Mon fils Jacob et moi-même avions décidé un soir d'assister à un concert à l'église. Nous quittâmes la maison à l'avance, pour avoir le temps de nous arrêter pour prendre une boisson dans un café en cours de route. Ces derniers mois, j'avais été sensibilisé à la nécessité de ralentir le rythme de mon existence pour en savourer tous les moments. J'étais donc ravi que nous ayons pu dégager une marge pour passer un peu de temps ensemble, au lieu d'être pressés comme d'habitude.
Lorsque nous fûmes installés devant nos boissons, je me détendis, profitant de l'instant présent. Mais Jacob avala son soda d'un trait et commença à s'agiter sur son siège. Il ne tarda pas à me presser avec l'impatience propre à l'adolescence :
« Allez, papa, on y va !
– Mais nous avons encore quinze minutes devant nous !
– Dans ce cas, nous n'avons qu'à aller… ailleurs.
– Pourquoi ? J'ai envie de me relaxer un peu et de savourer mon café.
– Allez, dépêche-toi, s'il-te-plaît ! On s'ennuie ici ! »
J'avais beaucoup réfléchis à la « maladie de la précipitation » et à ses causes. La précipitation est une attitude intérieure qui n'est pas nécessairement causée par les circonstances extérieures ; elle a notamment pour symptôme l'ennui. Son remède peut sembler paradoxal : il consiste à être présent là où vous êtes.
« Je te propose un marché, lui répondis-je. On partira dès que tu auras remarqué cinq choses dans cet établissement auxquelles tu n'avais jamais prêté attention avant. » C'était au moins la sixième ou la septième fois que nous venions là.
« Que veux-tu dire ?
– Regarde bien autour de toi. Examine les murs, le plafond, tout, et repère cinq détails que tu vois pour la première fois. »
Il leva les yeux vers le plafond.
« Euh… ben… je n'ai jamais vu ce truc jaune, fit-il en désignant le store.
– Bien ! Continue !
– Il y a un tablier punaisé au mur, là-bas. C'est la première fois que je le vois. Oh, et aussi cette photo d'un chien, en face !
– Ça fait déjà trois. Plus que deux.
– Euh… ces lampes, les brunes – je ne les avais jamais remarquées. Et… les carrelages gris et blanc par terre non plus.
– Bravo, tu as réussi ! » le félicitai-je.
Chose étonnante, au lieu de se lever immédiatement pour partir, il se prit au jeu et continua à regarder autour de lui. La sérénité, et même un soupçon d'intérêt, avaient remplacé l'impatience sur son visage. Peut-être était-ce dû au fait que j'avais présenté l'expérience comme un jeu, mais ce n'était pas sûr. Peut-être était-il vraiment frappé de tout ce que l'on pouvait voir, pour peu que l'on y prenne garde.
Jake, tu me connais, tu sais que j'essaie de tirer une leçon de tout ce que nous faisons. Alors quel était le but de ce petit exercice, d'après-toi ? »
« Me montrer qu'il faut savoir s'arrêter et regarder le monde autour de soi.
– Super ! Et pourquoi est-ce si important ?
– Parce qu'il y a beaucoup de choses dans le monde qui sont dignes d'intérêt, je suppose.
– Tu as raison. Et je voulais aussi partager avec toi ce que j'ai appris au cours de ces derniers mois. Tu vois, on s'impatiente et on dit qu'on s'ennuie, mais la vérité est qu'on ne fait pas attention à ce qui nous entoure : nous ne vivons pas dans le moment présent. Nous pensons que celui-ci n'est pas intéressant. Mais c'est faux ! Tu viens de te rendre compte que, si tu t'arrêtes pour regarder autour de toi, tu ne t'ennuies plus et tu commences à apprécier la vie.
– C'est bon, j'ai compris, papa. On peut y aller maintenant ? »
Que nous sommes lents à apprendre ! Mais c'était au moins un début.
Jésus n'a pas beaucoup parlé de la précipitation, de l'affairement et de l'inattention, sinon dans un seul texte des évangiles qui traite indirectement de ces questions. Je veux parler de l'histoire de Marthe et de Marie, deux sœurs qui vivaient à Béthanie avec Lazare, leur frère. Il semble que Jésus ait eu l'habitude de loger chez cette famille chaque fois qu'il était de passage dans la ville. Lorsque ses disciples et lui arrivèrent pour le repas, Marthe commença à paniquer. Elle avait trop à faire et pas assez de temps – tous les ingrédients de l'énervement. Au lieu de l'aider, sa sœur préféra s'asseoir aux pieds de Jésus et l'écouter. Marthe s'en plaignit à Jésus :
« Marthe était absorbée par les nombreux soucis du service : elle survint et dit : Seigneur, tu ne te mets pas en peine de ce que ma sœur me laisse seule pour servir ? Dis-lui donc de m'aider. » (Luc 10.40, CARACTÈRES GRAS DE L'AUTEUR) |
Être trop sollicité, surchargé de travail et énervé, voilà qui est monnaie courante dans notre société moderne. Marthe était confrontée au même problème que nous rencontrons quotidiennement. Nous prenons trop d'engagements, nous consacrons du temps et de l'énergie à ce qui n'en vaut pas la peine et nous passons à côté de ce qui est vraiment important.
La précipitation et le manque d'attention ne sont pas nouveaux, mais nous les avons portés de nos jours à un degré de perfection jamais atteint. Plus qu'à aucune période de l'Histoire, nous sommes obsédés par la productivité, la vitesse et l'efficacité. L'économiste et essayiste américain Jemery Rifkin constate :
« Nous sommes une nation amoureuse de la vitesse. Nous conduisons vite, mangeons vite, faisons l'amour vite. Nous ne pensons qu'à battre des records et raccourcir les durées. Nous compactons notre vie, condensons nos expériences et compressons nos pensées. Nous évoluons au milieu de mémos et de clips vidéo. Alors que dans d'autres cultures la précipitation est mère de bien des maux, nous sommes convaincus quant à nous que la vitesse est un signe de vivacité, de puissance et de réussite. Les Américains sont un peuple pressé. |
Je suis convaincu qu'il a raison. Et plus nous allons vite, moins nous profitons de la vie.
La vitesse peut être quelque chose de merveilleux. J'apprécie énormément la rapidité d'Internet. Et le fait que je puisse partir de chez moi le matin et être à Los Angeles à temps pour le déjeuner est formidable. Ce n'est pas la vitesse qui pose problème, c'est notre engouement pour elle. Notre impatience a fait de l'existence une espèce de brouillard qui nous fait tourner la tête. Notre vie spirituelle s'en ressent inévitablement et nous sommes de plus en plus frustrés et déçus.
Une fois de plus, Jeremy Rifkin met le doigt sur notre problème :
« Paradoxalement, dans une société qui veut à tout prix gagner du temps, nous nous sentons de plus en plus dépossédés de ce qui compte vraiment pour nous… En dépit de notre prétendue efficacité… il semble que nous ayons peu de temps pour nous-mêmes et encore moins pour les autres… Nous avons accéléré le rythme de notre vie et tout ce que nous avons gagné, c'est une grande impatience. Nous sommes mieux préparés à agir sur l'avenir, mais moins capables de profiter du présent et de méditer sur le passé… Nous nous sommes entourés d'une foule de gadgets technologiques destinés à nous faire gagner du temps, mais nous croulons sous les projets que nous sommes incapables de mener à bien, les rendez-vous que nous ne pouvons honorer, les emplois du temps que nous n'arrivons pas à boucler et des délais impossibles à tenir. » |
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Nous devons l'invention de l'horloge aux moines, dont les journées étaient découpées de façon très stricte en périodes de travail et de prière. La règle de Saint Benoît, rédigée au sixième siècle, dit notamment : « La paresse est l'ennemie de l'âme. C'est pourquoi toute la communauté doit être occupée à des moments définis au travail manuel et à d'autres à la lectio divina. »
Selon Saint Benoît, deux activités élèvent l'âme : le travail et la prière. L'horloge permettait aux moines de régler leurs occupations quotidiennes avec précision. Chaque jour, l'un d'entre eux était chargé de surveiller le cadran et de sonner la cloche pour appeler les frères à la prière.
L'idée que « la paresse est l'ennemie de l'âme » s'est vite imposée dans les monastères. Pour les moines, le travail était une façon de servir Dieu. Mais tout en travaillant dur, ils passaient également quatre à cinq heures par jour à lire et à prier, des activités extrêmement efficaces pour éliminer le stress. Ils étaient capables de mesurer le temps, mais ils étaient atteints par la maladie de la précipitation. La situation allait changer au cours des siècles à venir, et aujourd'hui la précipitation est devenue la maladie spirituelle numéro un.
En 1370, on érigea une horloge publique à Cologne, en Allemagne, et les autorités de la ville promulguèrent une ordonnance établissant les horaires de la journée de travail et du couvre-feu. C'est ainsi que le temps artificiel commença à « prendre le pas sur le temps naturel ». Ce dernier est organique : il est rythmé par le jour et la nuit, les saisons, le soleil et la lune. L'horloge, en revanche, est une mesure artificielle qui divise le temps naturel en secondes, minutes et heures.
Si les moines sont les inventeurs de l'horloge, nous ne pouvons cependant pas les rendre responsables de notre obsession de la vitesse. Le coupable est la technologie. L'invention de la machine a généré une approche entièrement nouvelle du travail et de la productivité. La machine est un modèle d'efficacité : elle travaille continuellement et sans se fatiguer, jusqu'à ce que la mécanique lâche. Nous l'avons créée prétendument pour nous rendre plus performants et plus productifs, mais elle a aussi eu des conséquences non prévues. Nous « avons inventé la machine puis nous l'avons prise comme modèle de vie. »
Au lieu de nous voir comme des organismes – souples et changeants, conçus pour le repos et la détente, le rire et l'apprentissage – nous en sommes venus à nous considérer comme d'autres machines. Plus notre fonctionnement s'apparentait à celui d'une machine, mieux c'était. La contemplation et le temps libre étaient relégués au second plan.
Frederick Winslow Taylor franchit une étape de plus. Au cours de la première décennie du vingtième siècle, Taylor emporta un chronomètre sur son lieu de travail à la Compagnie des Aciéries de Midvale, à Philadelphie. Avec l'accord de son patron, Taylor segmenta chaque tâche en plusieurs séquences et chronométra les ouvriers pour chacune d'elles. Puis il réfléchit à la meilleure façon de produire avec un rendement maximum – il appelait cela « le système ». Les ouvriers étaient farouchement opposés au « système », mais la productivité fit un bond en avant. Dans son traité intitulé The Principles Of Scientific Management [Les principes du management scientifique] paru en 1911, on peut lire ces paroles qui font froid dans le dos : « Avant, l'homme occupait la première place ; dans l'avenir, c'est le système qui doit avoir la priorité. »
Les prédictions de Taylor se sont vérifiées ; aujourd'hui, il ne fait aucun doute que la priorité revient au « système ». Nous nous sommes inclinés sans hésiter devant le dieu de la productivité et nous lui avons sacrifié notre bien-être pour l'apaiser. « Le ‘système de Taylor’ est encore très présent parmi nous ; il reste l'éthique de l'industrie manufacturière. »
Dernièrement, au lieu d'opter comme d'habitude pour le service au volant, j'ai pénétré à l'intérieur d'un établissement de restauration rapide. Pourquoi ? La file d'attente était trop longue dehors. Pour l'individu pressé que j'étais, la restauration rapide se devait d'être « rapide ». Alors que j'attendais impatiemment d'être servi, je remarquai un panneau d'affichage digital derrière le comptoir où l'on pouvait lire : « DURÉE MOYENNE D'ATTENTE : 45 SECONDES ». La gérante aboyait des ordres à tous les acteurs de la chaîne de préparation, les sommant de se dépêcher. La raison ? Son salaire était fonction de la rapidité du service. Ce restaurant fonctionnait selon le récit dominant de Frederick Taylor.
La célèbre maxime de Benjamin Franklin (« Le temps c'est de l'argent ») est dans le même ordre d'idée. C'est faux, bien entendu ; le temps n'est pas de l'argent. La pensée derrière cette phrase de Franklin est que la productivité détermine la valeur. Ce récit nous fait vivre sous la « tyranie de l'urgent ». Elle a donné naissance à l'obsession moderne du « multi-tâches », qui consiste à mener plusieurs activités de front.
Le mantra de notre monde axé sur le rendement est : « Votre valeur est fonction de votre productivité ». La conclusion logique est que plus nous produisons, plus nous avons de valeur. Ce que nous avons fait hier ne compte plus ; ce qui importe, c'est ce que nous faisons aujourd'hui.
Récemment, j'ai lu un article sur un phénomène nouveau appelé « omni-tâches ». Non contents de mener plusieurs tâches de front, certains se croient capables de faire pratiquement tout en même temps ! Cette tendance se rencontre souvent dans nos églises. Beaucoup de chrétiens en effet attribuent l'absence de marge dans leur vie à des communautés trop exigeantes. Nous retrouvons ici, avec une légère variante, le récit de Frederick Taylor : « L'église est plus importante que la personne. » Je connais une bonne demi-douzaine d'hommes et de femmes engagés qui ont été ainsi poussés au burn-out. Comme ils étaient doués et efficaces, on les sollicitait de plus en plus. À force d'être surchargés de responsabilités, ils ont fini par craquer.
Satan n'apparaît pas toujours sous les traits d'un diable rouge, d'un monstre hideux ou d'un objet de désir sexuel. Parfois, il lui suffit d'introduire un récit erroné (performance = valeur) dans notre esprit. Une fois cette idée fausse bien enracinée en nous, nous courons à notre perte sans même nous en rendre compte. Ce récit pourrait presque sembler chrétien, ce qui explique que nous lui opposons si peu de résistance ; nous pouvons même penser que nous agissons bien. Mais un beau jour, nous nous réveillons pour constater que ce qui comptait le plus pour nous – le temps passé avec Dieu, notre famille, notre santé émotionnelle et physique – nous l'avons sacrifié sur l'autel du rendement (ou de la réussite de notre église). Et que nous reste-t-il en échange d'un sacrifice aussi colossal ?
Comme la plupart des récits erronés, celui-ci comporte une part de vérité. C'est assurément une bonne chose que d'être productif et performant. La Bible nous recommande à maintes reprises de travailler avec zèle. Et quand quelqu'un postule pour devenir membre d'une église, il s'engage à la servir par ses prières, sa présence, ses dons matériels et son énergie. Sachons cependant que ce n'est pas Dieu qui nous surcharge de travail. C'est nous-mêmes, quand nous ajoutons foi au récit dominant qui affirme que le succès et le rendement sont plus importants que le bien-être de nos âmes.
