La familiarité que nous avons avec cette partie du Nouveau Testament a résulté, comme cela est le cas avec beaucoup de choses, en la perte de l’impact énorme qu’elle eu lorsqu’elle fut écrite, lue et circulée. En sa nature, en son objet et en sa nécessité il n’y a rien dans la Bible de plus contemporain et qui ne soit plus approprié au besoin de la chrétienté. Cette épître à été résumée à une doctrine, bien qu’elle soit une doctrine fondamentale, et elle est maintenant décrite en une phrase ; alors qu’en fait elle est un tremblement de terre, une révolution, un cataclysme. En méditant sur cette lettre, beaucoup d’illustrations vivantes me vinrent à l’esprit.
J’ai vu un homme appelé Shamma se tenant dans un champ de lentilles, et, seul, combattre les Philistins avec son épée jusqu’à ce qu’il n’en reste plus un seul pour le défier. J’ai vu les hordes de Philistins menaçant Israël et se couvrir derrière le géant Goliath qui, jour après jour, instaurait la peur dans las cœurs des hommes d’Israël. Puis David, le jeune homme, décidant que cela avait duré suffisamment longtemps, et qu’il était temps de solutionner la situation, et en le faisant mis en déroute toute l’armée des Philistins.
Puis, pour en arriver à une période beaucoup plus récente, j’ai vu cette réunion à Runnymede avec les barons et le roi Jean sans Terre assis, une plume à la main et le visage rebelle, alors que les barons avaient décidé que le long régime d’injustice devait maintenant cessé et qu’une nouvelle charte doit être signée une fois pour toute. Il n’y avait alors plus d’échappatoire pour le monarque.
Ces épisodes et événements s’accordent si bien avec la lettre qui est maintenant devant nous. Une campagne de fausse interprétation de la foi chrétienne a suivi Paul dans tous les lieux où il est allé. Lui, le plus patient et le plus accommodant des serviteurs de Jésus Christ, a supporté longtemps et humblement les attaques portées à son encontre ; contre son caractère, ses qualifications, son intégrité ; mais cela avait atteint le point où la nature même et la véracité de la foi chrétienne était en train d’être changées. A ce point là, l’indulgence atteignit ses limites et ce Shamma du Nouveau Testament sortit son épée et dit : « Cela a assez duré, le jour de rendre des comptes est arrivé ». Le feu dans ses os était devenu des plus ardent. Des paroles enflammées sortaient de sa bouche : « Mais quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème ». Ce jour là, son épée se souda à sa main et il combattit à la mort les Judaïseurs incirconcis de cœur de toutes les époques.
Mais lorsque nous avons dit cela, et nous pourrions en dire beaucoup plus, il nous reste encore à couvrir le véritable sujet en question, et le conflit qui sévissait alors. Nous nous devons de nous interroger sur ce qui était, et ce qui est, vraiment menacé. Beaucoup d’autres questions en relation à cela doivent avoir leurs réponses, mais ce qui couvre tout, ce qui gouverne toutes ces questions n’est rien d’autre que :
Là était, et a toujours été, la réelle et véritable nature de la mission, de la signification et du message de Jésus Christ. Pourquoi est-Il vraiment venu ? Quelle est la signification de Sa Personne ? Et Quel est Son Message ?
Permettez-moi ici d’ouvrir un parenthèse. Alors que ce ministère est pour tout le peuple de Dieu, je sais que beaucoup de lecteurs sont des serviteurs de Dieu tenant des positions de responsabilité et d’influence. A ceux-ci, j’adresse ce message d’une façon particulièrement solennelle. Mes frères, vous êtes sans doute conscients qu’il y a dans ce monde une invasion sérieuse et vicieuse d’esprits de confusion ; et rien n’y échappe. Alors que cela est vrai des nations et des fédérations de nations, cela le Saint Esprit encore plus de la chrétienté. De la plus large chrétienté, au cercles évangéliques, et encore au plus sincères croyants, et à n’importe quel serviteur de Dieu qui Lui est précieux, il y a une implication dans ce qui est compliqué et dans la perplexité jusqu’à un degré paralysant. Des mouvements, enseignements et pratiques nouveaux, exotiques, bizarres, extrêmes, particuliers, hors du commun, anormaux et singuliers se succèdent rapidement et beaucoup parmi le peuple de Dieu sont influencés par ces choses ; et finissent dans la désillusion et le cynisme. Une grande perplexité remplit l’atmosphère, et à cause de cela, la chrétienté est discréditée. Ainsi, il devient impératif que les responsables et influents sachent où ils en sont et qu’ils soient consacrés à démontrer au peuple de Dieu ce qu’est vraiment la foi chrétienne. Nous recherchons ici à faire une petite contribution à un tel service.
