Parmi les dons spirituels dont il est fait mention dans le Nouveau Testament, il nous en reste deux à considérer, qu’il convient de traiter ensemble : le don des langues et le don de l’interprétation des langues. Pourtant, nous ne pouvons pas les traiter ici.
Beaucoup de mes lecteurs seront certainement étonnés par cette omission et la trouveront peut-être fâcheuse. Il est donc de mon devoir de leur en fournir la raison.
Lorsque j’ai entrepris d’écrire ce livre sur la plénitude de l’Esprit, je me suis proposé d’achever une analyse biblique complète du sujet. J’avais fermement l’intention d’y incorporer une étude sérieuse sur les deux dons en question, d’autant plus que bien des chrétiens de ma connaissance s’attendaient à recevoir des clarifications bibliques à cet égard et je ne voulais pas les décevoir. J’ai même consacré quatre mois de travail au développement de ce sujet.
Pourtant, à mesure que j’étudiais et que j’écrivais, je me suis progressivement rendu compte de l’impossibilité de tout inclure dans un seul volume. À la suite de mes recherches, de mes réflexions et de mes analyses des textes bibliques, je me suis trouvé en possession d’une matière beaucoup trop abondante pour qu’elle fasse partie de ce présent ouvrage.
Ce fait m’a placé devant un choix :
— ou bien ne présenter qu’une esquisse très sommaire du sujet, laissant en suspens de nombreux points importants et sans apporter de véritables clarifications ;
— ou bien l’omettre.
Or, ce livre est déjà très volumineux. Ajouter à ses dimensions poserait de gros problèmes pour son édition et risquerait aussi d’être onéreux pour le lecteur. Il me semble donc préférable d’omettre l’étude sur ces deux dons.
Cette décision semble se justifier pour une autre raison : — la doctrine concernant le don des langues est très controversée ; or, je me suis fixé comme but immédiat de poser des fondements absolument solides pour ta vie spirituelle, de t’offrir un enseignement et une vision entièrement positifs. Il serait regrettable, à mon avis, d’y introduire un élément susceptible d’inciter à la polémique.
Cela ne signifie nullement que je cherche à esquiver un problème particulièrement difficile. Au contraire, j’espère incorporer le fruit de mes travaux sur la doctrine biblique de ces dons dans un nouveau livre que je publierai, si Dieu le permet, séparément.
Je te demande donc de patienter, si tu es toi-même aux prises avec ce problème, jusqu’à la parution de ce prochain ouvrage. Tu peux même aider, par la prière, à l’achever et à le sortir ! En attendant, je me suis borné à t’apporter, dès maintenant, une connaissance des choses essentielles, primordiales :
Sans aucun doute, ces choses-là sont prioritaires. Rien dans ta vie ne peut être plus important que ces sept formes d’action divine, ces sept opérations progressives de l’Esprit. J’ai cherché à poser des fondements solides pour ton avenir ; j’ai voulu fixer tes yeux sur les objectifs qui, par-dessus tout, tiennent au cœur de Dieu. Mon désir, c’est de te voir devenir un soldat intrépide de Jésus-Christ, un disciple qui avance à grands pas, un ouvrier qui n’aura pas à rougir, un enfant de Dieu adulte, aux facultés et aux sens bien développés, un homme (ou une femme) de Dieu puissant, équilibré, prêt à tout.
Ah ! mais j’entends une voix quelque part qui me dit : — Tu laisses cependant de côté la chose la plus importante ! En effet, le don des langues, que nous avons omis de notre étude, a pris, aux yeux d’un très grand nombre de chrétiens de nos jours, une importance on ne peut plus grande Une foi sérieuse ne peut fuir les questions que suscite cette controverse, d’autant olus que cette dernière est devenue un sujet de division entre chrétiens sur une échelle mondiale.
