Le secret d'un ministère fécond

CHAPITRE IX - COMMENT FAIRE POUR FIXER ET CONSERVER JUSQU’AU BOUT L’ATTENTION D’UN AUDITOIRE

1) Il faut arriver à intéresser ceux qui vous écoutent. Les enfants eux-mêmes doivent nous écouter avec plaisir; il y a toujours moyen de glisser dans notre discours une petite histoire à leur intention et lorsqu’ils commencent à s’agiter, de les calmer avec un sourire.

2) Si vous voulez qu’on vous écoute, ne craignez pas d’énoncer le plan de votre discours et de disposer clairement votre sujet.

3) Exprimez-vous dans un langage simple et populaire, évitez les tournures de phrases compliquées, il y a un plus grand nombre d’efforts à faire pour parler à un homme sans éducation, simplement que pour employer le langage des gens cultivés; ce qui importe c’est de marcher dans un sentier où vos auditeurs puissent cheminer avec vous, au lieu d’enfourcher un cheval et de caracoler par-dessus leurs têtes.

4) Efforcez-vous de varier autant que possible votre débit, de bannir tout ce qui ressemble à la monotonie de nuancer souvent vos intonations; évitez le ton pleurard, modifiez aussi le timbre de votre voix, usez de notes basses et laissez-en gronder les profondes sonorités, mais à d’autres moments, parlez des lèvres et sur le ton de la conversation ordinaire.

5) Evitez de le faire, de longues exordes. "Le pasteur a employé, tant de temps pour mettre le couvert, qu’il m’a fait perdre l’appétit," disait naïvement une brave femme. Finissez donc promptement avec la cliquette des couteaux et des fourchettes et venez-en au fait.

6) Prenez bien garde dans vos discours de ne pas vous répéter. Si ce que vous avez déjà dit avait de la valeur, pourquoi le redire et si c’était insignifiant, pourquoi le servir une seconde fois?

7) Evitez de prêcher trop longuement. Il y a des paroisses où les fermiers ont besoin de traire leurs vaches! les bêtes à cornes doivent patienter dans l’étable lorsque le pasteur allonge son discours. "Aimerait-il çà disait l’un d’eux s’il était une vache."?

Il y a entre votre auditoire et vous, une sorte de contrat tacite, en vertu duquel vous ne devez pas dépasser une demi-heure. Et si vous me demandez par quel moyen vous pouvez arriver à raccourcir vos messages, je vous dirai: "en les travaillant davantage"

C’est souvent quand nous avons le moins à dire que nous sommes le plus long.

8) Prenez intérêt, vous-même a ce que vous dîtes. Quand vos auditeurs verront que vous y êtes tout entier, ils y entreront tout entier aussi.

9) Réveillez parfois l’attention par le saisissement, comme un mouvement de surprise, en disant une chose à laquelle on ne s’attendait pas du tout.

10) Un autre moyen de soutenir l’attention, c’est de s’arrêter de temps à autre en faisant une pause. Arrêtez brusquement une voiture et ceux qui y sommeillent s’éveilleront aussitôt.

11) Une mauvaise ventilation peut aussi être la cause du sommeil de votre auditoire.

12) Il faut, pour fixer l’attention d’un auditoire, s’efforcer de faire comprendre à chacun qu’il est intéressé personnellement et directement par le message.

13) Il y a aussi les arrivées tardives de ceux qui entrent à toute heure, qui distraient un grand nombre.

14) Le bruit que l’on peut faire à l’extérieur est une autre cause de l’inattention de vos auditeurs.

15) Si tel dimanche où la chaleur est suffocante, vous voyez vos auditeurs s’en dormir, soyez très bref, faites chanter plus que d’habitude et demandez à quelqu’un de faire la prière.

16) Si vos auditeurs sont animés d’un esprit de prière actif, sérieux, zélé, ils s’assoiront à leur place dans une attitude recueillie et vous écouteront jusqu’au bout sans se lasser.

17) Je vous ai donné une règle d’or, en voici une de diamant:

Soyez revêtus de l’Esprit de Dieu et vous n’aurez pas à vous mettre en peine de la manière dont on vous écoutera. Si en sortant de votre cabinet de travail, vous êtes tout imprégné de Dieu, il y aura des oreilles pour vous écouter. Quand Dieu parle, les hommes doivent écouter, alors même qu’il se sert d’un instrument faible et imparfait.

Il y a des dimanches où nous nous sentons comme enveloppés d’un manteau de ferveur quand nous prêchons, nous avons alors des auditeurs attentifs, mais quand nous ne sommes pas revêtus de cette puissance spirituelle, nous sommes comme des musiciens qui leur jouent de beaux airs, mais sans faire vibrer les fibres de leurs âmes, or, si vous ne touchez pas les coeurs, vous lasserez bien vite les oreilles.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant