Et voici quelle en fut la cause. Il y avait dans cette ville trois factions, dont la première était composée des personnes de condition, et Julius Capella en était le chef. Hérode, fils de Miar, Hérode, fils de Gamal, et Compsus, fils de Compsus, s'étaient joints à lui car quant à Crispus frère de Compsus, qu'Agrippa le Grand avait dès longtemps établi gouverneur de la ville, il demeurait alors en des terres qu'il avait au-delà du Jourdain. Tous ces autres dont je viens de parler étaient d'avis de demeurer fidèles au peuple romain et à leur roi ; et Pistus était le seul de la noblesse qui, pour plaire à Justus son fils, n'était pas de ce sentiment. La seconde faction était composée du menu peuple, qui voulait qu'on fît la guerre. Et Justus, fils de Pistus, était chef de la troisième faction. Il feignait de douter s'il fallait prendre les armes, mais il cabalait secrètement pour exciter le trouble, dans l'espérance de trouver sa grandeur et son élévation dans le changement. Pour parvenir à son dessein, il représenta au peuple que leur ville avait toujours tenu un des premiers rangs entre celles de la Galilée, et qu'elle en avait même été la capitale durant le règne d'Hérode qui l'avait fondée, et qui lui avait assujetti celle de Sephoris ; qu'ils avaient conservé cette prééminence, même sous le roi Agrippa le Père, jusqu'à ce que Félix eût été établi gouverneur de la Judée, et qu'ils ne l'avaient perdu que depuis que Néron les avait donnés au jeune Agrippa ; Mais que Sephoris après avoir reçu le joug des Romains avait été élevée par dessus toutes les autres ville de la Galilée, et que ce changement leur avait fait perdre le trésor des chartres et la recette des deniers du roi. Justus ayant par de semblables discours irrité le peuple contre le roi et excité dans leur esprit le désir de se révolter, ajouta que le temps était venu de se joindre aux autres villes de Galilée, et de prendre les armes pour recouvrer les avantages qu'on leur avait si injustement ravis, en quoi ils seraient secondés de toute la province par la haine que l'on portait aux Séphoritains, a cause de leur liaison si étroite avec l'empire romain. Ces raisons de Justus persuadèrent le peuple, car comme il était fort éloquent, la grâce avec laquelle il parlait l'emporta sur des avis beaucoup plus sages et plus salutaires. Il avait même assez de connaissance de la langue grecque pour avoir osé entreprendre d'écrire l'histoire de ce qui se passa alors, afin d'en déguiser la vérité. Mais je ferai voir plus particulièrement dans la suite quelle a été sa malice, et comme il né s'en est guère fallu que lui et son frère n'aient causé l'entière ruine de leur pays. Justus les ayant donc persuadés et ayant contraint quelques uns de ceux qui étaient d'un autre sentiment à prendre les armes, il se mit en campagne et brûla quelques villages des Ipiniens et des Gadaréens qui sont sur les frontières de Tibériade et de Scythopolis.