« Demeurez fermes et que, votre cœur se fortifie, vous tous qui vous attendez à l’Éternel. » Ps 31.24.
Ce texte est à peu près le même que celui de la méditation précédente, mais il va nous servir à insister sur un enseignement très important pour ceux qui veulent réellement s’attendre à Dieu. C’est par le cœur que nous devons nous attendre à Dieu. « Que votre cœur se fortifie. » C’est de l’état de notre cœur devant Dieu que dépendra notre attente. Ce n’est qu’autant que notre cœur est préparé par le Saint-Esprit, que nous pouvons entrer plus ou moins en la sainte présence de Dieu et attendre de lui ses grâces. Souvenons-nous donc de ces mots :
« Demeurez fermes et que votre cœur Se fortifie, vous tous qui vous attendez à l’Éternel ».
Ceci paraît si simple et si naturel qu’on pourrait se demander : Chacun n’admet-il pas cette vérité ? À quoi bon insister autant là-dessus ? Il le faut pourtant, parce qu’un très grand nombre de croyants n’ont aucune idée de la différence qui existe entre la religion du cœur et la religion de l’intelligence, et que celle-ci est en général celle qui prévaut sur l’autre. On ne comprend pas qu’en ceci le cœur a plus d’importance que l’intelligence. Il faut voir dans cette erreur l’une des principales causes de la faiblesse de notre vie chrétienne, et ce n’est qu’en le comprenant bien qu’on recevra pleine bénédiction de la foi qui s’attend à Dieu.
Voici un passage des Proverbes qui m’aidera à me faire comprendre : « Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur et ne t’appuie pas sur ta sagesse. » {Pr 3.5} En toute religion nous avons à faire usage de ces deux forces-là. Notre intelligence doit recueillir la connaissance que nous offre la Parole de Dieu ; elle prépare ainsi la nourriture que le cœur doit s’assimiler ; mais ici nous sommes en grand danger de nous appuyer sur la force de notre intelligence pour saisir les choses de Dieu. On s’imagine qu’en s’occupant de la vérité, on fortifie par là-même sa vie spirituelle ; il n’en est rien. L’intelligence nous fait saisir l’idée ou l’image des choses de Dieu, mais elle ne peut agir sur la vie de l’âme. C’est là ce dont nous avertit ce commandement : « Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur et ne t’appuie pas sur ta sagesse, ou ton intelligence ». C’est par le cœur que l’homme peut croire et se mettre en contact avec Dieu. C’est dans le cœur que Dieu envoie son Esprit qui nous communique sa présence divine. Dans tout ce qui constitue notre religion, c’est le cœur qui est appelé à se confier et à aimer, à adorer et à obéir. Notre intelligence est absolument incapable de créer on de maintenir en nous la vie spirituelle, c’est notre cœur qui doit s’attendre à Dieu pour recevoir de lui cette vie spirituelle.
Il en est de ceci comme de la vie physique. Ma raison peut me dire ce que je dois manger et boire et comment les aliments nourrissent mon corps ; mais elle ne peut me nourrir elle-même ; c’est mon corps qui possède les organes chargés de le faire. De même quant au domaine spirituel: ma raison peut m’informer de ce que dit la Parole de Dieu, mais elle ne saurait me nourrir du « pain de vie » ; c’est Là ce que le cœur seul peut faire par sa foi et sa confiance en Dieu. On peut bien étudier la nature et les effets de la nourriture et du sommeil, mais dès qu’il s’agit de manger on de dormir, on laisse de côté toute étude, toute spéculation de ce genre pour user de la faculté de manger et de dormir. C’est ainsi qu’après avoir entendu ou médité la parole de Dieu, le chrétien ne doit pas se confier en ses pensées, mais s’en détourner pour appeler son cœur à s’ouvrir devant Dieu, à entrer en communion avec lui.
Voici donc ce qui nous assure la grâce de pouvoir nous attendre à Dieu : c’est de reconnaître l’incapacité de toute pensée et tout effort venant de nous-même, de faire taire tout ce qui vient de notre intelligence, pour laisser notre cœur adorer en silence, se confier eu Dieu et attendre de lui qu’il renouvelle et consolide son œuvre en nous. C’est précisément là ce que nous enseigne notre texte : « que votre cœur se fortifie, vous tous qui vous attendez à l’Éternel. » Souvenez-vous bien de la différence qui existe entre la connaissance, fruit de l’intelligence, et la foi qui vient du cœur. Gardez-vous de la tentation de vous appuyer sur votre intelligence et ses pensées claires ou profondes. Celles- ci ne sont que reflets et images fugitives ; elles ne servent qu’à vous faire connaître ce que le cœur doit recevoir de Dieu. « Que votre cœur se fortifie, vous tous qui vous attendez à l’Éternel. » Offrez à Dieu votre cœur, c’est à ce merveilleux organe de votre nature spirituelle que Dieu se révèle, c’est lui qui vous permet de connaître Dieu. Avec une entière confiance, croyez que Dieu agit dans votre cœur par le Saint-Esprit quoique vous ne puissiez pas le voir. Que votre cœur attende en repos et en silence devant Dieu et c’est là, tout au fond de votre être, que Dieu agira, soyez-en bien certain.
Pour entretenir ma vie terrestre, il ne me suffit pas de, savoir quel air et quelle nourriture me conviennent. Il faut encore que je respire cet air et que je mange cette nourriture, les assimilant ainsi à mon corps. De même ce n’est pas la connaissance des vérités divines qui pourra seule me faire du bien ; il faut que par son Esprit le Seigneur lui-même entre au dedans de moi et fasse sa demeure en moi. C’est par le cœur que je dois m’attendre à Dieu, c’est dans mon cœur que je dois recevoir Dieu, c’est dans mon cœur que Dieu me communiquera son Esprit et par là toutes les grâces spirituelles de Christ. Donnez, abandonnez continuellement tout votre cœur à Dieu. C’est là ce qu’il demande de vous pour pouvoir demeurer en vous. Oui, « que votre cœur se fortifie, vous tous qui vous attendez à l’Éternel. »
« Mon âme, attends-toi à Dieu ! »