L’Abbé à Lucile
Ainsi donc, Madame, vous n’êtes pas au bout de vos questions. Je l’avais bien prévu ; vous vous trouvez sur une pente où l’on s’arrête difficilement. Oh ! si ce cœur chaud, cet esprit inquiet savait enfin se reposer dans le sein de l’Église ! si cette ardeur qui vous consume était paisiblement dépensée au service du Seigneur ! Je dois vous le dire, vous me troublez à votre tour. Je n’ose vous diriger dans une matière si délicate ; moi surtout qui n’ai de droit sur vous que ceux dont votre confiance a bien voulu m’investir. Je crains, je l’avoue, qu’en écrivant à M. Mercier vous ne vous engagiez dans une voie périlleuse, doublement périlleuse avec la disposition d’esprit où vous êtes. Mais puis-je vous le défendre ? Quand je serais plus assuré que je ne le suis de votre docilité, ne dois-je pas craindre de vous faire douter de mes raisons en vous détournant d’écouter celles des autres ? Que sais-je ? peut-être faut-il que vous les entendiez pour en voir la faiblesse. Telle que je vous connais, vous vous les figurerez bonnes jusque-là. Quoi qu’il en soit, je ne puis vous encourager ; mais je n’ose vous retenir. Consultez M. votre curé : il aura peut-être plus de lumière que moi, ou plus de liberté.