Non au yoga

VI
La parole est aux contradicteurs

C’est l’évidence même : cette comparaison entre christianisme et yoga n’est convaincante que si le lecteur reconnaît l’Ecriture comme une autorité en matière de foi, ce qu’elle a toujours été pour l’Eglise évangélique et réformée, mais ce qu’elle n’est pas nécessairement pour tous ceux qui se disent chrétiens.

A la suite de cette comparaison, il est inévitable que des objections soient faites. Il est important qu’elles soient retenues et examinées. Sinon, le lecteur en viendrait à se demander si cette opposition au yoga n’est pas un parti pris à l’égard de ce qui est peut-être une mode — elle durera ce que durent les engouements passagers — à l’égard aussi de ce qui est peut-être, et quoi qu’il en ait été dit jusqu’ici, un aspect de la vérité. Il vaut donc la peine, en conclusion de cette brève étude, de prolonger certaines lignes de la confrontation opérée plus haut.

Première objection.

Elle est la plus communément formulée par ceux qui, sans rien savoir de précis sur les origines et les buts du yoga, n’en pratiquent que l’aspect « relaxation ». Leur raisonnement est le suivant :

Dans l’existence hyperactive que nous menons, la recherche de calme et de détente jointe à une respiration tranquillisante, ne saurait nuire à personne.

Au premier abord, il n’y a rien à objecter à cette manière de voir.

Il est bien vrai que la plupart des gens pâtissent aujourd’hui de la tension à laquelle les contraignent le rythme du travail, la vigilance incessante au volant et dans la rue, le tintamarre des moteurs et des transistors, ou tout simplement de la vie dans les bâtiments locatifs de nos bruyantes cités.

On constate partout un accroissement des maladies et des accidents imputables à une trop grande fatigue nerveuse.

Une réaction devient urgente et nécessaire. Dans les familles qui en ont les moyens, elle prend la forme de l’évasion vers le chalet ou le « week-end ». D’autres pratiquent le retour à la nature, le camping, les randonnées en forêt ou en montagne, les sports d’été ou d’hiver.

Pourquoi ne pas y ajouter ce qu’on appelle communément la relaxation ?

Elle est des plus recommandables, en effet, et il est important d’en souligner la réelle valeur. Dans la mesure où nous donnons aux mots un sens et un contenu exacts !

En effet, s’il s’agit de relaxation, de détente, d’hygiène médicale selon une technique humaine dépouillée de toute inspiration ou prétention religieuse, ce ne peut être qu’une très bonne chose. Il faut souhaiter, voire conseiller, à beaucoup de nos contemporains excédés de fatigue, de garder ou de retrouver, fût-ce par une gymnastique appropriée, un degré indispensable de disponibilité et de concentration.

Mais — et cette recommandation n’est pas à bien plaire — que ces amateurs ou ces professionnels de la relaxation aient l’honnêteté de dire ce qu’ils font et de l’appeler de son vrai nom. Car dès l’instant où leurs poses ou leur respiration seraient en vérité et si peu que ce soit du yoga — nous nous en expliquerons plus loin — il y aurait alors urgence et nécessité de mettre sérieusement en garde ceux qui le pratiquent.

Deuxième objection.

Elle se retrouve sur les lèvres ou sous la plume de chrétiens, eux aussi sincères et bien intentionnés, qui font le raisonnement suivant :

Bien plus que nous, les Orientaux se sont intéressés à l’homme. Leurs études quasi millénaires sur ce sujet leur ont fait découvrir les mécanismes intérieurs de l’humain et ses possibilités insoupçonnées. Elles ont trouvé des applications dans le karaté, le judo, le jiu-jitsu, la médecine psychosomatique, dans l’acupuncture et même dans la psychanalyse. Le yoga ne pourrait-il pas, dépouillé de sa spiritualité orientale, offrir à la spiritualité chrétienne, les mécanismes de repos et de concentration utilisables par exemple dans la prière, la méditation, et jusque dans la pratique de la guérison ?

C’est une manière de voir qui ne manque ni d’intelligence, ni de clarté. Cependant elle a pour appui une sagesse qui doit davantage à l’homme qu’au Saint-Esprit, davantage à la tradition qu’à la révélation, davantage à la raison qu’à la connaissance biblique. Et il n’y a nul lieu de s’étonner si les chrétiens favorables à une piété revigorée par le yoga se recrutent surtout chez certains catholiques romains et chez des protestants plus soucieux d’humanisme chrétien que de fidélité au Christ de l’Ecriture. C’est en beaucoup d’autres domaines qu’on voit les extrêmes se rencontrer !

Pour le catholicisme officiel encore inchangé aujourd’hui, Dieu est connaissable par une double voie :

D’abord celle qu’il a lui-même tracée en se révélant par le Christ tel que l’Esprit Saint le fait connaître dans l’Ecriture.

