A Sadolet
Ayant appris en Toscane, ces dernières années, que vous étiez à Veroli, vous dont la société me serait aussi agréable que celle des esprits célestes, j’ai éprouvé un tel regret de ne pouvoir vous connaître en cette circonstance, qu’il me semblait que la fortune ne pouvait me faire un tort plus sensible. Je savais que ni les dignités dont vous êtes revêtus, ni les mérites qui vous distinguent, ne vous avaient fait dédaigner l’humble demeure de mon ami Hiéronimo, et que vous aviez pris tant de plaisir à l’entretien de mes compatriotes qu’on ne pouvait se montrer plus aimable à leur égard. Peu de mois après, me trouvant moi-même à Veroli, je sentis redoubler mes regrets, en entendant retentir partout l’éloge de vos vertus : « Quoi, disait-on, n’est-ce pas l’homme que les papes Léon et Clément ont comblé de faveurs, et qu’admirent les savants du monde entier ? » Comment n’aurais-je pas à mon tour éprouvé pour vous la plus respectueuse sympathie ? Ne vous étonnez donc pas si, m’étant consacré à l’étude de cette belle question de l’immortalité de l’âme, et devant emprunter plusieurs de mes arguments à la philosophie, j’ai osé invoquer, pour désarmer la critique, la tutelle d’un homme qui est l’arbitre naturel de la science et du goût. Entre tous vos écrits empreints d’une si rare élégance (j’omets à dessein ceux qui se rapportent à la religion), il n’en est pas de plus beau que votre Dialogue de Phèdrea, et cet éloge est d’autant plus mérité que de tous les ouvrages que nous avaient légués les anciens, et dont nous avons à déplorer la perte, les plus regrettables assurément sont ceux que Cicéron, ce dieu de l’éloquence, avait consacrés à la défense et à la glorification de la philosophie. Et certes, en nos jours de décadence, rien au monde ne méritait plus d’être encouragé que la philosophie, autrefois l’objet de tant de respect, et depuis négligée si tristement ? A ce seul titre déjà, je devais vous chérir, vous vénérer, si je n’avais eu tant d’autres motifs de le faire. Daignez donc accepter, en témoignage de mon affection, l’écrit, si modeste soit-il, que je vous envoie par mon ami Lazaro Bonamici. Que ne puis-je espérer que vous y trouverez quelque chose de l’art savant et délicat qui pourrait vous charmer ? Adieu.
a – C’est l’écrit intitulé : De Laudibus philosophiæ, dont Phedro Inghirami est le principal interlocuteur.
Padoue, 11 février 1536.
A Antonio Philonardi
Si je vous offre si tard mes félicitations, ce n’est pas faute de raisons qui donneraient assez à connaître combien j’ai à cœur les intérêts de votre avenir. Mon absence de Rome depuis tant d’années, est d’ailleurs, je l’espère, une excuse suffisante à vos yeux. Parmi les privations qu’entraîne pour moi l’ignorance où je suis de ce qui se passe à la Ville éternelle, la plus sensible est assurément de ne rien savoir de ceux dont le bonheur se confond pour ainsi dire avec le mien. Sans une lettre de notre ami Corsini, qui m’a apporté l’heureuse nouvelle de votre promotion à l’épiscopat, je n’aurais pas même la consolation de faire si tardivement ce que je n’ai pu accomplir au moment opportun. A tant de motifs que j’ai de vous féliciter, se joint le souvenir des bienfaits de votre oncle. A Rome comme à Pérouse, ce pieux et excellent vieillard n’a pas laissé échapper une occasion de me témoigner son estime. Je connais la gravité d’esprit, l’élévation de caractère égale à celle du rang, et l’admirable pureté qui le distinguent. Je ne pouvais donc, sur ses vieux jours, former un vœu qui lui fût plus agréable, qui témoignât mieux de mon respect et de mon amour pour votre famille, que de souhaiter voir briller en vous, dont la jeunesse a excité tant d’espérances, quelques reflets de la sainteté de votre oncle. Lorsqu’à votre tour vous entrez dans la carrière qu’il a si honorablement parcourue, que ne dois-je pas présumer de vos vertus ? Si nous désirons si vivement obtenir quelques rejetons des arbres qui ont vieilli dans le champ paternel, ne devons-nous pas nous réjouir, à plus forte raison, de voir se perpétuer, par une sorte d’hérédité, des traditions de modestie, de sagesse, de pureté, si dignes d’être admirées ! Ne dois-je pas d’ailleurs vous exprimer les sentiments de nos concitoyens, vous féliciter au nom du pays natal qui m’est plus cher que la vie ? Je le fais d’autant plus volontiers, que vous arrivez à propos pour adoucir les mœurs un peu rudes de nos compatriotes, et les instruire dans la pure religion.