Et pourtant, non ! je n’ai pas laissé de côté le plus important. Cela ne signifie pas que le don des langues soit sans importance, car tout ce qui est dans la Bible est important. Seulement la Bible elle-même nous enseigne qu’il y a des choses plus importantes que d’autres. C’est ce que le Seigneur nous fait comprendre quand il reproche aux pharisiens de payer la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin et de laisser ce qui est le plus important dans la loi la justice, la miséricorde et la fidélité (Matthieu 23.23-24).
Pense un instant ! Au cours de la lecture de ce long livre, tu as pu constater l’immensité et la complexité de l’œuvre du Saint-Esprit lorsqu’il remplit un homme. Or, comme nous l’avons remarqué, les dons spirituels ne sont qu’une partie de son œuvre, une seule des sept manifestations progressives de l’Esprit. Mais alors, que dire du don des langues, sinon qu’il n’est qu’un don parmi beaucoup d’autres et que l’apôtre Paul le met en fin de liste ; en fait, il le considère comme l’un des moindres. Nous avons comparé la plénitude de l’Esprit au spectre de sept couleurs de la lumière. Il serait tout aussi logique de la comparer à l’octave, dont les sept notes constituent la gamme complète. Mais cette gamme se reproduit d’octave en octave. Un piano normal comprend sept octaves ce qui donne en tout une cinquantaine de notes (sans compter les demi-tons).
Or, si l’on considère que les dons de l’Esprit ne sont semblables qu’à une seule octave parmi les sept, il faut reconnaître que chaque don en particulier, y compris le don des langues, ne correspondrait qu’à une seule note du piano... ou encore moins, puisqu’il y a plus que sept dons en tout ! Insister donc sur le don des langues aux dépens des autres dons et, pis encore, aux dépens des multiples aspects des autres opérations de l’Esprit, c’est faire comme si l’on voulait composer une mélodie avec une seule note ou deux. On se lasse vite d’une telle musique !
Or, il y a des choses plus importantes dans la Bible — et dans la vie chrétienne — que le don des langues et je désire que tu concentres ton attention d’abord sur les priorités telles que Dieu nous les présente. Plus tu connais la Bible, mieux tu es équipé pour discerner ce qui est vrai et ce qui est faux. Je veux surtout que tu entreprennes la lecture sérieuse, suivie, systématique de la Bible tout entière, pour que tu connaisses la pensée et la parole de Dieu lui-même. Tu seras alors en mesure d’en interpréter les différentes parties selon la vérité. Tu sauras également évaluer correctement les diverses doctrines que tu rencontreras dans les différents milieux chrétiens. Tu seras armé contre la fraude spirituelle, tu ne seras plus à la merci de tous ceux qui voudraient t’embarquer vers une destination de leur choix. Tu pourras te remettre à ton Père céleste lui-même à tout instant, sans avoir à passer chaque fois par l’intermédiaire d’un homme ou d’une organisation. Tu seras un homme, une femme libre : libre, parce que soumis à l’autorité de la Parole de Dieu.
Les générations qui nous ont précédés n’ont pas approfondi la doctrine biblique du Saint-Esprit comme elles l’ont fait pour d’autres questions fondamentales telles que la doctrine de la justification par la foi. Cette carence s’est fait grandement sentir vers la fin du XIXe siècle, lorsque plusieurs grands prédicateurs évangéliques commençaient à mettre, très justement, l’accent sur la part de l’Esprit de Dieu dans la sanctification du croyant.
Cela ne signifie pas que nos ancêtres n’aient rien connu de l’œuvre de l’Esprit ! Au contraire, ils en savaient peut-être plus, de façon pratique, que nous. Les innombrables témoins du Christ que Dieu a suscités au cours des siècles, souvent face à la persécution et au martyre, étaient très conscients du fait qu’ils agissaient par l’Esprit de Dieu. C’est une erreur énorme que de supposer (comme on le fait parfois) que la personne et l’œuvre de l’Esprit étaient plus ou moins inconnues jusqu’au début du XXe siècle ! Nous n’avons qu’à étudier l’histoire de l’Église et les exploits à peine croyables des grands missionnaires pour nous rendre compte de la nullité d’un argument aussi superficiel. Seulement personne, à cette époque, n’avait songé à faire une étude systématique de la doctrine biblique du Saint-Esprit.