Puis, celle de moindre importance, mais pleinement valable et qui a sa source en l’homme : une capacité qui nous resterait, sinon de connaître Dieu, au moins de percevoir qu’il existe ; dans le meilleur cas, nous parviendrions à nous élever un tant soit peu jusqu’à Lui.

Il faut préciser que cette deuxième voie, appelée « théologie naturelle », se rencontre aussi bien chez des théologiens protestants que dans le catholicisme officiel. Elle emprunte l’échelle de la raison. Elle lui est d’un précieux concours pour expliquer, démontrer, justifier, ce que Roland de Pury caractérise comme « les doctrines des pratiques les plus variées et les plus diverses, un amalgame d’une richesse extraordinaire, où chacun trouve ce qu’il faut, choisit ce qui lui convient ». Dans ce catholicisme-là, on admet le purgatoire, la canonisation des saints, l’immaculée conception, les révélations de Notre-Dame de Fatima, la pratique du rosaire, l’intercession de Marie. Après tout — c’est le cas de le dire — qu’est-ce qui empêcherait qu’on y ajoute les « énergies spirituelles » libérées par le yoga ?

Elles sont même d’autant plus intéressantes à utiliser qu’elles ne doivent rien à la raison, et s’offrent à développer les trésors cachés dans le subconscient.

De même que l’intelligence divine vient se greffer sur ce qui reste d’intact dans la raison naturelle, une énergie divine viendrait s’appuyer sur notre Moi fondamental et, par le yoga, en tirerait le meilleur. Et M. J.M. Déchanet, auteur du « yoga chrétien », de déclarer :

« Dieu n’a pas frustré la nature de ces dons, de ces énergies que l’on peut admirer dans l’homme. Non minuit sed sacravit : Il ne l’a pas amoindrie, cette nature, il l’a consacrée !… Le chrétien, c’est tout un monde ! Sans vouloir tout enfermer dans une pâle définition, on peut dire de lui… que c’est un homme dont les énergies viriles sont renforcées et consacrées par une force qui les élève… »

Autrement dit, Dieu trouverait dans le yoga un moyen nouveau — nouveau pour l’Occident — d’assainir la nature, d’épanouir la nature, de christianiser la nature.

Sans aller jusqu’à reprendre ces affirmations à leur compte, bien des protestants qui tiennent pour autant de valeurs spirituelles l’humaine raison, l’humaine expérience, et — aujourd’hui — l’action quelle qu’elle soit, ne renieraient pas cette nouvelle voie « d’épanouissement de la personnalité » et « d’élévation de la vie intérieure ».

Il est du reste intéressant de noter, en passant, que ce synergisme a trouvé, dans le catholicisme, des applications pratiques que les yogins approuveraient volontiers, puisqu’eux-mêmes, avec d’autres mots, s’en réclament. En voici deux exemples :

1. Le geste joint à l’intention consciente et dirigée, matérialise la pensée qui l’anime, dit le yogin.

Quand une sage-femme, même hérétique, baptise un nouveau-né moribond avec l’intention de communiquer à l’enfant la grâce divine dont l’Eglise est dépositaire, cette grâce est communiquée, dit l’Eglise romaine.

2. Pour arriver à la concentration dirigée qui ouvre la porte sur l’Absolu, les yogins empruntent parfois la voie dite de la répétition du nom. Ils enseignent que « répéter le nom n’est pas toujours effectif immédiatement. Quel que soit le nom choisi — Aoum dans l’Inde, Yaveh chez les Hébreux, Seigneur ou Notre Père chez les chrétiens — le fidèle, après avoir parfois attendu longtemps, ressent finalement l’orage mental qui précède l’état de grâce. »

Chez les catholiques romains, les litanies, les chapelets, les rosaires, visent à obtenir le même état.

En fait, cette coopération de l’homme et de Dieu, cette utilisation d’une technique humaine branchée sur un courant divin, ne fait que reprendre à son compte une hérésie bien connue, souvent dénoncée, d’autant plus dangereuse qu’elle est plus subtile.

Dans l’Ecriture, en effet, l’Esprit Saint est « la bonne part », la présence indispensable, celle sans laquelle l’homme est incapable de reconnaître en Jésus-Christ le Seigneur ou même de confesser son nom (Matthieu 16.17 ; 1 Corinthiens 12.3). Seul ce qui est né de l’Esprit — né, et non pas greffé, amélioré, ou sacralisé ! — est vie, vérité, capacité, sainteté (Jean 3.6 ; Romains 8.6). C’est l’Esprit qui nous aide dans notre faiblesse (Romains 8.26). C’est l’Esprit qui crée le désir de connaître Dieu, car, par ses pensées et ses œuvres, l’homme est ennemi de Dieu (Colossiens 1.21). C’est l’Esprit seul qui connaît la pensée du Seigneur et la révèle à notre entendement (1 Corinthiens 2.10). Car, de nature, nous tournons en rond dans la vanité de nos pensées ; notre intelligence est obscurcie ; nous sommes étrangers à la vie de Dieu (Ephésiens 4.17-18). Sans l’Esprit, il n’y a ni révélations, ni convictions (Jean 16.8, 13, 14).