Je n’ignore pas que, depuis des siècles, la philosophie chrétienne a été ensevelie dans les plus profondes ténèbres, en sorte que le nom du Christ est comme effacé de la mémoire des hommes, par la faute de ceux qui, pour faire étalage de bel esprit, ont substitué à la prédication de l’Évangile de vaines questions, plus dignes de sophistes que d’orateurs chrétiens. C’est à l’évêque de remédier à ce mal ; c’est à lui d’user du crédit que lui confèrent le titre dont il est revêtu, le respect du peuple et des magistrats, pour évangéliser et confier le ministère de la Parole à des hommes d’une saine doctrine, d’une vie pure, plus amis de la vérité que des disputes, et ne laissant échapper aucune occasion de donner gloire au Christ, en qui, dit saint Paul, sont cachés tous les trésors de l’intelligence et de la sagesse. Mais à quoi bon vous rappeler ce que vous savez mieux que moi, vous qui ne vous laissez distraire de votre tâche par aucun des soucis de la vie, qui trouvez un modèle tout près de vous dans le parent dont la sagesse a été reconnue non seulement en Italie, mais en Suisse, en Allemagne et en France. Il ne me reste qu’à vous recommander un de mes proches, Philippe, jeune homme qui, je l’espère, se recommande lui-même par sa modestie et sa probité. Sans vous, il serait bien isolé, car il n’a plus ni parents, ni amis à Veroli, Aussi, j’ose invoquer vos bons offices à son égard. Comme chrétien, comme évêque, comme membre de la famille Philonardi qui m’est si chère, vous ne serez pas insensible à ma prière. Adieu.
Sienne, 27 mai 1536.
A Paul Sadolet
Combien j’ai regretté, mon cher Paul, que vous ne fussiez pas à Volterra, le 1er juin. Avec quel plaisir vous auriez entendu un homme qui ne le cède à personne en urbanité. C’est assez désigner Mario Maffei. Avant de lire votre lettre si amicale pour moi, il m’avait déjà reçu comme un habitué de la maison ; ne vous étonnez pas si, après l’avoir lue, il m’a comblé de témoignages d’affection et de faveur. Après quelques questions sur le sacré-collège, il a fait le plus bel éloge de la piété de votre oncle, et de la société d’élite qui se réunissait autrefois autour de lui. Puis, arrivant à notre époque, il a flétri avec une si sainte indignation, déploré avec une douleur si chrétienne les vices de nos contemporains, que je puis dire avec vérité n’avoir jamais rien entendu de plus instructif ni de plus édifiant. Lorsqu’à mon tour j’ai parlé des flatteuses espérances que font naître vos talents, vos progrès dans les études libérales, vous ne sauriez imaginer quelle a été la joie de ce bon vieillard. Que ne doit-on pas, en effet, attendre de celui qui, si jeune encore, possède une telle érudition, et a pour guide un oncle dont les actions et les pensées n’ont qu’un seul but, la gloire du Christ ? Ses écrits, d’une si rare distinction, attestent qu’il a su joindre l’éloquence à la sagesse, privilège qui n’est pas toujours échu à ses devanciers. Je l’aime surtout pour avoir remis en honneur les lettres sacrées, si longtemps obscurcies par des hommes plus captieux que savants, et ensevelies dans les plus profondes ténèbres. Je vous parlerai à cœur ouvert, mon cher Paul : Il est une race d’hommes adonnés à la fraude et à toutes sortes de vices, qui, par ostentation ou par intérêt se sont plu à obscurcir des vérités plus éclatantes que la lumière du soleil. Si le dépôt de la philosophie humaine eût été seul altéré entre leurs mains, on pourrait aisément le leur pardonner ; mais que la révélation divine elle-même, c’est-à-dire la source de toute lumière et de toute vie, le garant de notre immortalité, disparaisse sous les vaine disputes et les volumineuses contentions auxquelles ils se livrent, l’approuve qui voudra, nul homme de bien ne le pourrait supporter ! Il est des hommes qui, pareils aux oiseaux de nuit, ne peuvent vivre que dans les ténèbres. La lumière offense leurs yeux. N’essayez pas de les guérir de leur aveuglement, tous vos efforts seraient inutiles. C’est la gloire de votre oncle d’avoir osé, le premier, résister à de tels hommes et d’avoir appris à nos contemporains l’art de traiter avec élégance et clarté des choses sacrées. Aujourd’hui qu’il est appelé à prendre part au gouvernement de la république chrétienne, on ne peut que regretter de le voir interrompre ces belles études. Ce ne sont partout que funestes perturbations. Ces lois divines, ces institutions primitives, objet