« Il a porté nos maladies et il s’est chargé de nos douleurs. Mon serviteur juste en justifiera plusieurs et il portera leurs iniquités. Il partagera le butin avec les puissants parce qu’il a porté les péchés de plusieurs. » (Esa 53.4,11,12) (Version révisée d’Osterwald.)
Connaissez-vous ce beau chapitre cinquante-troisième du prophète Esaïe qu’on appelle souvent le cinquième Évangile ? À la lumière de l’Esprit de Dieu, il décrit d’avance les souffrances de l’Agneau de Dieu, ainsi que les grâces divines qui devaient en résulter.
Le mot porter ne pouvait manquer de se trouver dans cette prédiction. C’était en effet le mot qui devait accompagner la mention du péché, soit qu’il fût commis directement par le pécheur, soit qu’il fût transmis à un substitut. Le transgresseur, le sacrificateur, et la victime expiatoire devaient tous porter le péché. De même, c’est parce que « l’Agneau de Dieu a porté nos péchés, que l’Éternel l’a frappé pour l’iniquité de nous tous. » (Esa 53.6) Le péché ne se trouvait pas en lui, mais il a été mis sur lui, il s’en est chargé volontairement. Et c’est parce qu’il l’a porté et qu’en le portant il y a mis fin, qu’il a le pouvoir de nous sauver. « Mon serviteur juste en justifiera plusieurs, il se chargera de leurs iniquités. Il partagera le butin avec les puissants parce qu’il a porté les iniquités de plusieurs. » (Esa 53.11,12) C’est donc parce que nos péchés ont été portés par Jésus-Christ, que nous en sommes délivrés aussitôt que nous croyons cette vérité ; par conséquent nous n’avons plus à les porter nous-mêmes.
Dans ce même chapitre LIII le mot « porter » se trouve deux fois allié à deux choses différentes. Non seulement il est dit que le serviteur de l’Éternel « a porté les péchés », (Esa 53.12) mais encore « qu’il a porté nos maladies ». (Esa 53.4) « Porter nos maladies » faisait donc partie intégrante de l’œuvre du Rédempteur aussi bien que « porter nos péchés. » Quoique sans péché lui-même, « il a porté nos péchés, » et pour « nos maladies » il a fait de même. La nature humaine de Jésus ne pouvait pas être atteinte de maladie puisqu’elle était restée sainte. Nulle part dans le récit de sa vie nous ne voyons qu’il soit question de maladie. Il participe à toutes les faiblesses de notre nature humaine, à la faim, à la soif, à la fatigue et au sommeil, parce que tout cela n’est pas la conséquence du péché, mais il n’eut pas trace de maladie. Elle était impossible pour lui, puisqu’elle est la preuve de la présence du péché et un avant coureur de la mort. Comme il était sans péché, la maladie n’avait pas de prise sur lui et il ne pouvait mourir que de mort violente en consentant volontairement à la mort. Ce n’est donc pas en lui, mais sur lui que nous voyons la maladie aussi bien que le péché ; c’est de sa libre volonté qu’il s’en est chargé, qu’il les a portés. En les portant et les prenant sur lui, il en a par là même triomphé et s’est acquis le droit d’en délivrer ses enfants.
Le péché avait également attaqué et ruiné l’âme et le corps. Jésus est venu sauver l’un et l’autre. Après avoir « porté sur lui la maladie » aussi bien que « le péché, » il peut nous affranchir de l’un comme de l’autre, et pour accomplir ce double affranchissement, il n’attend qu’une chose de notre part: la foi.
Aussitôt que le malade se rend compte du sens, de ces mots : Jésus « a porté mes péchés, » il ne craint plus de dire aussi : je n’ai donc plus à porter mes péchés, car ils ne sont plus sur moi. De même aussitôt qu’il saisit et croit que Jésus, l’Agneau de Dieu, « a porté nos maladies, » il ne craint pas de dire : je n’ai plus à porter moi-même la maladie ; avec le péché, Jésus a porté la conséquence du péché, la maladie ; il en a fait propitiation et m’affranchit de tous deux.
J’ai été témoin de l’influence bénie qu’eut un jour cette vérité sur une femme malade. Depuis sept ans elle avait été presque toujours au lit. Atteinte de consomption, d’épilepsie et d’autres maux encore, elle savait par les médecins qui la soignaient qu’il n’y avait plus d’espoir de guérison pour elle.
On la transporta dans l’une des réunions religieuses du Rév. Boardman, où on la coucha à moitié évanouie sur une chaise longue. Elle ne se souvint point ensuite de ce qui avait été dit autour d’elle, mais il lui semblait entendre une voix lui dire : « S’il a porté tes langueurs, pourquoi les porter encore toi-même ? Lève-toi ? » Ensuite lui vint cette pensée : « Si je me lève et que le tombe par terre, que dira-t-on de moi ? » Mais la voix intérieure recommença à dire : « S’il a porté mes péchés, pourquoi les porterais-je encore? » Au grand étonnement de tous les assistants, elle se leva donc, et quoique très faible encore, elle put s’approcher de la table.
Depuis ce moment sa guérison continua. Au bout de quelques semaines, elle avait repris bon visage, et trois mois après, les forces lui avaient si bien été rendues que chaque jour elle pouvait consacrer quelques heures à visiter les pauvres. Avec quelle joie et quel amour elle parlait alors de celui qui était « la force de sa vie. » (Ps 27.1)
Elle avait cru que Jésus avait porté ses maux aussi bien que ses péchés, et sa foi ne fut point trompée. C’est ainsi que Jésus se révèle comme un parfait sauveur à tous ceux qui veulent se confier entièrement en lui.