Le disciple :
Seigneur, que signifie la croix ? Pourquoi y a-t-il tant de souffrance et de maux dans le monde ?
Le Seigneur :
1. La croix est la clef du ciel. Les cieux s'ouvrirent au moment où, par le baptême et par amour pour les pécheurs, je pris sur moi la malédiction de la croix. Et le ciel, fermé jusqu'alors à cause du péché, est resté ouvert pour les croyants, grâce aux trente-trois ans et demi durant lesquels j'ai porté ma croix et grâce à ma mort sur le Calvaire, Désormais, le croyant, qui prend sa croix et me suit, entre sans retard dans le ciel, par moi (Jean 14.6). Il reçoit la grâce d'une joie sans fin, que le monde ne peut concevoir, car le ciel est fermé pour les incrédules. Tout ce que peut espérer un incrédule, c'est de voir la joie remplacer un jour la souffrance et encore n'ose-t-il pas espérer une joie parfaite. Quant à moi, j'accorde à mes enfants la joie dans la souffrance et, plus tard, une joie parfaite avec le repos éternel. La croix porte ceux qui la portent et les conduit au ciel pour l'éternité.
2. La souffrance provient de l'état de désordre et de perversion dans lequel vit l'homme naturel, de même que la chaleur fait du mal aux habitants des contrées froides, tandis que le froid ne convient pas à ceux des pays chauds. Le froid et le chaud dépendent de la position respective de la terre et du soleil, et l'homme, selon l'usage qu'il fait de sa libre volonté, crée un état d'harmonie ou de désaccord avec Dieu. Les commandements de Dieu ont en vue la santé spirituelle et le vrai bonheur de la créature. Se rebeller contre eux, c'est rendre son âme malade, triste et languissante. Le Seigneur, plutôt que de supprimer les causes de ce désaccord et de cette hostilité, a préféré les transformer en quelque chose de meilleur. Il se sert des conditions pénibles de l'existence pour faire sentir au cœur de l'homme qu'il n'a pas été créé seulement pour cette terre, qui n'est qu'un pays étranger, (2 Cor. 5) mais qui le prépare à habiter la demeure éternelle. L'homme est ainsi constamment gardé dans la vigilance par la pression des afflictions de ce monde, de crainte que sa négligence et son cœur assoupi ne lui fassent oublier les réalités éternelles et qu'il ne soit anéanti en même temps que sa demeure terrestre. C'est encore afin que, dans la communion de son Créateur, délivré des maux et des souffrances de cette courte vie, l'homme puisse entrer pour toujours dans la joie et le bonheur parfaits du ciel.
3. La souffrance et l'affliction paraissent bien amères, souvent même empoisonnées ; mais souvent aussi, pour guérir un malade d'un empoisonnement, il est nécessaire d'employer du poison. C'est ainsi que, par la voie de la souffrance et par le moyen de l'affliction qui semblent bien amères, je dispense la santé de l'âme et la force à mes fidèles disciples. Dès qu'une santé parfaite a été ainsi obtenue, je mets fin à la souffrance, car je ne prends pas plaisir à l'affliction. (Lam. 3.31-32) Mon seul but, c'est le bonheur éternel de mes créatures.
4. L'ébranlement produit par un tremblement de terre fait parfois jaillir d'un sol desséché des sources d'eau bienfaisante qui arrosent et fertilisent des terres jusqu'alors arides et incultes. De même, l'ébranlement produit par une grande souffrance fait jaillir en l'homme des fontaines d'eau vive. Dès lors, au lieu du murmure, c'est la joie et la reconnaissance qui jaillissent de son cœur. (Ps. 119.67-79).
5. Pour que l'air, en pénétrant dans ses poumons les dilate et le fasse vivre, il est indispensable que l'enfant nouveau né pleure et crie. S'il ne le fait pas spontanément, il faut bien le frapper pour l'y obliger. Dans mon amour immense pour mes enfants, je suis parfois obligé de les frapper par la souffrance et le trouble. Si je les force ainsi à pleurer et à crier, c'est afin que leur être spirituel se dilatant, et la prière qui est la respiration de l'âme devenant plus intense, ils obtiennent une vie nouvelle qui les fasse vivre à jamais.