L’épuisement physique et spirituel de la chrétienté à la suite de la deuxième guerre mondiale a mis en relief la nécessité absolue d’un réveil spirituel dans les églises. La foi audacieuse de quelques hommes de Dieu suscita des aspirations spirituelles dans le cœur d’un grand nombre de chrétiens très insatisfaits de leur train de vie et de la sclérose de leurs églises.
Il était inévitable que le Saint-Esprit saisisse une occasion aussi favorable pour provoquer un renouveau spirituel, un retour aux choses essentielles : la foi, la prière, la Parole de Dieu, la communion fraternelle, l’évangélisation, une vie vraiment spirituelle et non seulement « correcte » du point de vue théologique.
Le diable n’a pas manqué l’occasion non plus. Quand il ne parvient pas à arrêter le courant de la foi, il cherche à introduire une déviation aussi petite soit-elle, sachant que l’écart entre la vérité et l’erreur, d’abord imperceptible, deviendra à la longue suffisamment grand pour que le mouvement de réveil se trouve dans une impasse spirituelle et finisse par s’étouffer. L’histoire du christianisme est remplie d’illustrations de ce principe , on pourrait l’intituler « naissance et mort des mouvements de réveil ».
Il est tout à fait évident que le même danger nous guette aujourd’hui. Au milieu d’une action authentique de l’Esprit de Dieu, l’ennemi a su infiltrer des idées, des formes de doctrine des pratiques qui, n’étant pas strictement bibliques, laissent la porte ouverte a un « autre » esprit qui entraîne même des croyants sincères dans des futilités spirituelles.
Ces dernières années, le monde chrétien a été inondé de témoignages, d’affirmations et d’exhortations au sujet du Saint-Esprit, par voie de journaux, de brochures, de cassettes et de vive voix. Nous pouvons remercier Dieu pour ce qui est vrai dans cette propagande et surtout pour les vies qui ont été renouvelées par le Seigneur à travers ce ministère.
Je suis cependant profondément troublé par certains aspects de cette propagande. Je lui reproche surtout une mauvaise exégèse du texte biblique : des versets ou, pis encore, des demi-versets sortis de leur contexte pour « prouver » une conclusion prédéterminée, sans rapport avec le sens général du passage en question ou de l’enseignement complet de la Bible ; des conclusions fondées sur un ou quelques passages présélectionnés en laissant de côté, consciemment ou non, d’autres passages très pertinents qui modifieraient les arguments employés, en faisant dire à l’Écriture ce qu’elle ne dit pas. Qu’on veuille l’admettre ou non, ce genre d’enseignement est appelé dans le monde du sophisme : il est tout simplement malhonnête. J’en appelle au Seigneur Dieu de Jésus-Christ pour défendre sa Parole (Heureusement, quelques ouvrages très sérieux ont paru ces derniers temps. En particulier, j’aimerais recommander très chaleureusement le livre d’Alfred Kuen : Le Saint-Esprit : baptême et plénitude. C’est un livre documenté, objectif et fondé sur une exégèse très juste de la Bible.).
Dieu dit que tous les menteurs auront leur part dans l’étang de feu et de soufre (Apocalypse 21.8, 27) et que le faux témoin ne restera pas impuni (Proverbes 19.5). Je sais également que ceux qui enseignent la Parole seront jugés plus sévèrement que les autres (Jacques 3.1). C’est pourquoi j’ai abordé dans la crainte de Dieu la rédaction de ce livre sur son Esprit. Je l’ai fait néanmoins avec espérance, car « la crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse » (Psaumes 111.10 ; Proverbes 9.10).