Serait-ce qu’au gré de certains, l’Esprit ait manifesté quelque insuffisance ? Ces novateurs semblent le croire !

Pour eux, le fait est là, patent, démonstratif : un nouveau chemin est tracé à la spiritualité occidentale. Pour s’ouvrir devant le pécheur, la porte de la grâce n’a plus besoin de l’œuvre de l’Esprit Saint ; elle tourne maintenant toute seule, sur les gonds de la nature huilée par le yoga ! Quant à la porte de l’amour pour Christ et pour le prochain, elle aussi s’ouvre maintenant sans bruit, grâce à la clé des poses et de la respiration.

Christ n’est plus le Sauveur qui a dû faire tout le chemin jusqu’à nous, par sa mort et sa résurrection accomplir notre rédemption parfaitement et une fois pour toutes. Il a sans doute imaginé que c’était nécessaire ; par ignorance, ou peut-être sous l’effet d’un trop grand dévouement. Il ne connaissait pas le yoga et ses possibilités !

Grâce à elles, l’homme est sur le chemin d’un étonnant progrès. Aujourd’hui, pour goûter à une authentique communion avec Dieu, pour marcher dans la voie de la sanctification, il n’est plus besoin ni de la rédemption, ni de la communication du Saint-Esprit. Celles-ci ont été avantageusement remplacées par ce qui en tient lieu : le yoga.

Je n’exagère rien ni ne me plais à de la caricature. Citons une dernière fois l’auteur du « yoga chrétien » en dix leçons :

« Je voulais, tout en restant authentiquement chrétien, essayer de me « réaliser », grâce au yoga, face au Dieu personnel, au Dieu vivant, au Dieu de la révélation et de la Bible. Rarement nous essayons de mettre au service de la portion la plus noble de notre être — notre cœur, notre esprit — les forces de notre corps et les trouvailles de notre raison. Or, il m’a paru tout de suite que les exercices du yoga (postures et contrôle du souffle) et la pratique d’une certaine concentration, aidaient l’homme à faire en lui la synthèse de ses « trois » ; à se « joindre », à être lui-même, face au Dieu qui l’a créé et qui l’attire sans fin. Il m’a paru que les exercices du yoga créent en nous un certain silence, favorable à la contemplation, à l’approche de Dieu, au contact personnel avec les Personnes divines. Il suffisait de bien fixer sa visée, de l’inscrire au centre d’un idéal foncièrement chrétien et de choisir entre tous les exercices yogiques ceux qui pourraient la favoriser. »

M. J.M. Déchanet pourrait valablement objecter que cette citation, privée de son contexte, déforme sa pensée. En pratiquant le yoga et en l’enseignant comme un exercice facilitant la spiritualité, il n’avait nulle intention d’exclure ou d’atténuer la nécessité de la rédemption. Il pensait non à s’élever, mais à se préparer à l’action de Dieu.

La loyauté de cet auteur n’est ici pas mise en cause, mais bien le résultat de sa généreuse intention.

Il faut reconnaître que la meilleure des bonnes intentions, quand il s’agit du yoga, se trouve aussitôt compromise et dénaturée. En effet, la technique même du yoga comporte un temps de vide intérieur, de passivité, conduisant à « l’intuition pure » selon le langage propre à l’occultisme.

Cette expression recouvre une réalité moins alléchante. Dans ce monde soumis à des puissances surnaturelles — ennemies selon l’Ecriture — l’intuition pure et consentante n’ouvre pas la porte à l’Esprit Saint, mais à son contraire. Quand donc, par des exercices appropriés, on croit se maintenir sur le strict plan psychosomatique tout en se facilitant à soi-même l’accès à la rédemption, on aboutit intuitivement, c’est le cas de le dire, à un mélange fatal : celui de la spiritualité hindouiste et de la spiritualité chrétienne. Ce syncrétisme involontaire et peut-être inconscient, est finalement une annulation de la grâce et de la rédemption. En théorie, on les tient tou- jours pour nécessaires, en pratique on leur substitue un salut par les œuvres dont le yoga est l’un des instruments. Cela dit, il reste entendu qu’il n’est nullement interdit au chrétien — bien au contraire — de s’astreindre à la discipline d’horaire, de prières, de méditation, de sobriété en beaucoup de domaines, en bref, tout ce qui met le corps, l’âme et l’esprit dans une condition favorable à l’accueil de la grâce de Dieu. Il serait absurde de s’y soustraire par crainte des analogies possibles avec certaines pratiques yogiques. Si le Saint-Esprit ne requiert pas notre pouvoir, il fait appel à notre vouloir, et à notre vouloir intelligent.

