Un ami chez qui je logeais un jour, réclama la bénédiction d’un cœur pur et en rendit témoignage le lendemain à la table du déjeuner. Il avoua qu’il avait longtemps douté de la possibilité d’une telle expérience, mais il ajouta que depuis qu’il fréquentait l’Armée du Salut, il avait été conduit à étudier la Bible et à observer la vie de ceux qui professent y croire et qu’il en était venu à cette conclusion qu’il ne pouvait servir Dieu d’une manière qui lui soit agréable sans la sainteté du cœur. Mais la difficulté était d’arriver au point où il l’obtiendrait par la foi. Il dit qu’il s’était attendu à la recevoir un jour, il avait espéré qu’il en serait ainsi, il avait anticipé le moment où il serait pur, mais il avait enfin compris qu’il devait la réclamer immédiatement et à ce moment précis commença pour lui le combat de la foi. Il saisit une partie de la promesse, tandis que le diable l’empêchait de saisir l’autre. Ils entrèrent alors en lutte s’efforçant tous deux de s’assurer la victoire sur-le-champ.
Le diable l’avait jusque-là souvent remportée, mais parvenu à ce point, cet homme ne voulut pas abandonner sa confiance ; il vint hardiment au trône de grâce, obtint miséricorde et trouva le secours au temps convenable. Le diable fut vaincu par la foi ; ce frère reçut la bénédiction d’un cœur pur, et ce matin-là il put me dire : « La nuit dernière Dieu m’a rempli du Saint-Esprit » ; la joyeuse intonation de sa voix et le rayonnement de son visage assuraient la réalité de ses paroles.
La dernière chose que l’âme doit abandonner lorsqu’elle recherche le salut ou la sanctification, c’est un cœur mauvais et incrédule. C’est la forteresse de Satan. Vous pourrez le chasser de tous ses avant-postes sans qu’il s’en inquiète ; mais si vous attaquez cette citadelle-là, il résistera avec tous les mensonges et tous les artifices dont il peut disposer. Peu lui importe qu’on renonce au péché extérieur. Un pécheur aux dehors respectables fera son affaire tout aussi bien que le pécheur plus décrié. En réalité, je ne suis pas sûr que certaines personnes ne soient pires que le diable le désirerait, car elles sont une mauvaise recommandation pour lui.
Peu lui importe qu’un homme garde l’espoir du salut et de la pureté ; à vrai dire je le suspecte fort d’aimer qu’il en soit ainsi, s’il peut seulement obtenir que cet homme en reste là. Mais qu’une pauvre âme vienne à dire : C’est maintenant que je veux avoir l’assurance de mon salut ; c’est maintenant qu’il me faut obtenir cette bénédiction ; je ne puis vivre plus longtemps sans le témoignage rendu par l’Esprit que Jésus me sauve maintenant et qu’Il me purifie maintenant, aussitôt le diable se met à rugir, à mentir et à employer toutes les ruses pour tromper l’âme et la pousser dans un chemin détourné, ou la bercer et l’endormir par une promesse de victoire future. C’est ici que le diable commence véritablement son œuvre. Beaucoup de gens prétendent qu’ils luttent contre le diable tout en ignorant ce que cela veut dire : combattre le diable. C’est un combat de la foi dans lequel l’âme s’empare de la promesse de Dieu, s’y cramponne, et y croit en dépit de tous les mensonges de l’ennemi, en dépit de toutes les circonstances et de tous les sentiments contraires, et demeure dans l’obéissance, lors même que Dieu semblerait ne pas tenir sa promesse. Quand une âme en est arrivée à ce point où elle retient fermement et sans varier la profession de sa foi, elle s’élèvera bientôt au-dessus des brouillards et des obscurités du doute et de l’incertitude, jusqu’à la pleine clarté d’une assurance parfaite. Gloire à Dieu ! L’âme saura que Jésus sauve, et sanctifie et sera remplie d’un sentiment ineffable d’humilité, mêlé à une joie sans pareille dans l’assurance de sa faveur et de son amour éternel.
Un camarade que j’aime comme ma propre âme cherchait la bénédiction d’un cœur pur ; il avait renoncé à tout, mais il gardait « ce cœur mauvais et incrédule », sans toutefois s’en rendre compte ; il attendait que Dieu lui accordât sa bénédiction. Le diable lui murmura : « Tu dis que tu es sur l’autel du Seigneur, et cependant tu ne te sens point différent. » Le « cœur mauvais et incrédule » de ce pauvre homme accepta cette assertion de l’ennemi et reconnut qu’il en était ainsi. Il se découragea et la victoire resta au malin.
