La religion naturelle n’assure à l’homme naturel que la force primitive et générale, donnée avec la première création, mais altérée et débilitée par le péché originel. La religion chrétienne, personnifiant la force morale comme la loi morale elle-même, offre à l’agent moral, pour réaliser l’idéal déjà réalisé une fois en Christ, le secours d’un agent divin qui est l’envoyé de Christ, et dont le rôle se rattache tout entier à la personne et à l’œuvre de Jésus-Christ, le Saint-Esprit (Jean 16.14). Et comme les deux phases principales de la sainteté personnelle de Christ, la mort et la résurrection, nous sont présentées dans le Nouveau Testament comme les types de la sanctification du chrétien, c’est encore l’Esprit de Christ qui opère en nous ce double effet : conviction de péché (Jean 16.8-10) et résurrection à une vie nouvelle et sanctifiée (Romains 8.1-11).
Mais comment cette force divine de sanctification, l’Esprit de Christ, agit-il dans le monde ? par quel intermédiaire ? par quel instrument ? L’intermédiaire, c’est l’Église qui est appelée le corps de Christ ; l’instrument, c’est la prédication de la parole de Christ, ce sont les sacrements, qui, institués par Christ, commémorent les grands faits chrétiens et doivent fonder, rétablir ou entretenir notre union avec Christ. Aux obligations suprêmes énoncées par le christianisme, correspondent donc les énergies surnaturelles renfermées dans le christianisme.
Il résulte de ce qui précède que toutes les forces morales ou moyens de sanctification mis à notre portée dans la religion chrétienne se rattachent à Christ ; que Christ est le principe dynamique de la morale chrétienne (comp. Philippiens 3.10), comme il en est la norme, comme il en est l’objet. Essayez de retrancher de cette morale soit cet objet, soit cette norme, soit cette force, vous l’avez dans les deux premiers cas ravalée, dans le troisième mutilée et stérilisée.
Mais si l’obligation morale n’est pas respectée, si la force morale est détournée de sa destination, comment se comporte le principe moral dans le christianisme ? C’est cette question que nous allons examiner.