Le Chemin du Service

Chapitre 4

La vocation de berger

L’Evangile commence par la scène simple et saisissante où Simon, fils de Jonas, reçoit l’appel de Son Maître à devenir pêcheur d’hommes (Marc 1.17). L’Evangile se termine avec cette autre scène où Simon, fils de Jonas, reçoit la vocation de berger d’âmes (Jean 21.15-19). Arrêtons-nous là. Laissons-nous saisir par Dieu et recevons, nous aussi, vocation de berger.

1. La première chose à remarquer est l’éducation spirituelle du berger.

Entre ces deux scènes, beaucoup de choses se sont passées. En peu de temps, trois ans de vie et d’activité intenses, le Maître de la moisson avait fait l’éducation de Ses disciples ; c’est ce que le Saint-Esprit fait ressortir spécialement dans l’Evangile selon Marc. Disciple signifie : quelqu’un qui est enseigné, éduqué, discipliné. On l’oublie souvent! Jésus avait non seulement Son message à donner, Sa mission à accomplir, mais à côté de Lui, Il avait les douze à éduquer, à instruire, afin qu’ils continuent ce qu’Il avait commencé … Ceci ressort surtout dans le cas de Simon, fils de Jonas. Observez-le au début de sa vie avec Christ, puis à la fin, quand il écrit ses deux épîtres peu de temps avant son martyre, et voyez ce qu’est devenu cet homme instruit par son Dieu, cette âme disciplinée par son Maître.

Celui qui veut enseigner doit connaître lui-même l’enseignement de son Dieu. Le laboureur doit expérimenter la charrue dans son propre cœur. Celui qui veut manier l’épée de l’Esprit doit l’avoir expérimentée, divisant son âme de son esprit, pénétrant jusqu’aux moelles et aux jointures, jugeant les pensées et les intentions de son propre cœur (Hébreux 4.12). L’éducation divine est fidèle et intransigeante pour la chair, mais productrice de vie pure, et faite de sainteté sans mélange : « Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds pas courage lorsqu’Il te reprend » (Hébreux 12.5). Votre expérience de Sa discipline servira aux autres. Rien n’est perdu dans une vie où Dieu a le champ libre : « Apprenez de Moi … et vous trouverez le repos de vos âmes » (Matthieu 11.29). Si vous voulez que Dieu Se serve de vous auprès des autres, ne vous étonnez pas s’Il est particulièrement exigeant à votre égard, si Sa fidélité ne laisse rien échapper, si Son amour a pour vous de très hautes ambitions. Si, comme berger, vous voulez conduire et paître les âmes, sachez que Dieu ne vous donnera vocation que lorsqu’Il vous aura vaincu et que tout en vous sera devenu souple, docile et obéissant aux moindres indications de Sa sainte volonté. Avant de donner vocation de berger à Simon, son Maître l’a laissé faire de tristes et amères expériences, afin de le délivrer de lui-même, de sa suffisance propre, de sa confiance en la chair. L’image du terrestre doit disparaître pour que l’image du céleste paraisse. C’est pourquoi, pour devenir bergers d’âmes, la première science qu’il vous faut, c’est de vous charger de Son joug et d’apprendre de Lui, car Son joug est aisé et Son fardeau léger.

2. Le deuxième pas dans la vocation de Simon a été l’affranchissement de lui-même, et de ce qui appartenait au vieil homme.

C’est visible dans les deux faits suivants : Premièrement, remarquez cette question trois fois répétée : « M’aimes-tu  ? » (Jean 21.15-17) Le Seigneur que Pierre avait trois fois renié, n’avait-Il pas le droit de S’assurer par trois fois de l’amour de Son disciple ? Cette question répétée avec tant d’insistance et de douceur, n’était-elle pas comme un feu cautérisant la plaie jusqu’à la racine ? Confiant en lui-même, ignorant les traîtrises de son propre cœur, l’entière incapacité de la chair, Pierre en était arrivé à renier son Maître bien-aimé. Et voici Jésus qui, avec une infinie douceur, le lui rappelle et l’en guérit une fois pour toutes.

