Sa présence

DEUXIÈME PARTIE
PRÈS DU DIEU DE LUMIÈRE

DIVINE INFLUENCE

« Nous serons semblables à Lui parce que nous le verrons tel qu’il est. »

(1 Jean 3.3)

A l’issue d’une réunion où j’avais traité la question des richesses, l’un des auditeurs s’approcha de moi ; il tenait à me mettre au courant de son action généreuse. J’appris ainsi qu’il avait beaucoup, beaucoup donné à la paroisse et à l’œuvre de Dieu. Alors qu’il m’entretenait avec un luxe de détails de quelques beaux actes de charité dont il était naturellement l’auteur, il changea brusquement de ton et aborda un tout autre thème. Je ne fus pas long à comprendre le pourquoi de cette volte-face : sa femme venait de nous rejoindre, et la présence de l’épouse avait ramené le Monsieur à de justes proportions. Sa magnifique générosité venait de s’effondrer !

Qui dira la force d’une présence ! Je dois en convenir : dès l’instant où j’ai quelqu’un devant moi, je perds un peu de ma liberté ; même les êtres les plus insignifiants peuvent, par leur simple présence, me conditionner et m’amener à changer de comportement et de langage. Personne n’est totalement indépendant et l’influence qu’on subit est souvent, hélas ! plus mauvaise que bonne. Auprès d’un père qu’il respecte, l’enfant est gardé de faire des sottises ou de proférer des grossièretés. Qu’il côtoie des garnements et il ne tardera pas à leur ressembler. D’où l’importance de veiller non seulement aux amitiés de nos enfants mais aussi aux nôtres. « Celui qui fréquente les sages devient sage » (Proverbes 13.20). Et la meilleure des fréquentations, c’est celle du Seigneur.

Comme les choses changeraient dans ma vie si je vivais en permanence dans la présence de Dieu, sans cesse conscient que le Dieu d’amour et de sainteté est tout près de moi le spectateur de mes faits et gestes, pénétrant mes pensées et les inspirant (Psaumes 139) ! Quelle merveilleuse « influence » il exercerait sur moi ! Ou plutôt, quelle puissance libératrice émanerait de sa Personne ! Il n’y a pas de domaine de ma vie qui ne serait touché et transformé : les pensées, les paroles, le regard, les sentiments, les attitudes, les actes eux-mêmes seraient marqués du sceau de Dieu. Nous ne changeons vraiment en profondeur et durablement que dans sa proximité, aussi est-il important de le rechercher et de mettre tout en œuvre pour vivre en étroite communion avec le Seigneur. Demandons-lui qu’il crée en nous la soif et la détermination de l’aimer « de toute notre force ».

Savez-vous pourquoi, dans le ciel, nous serons parfaitement semblables à Jésus ? La réponse nous est donnée par l’apôtre Jean : parce que « nous le verrons tel qu’il est » (1 Jean 3.2-3). Alors le face-à-face sera direct et sans nuage. Et quand donc, ici-bas, sommes-nous « transformés à son image » comme dans un miroir ? Paul nous l’indique en s’adressant aux Corinthiens : « Lorsque nous le contemplons » (2 Corinthiens 3.18). Contempler, c’est attarder son regard – un regard admiratif – sur un beau paysage, sur un être exceptionnel dont la stature hors du commun nous émerveille. Cette contemplation, lorsqu’il s’agit de Dieu, sera toujours imparfaite puisque maintenant nous le voyons par la foi, « comme dans un miroir » (Jadis, les miroirs étaient faits d’une plaque de métal poli qui ne rendait qu’une image assez floue).

Il faut se persuader que hors de sa communion, nous ne faisons pas de progrès durable. Dans aucun domaine d’ailleurs. Notre vieille nature continue de triompher, ce qui nous désespère. Nous nous rebellons alors contre Dieu, sa volonté nous est insupportable surtout quand elle nous coûte et le Seigneur nous apparaît tel un maître dur et exigeant qui attend trop de nous et veut obtenir ce qui dépasse nos forces et nos moyens. Soyons rassurés et émerveillés que notre Seigneur, non seulement est en mesure de nous « rendre capables de faire sa volonté » (Hébreux 13.21), mais plus encore, de « produire en nous le vouloir de l’accomplir » (Philippiens 2.13). Dès lors, grâce à l’action du Saint-Esprit, il crée en moi le désir et même la joie d’exécuter des ordres que je redoutais, si bien que son joug me paraît léger et ses commandements pas pénibles du tout. Alors, comme David – et Celui dont il est le type – je peux m’’écrier : « Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté et ta loi est au fond de mon cœur » (Psaumes 40.9 ; Hébreux 10.5-9). « L’obéissance s’installe en nous et ce n’est pas à contrecœur que nous nous soumettons. Il semble que Dieu seul agisse et que nous soyons seulement des instruments dans sa main » (T.Kelly).