6. La noix est une image de la croix : son enveloppe extérieure est très amère, mais, intérieurement, elle est remplie d'une amande savoureuse et fortifiante. La croix n'a ni beauté ni douceur apparente, mais celui qui la porte fidèlement en découvre le caractère véritable. Il y trouve un fruit de paix d'une saveur délicieuse.
7. En venant sous la forme d'un homme, j'endurai la croix pour le salut de l'humanité, et cela non pas seulement pendant six heures au jour de ma mort ou pendant les trois ans et demi de mon ministère, mais bien durant trente-trois ans et demi, et cela afin que les hommes puissent être sauvés de la douleur et de l'amertume de la mort.
8. Pour un homme habitué à la propreté, il est dur d'être enfermé, même quelques minutes, dans un lieu sale et empesté. Pour celui qui vit en communion intime avec moi, il est difficile de rester au milieu des pécheurs impénitents. C'est pour cette raison que certains hommes de prière, dégoûtés de leur environnement de péché, ont quitté le monde pour aller vivre seuls dans des grottes, au désert. Prenez la peine de bien considérer ce fait que, lorsqu'un homme a obtenu un plein salut, il commence à ressentir l'amertume du péché d'une manière si poignante qu'il en arrive à trouver difficile de vivre au milieu des autres hommes, même pour peu de temps. Il en est même qui ne consentent plus jamais à vivre parmi la foule. Quelles ne doivent pas avoir été pour moi, Saint et Source de toute justice, les difficultés et les amertumes de la croix, durant les trente-trois années que je passai au milieu des pécheurs et dans leur intimité constante l'esprit humain est trop borné pour comprendre et réaliser exactement ces profondeurs dans lesquelles les anges mêmes désirent plonger leurs regards (1 Pierre 1.12), car ils savent, mieux que toute autre créature, que Dieu est amour. Une chose plus étonnante encore et plus belle c'est que l'amour de Dieu se soit manifesté si extraordinaire et si merveilleux que, pour sauver les pécheurs, Il se soit incarné lui-même, se chargeant de toute l'amertume de la Croix pour leur obtenir la vie éternelle.
8. Maintenant, je porte et je partage la croix et les souffrances de tous ceux qui sont en moi et demeurent en moi (Actes 9.4), bien qu'ils soient des créatures et moi le Créateur. Bien que le corps et l'esprit soient deux entités très distinctes, ils sont tellement unis entre eux qu'ils sont inséparables ; aussi, dès que le plus insignifiant des membres du corps souffre, l'esprit en a conscience. Je suis la vie et l'âme de mes enfants, qui sont mon corps et mes membres ; je ressens toutes leurs peines, toutes leurs souffrances et je leur accorde secours et délivrance au temps convenable.
9. Ayant moi-même passé par le feu (Ex. 3.2-6) et porté ma croix, je puis protéger et sauver ceux qui sont enveloppés des flammes de la tribulation. (Dan. 3.23-25 et 1 Pierre 4.12-13) Comme la salamandre qui ne meurt jamais quelle que soit la violence du feu, ceux qui ont reçu le baptême brûlant du Saint-Esprit et sont nés de nouveau, sont pour toujours en sécurité, même s'ils passent par le feu : ils sont en Moi.
1. Lorsque le froid a fait tomber leurs feuilles, les arbres semblent avoir perdu toute vigueur et toute vie ; mais, dès le retour du printemps, de nouvelles feuilles apparaissent, bientôt suivies de fleurs charmantes qui font ensuite place à des fruits délicieux. Ainsi en est-il de ma mort sur la croix suivie de ma résurrection, et de ce qui se passe dès lors pour tous ceux qui, fidèlement, portent la croix (2 Cor. 4.8-11 ; 6.4-10). Ployés sous la croix, ils semblent morts et pourtant ils produisent une magnifique floraison au pénétrant parfum puis, pour la vie éternelle, un fruit glorieux qui durera à jamais.
