Philadelphe Delord

IV.
Au secours des lépreux

La vocation.

Avant son arrivée en Nouvelle-Calédonie, Delord n’avait pas vu de lépreux et ne s’en était jamais occupé … que dans ses sermons : la lèpre, image du péché ! Ici, plus de symbole ; il allait affronter la réalité. Un jour, s’enfonçant dans la brousse, il vit, au fond d’une case enfumée, un vieillard dans un état de misère, de nudité, de saleté indescriptible, les pieds mutilés, les doigts rongés, le nez ravagé d’ulcères ; l’œil n’était qu’un globe de pus. On eût dit une face humaine déshonorée, un cadavre vivant.

Bouleversé, le « Missi » put à peine formuler la question :

– Qu’avez-vous, mon ami ?

Et l’entourage de répondre :

– C’est la maladie !

Comme s’il n’y en avait qu’une seule ; comme si, comparées à celle-là, les autres ne comptaient pas ! Les indigènes eux-mêmes, avaient peur.

– La lèpre ! ils ne prononçaient pas ce mot « qui répand la terreur ».

Delord voulut agir sans tarder.

Il alla frapper à la porte des plus hauts fonctionnaires. Voici leurs réponses :

Au Bureau n° 1 : « Nous ferons une enquête. »

Au Bureau n° 2 : « Nous avons déjà opéré des levées, attendez ! »

Au Bureau n° 3 : « Si vous voyez des lépreux catholiques, dites-leur d’aller au couvent ; s’ils sont protestants, donnez-leur un revolver. »

Il fallait se rappeler le mot d’Ibsen : « L’homme le plus fort, c’est l’homme le plus seul. » Privé de l’appui officiel, Delord entreprendra un effort individuel.

Un médecin voulut bien lui indiquer le lieu où l’Administration parquait les lépreux.

– Ils sont là-bas, vers ce cap rocheux, surmonté de bananiers. Vous en trouverez une quarantaine, peut-être moins, car souvent ils déménagent pour ne pas mourir de faim. La léproserie s’appelle : Ha-Athoua ... en français : « C’est fini. » Si vous y allez, vous verrez que le nom correspond à la situation. »

C’est fini (Ha-Athoua).

Et Delord se dirigea vers : « C’est fini. »

Le sentier qui y conduit, après avoir traversé des plantations d’ignames et de bananes, s’enfonce dans une forêt d’épines et se perd dans des parois de rochers que le visiteur gravit pendant une heure.

Voici la léproserie.

La léproserie ! … un nom. En réalité, un trou au fond duquel, sur un espace de deux mètres de long, de deux mètres de haut, une vingtaine d’occupants se traînaient et s’abritaient du soleil tropical. L’air était pestilentiel.

A la vue de ces êtres mutilés, entourés d’un essaim de mouches, Delord reçut le même choc qu’à sa première rencontre avec le vieux lépreux ; plus douloureux, cependant, à la vue de quelques enfants défigurés, blottis dans l’anfractuosité des rochers.

Après un temps, il dit :

– Que pourrais-je faire pour vous ?

Ils se groupèrent, s’interrogèrent, gesticulèrent, palabrèrent, se demandant par quel miracle un homme se trouvait là pour leur témoigner autre chose que du mépris.

Apporte-nous une vieille barrique vide.

– Une barrique ?

– Oui, nous mourrons de soif1. Nous enlèverons un des fonds du tonneau, nous le dresserons, il recueillera l’eau.

1 Dans ce sol madréporique, les sources manquent. La terre poreuse absorbe immédiatement l’eau de pluie. (Ph. D.)

– Donne-nous aussi une pioche et une pelle. On meurt chez nous, et nous ne pouvons pas creuser les tombes avec nos doigts malades.

Etait-ce vrai ? Pas d’autre désir qu’une goutte d’eau et, en attendant la fin, une pioche pour creuser son tombeau !