En 1967, des futurologues ont annoncé à une sous-commission du Sénat américain que d'ici 1985, grâce aux avancées technologiques, les Américains travailleraient vingt-deux heures par semaine sur un total de vingt-sept semaines par an. L'âge moyen de départ à la retraite se situerait autour de trente-huit ans. Autrement dit, nous aurions du temps libre à ne plus savoir qu'en faire ! La réalité est que depuis 1973, le temps libre a chuté de trente-sept pour cent en Amérique. Comment cela s'explique-t-il ?
Il est impossible de mettre du temps de côté. Nous ne pouvons pas le conserver dans une bouteille pour l'utiliser par la suite. Il est vrai que la technologie réduit la durée de certaines tâches. Grâce au micro-ondes, je peux faire cuire une pomme de terre beaucoup plus vite que dans un four traditionnel. Corriger un texte sur un ordinateur est beaucoup plus rapide que de refaire la saisie sur une machine à écrire. Le courrier électronique me permet d'entrer en contact avec un ami en Angleterre en quelques secondes, contre plusieurs jours par la poste.
Alors, où va ce temps que nous avons « économisé » ? C'est simple : nous le consacrons à de nouvelles activités ! Toutes ces avancées technologiques ont accru nos exigences quant à ce qu'il était possible d'accomplir, aussi avons-nous ajouté des tâches à notre planning. Nous augmentons notre charge de travail pour ne pas nous laisser distancer par les autres, voire pour les dépasser si possible. Si nous ne plaçons pas la barre toujours plus haut, nous serons à la traîne, notre productivité s'en ressentira, et par conséquent le sentiment de notre propre valeur.
Le grand poète John Milton nous a laissé ce vers remarquable, composé alors qu'il perdait la vue : « À mesure que ma lumière s'épuise… ». Regardant en arrière au soir de sa vie, il songea à ce qu'il avait fait de son temps (de sa lumière) tant qu'il pouvait en disposer. Essayons de réfléchir à notre tour à l'usage que nous faisons de notre temps.
Pendant sa vie, un individu passe :
En une seule journée, un habitant des pays occidentaux :
Rien d'étonnant à ce que nous ayons la capacité de concentration d'une mouche ! Et que nous rapporte toute cette « productivité » supplémentaire ? Les problèmes de santé explosent et les familles passent de moins en moins de temps ensemble. En fait, un parent qui travaille consacre deux fois plus de temps à lire ses mails qu'à jouer avec ses enfants. Dans son excellent livre intitulé Éloge de la lenteur, Carl Honoré explique notamment les raisons qui ont poussé un éditeur à publier des contes pour enfants en version abrégée : « Pour aider les parents à gérer des bambins qui dévorent leur temps, divers auteurs ont condensé ces contes classiques en petites histoires à lire en soixante secondes. »
Les aspects les plus importants de notre vie ne souffrent pas d'être expédiés à la va-vite. Nous ne pouvons pas aimer, penser, manger, rire ou prier à toute vitesse. Quelqu'un m'a dit un jour : « Savez-vous comment s'épelle ‘amour’ ? T-E-M-P-S. » Ce que nos enfants désirent avant tout, c'est mon temps. Hope, ma fille, aime tout particulièrement les jours où nous observons le sabbat à la maison. Nous construisons des châteaux forts, mangeons des glaces et faisons des jeux ensemble. Je joue de la guitare, ce dont elle raffole (même si je manque souvent des accords). Nous cuisinons ensemble – pas de la restauration rapide ! Lui donner de mon temps est une façon de lui dire : « Je t'aime. Tu comptes beaucoup pour moi. »
Il est également essentiel de prendre du temps dans notre vie spirituelle. Dans ce domaine, rien d'important ne se fait à la hâte.
Lorsque nous sommes pressés – parce que nous voulons trop en faire, nous sommes incapables de prêter attention aux autres et de leur témoigner des actes de bonté. Heureusement, Dieu ne nous appelle jamais, comme Richard Foster aime à le dire, « à une vie de fébrilité haletante » En étant surchargés et pressés, nous pouvons penser que nous sommes particulièrement efficaces et que Dieu est fier de nous. Mais Dieu sait très bien que nos vies agitées nous éloignent de la seule chose qui est vraiment nécessaire.
Revenons à l'histoire de Marthe et de Marie et voyons ce que Jésus pense de notre « fébrilité haletante ». Lorsque Marthe se plaint d'être seule pour les tâches domestiques, Jésus la reprend gentiment : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses. Or, une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera pas ôtée » (Luc 10.41-42, CARACTÈRES GRAS DE L'AUTEUR).
Ce qui me fait dire que Jésus la reprend gentiment, c'est qu'il l'appelle deux fois par son prénom : « Marthe, Marthe ». Elle ne mérite pas d'être durement réprimandée, car elle veut bien faire. Son désir est de servir ses hôtes.
