Jean 13.31-38 : Lors donc que Judas fut sorti, Jésus dit : Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu le glorifiera aussi en lui-même, et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, je suis encore avec vous pour peu de temps : vous me chercherez, et comme j’ai dit aux Juifs : là où je vais, vous ne pouvez venir, je vous le dis aussi maintenant. Simon Pierre lui dit : Où vas-tu ? Jésus répondit : Là où je vais, tu ne peux maintenant me suivre, mais tu me suivras plus tard. Pierre lui dit : Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi. Jésus lui répond : Tu donneras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te le déclare, certainement le coq ne chantera pas avant que tu ne m’aies renié trois fois.
Jean 14.1-5 : Que votre cœur ne se trouble point : croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père il y a plusieurs demeures ; sinon, vous dirais-je que je vais vous préparer une place ? Et si je vais et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi ; et là où je vais vous en savez le chemin. Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où tu vas, comment en saurions-nous le chemin ?…
Jean 14.12-28 : En vérité, en vérité, je vous le déclare, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais vers le Père ; et, quoi que ce soit que vous demandiez en mon nom, je le ferai afin que le Père soit glorifié dans le Fils… je prierai le Père et il vous donnera un autre défenseur, pour être éternellement avec vous, l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir… Je ne vous laisserai point orphelins, je viens à vous. Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez, parce que je vis et que vous aussi, vous vivrez. En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et que je suis en vous… celui qui m’aime sera aimé par mon Père et moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai moi-même à lui. Judas, non pas l’Iscariot, lui dit : Seigneur, que s’est-il passé pour que tu ailles te manifester à nous et non pas au monde ? Jésus lui répondit et lui dit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous demeurerons chez lui… Vous avez entendu que je vous ai dit : je m’en vais et je viens à vous ; si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père, parce que le Père est plus grand que moi…
Jean 15.4,26 : Demeurez en moi et moi je demeurerai en vous ; comme le sarment ne peut porter de fruit de lui-même, s’il ne demeure au cep, vous non plus, si vous ne demeurez en moi… Quand sera venu le Défenseur que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui sort d’auprès du Père, c’est lui qui témoignera en ma faveur…
Jean 16.5-33 : … maintenant je m’en vais à Celui qui m’a envoyé, et nul de vous ne me demande : Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. Toutefois je vous dis la vérité : il vous convient que je parte : car si je ne pars pas, le Défenseur ne viendra pas à vous, mais si je m’en vais, je vous l’enverrai, et quand il sera venu, il convaincra le monde en fait de péché, en fait de justice et en fait de jugement : … en fait de justice, parce que je m’en vais au Père et que vous ne me verrez plus…
Jean 16.16-33 : Encore un peu de temps et vous ne me verrez pas, puis derechef un peu de temps et vous me verrez. Quelques-uns de ses disciples se dirent donc les uns aux autres : Que signifie ce qu’il nous dit : encore un peu de temps et vous ne me verrez pas, puis derechef un peu de temps et vous me verrez, et : je m’en vais au Père ? Ils disaient donc : Nous ne savons ce que signifie ce peu de temps, dont il parle. Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger et il leur dit : Vous discutez sur ce que j’ai dit : encore un peu de temps… En vérité, en vérité, je vous déclare que pour vous, vous pleurerez et vous vous lamenterez, tandis que le monde se réjouira : vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se transformera en joie. La femme, quand elle est près d’enfanter, éprouve de la tristesse parce que son heure est venue ; mais quand elle a mis le petit enfant au monde, elle ne se souvient plus de sa tribulation, à cause de la joie qu’elle éprouve de ce qu’un homme est né dans le monde. Vous donc aussi, vous avez maintenant, il est vrai, de la tristesse, mais je vous reverrai et votre cœur se réjouira, et nul ne vous enlèvera votre joie : et en ce jour-là, vous ne m’interrogerez sur rien. En vérité, en vérité, je vous le déclare, si vous demandez quelque chose au Père, il vous le donnera en mon nom : jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom, demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète. Je vous ai parlé de ces choses par figures (ἐν παροιμίαις), l’heure vient où je ne vous parlerai plus par figures, mais où je vous entretiendrai ouvertement du Père ; en ce jour-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que c’est moi qui solliciterai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti d’auprès de Dieu (παρὰ τοῦ ϑεοῦ). Je suis sorti de chez le Père (ἐκ τοῦ πατρὸς) et je suis venu dans le monde, je quitte derechef le monde et je vais au Père. Ses disciples dirent : Voici, maintenant tu parles ouvertement et tu n’emploies aucune figure ; maintenant nous savons que tu sais tout et que tu n’as pas besoin que personne t’interroge, c’est pourquoi nous croyons que tu es sorti d’auprès de Dieu (ἀπὸ ϑεοῦ). Jésus leur répondit : Vous croyez maintenant ; voici, l’heure vient et elle est venue, où vous serez dispersés, chacun chez soi, et où vous me laisserez seul, toutefois je ne suis pas seul, car le Père est avec moi ; ayez courage, moi j’ai vaincu le monde.