Pour en revenir à notre épître aux Galates, nous cherchons à voir ce qu’elle a à nous dire en guise de réponse à notre réponse principale : Qu’est-ce que la foi chrétienne ? Il y a des questions subsidiaires qui conduisent à la réponse. La foi chrétienne supplante t-elle, continue t-elle, ou est-elle une adaptation du système et de l’économie des rituels, de l’ordre sacramental et cérémonial, des ordonnances, des protocoles vestimentaires de l’Ancien Testament ? Est-elle une reproduction mystique de l’économie de l’Ancien Testament ? C’est à dire, la préservation des rituels et cérémonials tout en leur attribuant une signification spirituelle ou mystique, de manière à ce qu’on puisse dire : « Bien sur ce n’est pas la chose même, mais c’est ce qu’elle implique » ? Ce ainsi que parlent et qu’enseignent les promoteurs des sacramentaux, ainsi que beaucoup de chrétiens évangéliques. Mais une vertu est en fait rattachée aux moyens employés. En outre, la foi chrétienne est-elle une idéologie, c’est à dire un système d’idées ; le résultat de l’activité mentale et intellectuelle de pensées religieuses ? En d’autres termes, est-elle une philosophie concernant Dieu, l’homme et sa destinée, le bien et le mal, et le comportement humain ? Est-ce un système de règlements, de lois, de préceptes, de décrets, de statuts techniques, de points utiles ? Est-ce un autre système de « tu feras » et « tu ne feras point » ? Est-elle une tradition, une succession historique, un héritage ou une hérédité ?
A toutes ces questions, et à toutes les autres, la lettre aux Galates et tout le Nouveau Testament disent — ou plutôt crient — un « NON ! » catégorique et final. N’importe lequel de ces points, ou tous ensembles, formeraient ce que l’apôtre appelle ici « un autre évangile », et il dit à ce propos, même si (supposant que cela soit possible) « un ange des cieux » annonçait cette chose, que cet ange soit anathème ! Il ne peut y avoir aucun compromis ici. L’épée est sortie et ces « Philistins », mentionnés et décrits ci-dessus, doivent être retranchés sans pitié. Après tout, Paul n’est pas plus véhément que ne l’était son divin Maître lorsqu’Il faisait face à ceux qui dévoyaient ceux qui cherchaient après la vérité de Dieu et qui les embrouillaient quand à cette même vérité en la déformant.
Quelle est donc la réponse ? Cette lettre devant nous a bien justement été appelée « La Magna Carta de la foi chrétienne », en une brève déclaration de doctrine : « la justification par la foi ». Bien sur cela est fondamental à la chrétienté, mais nous devons aller plus loin. Nous croyons cela avec toutes les capacités qui sont les nôtres, mais lorsque nous l’avons dit, avons-nous vraiment défini ce qui compose et constitue la foi ? La justification par la foi peut être une doctrine théologienne, un credo, un concept merveilleux. Regardez dans cette lettre et voyez la chose même qui conduisit l’apôtre à prendre sa position. Il fonde tout de sa foi chrétienne, son salut, sa vie, son ministère, son endurance, et son espérance éternelle, sur une seule chose. Et ceci est déclaré comme étant la base de toute la lettre : « Mais quand il plut à Dieu, qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi… » (Galates 1.15-16) , ou encore pour citer une autre traduction : « Mais quand ça a été le bon plaisir de Dieu qui m’avait choisi dès le ventre de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi… » Quelle est donc la réponse ?