Pour la plupart d'entre nous, ce ne sont pas des activités mauvaises que nous devons supprimer de nos vies pour retrouver un rythme acceptable. Ce n'est pas comme si nous demandions : « Que dois-je conserver, la lecture de la Bible ou les soirées passées à me droguer avec les copains ? » Nous avons à choisir entre une multitude d'occupations parfaitement honorables et légitimes. C'est simplement que nous n'avons pas assez de temps pour toutes les accomplir. À force d'accumuler des activités, il vient un moment où nous devons en éliminer certaines. Malheureusement, les gens trop occupés font souvent l'impasse sur ce qui est le plus important : les relations, les exercices spirituels et les règles d'hygiène de base, comme manger correctement et faire de l'exercice.
« Une seule chose est nécessaire » dit Jésus à Marthe. C'est l'écouter. Jésus ne mentionne pas l'obéissance à ses commandements (elle viendra par la suite). La première chose, celle qui est vraiment nécessaire, c'est écouter Jésus. Le monde cherche à nous éloigner de cette priorité. Marthe faisait bien, mais Marie faisait encore mieux. Jésus se trouvait dans sa maison, et profiter de sa présence était ce qu'il y avait de plus important.
Vous souvenez-vous du poème de George Herbert intitulé Amour (voir le chapitre 5) ? L'âme dit à Dieu : « Lors, mon aimé, je veux servir. » Et Dieu lui répond : « Assieds-toi, goûte ma nourriture. » L'attention de Marthe était accaparée par les soucis du service. Servir n'est pas une mauvaise chose en soi, mais ce n'est pas toujours la meilleure. Ce jour-là, à ce moment précis, la meilleure chose pour Marthe aurait été de s'asseoir aux pieds de Jésus et de l'écouter. Nous sommes trop nombreux à vouloir servir Dieu sans l'écouter. Le temps du service viendra, mais écouter Jésus doit toujours passer en premier.
Jésus est le meilleur exemple d'une vie menée au bon rythme. Dans les évangiles, nous le voyons se retirer à l'écart pour être seul (neuf fois rien que dans celui de Luc). Il n'est jamais pressé, ne fait rien à la hâte. J'aime beaucoup ce passage de l'évangile de Marc :
« Vers le matin, pendant qu'il faisait encore très sombre, il se leva et sortit pour aller dans un lieu désert où il se mit à prier. Simon et ceux qui étaient avec lui s'empressèrent de le rechercher, et quand ils l'eurent trouvé, ils lui dirent : Tous te cherchent. Il leur répondit : Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que j'y prêche aussi ; car c'est pour cela que je suis sorti. Et il s'en alla par toute la Galilée, prêchant dans les synagogues et chassant les démons. » (Marc 1.35-39) |
Remarquez l'équilibre entre contemplation et action, ou, pour reprendre les termes de John Wesley, entre « piété et miséricorde ». Avant le lever du jour, Jésus se rendit dans un lieu désert pour prier. Il passa du temps seul avec son Abba céleste.
Mais ses disciples s'affolèrent en constatant son absence, d'autant que le travail ne manquait pas. « Où étais-tu ? » voulut savoir Pierre. Jésus lui répondit simplement : « Allons-y ». Puis il alla proclamer la bonne nouvelle du royaume de Dieu et manifester sa puissance par des signes et des prodiges. Voyez-vous l'équilibre parfait ici ? Jésus prenait du temps pour se reposer et renouveler son être intérieur, mais il n'oubliait pas non plus le travail et le service.
C'est dans les moments de silence et de solitude, dans le temps passé seul avec son Père céleste que Jésus approfondissait son identité. Il avait trouvé le secret d'un équilibre parfait entre contemplation et action, entre repos et travail. Il savait qui il était. Ceux d'entre nous en qui Christ demeure devraient faire de même. Dans le temps que nous passons aux pieds de Jésus dans le silence, le repos et la contemplation, nous recevons la force qui nous permettra d'agir avec sagesse dans le tourbillon de ce monde. Lorsque nous ralentissons, nous entendons l'Esprit murmurer à notre oreille que nous sommes aimés, et nous pouvons dès lors refléter la gloire de Christ qui est en nous. Nous devenons le gendre d'hommes et de femmes dont notre monde, en proie à l'agitation et à la peur, a terriblement besoin.
Quand mon ami John Ortberg accepta un nouveau ministère très exigeant, il appela Dallas Willard pour lui demander conseil. Il s'arma d'un carnet et d'un crayon, prêt à noter une bonne demi-douzaine de recommandations essentielles. Dallas commença par lui dire :
« Sois sans pitié pour éliminer toute espèce de précipitation de ta vie. »
John nota soigneusement.
« Très bien, et après ? Voulut-il savoir.