Troisième objection.

Elle aussi se trouve sur les lèvres ou sous la plume de gens sincères, qui se réclament d’un certain christianisme, mais accommodé et assaisonné de beaucoup d’autres choses. Voici un condensé de leurs propos :

Pourquoi dites-vous que Dieu ne parle qu’au travers du Christ ? Pourquoi limiter à ce seul personnage la vérité sur toutes choses ? Que Christ ait existé, personne ne peut le nier. Qu’il ait dit des choses remarquables, et parmi Les plus belles qui aient jamais été prononcées, c’est encore vrai. Mais pourquoi faudrait-il, à cause de lui, se priver de tout ce que d’autres ont dit, ont fait, ou font encore ? Car, contrairement à ce que vous prétendez, il n’est pas le seul. A preuve, les autres religions. Car rien n’empêche de croire que Dieu ait pu se manifester à d’autres hommes, par exemple aux Indes ou ailleurs…

Les autres religions ont pris d’autres formes, parce que les hommes sont différents. Chacun revêt l’habit qui lui convient.

Prenez intérêt au message du Christ si ça vous fait plaisir ; mais souvenez-vous que les autres peuples n’ont pas à se conformer à cet unique message-là. C’est du reste eux, souvent, qui pourraient nous enseigner. Voyez les Hindous ! Ils ont un grand respect pour les autres ; ils ne connaissent pas cette étroitesse d’esprit des chrétiens qui prétendent toujours détenir, à eux seuls, la vérité.

Et pourquoi les Juifs seraient-ils le peuple élu ? Pourquoi Dieu les aurait-ils choisis, eux, les Juifs ?…

L’idéal, c’est que chacun respecte la forme de pensée et de religion des autres, dans une grande largesse d’esprit, de compréhension, d’amour. Du reste, même Jésus a dû en venir là. Il doit avoir étudié l’hindouisme et s’en être inspiré. Car la comparaison entre religion hindoue et religion chrétienne laisse apparaître certaines ressemblances. Elles ne sont pas le fruit du hasard. On peut se demander ce que le Christ a fait jusqu’à l’âge de 30 ans. Il a peut-être été aux Indes…

Dieu, il est partout. Il est en tous. Il est en nous. Il suffit pour le trouver, de se recueillir, de rentrer en nous-même, de faire silence. Pourquoi chercher en dehors de nous ce que nous avons en nous ? Nous possédons tout en nous-même. Il suffit d’observer certaines règles : tranquillité, détente, concentration. Le yoga est un merveilleux moyen. Pourquoi faudrait-il le Christ ? Nous avons pas besoin de cet intermédiaire. Vouloir imposer aux autres la religion chrétienne, c’est faire œuvre d’intolérance, c’est faire preuve d’une folle prétention et d’un détestable esprit sectaire.

Y a-t-il lieu de nous excuser de faire ainsi large place à ces propos généreux dans leur volonté de tolérance ? De fait, ils cachent une grande ignorance. Elle n’a d’égale que la candeur de ceux qui se laissent impressionner par ces paroles. En effet, ceux qui plaident ainsi la largesse d’esprit et la compréhension ont-ils jamais ouvert une Bible ?

Ont-ils réfléchi à ce qu’elle dévoile quant à l’élection du peuple juif, quant à la personne du Christ, quant à sa préexistence « avant la fondation du monde », quant à la nécessité de son incarnation, de sa mort, de sa résurrection, de son retour ?

Alors qu’ils sont prêts à reconnaître l’extraordinaire de sa Parole, en vérité ont-ils jamais écouté ce qu’il déclare au sujet de lui-même, de sa mission, de sa médiation, de homme, du monde, de l’accueil qu’y trouvera son Evangile, de l’histoire de l’Eglise, de l’histoire des nations et de leurs religions ?

Ont-ils pris au sérieux les avertissements de l’Ecriture quant à l’apostasie généralisée vers laquelle s’oriente un christianisme édulcoré, tronqué de tout ce qu’il plaît aux hommes de soustraire, de fausser, d’arranger, à leur fantaisie, à leur préférence, au point que dans les derniers temps, la foi aura quasiment disparu et sera remplacée par la religion, une religion dont la tour de Babel tient lieu de symbole ?

A Babel, ce n’est pas Dieu qui se révèle aux hommes, c’est l’homme qui s’élève jusqu’à Dieu, par décision personnelle, à la force du poignet, peut-être déjà par la respiration, les poses, la concentration, en tout cas par le moyen d’une religion conforme à ses goûts, à ses idées, à ses aspirations, sans l’aide du Christ er de l’Esprit Saint.

Il est dommage que ces personnes dépouillées de sectarisme, larges d’esprit, respectueuses de la pensée d’autrui, pleines de compréhension pour la religion des autres, en manifestent si peu envers le Christ lui-même, tel que le révèle la Parole biblique.

