parler, ils ont une certaine connaissance 8 de leur propre avenir 9. Il ont des désirs précis 10, sont à même de prendre des décisions réfléchies 11. Ils savent se concerter avec d’autres esprits, au besoin s’organiser pour venir à bout de leurs desseins 12. La présence de Jésus les plonge dans l’angoisse. Ils sont accessibles à la frayeur 13, à la fureur 14. Ils sont doués d’une force extraordinaire 15.
8 Marc 3.11.
10 Matthieu 8.31.
11 Matthieu 12.44.
12 Matthieu 12.45.
13 Luc 8.31.
14 Matthieu 8.28.
15 Marc 1.26 ; 5.4.
Non seulement ils séduisent, égarent, dénaturent, pervertissent leurs victimes, mais ils cherchent à établir en elles leur demeure, à les posséder au point de leur enlever leur réelle personnalité et à la remplacer par la leur. Cette habitation ou possession n’est pas limitée. Ils peuvent accaparer aussi bien la pensée que la volonté, ou les sentiments, ou le corps d’un individu, et y demeurer individuellement ou par millier. Marie de Magdala était au pouvoir de sept d’entre eux 16, alors que le démoniaque de Gadara confessait qu’ils étaient une légion en lui 17.
16 Marc 16.9.
17 Marc 5.9.
Leur présence, plus encore leur pouvoir de possession, s’extériorise par des manifestations précises : certaines infirmités du corps, de l’âme ou de l’esprit, certaines maladies, certains dérèglements de l’intelligence ou des sentiments, suivant le degré de possession ou la partie de l’être qu’ils ont pu soumettre à leur action 18. Il est à noter aussi qu’ils peuvent conférer le don de divination 19.
18 Cf. Matthieu 9.22 ; Marc 9.25 ; Luc 13.10-13.
19 Actes 16.16.
Chaque fois qu’il est question d’eux dans l’Ecriture, leur appellation s’accompagne d’un qualificatif révélateur de leur vraie nature : ils sont dits malins, mauvais, pervers, tourmenteurs, impurs, ce dernier mot étant celui par lequel ils sont le plus souvent désignés. D’un usage très courant dans l’Ecriture, ce mot a plusieurs sens. Il convient de les connaître, car tous peuvent s’appliquer aux esprits mauvais.
L’impureté est d’abord l’état de toute créature séparée de Dieu et en relation avec les puissances néfastes. Dieu est saint, et c’est par rapport à sa sainteté que toute créature en rupture de communion avec lui est impure. Les esprits le sont par suite de leur révolte contre le Créateur et de leur association avec le diable.
L’impureté est aussi un état de fausseté, de duplicité, de fraude. Qui se ressemble s’assemble. Satan est menteur de nature. Il est également mauvais et se plaît à faire souffrir. Ses acolytes ne peuvent que lui ressembler. D’où l’appellation courante : esprits malins, avec la précision qu’ils tourmentent leurs victimes 20.
20 Matthieu 15.22 ; Luc 6.18 ; Actes 5.16.
L’impureté est enfin ce dénominateur commun à toutes les souillures que Jésus dit provenir du cœur de l’homme 21 : l’impudicité, les vices, l’adultère, toutes les formes de méchanceté, l’orgueil, l’envie, la calomnie, la tromperie, le vol, le meurtre, enfin la déraison.
21 Matthieu 15.19.
La bible souligne la puissance expansive de l’impureté 22, C’est dire que tout commerce avec les esprits nous rend participants de leur nature, nous sépare de Dieu, accentue notre méchanceté et notre impureté naturelles.
La révélation est liée à la parole scripturaire. On sait la valeur particulière qu’elle attache aux noms par lesquels elle désigne telle ou telle créature. Le nom révèle la personne, les attributs qui la constituent. Chacun des noms donnés aux puissances des ténèbres est donc instructif.
Satan 23 est un mot hébreu qui signifie adversaire, plus précisément : celui qui conteste, qui accuse, qui calomnie. Il trouve d’autres traductions avec ennemi, adversaire. Ainsi se trouve caractérisé le rôle de Satan vis-à-vis de Dieu, ou alors vis-à-vis de l’homme. Il est par excellence celui qui conteste avec la vérité des faits ou celle de la parole de Dieu.
23 1 Samuel 29.4 ; Matthieu 16.23 ; Marc 8.33.
Diable 24. Mot grec que traduit assez exactement le vieux mot français traversier, c’est-à-dire dirigé de travers. Le diable est celui qui fausse toutes choses, qui tord la vérité. C’est aussi celui qui sépare, disperse, désunit, égare. Malheur à l’homme tombé en son pouvoir.