– C'est tout. Si tu fais cela, John, tout ira bien. »
Dallas savait que John possédait déjà tout ce qui lui était nécessaire pour être efficace dans son nouveau rôle. John est un des chrétiens les plus brillants et les plus consacrés que je connaisse. Il a une excellente connaissance de la Bible, une compréhension approfondie de la théologie et du ministère, des années de pratique dans le domaine de la formation spirituelle et le Saint-Esprit pour le guider. Il n'avait pas besoin de conseils ou de techniques supplémentaires. Mais il devait apprendre à vaincre l'ennemi numéro un de toute vie spirituelle : la maladie de la précipitation.
Pourquoi est-il tellement primordial d'éliminer toute forme de hâte de notre existence ? Simplement pour être présents ou, plus précisément, présents au moment présent dans toute sa gloire. Nous prenons conscience de ce qui nous entoure. Nous voyons les couleurs et sentons les odeurs ; nous entendons les bruits feutrés et goûtons la caresse du vent sur notre visage. En bref, nous « avons la tête hors de l'eau » et expérimentons la vie dans sa plénitude. Et le dernier avantage, mais non le moindre, c'est que nous pouvons être à l'écoute de Dieu. Si je veux bien mener ma vie de chrétien, je dois être constamment relié à Dieu. La précipitation n'a pas sa place dans une vie bien vécue.
Il est possible d'être rapide sans précipitation. Si je ne dispose que de dix minutes pour me rendre d'une extrémité de l'aéroport à l'autre, je peux marcher vite sans me presser. La précipitation est une condition intérieure basées sur la peur : « Si je manque cet avion, c'est la catastrophe. Ma vie est finie ! » Mais si j'avance au rythme de Dieu, j'apprends à dire : « Ce n'est pas la fin du monde si je manque cet avion. Dieu est avec moi. Tout se passera bien. En attendant, je vais bouger mes jambes aussi vite que je peux, tout en restant serein. »
« La précipitation nous dit Carl Jung, n'est pas du diable ; elle est le diable. » Quand nous sommes pressés, nous ne pouvons pas profiter de la vie au maximum ; de même, nous sommes incapables d'entrer en contact avec notre moi profond, de connaître nos véritables sentiments. Et surtout, nous allons plus vite que Dieu. En revanche, si nous ralentissons, nous pouvons nous laisser trouver, trouver par la vie et par Dieu. Nous prenons le rythme de Dieu. Lorsque nous éliminons la précipitation de notre vie, l'Esprit vient marcher à côté de nous et nous fortifie.
Je décidai un jour de prendre une après-midi pour vivre « délibérément », selon le terme de Henri David Thoreau. C'était une journée de février exceptionnellement douce, aussi je m'installai dans un fauteuil d'extérieur au fond du jardin. Un gros buisson vert se détachait nettement au milieu des autres arbres aux branches encore nues. En temps normal, je n'aurais jamais prêté attention à cet arbuste et, vu la période de l'année, je n'aurais pas passé plus de quelques minutes dans le jardin.
Au bout de quelques minutes, je remarquai quelque chose de bizarre. Non seulement un buisson avait conservé toutes ses feuilles, mais il était couvert de grappes de petites baies. Étonné de voir des fruits au mois de février, j'en demandai la raison à Dieu. Aussitôt, comme pour obéir à un signal, un petit oiseau de la taille d'un pinson s'approcha, cueillit une baie et s'envola jusqu'à l'arbre voisin, où il se percha pour la déguster. L'Esprit me murmura : « Voilà pourquoi cet arbuste est couvert de baies. »
J'avais l'impression que mon jardin était devenu le théâtre du Sermon sur la montagne : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit » (Matthieu 6.26). Mais l'Esprit n'en avait pas fini avec moi. Il me rendit attentif à la grande quantité de baies que portait cet arbre – il y en avait des milliers – et à la petite taille de ces oiseaux, qui auraient pu tenir dans le creux de ma main. Je compris le message : Dieu leur donnait beaucoup plus que ce qui leur serait nécessaire. Je compris aussi son application : quand nous vivons avec le Dieu bon et merveilleux, ce qu'il met à notre disposition dépasse de loin nos besoins.
Jamais je n'aurais compris cette leçon si je n'avais pas été assez « fou » pour quitter pour un temps la course au rendement et aller passer une après-midi dans mon jardin. Robin Myers écrit : « Pendant chacune de nos heures de veille se déroule une scène d'un théâtre sacré, jouée devant un auditoire en grande partie aveugle. » Je veux contempler ce théâtre sacré chaque jour de ma vie. Je ne veux rien manquer de tout ce que Dieu tient en réserve pour moi.
Ce trésor ne peut se trouver que dans le moment présent. Comme l'expliquent Richard Bailey et Joseph Carlson :
« En réalité, la vie n'est rien de plus qu'une succession de moments présents – l'un après l'autre – dont nous devons profiter… Vous vivez toujours dans ce moment-ci : serez-vous présent ou absent ? » |
Pour ma part, je veux être présent. (N'est-ce pas amusant que le mot présent signifie aussi cadeau ?)
Non seulement nous devons ralentir pour pouvoir grandir dans notre vie spirituelle, mais il nous faut également comprendre que la croissance spirituelle est un processus lent. La confection des cornichons au vinaigre est une bonne illustration de notre cheminement en tant que disciples.