Le soleil baissait à l’horizon. Il fallait partir, et pendant qu’il s’éloignait, Delord entendit des complaintes : « ... Mes mains ! Mes doigts ! Mes yeux ! ... c’est fini ! »

L’appel avait retenti, une vocation était née. A partir de « c’est fini », tout allait commencer.

L’aide effective.

Il mit d’abord ses co-équipiers au courant, mais n’obtint qu’une lointaine commisération. De tous temps, les Maréens connaissaient le fléau et se tenaient à distance. Les lépreux sont des bannis … Que Dieu s’en occupe !

Lorsque Delord insistait, ses « natas » consentaient à envoyer des vivres, à creuser quelques citernes ; mais le danger de contamination les empêchait de faire mieux.

« Je rêve d’une léproserie organisée, pourvue du nécessaire et dans laquelle nous pourrions recueillir et soigner ces malades, s’écriait le « Missi ».

Mme Delord voulut mettre au pas les femmes de son entourage. Elle fonda un Ouvroir pour les lépreux ; chacun devait recevoir deux vêtements et du linge de rechange. Son mari, d’autre part, faisait gémir les presses – comme aux temps de la Réforme. Il avait installé une imprimerie et donnait beaucoup de copie à ses apprentis.

Un journal pour les lépreux paraissait mensuellement. Chaque malade y était abonné d’office.

Une feuille pour les lépreux, remplie d’histoires, de conseils, de chants. cela ne s’était jamais vu ! Avec quelle impatience, les destinataires l’attendaient ! Quant aux typographes, obligés de composer le texte, de corriger les épreuves, ils étaient par là-même appelés à corriger leur mentalité et à s’intéresser à leurs lecteurs souffrants.

Comment se soignent-ils ?

Les images grimaçantes de leurs dieux, placées devant leurs huttes, n’ayant pas eu le pouvoir de conjurer la lèpre, les Maréens ont cherché le secours auprès des sorciers et des esprits.

Ils reprennent espoir quand des voix leur parviennent. Mais quelles voix ! « Lève-toi ! … cherche des racines, du bois miraculeux. » Et le lépreux essaie de se traîner dans la forêt, jusqu’à tel arbre dont l’écorce lui a été recommandée. Il la racle de ses doigts malades, et en fait une préparation qu’il absorbe. Ce remède provoquera une violente transpiration et laissera le patient à demi-mort.

D’autres mâchent des herbes amères et cherchent à se procurer des poissons pourris. C’est leur homéopathie.

Comment les soigner ?

Delord n’a aucune préparation médicale. Comment s’y prendra-t-il ?

Le Docteur Noc, celui-là même qui lui avait indiqué le chemin d’Ha-Athoua (« C’est fini »), l’aida à répondre à cette question : il lui parla d’un arbre très connu des Chinois, des Persans, des Japonais et dont les fruits, de la grosseur d’un pamplemousse, renferment des graines d’où l’on extrait l’huile de Chaulmoogra.

Ce produit, très actif, n’est connu en Europe que depuis le milieu du XIXe siècle.

« – Personnellement, insista le Docteur Noc, je puis dire que c’est un médicament malodorant, dont les essais ne paraissent pas concluants. Les réactions sont douloureuses et le traitement, qui peut durer de deux à six années, demande de la part du médecin et du patient une endurance à toute épreuve.

« Voulez-vous mon avis ? Le résultat dépendra en grande partie du dosage ; il faudra toute une technique d’application. Pour l’instant, cette huile sommeille sur quelque étagère, à l’Hôpital de Nouméa. Rien ne vous empêche de l’essayer. »

Delord fit venir le produit.

En attendant, il se livra à une enquête sur le nombre des lépreux dans sa circonscription : cent trente furent officiellement reconnus (un lépreux sur quatorze indigènes), un grand nombre cachaient « leur souillure » et devaient encore être dépistés.

Chez tous, Delord découvrit les mêmes symptômes : macules, bulles, tubercules de la peau, raréfaction des sourcils, mains en griffes, insensibilité d’une partie des membres ; ou, au contraire, sensibilité exagérée avec douleurs névralgiques ; souvent l’anesthésie, la lourdeur du corps, prélude de la descente au tombeau.