24 Matthieu 4.1 ; 1 Jean 8.8.
Béelzébuth ou aussi Bahalzébub 25. C’était le surnom, à dessein déformé par les Israélites, d’une fausse divinité païenne qui représentait soit le dieu des mouches malfaisantes, soit le dieu du fumier. Dans un sens ou dans un autre, cette expression caractérise l’action corruptrice, énervante, délétère de Satan.
25 2 Rois 1.2 ; Matthieu 10.25.
Serpent 26. Le choix de ce surnom est, lui aussi, significatif, C’est un animal à la fois prudent et rusé, glissant sans bruit, présent sans que rien ne le signale à l’attention de ses victimes : il fond sur elles à l’improviste ; sa morsure est mortelle. Plusieurs auteurs anciens prétendent qu’il existait autrefois des serpents volants, d’où le nom de dragon que l’Apocalypse donne à Satan. Cette appellation est claire. Il est cet ennemi sournois, malfaisant, agissant dans le ciel et sur la terre, provoquant la souffrance et la mort de ses victimes.
Prince de la puissance de l’air 27. Dans l’épître aux Ephésiens, cette expression vient compléter l’explication que l’apôtre donne de l’état des hommes éloignés de Dieu. Empêtrés dans leurs péchés et ses conséquences néfastes, ils en restent prisonniers. Pourquoi ? Parce que derrière l’emprise du monde, de ses traditions, de ses us et coutumes, il y a l’action mystérieuse mais inévitable du prince des esprits et des démons. L’air, le ciel est sa demeure, son lieu d’action par excellence. Là, il a liberté d’agissement. Là, il s’organise, avec les principautés, les autorités, les dominateurs, les esprits mauvais, et constitue avec eux une véritable puissance, un empire dominant le monde et y maintenant l’homme en état de servilité mortelle. Prince de la puissance de l’air ! Face aux caractéristiques de l’occultisme, ce titre est particulièrement significatif.
27 Ephésiens 2.2.
Prince de ce monde de ténèbres 28 Ce dernier mot est à prendre dans son sens figuré. Satan est par essence celui qui s’enveloppe de mystère, qui redoute le face à face avec le plein jour, avec la lumière dévoilant toute la vérité. L’ignorance lui est profitable. A la faveur de la nuit, la méprise, le déguisement, la supercherie sont ses moyens d’action. Charlatans et magiciens ont de qui tenir !
28 Ephésiens 6.12.
Le tentateur 29. L’Ecriture nous apprend qu’il y a trois grandes tentations pour l’homme. Satan en use dans son dessein de séduction et d’esclavage de l’humanité. Le récit de la chute d’Adam, selon Genèse 3, mieux encore celui de la tentation de Jésus, selon Matthieu 4, nous apporte de précieux renseignements quant à ces trois tentations types.
29 Matthieu 4.8.
La première, ordinaire dans son objet, est en fait des plus subtiles. Après un long jeûne, Jésus a faim. Satan lui propose de décider personnellement, mais dans le consentement à l’ordre qu’il lui donne, de se procurer du pain. En apparence, c’est là chose tout à fait innocente. Il faut le discernement et la vigilance du Christ pour reconnaître dans cette proposition la manœuvre habituelle de Satan de soustraire l’homme à l’autorité et à la dépendance de Dieu, de le pousser à s’approprier de biens, légitimes en soi, mais sans l’accord préalable de la volonté divine. C’est pour repousser la même tentation que, dans la scène de l’arrestation au jardin de Gethsémané, Jésus ordonne à Pierre de remettre son épée au fourreau 30. Qu’il s’agisse de pain ou de tout autre chose — de la guérison, par exemple — l’important n’est pas d’obtenir ce qui nous est proposé même légitimement, mais de laisser Dieu nous le donner, s’il lui plaît de nous l’accorder, à son heure et selon son choix. Satan préfère que ce soit notre choix… ou le sien !
30 Matthieu 26.52.
La seconde tentation n’est pas moins significative. Il propose à Jésus d’étonner le monde par un miracle. En se jetant du haut du temple et en se faisant porter par les anges, il prouvera qu’il est réellement le Fils de Dieu. A l’appui de cette proposition, il va même jusqu’à citer un texte biblique, tout en se gardant bien de le citer dans son entier. Le verset omis révèle justement la défaite de Satan 31.
