Revenu de la ville sainte à Antioche, Paul reprit son œuvre d’évangélisation (Actes 15.36). Il visita les églises déjà fondées et continua sa mission vers la Galatie (Actes 16.6), champ encore inexploré. Il y trouva une population mélangée de Grecs, de Galates et de Juifs. Il est probable que dans le petit nombre de Juifs qui se distinguaient de leurs concitoyens incrédules et matérialistes par un besoin de rédemption vivement senti et par une sympathie décidée pour l’Évangile, il recueillit quelques disciples ; la tournure, le genre des preuves, le fond des arguments et le but de l’épître, sa couleur juive, son explication d’une allégorie, la connaissance des institutions, des lois, des rites religieux du judaïsme, en un mot, de l’Ancien Testament qu’elle suppose, démontrent la vérité de cette assertion. Mais si selon son habitude il s’adressa d’abord à ceux de sa nation, il est très vraisemblable que leur indifférence, leur mépris ou leurs vexations accoutumées le firent aussi tourner vers les prosélytes des synagogues et vers les païens, conformément à la spécialité de sa mission. La classe des prosélytes qui représentait l’élément vivant, sympathique et saisissable du monde antique, répondit aussi à son appel, car la plupart des chrétiens galates étaient incirconcis avant leur conversion (Galates 5.2 ; 6.13) ; ne connaissaient pas Dieu, servaient ceux qui sont dieux, non par nature (Galates 4.8) ; étaient assujettis à d’impuissants et pauvres éléments, au joug de ]a servitude, observant jours, nouvelles lunes, saisons, années (Galates 4.10 ; 5.5). Ce mélange flottant de paganisme et de judaïsme que l’on aperçoit dans le tissu de l’épître nous démontre que la majorité se composait de païens instruits dans le judaïsme et hésitant entre la synagogue et l’Évangile, ce qui n’exclut pas la conversion de quelques païens purs, en dehors de tout contact juif (4.8), et aux mœurs desquels le passage 5.19-21, pourrait bien faire allusion.