La Bible lue avec plus d’attention et d’humilité, elles découvriraient la mesure de leur ignorance, de leur aveuglement spirituel, de leur idolâtrie aussi. C’est ainsi, en effet, que l’Ecriture qualifie toute religion, toute volonté humaine de s’élever jusqu’à Dieu et de s’égaler à lui, dans un tête-à-tête où l’homme, avec largesse d’esprit peut-être mais avec quelle naïve prétention, se prend lui-même pour l’égal de Dieu, si ce n’est pour Dieu lui-même !

Elles découvriraient enfin que cette voie d’épanouissement, ce syncrétisme spirituel, aboutit à une religion universelle, qui n’est plus celle du Christ, c’est-à-dire du Dieu fait homme, mais celle de l’Antichrist, c’est-à-dire de l’homme fait Dieu. Et le yoga y contribue sans aucun doute.

Mais la question reste posée.

Comment se fait-il que la majorité de nos contemporains, pourtant d’éducation et de culture chrétiennes, se détournent si facilement du christianisme et avec empressement emboîtent le pas derrière les spiritualités orientales ?

L’ignorance évoquée ci-dessus n’explique pas tout. Il faut y ajouter, en effet, l’insatisfaction profonde d’une multitude dont le Christ dirait aujourd’hui ce qu’il en disait au premier siècle : Il avait compassion d’une foule affamée, languissante, versatile, parce que privée de vrais bergers !

On parle beaucoup du matérialisme occidental. Ceux qui le dénoncent ne voient pas toujours qu’ils en sont peut-être les premiers propagandistes. Car le christianisme qu’on oppose au matérialisme n’en est parfois que la contrefaçon.

L’Evangile que l’on prêche n’est-il pas souvent vidé de sa substance vive au profit d’un rationalisme tout puissant ou d’un ritualisme purement extérieur ?

Dans de tels pâturages, les brebis ne peuvent que dépérir ! Rien d’étonnant si elles se trouvent alors attirées par l’hindouisme. Il se présente à elles sous les apparences alléchantes que l’on sait, rehaussées par son principal attrait : le mystère dont elles s’accompagnent.

Tant de nos contemporains croient que la foi chrétienne n’est que dogmatisme, légalisme, moralisme et savoir biblique. Ils aspirent à autre chose et vont le chercher là où il leur est assuré qu’ils le trouveront.

Regrettablement — à qui la faute ? — ils ignorent que leurs aspirations vers le haut, leur faim et leur soif d’une vraie liberté, leur attirance vers ce dépassement d’elles-mêmes et de leur douloureuse condition, trouveraient dans la communion du Christ vivant son total accomplissement. Car il n’est au pouvoir d’aucune science, ni philosophie, ni religion — parce qu’il n’est au pouvoir d’aucun homme — d’éclairer le mystère de l’existence et de l’au-delà. Seule une ignorance fondamentale de l’Evangile du Christ le ramène au rang d’un savoir à enrichir par l’apport d’autres religions et les découvertes d’une intuition à la remorque de l’ésotérisme.

Non, la foi chrétienne n’a pas été enrichie par qui que ce soit. Elle n’est pas d’abord un savoir biblique, une morale et un système dogmatique ; par la seule bonté de Dieu et par sa seule décision, elle est non pas une religion, mais une révélation ; soit aussi, comme l’écrit le théologien genevois J. de Senarclens, « une percée vers le vrai mystère qui est la plénitude du Christ et la communion réelle avec Dieu lui-même, mais une percée que Dieu lui-même opère dans le Christ Jésus tel que l’Esprit Saint le révèle par la seule Ecriture. »

Quatrième objection.

Elle est peut-être la plus sérieuse, en tout cas la plus réfléchie. Et il importe de la prendre en considération et d’y donner claire réponse, sous peine de passer à notre tour pour un ignorant, sinon un aveugle volontaire.

Qu’il s’agisse du yoga le plus élémentaire ou du yoga royal auquel aboutissent les poses, la respiration contrôlée et finalement l’intégration, il est impossible de nier que ce cheminement mène à un but et s’accompagne d’expériences qui n’ont rien à voir avec l’imagination ou l’affabulation. On ne peut mettre en doute la loyauté des Maîtres, ni celle des yogins, nous faisant part de leurs découvertes, de leurs connaissances, fruits d’une expérience de longue haleine et sans cesse renouvelée. Et toutes comportent la pratique du yoga.

Outre la pluralité des expériences, il y a une évidente parenté entre les religions dont elles s’inspirent, qu’il s’agisse des écrits sacrés des Vedas, du Taoïsme, du Mazdéisme, d’écrits plus récents des moines bouddhistes ou des Maîtres yogins d’aujourd’hui. Il faut admettre aussi cette analogie entre ces religions et certaines affirmations de la morale chrétienne.