Premiers essais, premiers résultats.

Enfin, l’huile de Chaulmoogra arriva à Maré. Delord s’empressa de l’employer, mais tout d’abord fut navré : après l’absorption du médicament, les patients étaient accablés, ils éprouvaient des malaises suivis d’éruptions cutanées, leurs plaies suppuraient abondamment.

Serait-ce la faillite ?

« Que Dieu mette au cœur des chercheurs – chrétiens ou non chrétiens – l’étincelle qui résoudra le problème et rendra l’impossible d’aujourd’hui réalisable demain ! »

Après avoir constaté qu’à elle seule l’essence de Chaulmoogra ne paraissait pas avoir de propriétés spécifiques. Delord eut idée de l’additionner d’une simple dose d’huile d’olive.

« – C’est une expérience ! J’agirai un peu en acquit de conscience. »

Il essaya son dosage sur une cinquantaine de malades. Le résultat fut encourageant : les plaies se cicatrisaient, les membres raidis s’assouplissaient, les doigts crochus se redressaient. Après quelques semaines de traitement régulier, des enfants gambadaient, des hommes allaient aux plantations.

Un gamin criait :

« – Je peux de nouveau grimper aux cocotiers ! »

Un vieillard, dont les extrémités n’avaient plus de sensibilité, déclarait :

« – Je sens maintenant quand je me heurte le pied. »

N’en pouvant croire ses oreilles et ses yeux, Delord fit venir le médecin-chef de la Colonie :

– Je ne voudrais pas m’illusionner, lui dit-il ; à vous, Docteur, de bien vouloir constater si les résultats sont probants.

La réponse ne tarda pas ; après avoir examiné un groupe d’hommes, il les renvoya dans leurs foyers, leur permit de reprendre rang dans leur tribu et de se remettre à une vie normale.

On était en mai :

« Quelle émotion, pour ma compagne et moi, lorsque plusieurs lépreux et lépreuses, soulagés, chantèrent sous nos fenêtres pour fêter le renouveau.

Serait-ce possible ?

« Je me sens comme un homme sur le seuil d’une porte. Ce qu’il voit, à l’intérieur, l’éblouit, il n’ose entrer. Si c’était un rêve ! »

Rêve qui, du reste, fut en partie dissipé. Un beau gaillard auquel le docteur avait dit : « Tu peux aller et venir librement, puisque tu es guéri », profita de sa liberté pour s’enivrer.

– Laisse-moi tranquille, maintenant, Missi ! …

Un autre, que l’huile avait soulagé, ne tarda pas à montrer sa force en battant sa femme comme plâtre.

Malgré ces défaillances, malgré l’indifférence de l’Administration qui ne l’aidait en rien, sous prétexte d’une situation obérée, il ne fallait pas abandonner la partie ; cela d’autant plus que les lépreux affluaient, de près et de loin, pour obtenir ce qu’ils nommaient « la médecine protestante ».

« La belle occasion que nous aurions eu là de faire du prosélytisme ! Mais, c’eût été indigne. N’était-ce pas assez de bonheur : moissonner quelques épis dès les premières semailles ? »

Au lieu d’un manuel de controverse, Delord envoyait à ses convalescents une bonne nourriture, des ouvriers pour leurs champs, beaucoup de savon et un verre gradué avec cette indication : « Prendre l’huile chaque matin ; ne jamais diminuer ni augmenter la dose. »

Au bout d’une année d’expériences, il se livra à une enquête dont voici les résultats :

Sur cent trente-six lépreux soignés au Chaulmoogra, additionné d’huile d’olive :

Trente et un n’ont pas éprouvé de changement (traitements irréguliers) ;

Vingt ont constaté une légère amélioration (tuberculeux, syphilitiques) ;

Quarante et un sont dans un état stationnaire satisfaisant ;

Quinze officiellement reconnus comme à peu près guéris, sont autorisés à rentrer dans la vie publique.