Jean 17.1-26 : Jésus prononça ces paroles, puis il leva les yeux au ciel et dit : Père, l’heure est venue ! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie… glorifie-moi, Père, auprès de Toi, de la gloire que j’avais auprès de Toi, avant que le monde fût ! … je ne suis plus dans le monde et eux sont dans le monde et moi je vais à toi, Père Saint… ce n’est pas seulement pour ceux-là que je prie, mais encore pour ceux qui par leur parole croient en moi, afin que tous soient un, comme Toi, Père, tu es en moi et moi en Toi, afin qu’eux aussi soient en nous… Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi y soient avec moi, afin qu’ils voient ma gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la création du monde. Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux !
Le dénouement approche. Jésus est à la veille de sa mort ; il vient de laver les pieds de ses disciples pour leur donner un exemple d’humilité qui ne devait pas être oublié, et continuer de les préparer à l’humiliation si profonde et si volontaire qu’il allait subir. Il vient d’instituer la sainte Cène, ce mémorial anticipé de sa mort. Déjà Judas est sorti pour consommer son épouvantable crime. Jésus est seul avec ses disciples demeurés fidèles et il en profite pour leur adresser ses dernières instructions, tout entremêlées de promesses et d’exhortations, puis pour prier une dernière fois avec eux.
Nous ne chercherons point à expliquer complètement ces sublimes chapitres à la fois si simples et si profonds, et non moins riches pour le cœur que pour l’esprit. Nous n’expliquerons pas même l’ensemble des versets nombreux, il est vrai, que nous venons d’en extraire. Nous nous bornerons à y relever les éléments prophétiques qu’ils renferment concernant ce qui allait arriver au Seigneur et les nouveaux rapports qu’il entretiendrait avec ses disciples ; mais nous joindrons aussi à ces éléments prophétiques les principales données fournies par ces chapitres sur les dispositions des disciples dans ce moment solennel.
Quant à lui-même, Jésus annonce à ses disciples : 1° Qu’il va les quitter dans peu de temps et qu’ils ne pourront pas le suivre, au moins pour le moment (Jean 13.33-36) ; qu’il s’en va (Jean 14.28 ; 16.7), qu’il part, qu’il quitte le monde (Jean 16.28 ; 17.11).
2° Qu’il va être glorifié par Dieu auprès de Dieu, et qu’il le sera bientôt (Jean 13.32) ; qu’il retrouvera auprès de Dieu la gloire qu’il avait avant que le monde fût (Jean 17.5,24) ; qu’il va au ciel, dans la maison du Père céleste (Jean 14.2) ; qu’il va vers son Père, vers celui qui l’a envoyé (Jean 14.12, 28 ; 16.10, 17, 28 ; 17.11).
Quant aux rapports qu’il entretiendra désormais avec ses disciples, Jésus leur annonce que leur séparation ne sera point définitive, qu’ils se retrouveront pour être plus unis que jamais. Et il semble à cet égard leur parler successivement de trois périodes différentes. Mais tandis que dans les ch. 14-16 il commence par la période la plus éloignée pour finir par la plus prochaine, dans la prière du ch. 17 il suit l’ordre inverse.
1° Il commence donc et il termine en leur parlant de la période la plus lointaine et du glorieux retour qui devait l’inaugurer, retour dont quelques jours auparavant il leur avait abondamment parlé en annonçant la ruine de Jérusalem, première manifestation grandiose de son jugement (Matth. ch. 24 et 25 ; Marc ch. 13 ; Luc 21.5-36). Ici, il ne leur parle que très brièvement de cette période et il ne leur en parle qu’au point de vue de ce qu’il devait faire pour eux. Jean 14.3 : Je reviendrai et vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussia. Jean 17.24 : Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi y soient avec moi, afin qu’ils voient ma gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la création du monde.
a – Je rapporte ce passage au retour glorieux de Jésus et non à l’envoi du Saint-Esprit dont il est question plus bas. Telle est aussi l’interprétation de Calvin, Astié, Meyer (d’après Astié), de Pressensé, etc.
2° Après leur avoir fait entrevoir leur éternelle réunion avec Lui au sein de la gloire céleste, Jésus entretient ses disciples avec détail de la réunion qui devra avoir lieu déjà sur la terre et qui résultera de l’envoi du St-Esprit. Jean 14.16 : Et moi je prierai le Père et il vous donnera un autre défenseur pour être éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir… Jean 14.18-24 : Je ne vous laisserai point orphelins, je viens à vous : encore un peu de temps et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me verrez, parce que je vis et que vous aussi, vous vivrez. En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et que je suis en vous… Celui qui m’aime sera aimé par mon Père et moi aussi, je l’aimerai et je me manifesterai moi-même à lui. Jean 16.7 : il vous convient que je parte, car si je ne pars pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai. Jean 17.20-21 : …ce n’est pas seulement pour ceux-là que je prie, mais encore pour ceux qui par leur parole croient en moi, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en Toi, afin qu’eux aussi soient en nous.