Enfin, il est difficile de nier que les expériences mystiques des yogins aient un contenu réel. Ils ont éprouvé l’état de grâce auquel ils parviennent. Si leurs poses et respirations n’étaient que cheminement vers l’illusion, la supercherie du procédé ne tarderait pas à être démasquée. Or, c’est le contraire qui apparaît à tout lecteur attentif et impartial.

La multiplicité des récits est donc un témoignage de la multiplicité des expérimentateurs. Et la concordance des témoignages parle en faveur de l’authenticité des expériences.

Conclusion qu’en tirent les objecteurs : Tous les chemins mènent à… Dieu, sinon à Rome.

Le yoga est un de ces chemins. Nombreux sont-ils à l’avoir emprunté et ils n’en ont nullement été déçus. Au contraire.

Donc, le yoga est un chemin de salut à côté de beaucoup d’autres. En tout cas, il n’y a aucun risque à en parcourir — ne serait-ce par curiosité — l’une ou l’autre des étapes qu’il propose.

Il faut avouer que sur une telle lancée, il est difficile de ne pas être ébloui, peut-être même circonvenu.

Que le commun des mortels, peu au courant de certains aspects de la révélation biblique, se laisse impressionner et, tête baissée, fonce dans ces moulins prometteurs de grains, il n’y a rien d’étonnant. Mais que des théologiens se laissent, eux aussi, emporter dans ce mouvement, qu’ils l’attribuent à l’Esprit, le recommandent à leurs ouailles, cela laisse quelque peu songeur.

Mais ce qui laisse plus songeur encore, c’est la lecture de leurs explications. Car ils en donnent. Les voici, résumées :

Ils partent du fait qu’un des noms par lequel Dieu est désigné dans la Bible (Elohim) serait un pluriel. Ils déclarent, sans l’ombre d’une hésitation, que ce mot veut dire : les Forces ou les Dieux.

Soit dit en passant, cette interprétation du mot Elohim est contestée, en tout cas nullement confirmée, par exemple par Genèse 1. Et quand elle aurait pour appui certains textes, ce pluriel pourrait avoir un tout autre sens et caractériser, par exemple, ou bien la trinité, ou bien — pluriel d’excellence — les perfections divines.

Ces quelques divergences d’interprétations seraient sans gravité si elles n’engendraient certaines conséquences. Car voici ce que des théologiens en déduisent :

Dieu étant appelé « les Forces », eh bien ! Allah est une Force qui s’est manifestée à Mohammed, Brahma, Çiva, Vichnou, sont trois des Forces par lesquelles Dieu s’est fait connaître aux Hindous. Le Tao était la Force agissant en Chine, etc. etc. Ainsi, les divinités présentes dans les différentes religions ne sont que « des Forces partielles, des aspects, des fragments, des particules de Dieu qui les comprend toutes, en les dépassant infiniment. Dieu est à l’origine de ces révélations partielles ; non pas Dieu dans sa plénitude, mais seulement dans une fraction de son Etre. Car la plénitude, concluent-ils, c’est la Bible qui l’apporte. »

Traduction : il y a la bougie, il y a l’ampoule électrique, il y a le néon, et il y a le soleil. Rien ne vaut le soleil, bien sûr. Il comprend et dépasse toutes les lumières. Mais toute lumière, et d’où qu’elle vienne, est à prendre en considération. Il convient donc de garder un esprit ouvert et d’être attentif à ce que nous apportent, à côté de la Bible, les autres livres sacrés. Par la Bible nous connaissons le soleil qu’est Jésus-Christ ; mais il convient de nous réjouir aussi des lumières des autres religions.


♦   ♦

En dépit des apparences, ce raisonnement n’explique rien du tout.

Certes, sur le plan de la morale, s’éclairent les ressemblances qu’on trouve entre le christianisme et les autres religions. Quant aux expériences mystiques des yogins — les miracles à leur actif, les phénomènes surnaturels dont s’accompagne leur exploration du Moi intérieur, les pouvoirs qu’ils y découvrent — elles trouvent, par le biais de cette curieuse théologie, un commun dénominateur : le contexte divin.

En tout cas, les yogins l’affirment et nous le font savoir. En voulez-vous des exemples ?

« Les grands maîtres de l’Inde modèlent leur vie sur le même idéal divin qui anima Jésus ; ces hommes sont vraiment ses frères d’élection, selon la Parole : « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère ». Affranchis, seigneurs d’eux-mêmes, les yogins-christ de l’Inde participent à l’immortelle confrérie de ceux qui ont atteint la connaissance libératrice du Père unique. »

En d’autres mots, Jésus était un yogin. Il a du reste des émules aussi qualifiés que lui. Jugez en plutôt :

« Dans la journée du 19 juin 1936, je méditais dans ma chambre d’hôtel, lorsqu’une clarté irréelle me tira de mon recueillement… Eperdu d’extase, je contemplais Sri Yokreswar lui-même, en chair et en os !

— Mon fils !

