« Attends-toi à l’Éternel et demeure ferme, et il fortifiera ton cœur. Attends- toi, dis-je, à l’Éternel. » Ps 27.14.
Le psalmiste venait de dire : « N’eût été que j’ai cru que je verrais les biens de l’Éternel dans la terre des vivants, c’était fait de moi. » N’eût été sa foi en Dieu, le cœur lui aurait défailli, mais s’assurant en Dieu, au Dieu qui donne la foi, il s’exhorte lui-même et nous invite, nous aussi, à avoir confiance en Dieu : « Attends-toi à l’Éternel et demeure ferme et il fortifiera ton cœur. Attends-toi, dis-je, à l’Éternel. » Lorsque nous cherchons à nous attendre à Dieu, il importe d’être intimement convaincu que notre confiance ne sera pas déçue. C’est là le secret qui obtient toute grâce et dont il faut se souvenir. Croyons, osons croire que Dieu est prêt à nous écouter, à nous secourir, et que nous nous attendons à un Dieu qui n’a jamais trompé la confiance de ses enfants.
« Demeure ferme et il fortifiera ton cœur. » On cite souvent ces mots dans les occasions où il est question de quelque entreprise difficile, de quelque lutte à soutenir, de quelque ennemi redoutable contre lequel toute force humaine parait insuffisante. Est-il donc si difficile de se confier en Dieu qu’il soit nécessaire d’y être invité par ces mots : « Demeure ferme et il fortifiera ton cœur. » Oui, c’est difficile. Le secours que nous demandons se fait souvent attendre. Il doit nous délivrer d’ennemis contre lesquels nous sentons notre impuissance. Les grâces que nous implorons sont spirituelles et invisibles, elles sont au-delà du pouvoir de l’homme, ce sont des réalités surnaturelles et divines. Nous sommes généralement peu habitués à rester en communion avec Dieu, et souvent ce Dieu en qui nous nous confions paraît se dérober à notre foi. Nous sommes donc tentés de craindre que notre foi ne soit trop faible pour pouvoir s’attendre à lui avec efficace, que notre volonté de le faire ne soit pas assez sérieuse, que notre abandon au Seigneur ne soit pas complet. N’y a-t-il pas là de quoi faire défaillir notre cœur ? Au milieu de toutes ces craintes, de tous ces doutes, quel bonheur d’entendre cet appel du Seigneur : « Attends-toi à l’Éternel et demeure ferme, et il fortifiera ton cœur. Attends-toi, dis-je, à l’Éternel. Que rien, dans le ciel, sur la terre, ni dans l’enfer, ne t’empêche de t’attendre à ton Dieu ; fais-le avec la parfaite assurance que ce ne sera pas en vain.
Notre texte nous appelle donc à compter sur notre Dieu avec l’assurance que nous allons le rencontrer et qu’il va nous bénir. Disons-nous bien que rien n’est plus certain, et que cette confiance en Dieu obtiendra de lui des grâces bien au delà de ce que nous attendons. Nous sommes si enclins à juger l’œuvre de Dieu en nous d’après ce que nous sentons, que si nous ne recevons pas immédiatement telle ou telle grâce demandée, nous tombons bientôt dans le découragement. Souvenons-nous donc avant tout que pour s’attendre à Dieu, il faut le faire avec bonne espérance, avec la confiance que c’est le Dieu de gloire, de puissance et d’amour qui nous attend pour nous bénir.
Direz-vous que vous craignez de vous bercer d’un vain espoir parce que vous ne trouvez en vous aucune garantie d’être prêt à recevoir autant du Seigneur ? Je réponds aussitôt que Dieu lui-même vous garantit l’accomplissement des grandes choses promises à votre foi. Comprenez bien que ce n’est pas sur vous-même que vous devez compter, ni sue ce que vous sentez en vous, mais que c’est sur Dieu, sur ce qu’il est tout d’abord, puis sur ce qu’il veut faire en vous. Ce qui nous fait de cette attente habituelle à Dieu un devoir et un bonheur, c’est la nature même de Dieu, d’un Dieu si infiniment riche en bonté, en puissance, en vie et en joie que nous, pauvres et misérables que nous sommes, nous ne pouvons pas avoir de contact avec lui sans que sa puissance et sa vie ne passent de lui en nous, ne nous apportent mystérieusement et en silence ses grâces et ses bénédictions. Dieu est amour ! Voilà la meilleure, la seule garantie que votre attente ne sera pas déçue. L’amour ne cherche point son intérêt ; et l’amour de Dieu prend plaisir à se communiquer à ses enfants, il les combler de ses grâces. Venez donc, et tout faible que vous vous sentez, attendez en sa présence. Un pauvre infirme se fait porter au soleil pour se laisser pénétrer de sa bienfaisante chaleur. Faites de même Que tout ce qui est froid, sombre et triste en vous, reçoive le regard vivifiant du Dieu d’amour. Attendez sa sainte présence en vous répétant: « Oui, me voici au soleil de son amour. Et le Seigneur fera son œuvre en vous. Oh ! confiez-vous à lui sans réserve. Attends-toi à l’Éternel et demeure ferme et il fortifiera ton cœur. Attends-toi, dis-je, à l’Éternel. »
« Mon âme, attends-toi à Dieu ! »