Pour n’être pas brillants, ces chiffres n’avaient rien d’accablant.

Delord ne jettera pas le manche après la cognée :

« Nous sommes encore loin de compte, écrit-il. Mais, n’est-ce pas déjà un progrès quand le lépreux se sent soulagé, qu’il reprend vie au contact du prochain ?

« Nous ne ferons pas prévaloir notre méthode ; nous n’opposerons pas un système à un autre. Le vrai sérum n’est pas encore à notre portée. Il viendra.

« Si modestes soient-ils, les résultats obtenus nous font un devoir de chercher ; nous agirons encore et viendrons, plus efficacement que jamais, au secours de cette grande armée des misérables. »

Où en était la Mission ?

Au milieu de cette activité médicale, que devenait le ministère ?

Delord était-il un médecin doublé d’un pasteur, ou un pasteur doublé d’un médecin ? Cette discrimination serait vaine : l’aide aux lépreux et le service de l’Eglise portaient les mêmes fruits.

Bien qu’il lui en coûte d’étaler des chiffres, le missionnaire est bien obligé de répondre à son Comité qui lui demande où il en est : « Sur une population de deux mille cinq cents protestants ; il croit pouvoir compter sur neuf cent cinquante paroissiens solides et sur trois cents coéquipiers dignes de ce nom. Plus de mille enfants, encadrés de cent cinquante moniteurs, suivent les Ecoles du dimanche.

« En une seule année, quatre temples ont été inaugurés. Chaque communauté voulait faire grand. C’est ainsi qu’une localité de cent cinquante âmes (Mébouet), qui prétendait au rang de capitale, a construit une église où douze cents personnes auraient pu trouver place. Il lui a fallu, pour cela, dix ans de sacrifices.

« Inaugurons vite ! avait dit un ancien. Si nous tardons, je risque de ne pas voir cet heureux jour. »

La solennité eut lieu ; il mourut le lendemain.

Beaucoup de catéchumènes se mettaient à l’œuvre ; les uns dans leur entourage immédiat, les autres aux Nouvelles-Hébrides ou en Nouvelle-Guinée.

« Le nombre de ceux qui croyaient s’augmentait. On accourait, afin qu’au moins l’ombre des apôtres couvrît ceux qui passaient. »

Déchirement.

Après douze années aux antipodes, il fallut répondre à une question délicate : l’éducation des enfants. Très satisfaits, ces derniers se trouvaient mieux à l’ombre des cocotiers qu’à celle d’une école européenne. Les journées sans programme rigide leur convenaient. Lépreux et paroissiens réclamaient sans cesse les visites d’urgence de leur père ; ils manquaient alors avec délices la leçon d’histoire, de géographie ou d’algèbre.

Au printemps de la vie, ils respiraient un air de vacances. Qu’allaient-ils devenir ? L’absence de toute instruction suivie leur était préjudiciable. Ils n’avaient pas choisi la Mission, eux ! Aux parents de ne point compromettre leur avenir.

Une institutrice qui partageait les soucis des Delord à cette époque, écrit :

« Nous tâchions de répartir l’enseignement d’après les programmes français. Ce n’était pas facile ; il y avait des lacunes. M. Delord était tiraillé : la mission d’un côté, les enfants de l’autre. Quand les aînés eurent quinze et quatorze ans, le temps était venu de veiller sérieusement à leur développement intellectuel.

« Lorsqu’au soir de la journée nous parlions dans notre jardin, c’était toujours ce problème de l’instruction des enfants qui revenait sur le tapis. »

M. et Mme Delord avaient trop souvent connu des enfants de missionnaires victimes de la séparation d’avec leurs parents ; d’où naissaient des sentiments d’amertume, de part et d’autre, pour le reste de leur vie.