Le Maître parlait doucement, un divin sourire éclairant son visage angélique.

— Maître, est-ce vraiment vous, le lion de Dieu ?

— Oui, mon fils, je le suis en personne. Ceci est mon corps de chair et de sang. Il paraît éthéré aux yeux de mon esprit, mais pour toi, il est bien matériel. J’ai tissé d’atomes cosmiques un corps entièrement nouveau. En vérité, je suis ressuscité, non pas sur terre, mais dans une planète de l’astral… Là-bas, toi et ceux que tu aimes iront un jour me rejoindre.

— Immortel guru, racontez-moi tout !

— De même que les prophètes ont pour mission d’aider l’humanité à racheter leur Karma (destin ou malédiction) physique, ainsi Dieu m’a confié dans le monde supérieur la mission de Sauveur. Ma tâche est d’aider les êtres évolués à expier leur Karma astral, s’affranchissant ainsi de la chaîne des renaissances… »

Que des « Maîtres » opèrent ce mélange entre réincarnation et résurrection, entre Jésus et Vichnou, entre la Bible et les Vedas, il n’y a pas à s’en étonner.

Mais que des théologiens puissent y consentir et, à leur tour, nous expliquer que Dieu est à l’origine de ces diverses révélations, qu’ils puissent placer sur un même plan le surnaturel hindou et le surnaturel chrétien, c’est à douter, non de leur science des rapprochements et de leur goût pour un syncrétisme universaliste, mais de leur théologie biblique, de leur ministère de docteur donné par le Christ, Seigneur de l’Eglise (Ephésiens 4.10-11).

En effet, qu’il y ait des Forces à l’œuvre en ce monde, et qu’Elohim puisse être traduit :   le Dieu des Forces », la Bible le dit à qui veut l’entendre. Mais elle accompagne cette révélation de précisions et d’avertissements d’autant plus importants à relever qu’ils apportent à cette quatrième objection une claire réponse.

Selon la cosmogonie biblique, ce monde est effectivement régi par des Dominations, des Principautés, puis- sances spirituelles célestes aux pouvoirs tout à fait extraordinaires, surnaturels et surhumains (cf. Ephésiens 6.12 ; Colossiens 2.15 ; Romains 8.38-39 ; 1 Corinthiens 15.24).

Ces « Forces » ou « Puissances angéliques » président à la vie sociale, politique, mais aussi et surtout religieuse des nations. Elles inspirent les idéologies politiques, patriotiques, racistes, artistiques, d’hier et d’aujourd’hui. Elles sont à l’arrière plan de toute expérience mystique que feraient les hommes de toute religion non chrétienne.

Mais, pour authentiques qu’elles soient, ces expériences n’apportent pas à leurs bénéficiaires une connaissance digne d’intérêt. Selon Colossiens 2.8 et 20, par exemple, la doctrine religieuse qu’on pourrait établir sur la base d’expériences où les Principautés célestes sont en cause, est qualifiée de « creuse duperie » ressortissant « au monde des ténèbres ».

Ailleurs (Galates 4.3 et 9 ; 1 Corinthiens 4.9), Paul déclare que ces Puissances sont les « rudiments » ou « éléments du monde ». Par ces deux termes, d’une part il révèle « la radicale infériorité des Puissances célestes par rapport au Christ » ; d’autre part, il souligne « leur action prédominante dans la vie et la destinée du monde ». C’est à cause d’elles et par elles que le monde est ce qu’il est. C’est pourquoi elles sont condamnées avec le monde et désignées au nombre « des esprits méchants dans les lieux célestes (Ephésiens 6.12) ».

La venue de Jésus-Christ a bouleversé fondamentalement l’état de faits qui existait sous l’hégémonie des Principautés célestes. Elles ont été détrônées, de même que Satan, avec lequel elles œuvrent de connivence. D’où leur hostilité envers Christ, son Eglise, son Royaume. Certes, elles continuent à exercer leur pouvoir sur tous ceux qui refusent de reconnaître la seigneurie du Christ ; cependant, leur champ d’action reste limité et totalement soumis à la souveraineté du Seigneur (Colossiens 1.17 et Ephésiens 1.21). En lui, et en lui seul — il faut le souligner ici — habite « la plénitude entière de la divinité » (Colossiens 2.9).

Ce que confirme l’ensemble de l’Ecriture : Jésus est le chemin, la vérité, la vie. La révélation qu’il apporte a un caractère d’absolu et il n’y a aucune commune mesure entre lui et ce qui était avant lui. Il n’y a même pas la commune mesure existant entre l’ombre et la réalité.