Or, Dieu nous interdit d’ajouter à sa Parole ou d’en retrancher quoi que ce soit (Deutéronome 4.2;12.32 ; 12.32 ; Apocalypse 22.18-19). C’est pourquoi, afin d’être rigoureusement honnête dans mon exégèse du texte sacré et pour arriver à une définition juste de toute doctrine biblique, je me suis fixé les mêmes normes d’interprétation que pour mes ouvrages antérieurs (Ces principes sont développés dans Si tu veux aller loin, pages 111-114 et dans Le Miracle de l’Esprit, pages 217-234).
En particulier, je me suis gardé de sortir des phrases ou des passages de leur vrai contexte pour leur donner une interprétation arbitraire.
Le baptême de l’Esprit est une opération initiale, instantanée, définitive qui a lieu au moment de la nouvelle naissance. En fait, la nouvelle naissance est impossible à celui qui n’est pas baptisé du Saint-Esprit, puisque le pardon des péchés dépend de l’identification du pécheur à Christ dans sa mort. Or, cette identification est précisément ce que l’apôtre Paul appelle le « baptême » (Romains 6.3-11). Il s’agit, cela est évident, du baptême de l’Esprit, qui seul peut sauver l’âme, et dont l’image ou le symbole est le baptême d’eau (Matthieu 3.11).
Ce n’est qu’alors, grâce à la justification du pécheur par la vertu de la mort de Christ, que Dieu lui accorde son Esprit qui le fait renaître. Par son identification avec Christ dans sa mort, le pécheur obtient le pardon de Dieu ; de même, par son identification avec Christ dans sa résurrection, il naît de nouveau. La vie éternelle est donc la conséquence immédiate du baptême de l’Esprit et ne peut avoir lieu sans ce baptême.
Il va sans dire que le baptême de l’Esprit ne peut avoir lieu qu’une fois. C’est un acte définitif de Dieu (Cette question est étudiée minutieusement dans Le Miracle de l’Esprit, chapitres 6 et 7).
Par contre, la plénitude de l’Esprit n’est jamais présentée dans la Bible comme un acte définitif. Dans le livre des Actes nous voyons que les apôtres et les premiers chrétiens étaient remplis à maintes reprises (Par exemple : Actes 2.4. ; 4.8, 31 ; 6.3, 5, 8, 10 ; 7.55 etc.). L’apôtre Paul, par là forme grammaticale progressive qu’il emploie dans son ordre : Soyez (constamment, continuellement) remplis de l’Esprit (Éphésiens 5.18), montre qu’il concevait la plénitude comme une condition à maintenir, non comme une expérience unique ou définitive.
Je n’ai pas besoin d’y ajouter davantage, car ce livre est lui-même la réponse à la question : qu’est-ce que la plénitude de l’Esprit ?
Il est évident que ces deux termes : « baptême » et « plénitude » ne sont nullement interchangeables ; il est très dommage que les chrétiens parviennent à les confondre si facilement.
Chaque chrétien est appelé à faire une expérience - ou, mieux dit : des expériences — plus profondes de Dieu. Que l’on appelle une telle intervention divine la « plénitude » de l’Esprit, ou bien son « baptême », son « onction », son « sceau », sa « réception », ou de quelque autre nom, n’a pas à première vue trop d’importance. L’essentiel, c’est de faire une expérience — ou, plutôt, des expériences — authentiques de Dieu. L’expérience, certes, est plus importante que la terminologie.
Et pourtant ! La terminologie est tout de même très importante, car le mot incarne l’idée, la parole représente la pensée. Si la parole est inexacte, la pensée qu’elle cherche à communiquer sera, elle aussi, inexacte et confuse. Si notre langage est vague ou s’il déforme la conception biblique, ceux qui le prennent comme guide spirituel normatif seront amenés eux-mêmes à de fausses conclusions. En employant un vocabulaire confus, nous risquons de faire trébucher nos jeunes frères et sœurs, en dressant un faux objectif à leurs aspirations spirituelles.