Après un rude combat, il se donna de nouveau au Seigneur, mais en gardant encore ce « cœur mauvais et incrédule. » De nouveau le diable murmura : « Tu déclares appartenir tout entier au Seigneur, et cependant tu n’éprouves rien de ce qu’éprouvent les autres quand ils ont tout abandonné à Dieu. » « Le cœur mauvais et incrédule » répondit : « En vérité, il en est ainsi » ; et par ce fait il retomba encore à cause de son incrédulité.
Après beaucoup d’efforts, il rechercha une troisième fois cette bénédiction et de nouveau renonça à tout pour le Seigneur ; mais en gardant toujours ce « cœur mauvais et incrédule ». Pour la troisième fois le diable murmura : « Tu dis que tu appartiens au Seigneur, mais tu sais combien est prompt ton tempérament ; qui sait si la semaine prochaine quelque tentation, inattendue ne surviendra pas pour te terrasser ? » Pour la troisième fois le cœur mauvais et incrédule répondit : « Il en est ainsi », et dans cette troisième lutte notre frère fut battu.
Une dernière fois, il tenta un effort désespéré ; dans son désir de la sainteté et du témoignage du Saint-Esprit qu’il était maintenant tout entier à Dieu, il Lui demanda de lui montrer toute la dépravation de son âme ; alors Dieu lui fit voir le cœur mauvais et incrédule qui avait écouté la voix du malin et abondé dans ses avis. De braves gens qui font profession de christianisme, n’aiment pas admettre qu’il subsiste en eux quelque incrédulité, mais jusqu’à ce qu’ils consentent à reconnaître tout le mal caché au fond de leur cœur et à prendre le parti de Dieu contre eux-mêmes, Dieu ne pourra les sanctifier. Mon ami revint encore, plaça son tout sur l’autel et dit au Seigneur qu’il aurait foi en Lui. De nouveau le diable murmura : « Tu ne sens aucune différence. » Mais cette fois l’homme réduisit au silence l’esprit d’incrédulité et répondit : « Peu m’importe de ne pas me sentir différent. Je suis tout au Seigneur. »
– « Mais tu n’éprouves pas les mêmes sentiments que les autres », ajouta le diable.
– « Qu’importe ; je suis au Seigneur, et Il m’accordera ou me refusera Sa bénédiction, selon qu’Il le jugera bon. »
– « Mais il y a la promptitude de ton tempérament. »
– « Qu’importe, je suis au Seigneur ; J’ai foi en Lui pour dompter mon tempérament. Je suis au Seigneur ! je suis au Seigneur ! »
Et il résista au diable, ferme dans sa foi et refusant ce jour-là, la nuit et le jour suivants, de prêter l’oreille aux suggestions d’ « un cœur mauvais et incrédule. » Le calme entra dans son âme avec la ferme résolution qu’il prit de s’en tenir pour jamais aux promesses de Dieu, qu’Il le bénît ou non. Vers dix heures du soir, la seconde nuit, au moment où il s’apprêtait à se livrer au repos, sans le moindre pressentiment de ce qui allait se passer, l’Éternel accomplit à son égard la promesse faite aux jours d’autrefois : « Le Seigneur que vous cherchez apparaîtra soudain dans son temple. » Jésus, le Fils de Dieu – « qui vit, et qui était mort », – mais « qui vit maintenant aux siècles des siècles, » lui fut si bien révélé et manifesté dans son être intérieur qu’il en fut « comme perdu dans un océan d’amour, de louanges et de gloire. » Oh ! comme il triompha en Dieu, son Sauveur et se réjouit de s’être fermement attaché à sa foi et d’avoir résisté au diable !
Or, c’est là le point auquel doit arriver toute âme pour entrer dans le Royaume de Dieu. L’âme doit mourir au péché, renoncer à toute incrédulité, et abandonner tous ses doutes. Elle doit consentir à être maintenant crucifiée avec Christ. Quand ceci sera fait, elle entrera en contact avec Dieu, éprouvera le feu de Son amour, et sera remplie de Sa puissance, de la même manière qu’un train électrique reçoit la lumière et la force par le contact avec le fil placé au-dessus de lui.
Que Dieu vous bénisse, mon frère, ma sœur, et vous aide à comprendre que maintenant est le moment favorable. Rappelez-vous, si vous vous êtes entièrement donnés à Dieu, que tout ce qui pourrait faire naître le doute en vous vient de Satan et non de Lui ; Dieu vous ordonne de résister au diable, en demeurant ferme dans la foi ; c’est pourquoi « n’abandonnez pas votre assurance, source d’une grande rémunération. »