3° Après leur avoir fait entrevoir leur réunion dans le ciel et avoir ensuite insisté sur leur rapprochement déjà sur la terre par le moyen du St-Esprit, Jésus nous semble avoir surtout en vue une période beaucoup plus courte et beaucoup plus rapprochée, celle qui devait s’écouler entre la résurrection et la Pentecôte. Jean 16.16 : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, puis derechef un peu de temps et vous me verrez… Jean 16.20-22. En vérité, en vérité, je vous déclare que pour vous, vous pleurerez et vous vous lamenterez, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se transformera en joie. La femme quand elle est près d’enfanter éprouve de la tristesse, parce que son heure est venue : mais quand elle a mis le petit enfant au monde, elle ne se souvient plus de sa tribulation, à cause de la joie quelle éprouve de ce qu’un homme est né dans le monde. Vous donc aussi, vous avez maintenant, il est vrai, de la tristesse, mais je vous reverrai et votre cœur se réjouira, et nul ne vous enlèvera votre joie.
Il nous paraît évident que ces versets ne se rapportent plus aux siècles qui devaient s’écouler entre la Pentecôte et le glorieux retour de Jésus, mais à un moment déterminé, à une transition bien caractérisée, à la redoutable crise qu’allait traverser Jésus et à la grande joie que devaient éprouver ses disciples en le contemplant ressuscité. Telle est aussi l’opinion de théologiens aussi divers que Hengstenberg (d’après Astié) et H. von Bunsen.
Hâtons-nous d’ajouter cependant que les trois périodes que nous venons de distinguer n’apparaissent point dans ces chapitres comme nettement tranchées, surtout les deux dernières. Dans sa Vie de Jésus, Riggenbach dit fort bien à ce sujet :
« Ce qui donne à ce discours le charme des choses célestes et cette attraction qu’exerce le clair-obscur, c’est qu’il comprend dans les événements les plus rapprochés les perspectives les plus lointaines et dans le sens littéral les choses les plus ineffables. Je partirai et je reviendrai et vous me verrez : à quoi se rapportent ces paroles du Sauveur ? Il semble que ce soit à sa résurrection, car il dit : Après un peu de temps, et il parle de ce qui met fin à leur désolation. Et d’un autre côté, il y rattache quelque chose de si grand qu’évidemment Pâques ne fut qu’un commencement d’accomplissement. Une venue personnelle le jour de Pâques, une autre venue dans la descente du Saint-Esprit, une venue glorieuse à la fin du monde, qui oserait prétendre qu’il ne parle que d’un seul de ces événements à l’exclusion des autres ? C’est plutôt de tout cela réuni en un complet retour qu’il parle dans ce discours. »
C’est ainsi qu’après avoir annoncé Jean 16.22 la joie que devait faire éprouver à ses disciples sa résurrection, Jésus peut passer aussitôt, v. 23, à ce qui ne devait s’accomplir qu’après la Pentecôte : alors seulement pouvait apparaître cette joie complète dont il est question au v. 24.
Relevons enfin les versets de ces chapitres qui peuvent le mieux nous initier aux dispositions dans lesquelles se trouvaient alors les disciples : Jean 13.36-38 : Simon Pierre lui dit : Où vas-tu ? Jésus répondit : Là où je vais, tu ne peux maintenant me suivre, mais tu me suivras plus tard. Pierre lui dit : Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi. Jésus lui répond : Tu donneras ta vie pour moi ! En vérité, je te le déclare, certainement le coq ne chantera pas avant que tu ne m’aies renié trois fois. Jean 14.4 : Que votre cœur ne se trouble point. (comp. v. 27) Jean 14.5 : Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où tu vas, comment en saurions-nous le chemin ? Jean 14.22 : Judas, non pas l’Iscariot, lui dit : Seigneur, que s’est-il passé pour que tu ailles te manifester à nous et non pas au monde ? Jean 16.5-6 : … maintenant je m’en vais à Celui qui m’a envoyé, et nul de vous ne me demande : Où vas-tu ? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. Jean 16.17-18 : Quelques-uns de ses disciples se dirent donc les uns aux autres : Que signifie ce qu’il nous dit : Encore un peu de temps et vous ne me verrez pas, puis derechef un peu de temps et vous me verrez, et : Je m’en vais au Père ? Ils disaient donc : Nous ne savons ce que signifie ce qu’il dit : Encore un peu de temps. Jean 16.29-32 : Ses disciples dirent : Voici, maintenant tu parles ouvertement et tu n’emploies aucune figure ; maintenant nous savons que tu sais tout et que tu n’as pas besoin que personne t’interroge ; c’est pourquoi nous croyons que tu es sorti d’auprès de Dieu. Jésus leur répondit : Vous croyez maintenant ! Voici, l’heure vient et elle est venue, où vous serez dispersés, chacun chez soi, et où vous me laisserez seul.
M. Godet nous semble avoir remarquablement saisi dans ce verset quel est le rapport entre ces mots : Vous croyez maintenant ! et ceux qui les suivent. Il n’y a point là d’ironie, autrement Jésus ne remercierait pas Dieu avec tant d’effusion pour la foi de ses disciples (Jean 17.8). Mais cependant quel poignant contraste entre la foi qu’ils avaient déjà et la conduite qu’ils allaient tenir ! Que cette foi même était encore imparfaite !