Si je dis à un nouveau-né en Christ : — Tu dois maintenant rechercher Dieu de tout ton cœur, en te laissant remplir de son Esprit, dès maintenant, quotidiennement, instant après instant, pour qu’il t’amène toujours plus loin dans la connaissance de Dieu, je lui rends alors un très grand service. Je lui ai ainsi communiqué une vision juste et biblique de la vie en Christ. D’ailleurs, quand viendront les échecs et les déceptions (et elles arriveront comme elles arrivent même chez les plus grands hommes de Dieu), au lieu d’être complètement abattu, catastrophé, il cherchera à nouveau la face de son Sauveur et reprendra la route qui monte.
Si, par contre, je lui fais comprendre qu’il doit rechercher, une fois né de nouveau, une deuxième expérience unique et définitive, son optique et son comportement seront inévitablement dominés par la recherche d’un objectif très différent de celui que nous présente le Nouveau Testament et qui, en somme, ne correspond pas à la réalité.
Dieu, c’est vrai, tient compte de notre ignorance — quand elle n’est pas volontaire ! Dans sa grâce, il répond à chacun selon sa foi en Christ. Bien des chrétiens ont reçu des bénédictions de la main de Dieu, même si le vocabulaire avec lequel ils formulaient leur prière laissait à désirer, car il nous répond grâce à l’intercession du Seigneur Jésus-Christ et non à cause de nos mérites — qui à ses veux, n’existent pas.
Pourtant, il est tout aussi vrai que beaucoup de croyants apparemment très sincères, ont été déçus et que certains ont été même amenés à faire des expériences trompeuses ; car les puissances des ténèbres sont aux aguets pour « répondre » aux prières de ceux qui ne savent pas utiliser l’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu.
Un autre danger guette ceux qui ne croient qu’à une expérience unique à faire après le salut. Quand ils l’ont faite, qu’elle soit vraie ou fausse, ils se croient nécessairement « arrivés ». Ignorants du fait qu’il leur reste d’autres expériences de Dieu à faire, toutes nouvelles, ils sont amenés à se reposer sur leur expérience passée au lieu de chercher plus loin. Les progrès spirituels sont arrêtés, car il ne reste plus d’objectif à atteindre. Dieu étant infini, notre connaissance de lui ne peut jamais parvenir au stade d’une « saturation » ; nous ne sommes tous que des débutants dans la découverte des voies de l’Éternel. Comme je l’ai dit, Dieu n’admet pas « d’arrivistes » dans son royaume. Nous pouvons dire seulement, comme Jésus nous l’a enseigné, que nous sommes des serviteurs inutiles (Luc 17.10).
En plus, de cette fausse conception de la vie spirituelle peut naître très facilement un orgueil spirituel, un mépris des frères que Dieu a conduits d’une autre façon, ou qui n’ont pas réussi à « faire le pas ».
Non seulement cela, mais il arrive que de chers enfants de Dieu, après des mois et des années de recherche honnête, n’atteignent pas ce but unique qu’on leur a fixé. Ils se sentent alors terriblement culpabilisés, d’autant plus qu’on dénonce souvent leur incrédulité comme raison de leur faillite. Quel dommage qu’on ne leur ait pas plutôt enseigné l’étude sérieuse de la Bible, par laquelle Dieu aurait pu les éclairer !
Bien que le baptême et la plénitude de l’Esprit soient deux opérations bien distinctes, il existe néanmoins un rapport entre les deux.