31 Matthieu 4.6 ; cf. Psaumes 91.11-13.
Jésus est capable de miracle. Son ministère en est jalonné. Mais ceux qu’il accomplit n’ont pas pour dessein d’épater la foule ou de la convaincre faute d’autre moyen. La foi vient de ce qu’on entend et non des miracles qu’on a vus. Ceux-ci confirment la parole et affermissent la foi de ceux qui ont cru à cette parole. Jésus refuse d’user de moyens surnaturels sans référence avec la Parole de Dieu et l’ordre du Créateur. Satan, lui, se plaît à éblouir par des miracles et à égarer dans une fausse crédulité.
La troisième tentation procède de la même habileté. Il n’y est plus question de besoins matériels ou du droit que l’on peut avoir de compter sur le secours de Dieu, mais des prérogatives mêmes de la piété. Faisant appel non aux justes intentions de Jésus, mais aux difficultés que leur réalisation va rencontrer, Satan lui offre la royauté universelle à un prix unique : qu’il reconnaisse la souveraineté diabolique. Donc plus de souffrances, plus de croix à porter, plus de lutte à soutenir, plus de patience à avoir, plus de fidélité à maintenir envers et contre tout. En un instant : « Tout est à toi, si tu m’adores. » C’est une autre sorte de vente à tempérament, celle qu’acceptera, dans un avenir très proche, l’Antichrist annoncé par les prophéties bibliques.
Satan a dévoilé ainsi le fond de ses intentions pieuses et sympathisantes. Il est l’ennemi même de Dieu et de l’homme. Alors, l’appelant par son nom, Jésus le chasse de sa présence.
Menteur et meurtrier 32. C’est en ces termes que Jésus caractérise le malin. Il le désigne comme le corrupteur des hommes, l’ennemi acharné à vouloir leur mort, c’est-à-dire, selon le sens que la bible donne à ce mot, leur séparation éternelle d’avec Dieu. Dieu destine l’homme racheté par Christ à la vie éternelle 33. Le temps de la vie terrestre est utilisé par Dieu pour se révéler à l’homme. C’est ici-bas qu’il l’appelle à choisir de son plein gré la glorieuse destinée qu’il lui offre dans l’obéissance à Jésus-Christ.
32 Jean 8.44.
Satan met tout en œuvre pour obscurcir ce dessein, entraver la marche de ceux qui répondent à cette vocation. Accusations, découragement, épreuves, doutes sont ses armes favorites. Toutes les fois que cela est possible, il s’emploie à abréger la vie des hommes, leur suggère jusqu’à l’obsession de se l’enlever eux-mêmes. C’est pourquoi les paraboles nous le présentent comme celui qui sème l’ivraie au milieu du froment 34, qui enlève du cœur des hommes la bonne semence, de peur qu’ils ne croient et ne soient sauvés. Il aveugle l’intelligence des incrédules afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Evangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu 35.
34 Matthieu 13.39.
35 2 Corinthiens 4.4 et Luc 8.12.
Satan ayant échoué auprès du Maître, s’acharne sur les disciples. C’est lui qui suggère à Judas de livrer Jésus. A l’heure où le traître y consent, d’inspirateur qu’il était, Satan devient possesseur : Il entra en Judas. Ainsi s’expriment les évangiles 36. Si, après son forfait, Judas alla se pendre, on sait qui l’y a poussé. C’est pourquoi Jésus nous met en garde contre les entreprises du diable, nous incite à la prière libératrice : Délivre-nous du Malin (et non pas du Mal comme on le traduit à tort si souvent), et à l’attitude décisive : Soumettez-vous donc à Dieu. Résistez au diable, et il fuira loin de vous 37.
37 Jacques 4.7.
Le lecteur pourrait conclure de ces quelques enseignements que les Saintes Ecritures apportent la révélation d’un gigantesque combat entre deux antagonistes d’égale force, Dieu et le diable, se disputant une royauté à la fois terrestre et céleste.
Rien n’est plus étranger à la révélation biblique. Le diable n’est pas le principe du mal à opposer au principe du bien qu’on appellerait Dieu. Dans les trois personnes une et distinctes du Père, du Fils et du Saint-Esprit, la bible nous révèle le Dieu créateur à qui revient toute puissance dans le ciel et sur la terre. Mais elle nous dévoile dans la personne de Satan et des puissances célestes dénommées autorités, principautés, dominations, esprits mauvais, démons, des créatures différentes des hommes par leur essence, leur possibilité d’action et leur destinée, et capables de se manifester ici-bas.