Le bien des enfants l’emporta sur leurs préférences personnelles. Ils prirent la décision de rentrer en Europe. Il était douloureux d’en arriver là. Raison de plus pour ne pas ajourner. La nouvelle frappa la station en plein cœur. Personne ne s’y attendait, personne n’y croyait. Il fallut, néanmoins, se rendre à l’évidence.

« Comme si elle partageait nos émotions, la nature vint souligner l’événement. »

La famille Delord allait partir, on embarquait déjà ses bagages quand un cyclone s’abattit sur Maré.

« Rien d’anormal, rien qui pût faire prévoir ce phénomène, écrit le missionnaire en partance ; sauf, vers le soir, une baisse du baromètre, un embrasement général du ciel en rouge pourpre. Toute la nuit le vent exerça une poussée formidable sur la mer et refoula les vagues dans l’intérieur. Le matin, elles montèrent à l’assaut et balayèrent les arbres et les maisons. Ce qu’on prenait pour de la pluie n’était que de puissants embruns lancés avec une rage folle sur tout le pays.

« De tous côtés volaient des éclats de bois, des tôles, des toitures, des vitres.

« Notre maison était transformée en un caravansérail où s’entassaient cinquante personnes chassées de leurs cases par l’ouragan. Il n’était plus question de rivalités de famille, de lépreux ou de bien portants. Il n’y avait plus là que des créatures cherchant à sauver leur vie. On n’osait sortir, tous les chemins étaient obstrués. Je fais le tour des chambres. Notre petite Irène dort dans son lit plane ; c’est l’innocence et la confiance.

« Après vingt-quatre heures, le vent faiblit. La maison avait tenu ! ... Lorsque nos gens sont retournés chez eux, on voyait les femmes s’asseoir à une certaine distance de leurs cases dévastées et pleurer : plus d’abris, plus de temple, plus de plantations. Ce sera la grande famine. »

Un départ immédiat dans de pareilles circonstances n’était pas possible. Delord voulut rester encore plusieurs mois sur les lieux pour organiser les secours et parer au plus urgent. Les caisses se rouvrirent. Soulagés, les gens de Maré disaient :

– « Le Missi ne partira pas ! »

Pourtant, sa décision était ferme. Après un temps d’accalmie et de réparation, il la mit à exécution.

Dernière visite.

Avant son départ, il se retira, seul, en un lieu désert. Il monta au sommet d’une crête nue comme des ossements ; c’était le champ de repos.

Au début de son activité, le cimetière avait reçu l’une de ses premières visites, il recevra la dernière.

ÉPITAPHES

Celles qu’on trouvait avant son ministère
L’ORGUEILLEUX
LE MAL EMMANCHÉ
LE GRAND TRAINARD
LA PETITE BÊTE
RETOURNEZ-LE !
LE REQUIN
C’EST FINI

Celles qu’on trouvera après son ministère
L’AFFECTUEUX
LE BRAVE CŒUR
LE BON SECOURS
LE CHER ENFANT
MA ROSÉE
MON DÉSIR
C’EST LA VIE ÉTERNELLE

… En leur langage naïf et touchant, ces pierres criaient au missionnaire :

– Tu n’as pas travaillé en vain !

Du haut de la falaise, Delord vit le vaisseau qui devait le ramener en Europe et qui appareillait. La plage était noire de monde.

Il s’y rendit avec les siens. Tous ceux qui étaient valides l’entouraient et sanglotaient. Un ancien s’avança et dit d’une voix tremblante :

– Je suis chargé d’un message des lépreux ! Puisque nous ne pouvons aller au débarcadère et prendre congé de vous qui partez, nous voulons aussi vous dire merci, parce que vous nous avez aimés.

Alors, Delord monta sur le navire qui déjà levait l’ancre et ceux de Maré ne le revirent plus.

Trente ans après, en 1947, quand parvint en Nouvelle-Calédonie la nouvelle de la mort de leur ancien missionnaire, les survivants écrivirent à sa famille :

« Tout le monde, ici, a reçu en même temps le terrible coup. Nous pleurons encore Monsieur Delord, nous le pleurons avec vous ; il a été notre vrai père. »

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