Pour réaliser ce condiment, il nous faut d'abord des cornichons. Puis nous devons préparer la saumure, en mélangeant du vinaigre, du sel et des aromates. Si nous trempons les cornichons dans la solution pour les retirer aussitôt, nous aurons simplement des cornichons mouillés. Pour qu'ils acquièrent leur goût caractéristique, il faut les laisser macérer au moins six semaines dans la saumure. Peu à peu, les aromates pénètrent dans les cornichons, et nous obtenons le fameux condiment.
Il faut six semaines pour faire les cornichons au vinaigre, mais il faut beaucoup plus longtemps pour devenir un apprenti de Jésus. Le célèbre prédicateur Graham Scroggie a écrit :
« Le renouvellement spirituel est un processus graduel. Toute croissance est progressive, et plus l'organisme est complexe, plus le processus est long. » |
Les êtres humains sont des organismes plus sophistiqués que les cornichons et de nombreux facteurs entrent en ligne de compte dans leur transformation. Mon intellect, mes émotions et mon corps présentent des facettes multiples. L'âme humaine est une entité complexe qui change très lentement.
J'aime beaucoup cette histoire racontée par A. H. Strong :
« Un étudiant demanda au président de son université s'il pouvait suivre un cursus plus court que celui qui était préconisé. ‘Pas de problème ! répondit le président. Après, tout dépend de ce que vous voulez devenir. Lorsque Dieu veut faire un chêne, il prend cent ans. Mais pour faire une citrouille, il lui faut six mois.’ » |
Strong explique qu'en plus d'être lente, la croissance spirituelle n'est pas uniforme. Nous pouvons faire des progrès considérables certaines années et voir très peu de changements d'autres années. Un chêne ne grandit réellement, en terme de développement visible, que deux mois pas an. Il consacre les dix mois restants à consolider cette croissance.
Dans un de ses livres, le journaliste et auteur à succès américain Malcom Gladwell se penche sur la vie de personnages hors normes. Bien que certains naissent apparemment avec un talent exceptionnel, Gladwell fait la constatation suivante :
« Ce qui ressort en général, c'est que dix mille heures de pratique sont nécessaires pour atteindre un niveau de maîtrise qui fait de vous un spécialiste mondialement reconnu dans quelque domaine que ce soit… Après l'étude de la vie de dizaine de compositeurs, de sportifs, de joueurs d'échecs, de criminels de ‘haut niveau’ et d'autres, c'est ce nombre qui ressort continuellement… Il semble que le cerveau ait besoin de ce temps pour assimiler tout ce qu'il doit savoir pour atteindre une véritable maîtrise. » |
Il cite Mozart comme exemple. On raconte généralement que Mozart composait de la musique à l'âge de six ans. Mais fait remarquer Gladwell, ce n'était pas de la bonne musique. Il composa sa première œuvre de qualité à vingt-et-un ans, après quinze années de travail acharné, et il fallut encore attendre près de dix ans pour voir émerger son chef d'œuvre. Le critique musical Harold Schonberg estime que, dans ce sens, Mozart s'est « développé tardivement » !
Il faut beaucoup de temps pour être compétent dans un domaine. Mais pour atteindre un niveau exceptionnel de maîtrise, ce ne sont pas moins de dix mille heures de travail qui sont nécessaires. Ne vous découragez pas ! Je dis cela simplement pour placer le processus de transformation dans une perspective juste. Beaucoup de chrétiens démarrent une étude biblique et s'attendent à des changements spectaculaires dans les mois qui suivent. Quand ils ne constatent que peu de progrès, ils pensent généralement qu'ils s'y sont mal pris ou qu'ils ne font pas assez d'efforts et le découragement s'installe.
La vérité est que tout ce que nous faisons pour changer, même le plus petit pas, a un effet sur nous. Si vous lisez attentivement ce livre et remplacez peu à peu vos récits erronés par ceux de Jésus, nul doute que vous ferez des progrès significatifs. Je suis convaincu que le Saint-Esprit marche à côté de vous et renouvelle votre âme si vous pratiquez les exercices spirituels avec sérieux. Mais il ne faut pas vous attendre à des changements spectaculaires du jour au lendemain.
Par exemple, cela fait plus de vingt-cinq ans que je travaille à débusquer les récits erronés en moi et que je pratique ces exercices spirituels, et je suis toujours « en chantier ». Mais il ne s'est pas passé un seul mois sans que je constate une avancée dans ma marche avec Dieu.
Prenez courage. Le changement prend du temps, mais il est effectif. Pour beaucoup d'entre vous, il commence déjà. Dieu accomplit une œuvre bonne en vous et vous le savez. Soyez assuré qu'elle marque le commencement d'une vie nouvelle avec Christ. Ne placez pas votre confiance dans ce livre ou dans n'importe quel autre, mais dans le Dieu bon et merveilleux qui est à l'œuvre en vous et qui a un plan pour votre vie. « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous une œuvre bonne, en poursuivra l'achèvement jusqu'au jour du Christ-Jésus » (Philippiens 1.6).