Réfléchissez un instant :

Peut-on s’approcher de la divine Lumière sans être éclairé et rendu apte à discerner le bien du mal, le vrai du faux, le meilleur du bon ? La plus légère illusion sur soi-même est démasquée en sa présence. Hésitations et perplexité se transforment en détermination et certitude. Il semble que Dieu dise alors : « Voici le chemin ; marchez-y » (Esaïe 30.21).

Est-ce possible de s’approcher du Feu divin sans être réchauffé, sans devenir un chrétien ardent, fervent d’esprit, débordant d’un juste zèle pour son Royaume ?

Peut-on côtoyer le Dieu de la paix et continuer de mener une vie fébrile et survoltée ? Peut-on rester inquiet et troublé ! devant lui ? Non, car grand est son désir de nous conduire « vers des eaux paisibles » (Psaumes 23.3).

Est-il concevable qu’on se tienne près de la Source sans être abreuvé, rafraîchi, purifié ? L’homme le plus abattu et le plus morose trouve toujours dans sa compagnie apaisement et consolation.

Comment pourrait-on contempler le Pain de vie sans être nourri, rassasié ? Près de lui, finis les murmures. Même dans l’affliction, le cœur reste serein, apaisé : « L’Éternel dresse devant moi une table en face de mes adversaires » (Psaumes 23.7). Une façon de dire que l’enfant de Dieu ne perd pas l’appétit quand gronde l’hostilité ou l’injustice.

Devant le Dieu fort, il n’est personne qui puisse se complaire dans la faiblesse ni se montrer peureux ou timoré. Impossible. Selon sa promesse, « il affermit, fortifie et rend inébranlable. A lui la Puissance aux siècles des siècles » (1 Pierre 5.10).

Est-il possible de s’approcher du Dieu de sainteté sans haïr le mal, sans être embrasé d’un ardent désir de pureté et d’amour vrai ? Dans sa présence, je ne peux plus vivre avec mes défauts et continuer de juger ou d’éprouver mon prochain. « Une vertu moyenne ne peut me satisfaire », comme le dit Th. Kelly, et « je ne puis consentir à régler ma vie sur celle des autres, il me faut une norme divine, inflexible, inexorable. Le relatif ne me suffit pas ».

Comment oserai-je fréquenter le Dieu d’amour sans renoncer à la haine, à la rancœur, sans m’opposer aux critiques négatives ? Le Dieu qui m’a aimé le premier ne me communiquerait-il pas le désir et la force de bénir quiconque m’éprouve, de travailler à son bonheur en dépit même de ce qu’il est et du tort qu’il a pu me causer (1 Pierre 3.9) ? Enfin, pourrai-je, devant sa face, maudire et détester une seule des créatures, œuvre du Créateur ?

Comment supporterai-je l’orgueil et poursuivrai-je des ambitions stupides devant Celui qui est doux et humble de cœur ? Th. Kelly, parlant de l’humilité, écrit : « L’âme éblouie par la contemplation de Dieu ne voit plus rien d’elle-même, rien de sa dégradation ou de sa supériorité personnelle… Le Dieu qui nous éblouit oblitère le « moi »… Et nul n’est près de Dieu qui n’est extrêmement humble. »

Perdu dans la contemplation du divin Modèle, je ne pourrai végéter plus longtemps dans le médiocre et me complaire dans l’à-peu-près et le désordre. Devant le Dieu de gloire je ne rechercherai plus celle qui vient des hommes tant elle m’apparaîtra mesquine et fort peu enviable. Au contraire, Dieu m’émerveillera au point que j’éprouverai une immense joie de savoir que je partagerai Sa gloire lors de son avènement ; une gloire qui ne passera pas. Alléluia !

En découvrant le Bien-aimé je ne puis qu’être incité à cultiver sa présence bénie et à éprouver la soif d’une intime communion avec lui. Comme le fiancé fait la joie de sa fiancée, Jésus réjouit mon cœur. Il est mon bonheur et ma force.

C’est vrai. Près de lui vous serez véritablement une autre personne. Et comme Moïse, descendant du Sinaï après quarante jours de face-à-face avec l’Éternel, avait un visage resplendissant qui attirait les regards du peuple, de même la vie de celui qui demeure dans le Seigneur sera illuminée par sa présence. Et si lui l’ignore, les autres en seront conscients. Cultivons Son amitié et il se passera de l’extraordinaire.

Questions :

  1. Avons-nous compris que loin de sa face, nous sommes incapables d’opérer le moindre changement profond dans notre vie ? Rechercher la sanctification (Hébreux 12.14), ne serait-ce pas, en définitive, tout mettre en œuvre pour vivre dans sa présence et cultiver une amitié fidèle avec le « parfait Modèle », le Roi des rois ?
  2. Par contre, sommes-nous conscients de tout ce que peut nous apporter la présence du Seigneur ? A sa seule gloire.
  3. Avons-nous soif de vivre en communion étroite avec lui ?

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