Quand l’épître aux Hébreux (8.5 et 10.1) présente l’histoire et la religion du peuple juif comme une préparation à la révélation évangélique, elle attribue ce fait à une libre et souveraine décision de Dieu. Et encore cela n’apparaît-il que parce qu’il plaît à Dieu de nous le montrer par l’Ecriture et à la lumière du Saint-Esprit. Cette entière plénitude de la divinité qui est en Christ « exclut rigoureusement jusqu’à la possibilité d’une révélation en dehors de Christ » (Ch. Masson dans son com- mentaire de l’épître aux Colossiens), ce qui est la certitude de tout chrétien évangélique.

C’est pourquoi, toute connaissance, toute sagesse, toute directive, toute pratique qui serait directement ou indirectement inspirée d’une doctrine, d’une expérience, d’une mystique religieuse — religieuse par opposition à chrétienne — est irrecevable pour un chrétien.

Cela ne signifie pas pour autant que les Principautés se tiennent pour obligées au silence et à l’inactivité. Bien au contraire. Et à cet égard, les enseignements de l’Ecriture offrent toute clarté à qui veut bien prendre la peine d’écouter.

Dès les premières pages de la Bible, nous sommes placés devant le mystère de l’iniquité dont Paul entretient les Thessaloniciens (2 Thessaloniciens 2.7). Au cœur de ce mystère, il y a l’apparition de celui qui est appelé l’Antichrist, dont la venue est préparée par une religiosité, des doctrines, des pratiques, des spiritualités, fondamentalement différentes de l’Evangile, alors qu’elles en prennent les apparences.

Car l’Antichrist ne peut prétendre à l’universalité de son règne que dans la mesure où, sur les plans politiques, économiques, sociaux, mais aussi religieux, il détient le pouvoir. Ce à quoi il travaille. A cet effet, aujourd’hui plus que jamais, il dispose de moyens puissants, éblouissants ; leur pouvoir attractif est d’une telle force que Jésus prend la peine d’avertir les siens : « Il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes ; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus » (Matthieu 24.24).

Paul l’apôtre avertit à son tour :

« Que personne ne vous séduise d’aucune manière ; car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu, de tout ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu… L’apparition de cet impie se fera par la puissance de Satan avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Aussi Dieu leur envoie une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge. » (2 Thessaloniciens 2.3 et 4, 9 à 11).

« Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, car il y à un seul Dieu et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. C’est là le témoignage rendu en son propre temps, et pour lequel j’ai été établi prédicateur et apôtre — je dis la vérité, je ne mens pas — chargé d’instruire les païens dans la foi et la vérité » (1 Timothée 2.4-7).

La vérité peut-elle être plus clairement exprimée :

« Il y un seul médiateur entre Dieu et les hommes… » Un seul !

Que les hommes, à partir de leurs idées personnelles et dans leurs tâtonnements, se représentent la divinité et la déclarent telle qu’ils l’ont imaginée, ce fut de tout temps. Paul le dit aux Romains ; mais il ne le dit pas à la manière d’une certaine théologie d’hier et d’aujourd’hui. Ce « tâtonnement » des hommes (Actes 17.27) est, par lui, qualifié d’égarement de la pensée, d’élucubration inintelligente d’êtres plongés dans les ténèbres (Romains 1.21).

Au reste, l’Ancien Testament ne cache nullement que la religion des nations soit un culte rendu aux « armées célestes », et Paul met en garde les Colossiens (2.18-23) contre ce qu’il appelle « le culte des anges », qui n’est rien moins que cette communion mystique avec les puissances angéliques. Il ne nie pas qu’un cel culte puisse s’accompagner de visions et d’une sagesse séduisante : Mais il oppose à cette mystique et à la sagesse dont elle s’accompagne — mystique et sagesse réservées à des « initiés » (il emprunte ce terme aux religions de son époque, cf. 1 Corinthiens 2.6-9) — « ce que l’œil n’a point vu, ce que l’oreille n’a point entendu, ce qui n’est monté du cœur d’aucun homme, la sagesse de Dieu », révélation de la plénitude de Christ. Et il dit, sans équivoque possible, que personne en ce monde n’en a connaissance, à moins qu’il plaise à l’Esprit Saint (à ne confondre ni avec la raison humaine, ni avec le subconscient intuitif, ni avec les Principautés angéliques !) de le révéler à l’homme. « Personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu » (1 Corinthiens 2.11).

Alors, il faut choisir.

Qui nous égare ?

Le Christ ? Les apôtres ? La Bible ?

Ou bien ceux qui, naïvement impressionnés par les expériences et les enseignements des yogins, s’érigent en docteurs chrétiens ?

Ils connaissent le clair enseignement de l’Ecriture, l’unique médiation du Christ, par conséquent l’unique révélation de Dieu aux hommes. Ils auraient à instruire les païens dans la foi et la vérité.

Eh bien, non ! ils leur laissent entendre, en même temps qu’ils nous l’enseignent, que par la médiation des gurus, des Maîtres, des yogins, des poses, des respirations, de l’exploration du cosmos intérieur, il y a aussi une révélation !

Aux lecteurs de décider à qui ils vont faire confiance.

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