du respect de nos aïeux, sont maintenant foulées aux pieds. Les peuples gémissent sous le poids de la plus dure servitude, et telle est la rigueur des temps que les hommes de bien n’osent se plaindre. S’il subsiste encore quelque reste de piété chrétienne, ce n’est plus qu’une ombre ; la vraie piété a disparu. La France est en proie aux maux d’une guerre féconde en calamités pour les peuples voisins. L’Allemagne, éprise de nouveautés, voit les troubles se perpétuer dans son sein. L’Italie, attentive aux moindres rumeurs, émue des plus légers souffles, redoute de nouveaux chocs de la France et de l’Espagne. Les Turcs, ces éternels ennemis du nom chrétien, se préparent à nous attaquer de nouveau sur terre et sur mer. C’est assez vous dire que de graves intérêts, que de sollicitudes et de travaux absorberont votre oncle, et combien on a raison de craindre que dans un poste si élevé, il ne puisse vaquer à ses études privées sans dommage pour la chose publique. C’est donc à vous, mon cher Paul, que cette part de son activité est échue en partage. C’est à vous de continuer, comme vous en avez le désir, les travaux qu’il avait entrepris dans le diocèse de Carpentras. Je n’en connais pas de plus dignes de votre caractère et de vos talents. Adieu.
Sienne, 13 mars 1537.
A Bembo
Si je ne connaissais l’élévation de votre esprit, j’imiterais le commun des hommes, et, dans les transports d’une joie immodérée, je vous féliciterais outre mesure de la nouvelle dignité qui vous est conférée. Mais comme je n’ignore pas que vous avez plus d’une fois refusé, avec une modestie qui vous honore, les hautes fonctions qui vous étaient dès longtemps proposées, je croirais méconnaître un si rare exemple de modération en vous traitant comme un homme auquel serait échue en partage une fortune aussi nouvelle qu’inespérée. Si grand, en effet, que soit l’honneur qui vous est décerné aujourd’hui, qui ne sait que vous auriez pu l’obtenir aisément, alors que vous étiez attaché à la personne de Léon X ? N’avez-vous pas usé de votre crédit au profit de plusieurs candidats, décorés, grâce à vous, de la pourpre que vous ne recherchiez pas pour vous-même, sachant bien qu’il y a plus de mérite à disposer d’un tel honneur qu’à le recevoir ? Le pape Paul III, se souvenant enfin de tant d’abnégation, vous appelle à l’œuvre dans le sacré-collège, et vous demande un concours qui (s’il ne tenait qu’à vous et à votre pieux collègue Sadolet) produirait les plus heureux fruits pour la religion. Mais, comme par la faute des princes et des principaux d’entre les peuples, l’Église est ballottée sur une mer en furie, ce n’est pas sans raison que les hommes vertueux redoutent de vous voir condamnés à de si rudes labeurs, qu’il vous faille abandonner les études que vous aviez portées si haut par votre génie, et pour lesquelles on pouvait espérer le dernier degré de perfection entre vos mains. Sans parler des beaux écrits de Sadolet, que dirai-je de votre Histoire ? Quelle attente n’excite-t-elle pas chez nos contemporains ? Ils considèrent notre temps avec ses tristesses et ses misères comme un âge d’or, puisqu’il verra s’élever par vos mains un monument digne de l’estime et de l’admiration de la postérité. Je n’hésite point à m’exprimer ainsi, afin que nulles dignités ne puissent vous distraire des travaux par lesquels vous honorez votre siècle et votre patrie. Le sacré-collège pourra recevoir dans son sein d’autres prélats illustres, mais il ne trouvera plus d’autres Bembo, d’autres Sadolet. Je le dis à dessein, parce que je ne puis supporter l’injustice de ceux qui ne savent pas faire la différence entre les hommes. Mais puisque, dans tous les cas, les lettres doivent éprouver le dommage le plus sensible par la retraite de deux hommes éminents que réclame désormais le gouvernement de l’Église, plaise à Dieu que certains prélats, renonçant à leurs prétentions, se souviennent du précepte de saint Paul : « Qu’il n’y ait que deux ou trois prophètes qui parlent, et que les autres écoutent. » Si votre vertu obtient tout le crédit qu’elle mérite, vous ne pouvez manquer de remettre l’Église dans l’état de prospérité que nous souhaitons. Ce qui me console dans les circonstances présentes, c’est qu’on n’apprécie jamais mieux la sagesse et l’intégrité unie au zèle de la doctrine, à l’expérience des affaires, que dans les temps difficiles et lorsque la société semble ébranlée sur ses fondements.