L’œuvre initiale de l’Esprit ressemble à la création d’une racine de vie divine en toi. Son œuvre progressive ressemble à l’arbre, à la fleur et au fruit qui jaillissent de cette racine ; elle en est l’extériorisation, l’épanouissement, la floraison... ou bien la prolongation. La nouvelle naissance n’est que le début de la vie spirituelle, qui doit aboutir au mûrissage. De même, l’Esprit, en te remplissant, « prolonge », pour ainsi dire, l’action de son baptême en faisant valoir la mort de Christ dans ta vie quotidienne, en l’appliquant à tous les domaines de ton existence. En t’identifiant avec Christ dans sa mort, par le « baptême », l’Esprit de Dieu te libère une fois pour toutes de ta culpabilité. Ensuite, par cette même identification, par la vertu de ce baptême, il te délivre quotidiennement et de façon pratique, de la puissance du péché.
Dans la mesure où tu acceptes de vivre ton identification avec Christ, l’Esprit fait mourir en toi la force, les impulsions hostiles à la volonté de Dieu, en les remplaçant par le désir ardent de plaire à Dieu. Pour vaincre tes trois grands ennemis : le monde, la chair et le diable, tu as besoin d’une intervention constante de la part du Saint-Esprit. Il te délivre en interposant la mort de Christ entre toi et le monde, entre toi et ta propre chair, et entre toi et le diable. Toute son action à ton égard est fondée sur les deux faits de la mort et de la résurrection de Christ.
Nous autres, enfants de Dieu, nous devons accepter de « mourir » au monde et à notre chair, comme Israël a dû « mourir au monde » en traversant la mer Rouge et « mourir à lui-même » dans le désert en traversant le Jourdain. Comme Israël dut ensuite s’engager dans un combat jusqu’à la mort contre sept nations plus fortes que lui, dans la terre promise même, nous aussi nous devons affronter le diable et toutes ses forces dans le combat de la foi et le battre sur son propre terrain par le nom de Christ. L’Esprit de Dieu nous donne la victoire parce que Christ est mort pour nous, c’est notre arme invincible dans cette lutte terrible. Dans l’Apocalypse, nous lisons que « les frères... l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort » (Apocalypse 12.11.) Le Saint-Esprit fait valoir en nous la puissance de la résurrection de Christ dans la mesure où nous acceptons de mourir avec lui. Contre cette foi, Satan n’a aucun pouvoir.
Comme Paul apprenons à vivre sans cesse la mort et la résurrection de Christ (2 Corinthiens 4.10-11).
Pour aider celui qui désire approfondir par lui-même l’étude des dons spirituels dans le Nouveau Testament, je donne ici une table schématique des quatre listes de dons, en indiquant tous les termes grecs employés. En les comparant et en les étudiant dans leur contexte, il sera possible à n’importe qui d’acquérir rapidement une idée assez exacte de l’enseignement biblique sur les dons. Il est évident que les quatre listes s’enchevêtrent et se répètent jusqu’à un certain point ; il n’est donc pas possible de les utiliser comme on utiliserait un horaire de trains ! Comme je l’ai déjà dit, ces listes sont plus représentatives ou suggestives que limitatives ou définitives. Paul, en nous transmettant cet enseignement, veut surtout nous ouvrir un horizon, nous donner une vision panoramique du potentiel formidable de l’action de l’Esprit ; il veut nous inciter à viser haut — à servir Dieu de la manière la plus efficace. Il met en relief les dons les plus nécessaires à l’église, ceux qui sont indispensables à l’avancement de l’œuvre de Dieu ; ceux qui s’imposent partout et en tout temps, quel que soit l’arrière- plan local, ethnique ou géographique de l’église.
Paul, en écrivant ces listes, ne pouvait pas prévoir à son époque la multiplicité des besoins de l’œuvre de Dieu en ce XXe siècle : techniciens, spécialistes en matière de radio, d’électronique, d’imprimerie, de transport, de secrétariat et que sais-je encore... des services, des fonctions plus que nécessaires à l’heure actuelle, à condition que les personnes engagées soient remplies de l’Esprit de Dieu et que leurs capacités soient sanctifiées, « baptisées », pour ainsi dire, identifiées au Christ dans sa mort et sa résurrection.