Autrement dit, Dieu et l’homme ne sont pas seuls à agir dans ce monde. Satan y exerce aussi une activité précise, dans une intention qui fait de lui un ennemi de l’homme et une créature révoltée contre Dieu. Cette activité s’accompagne d’un déploiement de force, de ruse, d’intelligence, en collaboration avec de nombreuses créatures de la même nature et animées des mêmes intentions. Dans son ignorance et sa faiblesse, l’homme se soumet à l’empire de ces puissances. Ainsi le monde entier gît dans le malin. A juste titre, Satan peut s’appeler le « prince de ce monde » 38 ou encore « le dieu de ce siècle » 39, Mais, quelle que soit la puissance de Satan, Dieu reste le tout-puissant, le Seigneur du ciel et de la terre à qui tout est soumis, le diable y compris.
38 Jean 16.11.
Il n’est pas dans notre propos de dire ici pourquoi et pour combien de temps encore le Seigneur laisse au dieu de ce siècle liberté d’agir et d’entraîner ce monde dans « l’abomination de la désolation » 40. Il y a un « mystère de l’iniquité » 41 sur lequel l’étude approfondie de l’Ecriture jette une lumière non pas totale, mais suffisante pour éclairer ce que Dieu veut nous faire connaître momentanément 42
40 Matthieu 24.15.
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Pour comprendre comment l’occultisme doctrinal et empirique devient une arme satanique, il faut encore connaître, à la lumière de la révélation biblique, les intentions du Malin.
Satan poursuit un dessein précis, en vue duquel il se dépense de mille manières. Il prétend usurper à son profit l’honneur et la gloire que l’homme doit rendre au Seigneur. Montrant à Jésus tous les royaumes du monde et leur gloire, il Lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores 43, Telle est son ambition. D’où le déploiement de puissance — et quand cela échouerait — de stratagèmes, d’artifices, de ruses, pour arriver à ses fins. Il faut absolument qu’il détourne l’homme du vrai Dieu et l’amène dans sa dépendance. Son premier acte sur la terre visait ce but. Il l’a atteint. Trompant la confiance de l’homme, usant de mensonges, prétextant d’offrir mieux que ce que Dieu avait donné 44, il a fait de l’homme son serviteur. Car on devient esclave de celui auquel on obéit 45.
43 Matthieu 4.9.
44 Genèse 3.5.
45 Romains 6.16.
Puis, il orchestre un déploiement de forces mauvaises qui font déchoir toujours davantage cette humanité créée à l’image de Dieu. De mille manières, il incite les hommes au mal. Il divise pour mieux régner. Il tisse entre eux des réseaux d’envies, de jalousies, de haines, de tromperies, de méchancetés, qui ne laisseront bientôt dans leur cœur qu’amertume, colère, volonté de vengeance, esprit de revendication. Il les pousse à des actes d’injustice, de cruauté ; il inspire leurs turpitudes. Il les plonge dans la corruption, va jusqu’à leur faire perdre le souvenir de leur propre dignité et de la destinée à laquelle Dieu les appelait en les créant.
Loin de Dieu, livré à ses seules forces, l’homme aveuglé, trompé, n’est bientôt plus qu’un jouet entre les mains de son ennemi. C’en serait fait de lui si Dieu ne venait à son secours.
Ce secours est personnifié d’abord dans l’histoire du peuple juif, par le ministère particulier de ses prophètes, de ses prêtres et de ses rois. L’Ancien Testament nous rapporte cette histoire sainte. Dieu révèle à l’homme son état, en même temps qu’il lui fait connaître la personne de son séducteur. Il lui dévoile son plan de salut auquel il est appelé à collaborer.
Puis c’est le Nouveau Testament. Jésus est l’accomplissement de ce plan rédempteur. En sa personne, Dieu vient au secours de l’humanité déchue. Cette œuvre de délivrance met le Christ aux prises avec Satan lui-même.
Venu pour détruire l’œuvre du diable, Jésus le rencontre face à face 46, lui résiste victorieusement. Apparu comme un simple homme, il met en pratique la parole de Dieu, cette parole dont Adam avait douté et à laquelle il avait désobéi. Dans une chair semblable à la nôtre, il vit concrètement, quotidiennement, une obéissance parfaite et libre. Il manifeste à l’homme qui ne le savait plus, que Dieu est amour, que sa loi est l’expression de cet amour. En Jésus, Satan trouve enfin son maître.
