On donne le nom de Deuxième épître de saint Clément à un écrit contenu dans les deux manuscrits grecs et dans le manuscrit syriaque de la lettre authentique de saint Clément, et que ces manuscrits désignent comme une seconde épître de ce pape. Eusèbe, qui en parle le premier (H.E., 3.38.4), remarque cependant « qu’elle n’a pas été aussi connue que la première, puisque nous ne voyons pas que les anciens s’en soient servis ». De fait, ce n’est ni une lettre ni une épître, mais bien une homélie ou un discours lu dans une assemblée de fidèles. « Frères et sœurs, après (la parole du) Dieu de vérité, je vous lis cette exhortation, afin qu’en prêtant attention aux choses qui ont été écrites, vous vous sauviez vous-mêmes, et votre lecteur avec vous » (19.1). L’opinion qui y voyait la lettre du pape Soter aux Corinthiens, dont parle Denys de Corinthe (Eusèbe, H.E., 4.23.11), n’est donc pas soutenable. On ne saurait non plus attribuer cet écrit au pape Clément. Non seulement le silence des anciens va contre cette hypothèse ; mais « les différences de style, de ton, de pensée accusent un contraste si complet avec l’Épître (authentique) aux Corinthiens que la seule critique interne serait fondée à rejeter l’attribution du second écrit à l’auteur de l’épître » (Hemmer)
Nous sommes donc en présence d’un sermon anonyme dont il est impossible d’indiquer l’auteur. Comme on n’y trouve pas de sujet précis traité avec suite, il est difficile d’en analyser le contenu. Après une affirmation énergique de la divinité de Jésus-Christ, l’auteur s’étend sur le prix du salut qu’il nous a apporté, et sur le soin que nous devons avoir d’observer les commandements (ch. 1 à 4). Notre salut ne peut s’opérer que par une lutte continuelle contre le monde. Embarquons-nous donc pour le combat céleste (5 à 7), et efforçons-nous de pratiquer les vertus chrétiennes, la pénitence, la pureté, la charité mutuelle, la confiance en Dieu, l’amour de l’Église (8 à 17). Conclusion : travaillons à nous sauver quoi qu’il en coûte : Gloire à Dieu ! (18 à 20).
Comme on le voit, ce discours n’est pas proprement une homélie sur un texte déterminé de l’Écriture : c’est une exhortation chaleureuse à vivre chrétiennement et à gagner le ciel. « La pensée est souvent banale… l’expression est souvent gauche, imprécise. La composition est lâche, sans dessein suivi », et néanmoins on y peut « noter au vol des sentences assez bien frappées ». C’est l’œuvre d’un auteur inexpérimenté, mais pénétré de ce qu’il dit, et qui a su parfois le dire avec onction.
Certains critiques, frappés des analogies que notre écrit présente avec le Pasteur d’Hermas, ont pensé qu’il avait vu le jour à Rome. Ces analogies toutefois sont, en somme, peu caractéristiques. D’autres ont aperçu dans 7.1-3, où il est question des lutteurs qui accourent à force de voiles, et de l’embarquement des chrétiens pour le combat, une allusion aux jeux isthmiques, et croient, en conséquence, que l’exhortation a été lue à Corinthe même. Ceci expliquerait qu’elle ait été jointe dans les manuscrits à l’épître de saint Clément aux Corinthiens. C’est une hypothèse assez vraisemblable.
Quant à la date de sa composition, on est d’accord pour la fixer dans la première moitié du iie siècle, plus précisément entre 120-140, avant l’éclosion des grands systèmes gnostiques dont l’auteur n’a pas l’air de se défier.