En élaguant et greffant un arbre sauvage, on fait souffrir à la fois le bon arbre et le sauvageon, pour que celui-ci arrive à donner un fruit agréable et nourrissant. Ainsi, pour qu'une vie inutile et malfaisante puisse être greffée de telle sorte qu'elle devienne une vie purifiée par l'Esprit de Dieu, il est nécessaire que mes disciples commencent par endurer, à mon exemple, la souffrance de la croix, afin de devenir ensuite capables de produire un fruit béni, démonstration de l'amour et de la gloire de Dieu.
3. Si le monde vous raille et vous persécute, n'en soyez ni surpris ni troublés ; ce n'est pas ici, pour vous, un lieu de repos mais bien un champ de bataille. Je dirai plutôt : « Malheur à vous lorsque le monde dira du bien de vous » ; ce sera la preuve que vous avez adopté ses habitudes mauvaises et perverties. Il est, en effet, parfaitement contraire à sa nature de louer et d'aider mes enfants ; il ne peut y avoir d'union entre la lumière et les ténèbres. Et si même parfois les gens du monde vous jouent, contrairement à leurs sentiments véritables, dans l'unique but d'en imposer, il y aura là un grave danger pour vous. Votre croissance pourra être arrêtée et votre service amoindri.
S'appuyer sur le monde et sur les gens du monde, c'est bâtir son fondement sur le sable car, si aujourd'hui ils vous élèvent et vous portent en triomphe, demain ils vous écraseront sur le sol, tellement qu'il ne reste aucune trace de vous. Ce qui est du monde est toujours incertain et fugitif... Lors de mon entrée à Jérusalem pendant la fête, tous criaient d'un seul accord : « Hosanna, Hosanna, (Mat. 21.9) et, trois jours plus tard, lorsqu'ils se furent aperçus que toutes mes paroles protestaient contre leur vie égoïste et coupable, ils se tournèrent contre moi et commencèrent à crier : « Crucifie, crucifie ! » (Luc 23.21).
4. Si même des frères en la foi se mettent contre vous, faute de vous comprendre, et vous causent ainsi de la peine, vous devez en être reconnaissants. Rappelez-vous que Dieu lui-même, que tous les Esprits célestes, les anges et les Saints sont avec vous, vous aidant à accomplir votre tâche dans la justice et la fidélité, en suivant l'inspiration du Saint-Esprit.
Ne perdez pas courage ! Le temps est proche où toutes vos bonnes résolutions et vos desseins d'amour pur et désintéressé seront rendus manifestes aux yeux de la création tout entière, comme aussi la gloire éternelle que vous aurez méritée par votre labeur et votre service d'amour. Moi aussi, pour sauver l'humanité, j'ai dû renoncer à tout, être abandonné de tous, avant de remporter une complète victoire finale. Pourquoi vous étonner si le monde vous abandonne ? N'a-t-il pas abandonné Dieu lui-même ? C'est par de telles tribulations que vous deviendrez les enfants de votre Père qui est dans les cieux.
5. N'allez pas vous imaginer que les gens qui vivent dans le luxe et réussissent, en apparence, dans toutes les choses de cette vie soient des adorateurs de Dieu. En réalité, il en est souvent tout le contraire. Il est très possible que ces brebis qui, pendant de longues années trouvent de gras pâturages dans les lieux écartés, loin du bercail et du berger, soient continuellement en danger d'être déchirées par des bêtes sauvages, qui finiront un jour par les dévorer. Celles qui se tiennent près du bercail et tout près du berger, même si elles sont d'apparence frêle et chancelante, sont à l'abri du danger, tranquilles sous la garde du berger. Il en est souvent ainsi dans ce monde, quant aux incroyants et aux fidèles.