Lisez ses deux Epîtres et voyez comment la leçon a été apprise : nous n’y trouvons plus aucune confiance dans la chair …

Ecoutez aussi cet autre berger d’âmes, Paul, parlant de ses dons naturels, de ses connaissances intellectuelles, de ses privilèges humains. « Moi aussi cependant, j’aurais sujet de mettre ma confiance dans la chair. Si quelque autre croit pouvoir se confier dans la chair, je le puis bien davantage, moi … — suit alors la liste de ses diplômes humains — … Mais ces choses qui étaient pour moi des gains … je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ et d’être trouvé en Lui … afin de connaître Christ et la puissance de Sa résurrection et la communion de Ses souffrances » (Philippiens 3.4-10).

Bergers d’âmes, aussi longtemps que vous mettez votre confiance dans la chair et les choses de la chair, le Saint-Esprit est arrêté et ne peut se manifester.

Et deuxièmement, remarquons le nom par lequel le Seigneur a appelé Son serviteur : Simon, fils de Jonas. Ce n’est pas son nouveau nom, Pierre, parlant de victoire, parlant de l’œuvre du Père en lui (Matthieu 16.16-18), mais l’ancien nom, Simon, celui du vieil homme vaincu, charnel et incapable. Et n’est-il pas touchant que lui-même, par humilité, se donne ce nom, lorsqu’il écrit le message de Dieu à ses frères (2 Pierre 1.1), et cela juste avant son martyre ? En effet, plus le chrétien est près de la mort, plus il est près de Dieu. La leçon était apprise, il était converti, il pouvait affermir ses frères (Luc 22.32). Sa foi était purifiée, épurée, le feu avait fait son œuvre (1 Pierre 1.6, 7), et son Dieu pouvait Se confier en lui.

Bergers d’âmes, ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en Sa mort que nous avons été baptisés (Romains 6.3) ? Que le Saint-Esprit grave en lettres de feu ce verset dans nos cœurs de bergers : « Je suis crucifié avec Christ, et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis par la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui S’est livré Lui-même pour moi » (Galates 2.20). Une vie cachée avec Christ en Dieu produit des fleuves d’eau vive coulant de nous, comme l’Ecriture le dit (Jean 7.37-39).

3. Le troisième pas dans cette vocation de berger, c’est l’appel direct du Maître au cœur de Pierre : « Pais Mes brebis. »

Un de mes amis, parti pour l’Egypte comme missionnaire, écrivait à ses camarades de l’Ecole Biblique de Glasgow : « Je vous donne un conseil : avant de faire un seul pas, soyez sûrs que Dieu vous appelle ».

Soyez certains de l’appel de Dieu. Ce grand fait doit être à la base de tout votre service. En est-il ainsi de vous ? À quoi bon aller, travailler, prêcher, à moins d’être envoyé ? (Romains 10.14, 15) C’est autant de temps perdu, d’œuvres mortes, d’efforts inacceptables. Pour tout ministère, quel qu’il soit, il faut l’appel de Dieu. Pour Esaïe, cet appel fut confirmé par des charbons ardents sur ses lèvres (Esaïe 6.6). Pour Paul, ce fut l’aveuglement sur le chemin de Damas (Actes 9.8, 9). Qu’en est-il de nous ? Avons-nous reçu confirmation de notre appel ? C’est solennel.

Mon témoignage est que jamais je n’aurais pu tenir ferme et persévérer sans la grâce de Dieu et la certitude, solide comme de l’acier, de Son appel.

4. L’appel de Dieu nous est adressé par la croix et notre réponse monte à Dieu aussi au travers de la croix. Après que le cœur de son Seigneur se soit tout à nouveau ouvert à Pierre, et que celui de Pierre y ait donné pleine réponse, voici ce que Jésus lui dit : « En vérité, en vérité, Je te le dis, quand tu étais plus Jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas. Il dit cela pour indiquer par quelle mort Pierre glorifierait Dieu. Et ayant ainsi parlé, Il lui dit : Suis-Moi » (Jean 21.18-19).

Tout commentaire est superflu. Bergers d’âmes, pères et mères en Christ, votre Maître scelle dans Son sang l’appel qu’Il vous a adressé. Votre réponse reçoit le même sceau : « En vérité, en vérité, Je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12.24). Il nous montre ainsi de quelle mort nous devons glorifier Dieu. « Et ayant ainsi parlé, Il lui dit : Suis-Moi. »

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