Et vous qui, dès la plus tendre jeunesse comme dans l’âge mûr, avez su relever si haut les lettres misérablement déchues, maintenant que vous êtes parvenu à un poste si éminent, vous ne vous étonnerez pas de la confiance que mettent en vous les hommes de bien, et vous la justifierez en essayant de rendre à l’Église chrétienne sa splendeur et sa pureté primitive. Adieu.
1539.
A Curione
Je vous envoie, avec cette lettre, le portrait de votre fille Dorothée, fait d’après nature et sans vain artificeb. Si j’eusse été présent à la première séance, j’aurais demandé à l’artiste de la dessiner de profil, en ne montrant qu’un des côtés du visage, comme dans les anciennes médailles. Mais c’est l’opinion de presque tous les peintres de notre temps que la ressemblance est mieux rendue dans un portrait de face qui laisse voir complètement les yeux et la bouche. Celui que je vous transmets est d’ailleurs très ressemblant, quoique Dorothée soit plus belle. Son visage, où se peint toute son âme, est orné d’une merveilleuse pudeur. Ses yeux, pleins d’expression, attestent une gravité au-dessus de son âge, tempérée par la douceur et je ne sais quelle grâce enfantine. Ses joues sont faiblement colorées, comme l’indique la toile, et rien n’égale la transparence de son teint. Sa stature est moyenne, sa taille légère et bien prise, et tous ses mouvements révèlent cet accord que les Grecs nomment harmonie. Les regards se fixent-ils sur elle, ses joues se peignent aussitôt des vives couleurs de la vertu. Je ne saurais omettre un point que vous estimez par-dessus tout : elle a pour guides et pour modèles dans la vie chrétienne deux dames très distinguées, Angela et Felice, qui l’élèvent libéralement et la portent pour ainsi dire dans leur cœur. Je n’ai jamais vu de mères si tendres, qui sachent mieux se faire aimer des enfants d’autrui. Mais ce mot est presque une injure pour elles, car l’une et l’autre chérissent Dorothée comme leur fille, et rivalisent de tendresse et de soins. Puisse le Dieu tout-puissant les protéger et les conserver ! Il est, de nos jours, peu de femmes douées à un si haut point de cette vertu de la charité qui languit et s’éteint presque partout. Que le Christ notre Seigneur vous garde ainsi que nous, et vous soutienne par sa vertu. Je ne vous dis rien de mes affaires, parce que vous avez déjà reçu deux lettres à ce sujet. Adieu.
b – En partant pour l’exil (1542), Curione avait laissé à Lucques une fille au berceau, Dorothée. Elle grandit en Italie et ne revit jamais ses parents. Son portrait est conservé au Musée de Bâle, avec une inscription de la main de Paleario.
Lucques, 1552.