Ceci est un sujet constant à travers toute l’épître en relation avec des sujets variés, comme il en est de même à travers toutes les lettres de Paul. Il dit : « Christ vit en moi ». Il met l’accent sur le changement intérieur par rapport à ce qui est extérieur, sur l’aspect subjectif par rapport à l’aspect objectif, en ce qui concerne la Loi, l’alliance, l’esprit d’adoption, etc. Tout, maintenant, émane de Christ résidant en lui par l’Esprit Saint, et en cela est la signification de ce qu’il veut dire sur la liberté spirituelle. Il est parvenu à la signification des paroles du Seigneur : « Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres » (Jean 8.36), libéré par la vie et la puissance du Christ intérieur ! L’esprit d’adoption en nous, le fait que nous sommes fils de Dieu, est la foi chrétienne, rien d’autre ne l’est ! Dieu a révélé Son Fils en nous. Aussi, nous devons demander : Qu’a vu Paul initialement, lorsqu’il eu cette révélation, et quels en ont été les effets ?
Bien entendu, tout ce que nous avons de la plume de cet apôtre était par révélation, mais dans cette lettre nous avons ce qui était fondamental à tout le reste. Je dois, néanmoins, m’arrêter pour mettre l’accent sur une chose. Paul fait des efforts pour insister sur le fait que cette connaissance du Fils de Dieu, qui valide la foi chrétienne pour lui, était personnelle, directe et indépendante. Il dit : « l’évangile qui a été annoncé par moi n’est pas selon l’homme. Car moi, je ne l’ai pas reçu de l’homme non plus, ni appris, mais par la révélation de Jésus Christ » (Galates 1.11-12) C’est cela la vraie foi chrétienne. Quelque soit l’instrument ou le moyen utilisé par Dieu, ces intermédiaires ne pourront jamais impartir Christ, mettre Christ en nous, accomplir le miracle de redonner la faculté de voir à l’aveugle. Ce ne peut être qu’accompli par l’Esprit de Dieu de sorte que nous nous exclamons émerveillés : « Je vois ! » A part cela, notre foi chrétienne est, au mieux, quelque chose de seconde main et d’objectif. L’accent du vrai enseignant doit être mis sur cette connaissance personnelle du Saint Esprit comme Seigneur intérieurement. Tôt ou tard la chrétienté sera mise à l’épreuve sur ce fondement et sur ce sujet qui inclus tout.
Nous pouvons maintenant nous demander ce que Paul a vu à l’occasion à laquelle il fait référence. Qu’a t-il vu du Fils de Dieu ? La pleine réponse demande à ce que nous retournions à cet incident sur la route de Damas, mais que nous montre cette lettre particulière ? La réponse est résumée en une seule phrase : la croix. Ses trois référence à la croix dans son épître aux Galates se rapportent à trois choses distinctes :
« Je suis crucifié avec Christ » (Galates 2.20)
« Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Galates 5.24)
« Mais qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde » (Galates 6.14)
Les trois aspects sont :
La croix sous ces trois aspects est la foi chrétienne. Nous ne pouvons cesser d’être surpris de voir que l’homme qui aurait traîné volontiers et véhémentement Jésus de Nazareth à la crucifixion est arrivé à voir qu’il allait lui-même être crucifié ; et maintenant il se glorifie dans cette croix pour d’autres raisons. Il n’est donc pas étonnant qu’il dise : « qui m’a appelé par sa grâce ».
Comment cela nous parle t-il ? Cela nous dit clairement et puissamment que la véritable foi chrétienne découle d’une expérience dévastatrice de la croix. De voir Christ, le Fils de Dieu crucifié, est nous voir nous-mêmes transpercés et réduits à néant. Tôt ou tard cette expérience doit être vécue, si notre vie chrétienne doit devenir une expression du Christ crucifié, ressuscité et exalté demeurant en nous.
Le vrai chrétien et la véritable Église sont une personne et une communauté crucifiées !