Le but de ce livre a été de vous faire découvrir et aimer le Dieu que Jésus connaît. Nous ne pouvons pas entrer dans une relation plus profonde avec Dieu sans le connaître et l'aimer.
Ce chapitre est une transition vers le deuxième livre de cette série, dont l'objectif est le même : détrôner les récits erronés et enraciner la vérité dans votre âme à l'aide d'exercices spirituels. Ce deuxième volume abordera des problèmes comme la colère, le mensonge, le désir et l'inquiétude. Ce que Jésus dit à ce sujet est à l'opposé des récits que nous entendons dans le monde.
Une fois que nous avons commencé à « macérer » dans la vérité des récits de Jésus, nous pouvons examiner nos cœurs et nos vies.
Maintenant que nous connaissons le Dieu de Jésus, le Dieu bon et merveilleux, nous sommes invités à vivre en conséquence. En attendant, sachons ralentir le rythme de nos vies et laisser les récits de Jésus s'installer dans notre cœur, notre intellect et notre âme.
Notre âme est caractérisée par la lenteur. Robert Barron écrit :
« La partie la plus profonde de l'âme aime avancer lentement, car elle cherche à savourer plutôt qu'à accomplir ; elle veut contempler ce qui est beau et s'en délecter, plutôt que de courir ailleurs. » |
Voilà donc ce que sera votre mission cette semaine : ralentir, savourer, vous reposer et contempler. Ralentir signifie éliminer toute précipitation de notre vie et limiter les sollicitations et les activités. Nous pouvons alors mieux profiter de notre existence et faire de la place à Dieu.
Par le passé, les chrétiens s'adonnaient à des pratiques ascétiques (jeûnes prolongés ou auto-flagellation) pour discipliner leur corps et s'approcher de Dieu. Ces pratiques ne sont plus adaptées à notre culture moderne. Paul Evdokimow écrit à juste titre :
« Aujourd'hui, le combat n'est pas le même. Nous n'avons plus besoin de nous infliger des souffrances supplémentaires. Les tuniques de crin ou de métal, les chaînes et la flagellation risqueraient de nous briser inutilement. De nos jours, la mortification prendrait la forme d'une libération des assuétudes de toute sorte – la vitesse, le bruit, l'alcool et les divers stimulants. L'ascétisme consisterait à nous accorder le repos nécessaire, à observer des périodes régulières de calme et de silence, où nous réapprendrions à nous arrêter pour nous adonner à la prière et à la contemplation, même au milieu de tous les bruits du monde. » |
Je crois que ce qu'il dit de notre mode de vie est parfaitement vrai. Nous sommes esclaves de la vitesse et des stimulants, c'est pourquoi la discipline dont nous avons le plus besoin consiste à ralentir, à nous calmer et à prendre du temps pour le repos et la contemplation.
Nous ne pouvons pas ralentir tant que nous n'avons pas compris le principe de la marge. Nous devons commencer par supprimer des activités avant de pouvoir changer le rythme de notre existence.
Mon ami Matt Johnson est un exemple vivant du principe de la marge et du changement de rythme. Pasteur assistant efficace et consacré, Matt avait accepté de plus en plus de responsabilités au fil des années, essentiellement parce que ses compétences étaient vastes et variées. Il finit pas se rendre compte que ses trop nombreuses occupations affectaient sa vie spirituelle. Après en avoir discuté avec son épouse, Matt demanda au pasteur responsable s'il était possible qu'il travaillât moins. Cela impliquait de toute évidence une baisse de salaire, que d'ailleurs Matt lui-même proposa.
À présent, Matt a du temps libre le lundi et le vendredi pour s'asseoir aux pieds de Jésus. En tant qu'ami, je peux vous assurer que le Christ qui demeure en lui est une grande bénédiction pour moi comme pour beaucoup d'autres. Certes, son « rendement » a diminué et il gagne un peu moins d'argent, mais sa vie spirituelle s'est considérablement approfondie. Qu'est-ce qui est le plus important ? Matt serait le premier à vous dire que ce qu'il a gagné excède largement ce qu'il a perdu. Il vit au bon rythme, il est présent là où il se trouve et il fait entrer Christ dans tous les domaines de sa vie.
Lorsque vous changez de cadence, votre système interne (votre âme) est perturbé et vous pouvez ressentir une certaine frustration. Par exemple, lorsque vous vous forcez à rouler dans la voie de droite, la plus lente, vous risquez d'avoir des crampes d'estomac et peut-être même grincerez-vous des dents. Votre corps tout entier protestera : « Allez ! plus vite ! Assez traîné ! On se dépêche ! » C'est normal, il a été entraîné à réagir ainsi. Vous devez mourir à ce besoin intérieur. Ne vous en faites pas, vous pouvez y arriver. Personne n'en est mort jusqu'à présent !