46 Luc 4.1-13.
Au cours de trois ans de ministère, le Christ non seulement dévoile les mensonges de Satan, mais encore vient semer la déroute dans ses plans d’hégémonie universelle. L’usurpateur s’essaie en vain à tenir tête à cette puissance d’amour et de sainteté dont le Christ est animé. Il n’y a pas de puissance contre la vérité. La mort elle-même n’y peut rien. Quand, par amour pour les hommes et par fidélité à Dieu, Jésus accepte la Croix où se livrera l’ultime combat avec Satan et son alliée la Mort, pas plus dans cette heure dernière que dans toutes celles qui avaient précédé, le Malin n’a accès à l’esprit, à l’âme, ou au corps du Christ. Dans le ciel, sur la terre, et jusqu’au plus profond du sépulcre est ainsi rétablie la souveraineté de la Parole de Dieu. Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font… Père, je remets mon esprit entre tes mains. Tout est accompli.
La parfaite obéissance du Christ et sa vie offerte en rançon pour tous les hommes, ont détrôné Satan. Dépouillées les dominations ! Dévoilées publiquement les puissances de mensonge ! Quand, au matin de Pâques, Jésus sort vivant du tombeau, la défaite du prince de ce monde est consommée. Maintenant, on sait qui a dit vrai. Maintenant, on sait qui est Seigneur, à qui appartiennent la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire, la louange, aux siècles des siècles 47.
Mais, plutôt que de se rendre, Satan va s’acharner à reconquérir les positions perdues. Fidèle à lui-même, il mobilise toutes ses ressources, il multiplie miracles, prodiges, déguisements, ruses, contrefaçons. Tout lui sert d’appât, d’instrument. Il mène le combat sur deux fronts. Dans le monde, son effort consiste à garder les positions acquises. Mais c’est l’Eglise qu’à tout prix il doit maintenant atteindre, puisque par elle, par son service obéissant, Dieu maintient allumé à la fois le feu de l’amour divin et celui de la vérité.
Pour atteindre cette Eglise, il importe avant tout d’en saper les fondements. Elle n’en a qu’un seul : Jésus-Christ révélé par le Saint-Esprit dans l’Écriture sainte. C’est là que Satan portera son effort essentiel. Il va multiplier les faux Christ, les faux seigneurs, les faux sauveurs. « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face », disait le premier commandement. Partout où cela est possible, Satan va promouvoir l’idolâtrie, remplacer le culte en esprit et en vérité par une adoration que la foule christianisée adressera à des créatures terrestres — vedettes, chefs d’Etat, mythes idéologiques — mieux encore à des puissances célestes servantes de cet odieux dessein : « culte des anges » 48, adoration des forces de la nature, recherche de puissance surnaturelle. L’occultisme et tout le merveilleux dont il s’accompagne est au service de cette cause.
48 Colossiens 2.18.
C’est le Saint-Esprit qui peut nous conduire dans la vérité et nous entraîner dans une vie selon Dieu. L’œuvre du Saint-Esprit est surnaturelle. Qu’à cela ne tienne ! Satan va se déguiser en ange de lumière et multiplier les séductions. Prodiges, miracles sont aussi en son pouvoir. Il les multipliera pour égarer les foules, tromper les élus eux-mêmes, et les reprendre en mains, si cela était possible 49.
49 Matthieu 24.24.
Cependant, il ne faut pas s’étonner si son effort le plus grand porte encore et toujours sur le dénigrement, la déformation, la mutilation, l’affaiblissement, la mise en doute, l’altération de la Parole de Dieu. A l’heure de la tentation, Jésus déjoue son ennemi en disant : Il est écrit 50. La parole scripturaire est la seule arme que redoute Satan. Dieu est ce qu’il dit, Il accomplit ce qu’Il promet. Satan le sait. D’où sa volonté tenace de porter atteinte, de mille manières et toutes les fois que faire se peut, à cette intégrité de la Parole écrite et pleinement inspirée 51. Dix mille paroles ne lui seront pas de trop s’il peut ainsi obscurcir jusqu’à en fausser complètement le sens, une seule parole de Dieu. Aussi s’intéresse-t-il à toutes les théologies, à toutes les théosophies, à toutes les métaphysiques, à toutes les sciences dites spirituelles dans la mesure où, par elles, il peut promouvoir l’idolâtrie et maintenir son autorité sur l’homme.
50 Matthieu 4.1-11.
51 2 Timothée 3.16.
Ce plan d’hégémonie diabolique une fois dévoilé, plusieurs aspects de l’occultisme montrent aussitôt leur véritable origine. Il faut la dénoncer.