Quel était le résultat de cette révélation de « son Fils en moi » ? Cela pourvu à Paul une nouvelle dimension et un nouvel horizon. Cela marquait la fin d’une histoire et le début d’une autre. Auparavant la croix était une offense intolérable, elle devint plus tard la puissance et la sagesse de Dieu. La croix était le point de rencontre de deux histoires : l’une était amenée à la fin, pour l’autre c’était le commencement. L’histoire précédente s’est prouvée être fausse, la nouvelle est la vraie. Cette lettre dit qu’un Israël est arrivé à la fin, et qu’un nouvel « Israël de Dieu » est né. Qu’une Jérusalem « ici-bas » n’est plus la vraie (si elle ne l’a jamais été) et que « la Jérusalem d’en haut » l’a remplacée. L’ancienne histoire était fondée sur un nouveau siècle visualisé et centré sur les institutions d’Israël, sur Jérusalem, le temple, la loi, le sabbat. La nouvelle histoire est fondée sur l’inimitié de tout ceci, démontré dans la croix et maintenant centrée en une nation spirituelle, une Jérusalem céleste, un temple saint et céleste « pas fait de main », une loi « de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus », et un « repos sabbatique » réservé pour le nouveau peuple. Voilà la foi chrétienne selon le Nouveau Testament, et la révélation intérieure du fils de Dieu.
Résumons. Nous reconnaissons pleinement que la véritable occasion de cette lettre était — et est — le vrai fondement de la juste position de l’homme face à Dieu, et que cette vérité est débattue ici de façon concluante. Rien ne peut être permis d’interférer avec cela !
Mais lorsque nous avons reconnu ceci, nous n’avons pas résolu chaque élément pertinent de la situation conflictuelle. Pourquoi, alors que les chrétiens évangéliques ont enraciné et établi cette doctrine dans leur confession de foi et credo fondamentaux, demeure t-il tant de conflits parmi eux ?
Ceci est plus ou moins présent dans l’Église primitive même lorsque ce fondement élémentaire est accepté. En regardant de plus près à la controverse que nous trouvons dans cette lettre, nous voyons qu’il ne s’agissait pas uniquement du fondement, mais aussi de ce qui était édifié sur ce fondement. Tous les apôtres, y compris Pierre et Jacques, n’étaient pas totalement clairs à ce sujet, (voyez 2.11-14). Il existait une controverse entre les premiers apôtres, non pas sur la doctrine, mais quand à leur position intérieure. Extérieurement et doctrinalement ils étaient d’accord, mais dans le for intérieur de leur constitution religieuse, une circoncision radicale — une incision entre et autour — n’était pas encore consumée. Il y avait toujours une trace de la naissance, de l’éducation, des traditions, d’hérédité, d’héritage. En Paul, qui avait été plus profondément enraciné et plus véhémentement absorbé dans le judaïsme qu’aucun d’entre eux (voyez 1.11-14), cette incision radicale, cette opération chirurgicale spirituelle, avait été effectuée. Les résidus et les reliques du judaïsme historique et de la religion naturelle d’un coté, et l’émancipation complète — par la croix — de l’autre, étaient en conflit, et la véritable cause était la menace de changer la vraie nature de la foi chrétienne — l’Évangile. C’était une subtile et dangereuse infiltration de mélange, illustrée dans l’Ancien Testament par la prohibition divine de labourer avec un bœuf et un âne sous le même joug, ou de porter un vêtement mélangé de laine et de lin. Paul, de par son expérience profonde de la croix, voyait à travers cette menace sur la pureté de la foi chrétienne, et s’éleva pour « la défense de l’Évangile ».
Ainsi, nous en arrivons au conflit des âges, non pas seulement entre la Loi et la Grâce, mais entre la véritable nature de la foi chrétienne et les chose qui lui ont été ajoutées. Des gens peuvent être appelés chrétiens alors qu’ils n’ont aucune expérience de la nouvelle naissance, de régénération, de connaissance personnelle, ou d’une marche avec le Seigneur ; et il y en a beaucoup dont le comportement, l’apparence, et les associations ne sont pas uniquement un reniement de Christ, mais une contradiction à la décence ordinaire. L’étendue de ceci va d’une « religion » traditionnelle, vers une mondanité patente, avec divers degrés et nuances.
Aussi nous concluons en disant que la vraie bataille est pour la véritable nature de la foi chrétienne. L’appel est pour « des hommes qui ont vus le Roi » ; des hommes qui peuvent vraiment dire : « quand il plut à Dieu… de révéler son Fils en moi ». Des hommes qui auront un fardeau du cœur pour la pureté de l’Évangile, et qui paieront le grand prix du témoignage de Jésus. Ce sera au sein même de la « chrétienté » qu’ils rencontreront les forces qui pèsent sur ce prix a payer. Il en a toujours été ainsi.