6. Au premier abord, il peut paraître n'y avoir aucune différence sensible entre la vie du croyant et celle de l'incrédule et cependant, il arrive un moment où une profonde différence, un grand changement se font voir comme, par exemple, pour le serpent et le ver à soie. Le serpent a beau changer de peau à mainte reprise, il reste toujours un serpent et sa nature ne se modifie pas. Le ver à soie, au contraire, dès qu'il se dépouille de son informe cocon, devient un élégant papillon qui s'élance dans les airs. Ainsi le croyant, dès qu'il se dépouille de son corps mortel, s'envole vers le ciel pour y demeurer à toujours un avec corps glorieux, tandis que le pécheur, après sa mort, reste et demeure un pécheur. (Ap. 22.11).
Voyez encore le ver à soie : enfermé dans son cocon, il doit lutter, faire de grands efforts et, en quelque sorte, l'expérience de la croix ; mais ces luttes et ces souffrances ont pour but de rendre ses ailes plus fortes et de le préparer à sa vie future, en augmentant sa vigueur. Ainsi, mes enfants, dans leur lutte contre les convoitises de leur corps mortel, dans leurs combats spirituels, soupirent après la rédemption (Rom. 8.23) mais c'est par cette discipline de la croix que je les rends forts et leur donne une complète préparation à leur vie future.
7. Bien souvent, au milieu de ces expériences qui les crucifient et de ces luttes spirituelles, j'accorde à ceux qui m'aiment une paix réelle et merveilleuse, afin qu'il ne se lassent pas, l'âme découragée. Par exemple, un fidèle martyr après m'avoir rendu témoignage tant par sa vie que par ses paroles, fut un jour saisi par ses ennemis et suspendu par les pieds à un arbre élevé. Eh bien, son coeur était tellement rempli de joie et de paix, qu'au lieu d'avoir conscience de ce qu'il souffrait ou de se sentir humilié d'être dans une pareille position, il dit à ceux qui l'entouraient : « Je ne suis absolument pas ébranlé ni surpris que vous me traitiez ainsi. Qu'y a-t-il à espérer de mieux du monde et de ceux qui lui appartiennent ? Ce monde est à l'envers et toutes ses oeuvres le sont aussi. Il ne peut pas supporter la vue des choses normales ; c'est pourquoi, me voyant debout, vous m'avez, pour être d'accord avec vous-mêmes, placé la tête en bas. Rappelez-vous bien, cependant, qu'en réalité je ne suis pas renversé, tel que vous vous imaginez m'avoir placé. Aux yeux de Dieu, je suis debout. Lorsque, dans une lanterne magique, le cliché est placé à l'envers, il se reflète sur l'écran redressé et du bon côté. Ainsi moi qui, aux yeux du monde suis suspendu la tête en bas, je suis debout pour toujours devant Dieu et devant les habitants du ciel. Grâce soit à Dieu pour cette croix bénie »
8. Pour certains croyants, il est tout simple d'être persécuté, de passer par le martyr et de mourir pour l'amour de mon nom. Mais j'ai besoin aussi de témoins qui sachent vivre en mourant chaque jour et en sauvant leurs frères, grâce à leur esprit de sacrifice et de renoncement à eux-mêmes. (1 Cor. 15.31).
Dans un sens, il est facile de mourir pour moi. Vivre pour moi est plus difficile, car il s'agit alors non pas de mourir une fois pour toutes, mais de mourir chaque jour de nouveau. Ceux qui sont prêts à mourir pour moi maintenant, vivront dans ma gloire à jamais et leur joie sera parfaite.
9. Lorsque la douleur, la souffrance et la peine s'élèvent comme un brouillard dont les nuages cachent à vos yeux, pour un temps, les rayons du Soleil de justice, n'en soyez pas épouvantés. Ces nuées de souffrance finiront par répandre sur vous une abondante pluie de joie infinie et de bénédiction. Alors le Soleil de justice brillera sur vous à jamais. (Jean 16.20-22).