A Vettori
Basile Amerbach, jeune homme aussi distingué par la naissance que par l’esprit, après avoir reçu la plus libérale éducation et s’être formé sous les disciplines les plus pures, s’est rendu en Italie, selon le désir de son illustre pèrec, pour y rechercher auprès des savants de nos jours ce qui reste encore d’érudition et de sagesse, et en rapporter les trésors dans sa patrie. Il a si fidèlement accompli sa tâche qu’il n’est pas une université qu’il n’ait visitée, pas un professeur célèbre qu’il n’ait entendu. Au moment où il se disposait à partir pour Rome avec un empressement qui contraste avec notre propre apathie, j’ai reçu des lettres, écrites du fond de l’Allemagne, pour me prier de le recommander à un de nos compatriotes versé dans la connaissance des antiquités italiennes. Combien ne dois-je pas craindre que le goût de ces nobles études ne soit éteint parmi nous, avec nos illustres amis Sadolet, Bembo, Maffei, Flaminio, Ubaldini, ces pures intelligences autrefois reléguées sur la terre, maintenant recueillies dans le séjour de la divinité ! Aussi n’ai-je pas laissé trop espérer à cet égard. Je me suis borné à répondre que si, laissant de côté la voie Flaminienne qui longe la mer Adriatique, Amerbach suivait la voie Aurélienne qui côtoie la mer de Toscane ou celle de Cassius qui est plus directe, et qui était celle des anciennes légions, il aurait plus de plaisir à visiter nos villes étrusques auxquelles on ne saurait comparer celles de la marche d’Ancône, ni pour la facilité des mœurs, ni pour l’urbanité des habitants. J’omets Sienne, si toutefois une telle ville peut être sacrifiée sans regret ; Sienne si hospitalière malgré les ravages de la guerre qui a fait un désert de son territoire. Les frères Bellanti pourraient-ils savoir, Marco Placidi et Mino Cersa pourraient-ils apprendre qu’un homme recommandé par moi passe près d’eux sans accourir au-devant de lui, sans l’accueillir affectueusement, sans l’accompagner jusqu’à leurs frontières vers Poggi-Bonsi ou Staggia ? Au sortir de cette ville, à sa droite, il trouvera Florence, Lucques à sa gauche. A Lucques je compte des hôtes, des amis par centaines ; à Florence j’en trouve des milliers en toi seul, car il n’est rien que je ne puisse attendre de ton amitié. Tout mon désir est qu’Amerbach se dirige de ton côté, soit afin qu’il connaisse la plus brillante cité de Toscane, soit pour qu’il sache par expérience, et ses compatriotes avec lui, que de raisons j’ai de t’aimer, de te vénérer, et combien mes éloges seraient impuissants à louer dignement ton savoir, et cet éclat, cette générosité qui donne du prix à toutes tes actions. Adieu.
c – Le jurisconsulte Boniface Amerbach, recteur de l’université de Bâle.
Milan, 1556.
A Marietta Palearid
d – L’original de cette lettre fidèlement transmise à la famille du martyr, est conservé à la bibliothèque de Sienne, avec cette suscription : Alla sua carissima consorte Marietta Paleari, ed a’ suoi dilettissimi figlioli Lampridio e Fedro Paleari, a Colle di Valdensa in borgo vicino a S. Caterina.
Consorte mia carissima,
Non vorrei che tu pigliasse dispiacere del mio piacere, ed a male il mio bene. E’venuta l’ora ch’io passi da questa vita al mio signore e padrone e Dio. Io vi vo tanto allegramente alle nozze del Figliolo del gran Re, del che ho sempre pregato il mio Signore che per sua bontà e liberalità infinita mi conceda. Sicche, la mia consorte dilettissima, confortatevi della volonta di Dio, e del mio contento, ed attendete alla famigliola sbigottita che resterà, di allevarla e custodirla col timore di Dio, ed essergli madre e padre. Io era già di settanta anni vecchio, e disutile. Bisogna che i figli con la virtù e col sudore si forniscano a vivere onoratamente. Dio padre e il Signore nostro Giesù Christo e la communione dello Spirito santo sia con lo Spirito vostro.
Tuo marito,
Aonio Paleari.
Roma il di 3 de Luglio 1570.
Lampridio e Fedro, figlioli dilettissimi,
Questi miei Signori cortesissimi infino all’ ultimo non mancano con esso me della loro cortesia, e mi permettono ch’io vi scriva. Piace a Dio di chiamarmi a se per questo mezzo che voi intenderete, che vi parerà aspro ed amaro. Che se il considerate bene, essendo con mia somma contentezza e piacere per conformarmi alla volonta di Dio, vi avete anco voi a contentare. La virtù e diligenza vi lascio per patrimonio con quelle poche facoltà che avete. Non vi lascio debito. Molti chiedono alle volte, e devono dare. Voi siete emancipati piu di dieci otto anni fa ; non siete tenuti a’ miei debiti. Quando vi fossero chiesti, ricorrete a Sua Eccelenza il signor Duca che non vi lascierà far torto. Chiedi a Luca Pridio il conto del dare e avere. Ci sono la dote di vostra madre, e di allevare la vostra sorellina, come Dio vi darà la grazia sua. Salutate Aspasia e sor Aonilla mie figliuole dilettissime nel Signore. L’ora mia si avviccina. Lo Spirito di Dio vi consoli e conservi nella sua grazia. Vostro padre,
Aonio Paleari.
Roma il di 3 de Luglio 1570.