Romains 12.3-8 | 1 Corinthiens 12.8-10 | 1 Corinthiens 12.28 | Éphésiens 4.11 | 1 Pierre 4.10-11 | ||||
prophêteia prophétie | logos sophias parole de sagesse | apostoloi apôtres (littéralement, missionnaires) | apostoloi apôtres (littéralement, missionnaires) | el tis lalei « Si quelqu’un parle... » | ||||
diakonia service | logos gnôseôs parole de connaissance | prophêtai prophètes | prophêtai prophètes | |||||
ho didaskôn l’enseignant | pistis foi | didaskaloi enseignants | euanguélistai évangélistes | ei tis diakonei « Si quelqu’un sert... » | ||||
ho parakalôn celui qui exhorte | charismata iamatôn dons (pl.) de guérisons (pl.) | dynameis puissances | poiménai bergers | |||||
ho métadidous le donateur | énerguêmata dynameôn œuvres (ou actions) de. puissance | charismata iamatôn dons (pl.) de guérisons (pl.) | didaskaloi enseignants | |||||
ho proïstaménos celui qui gou- verne ou sur- veille (se dit, par exemple, d’un ancien ou d’un père de famille) | prophêteia prophétie | antilêmpseis secours (pl.) (c’est-à-dire, actions ou œuvres de secours...) | | |||||
ho eleôn celui qui a compassion | diakriseis pneumatôn discernement des esprits | kybernêseis gouvernements (se dit, par exemple, d’un timonier) | | |||||
guénê glôssôn espèces (ou familles ou nationalités) de langues | guénê glôssôn espèces (ou familles ou nationalités) de langues | | ||||||
hermêneia glôssôn traduction de langues | |
— Charisma (= don) vient de charis (= générosité, « grâce ») et signifie tout simplement un cadeau, charis étant l’acte de donner et charisma la chose donnée, quelle qu’elle soit. Dans le Nouveau Testament, charisma est employé dans plusieurs sens.
— Du mot charis vient également le verbe charizomai qui signifie à la fois donner et pardonner.
— Les mots doma, dôréa, dôrêma, dôron (qui signifient tous : le don, la chose donnée) et dosis (qui signifie : l’acte de donner) viennent tous de la même racine que le verbe didomai (=donner).
— L’usage du Nouveau Testament reconnaît peu de distinction entre charisma, dôréa et dôrêma. Dans Romains 5, ils sont presque interchangeables. Les trois sont considérés comme une expression de charis, de la générosité de Dieu.
Pour celui qui désire vérifier toutes les significations possibles de chaque terme, je donne ici les listes complètes des références bibliques où tous ces mots se trouvent.
Ce mot est mentionné 19 fois, mais l’unique passage où il s’applique à une action spirituelle de Dieu se trouve dans :
Dans tous les autres endroits, le mot dôron signifie : « offrande ». Il s’applique chaque fois aux offrandes lévitiques de l’Ancien Testament, que les Juifs devaient apporter à Dieu en même temps que leurs sacrifices.
Ce mot signifie littéralement « division » ou « partage ». Il dérive du nom meros qui signifie « une part », « un lot », la part qui échoit. Le nom meris signifie également « part » (Voir Luc 10.42 — « Marie a choisi la bonne part » ; Actes 8.21 —« Tu n’as ni part ni lot dans cette affaire », etc.)
Le verbe merizo signifie « diviser ». (Par exemple : Matthieu 12.25-26 — « Tout royaume divisé contre lui-même... » ; Marc 6.41 — « Il partagea aussi les deux poissons entre tous » ; 1 Corinthiens 7.17 — « Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite. »)
Dans Hébreux 2.4 le nom merismos est traduit par nos versions : dons. « Dieu appuyant leur témoignage (celui des apôtres)... par les dons du Saint-Esprit distribués (littéralement : par des distributions du Saint-Esprit) selon sa volonté. »
Pneumatikos, étant l’adjectif du nom pneuma (= esprit, vent ou souffle), signifie tout simplement : « spirituel ».
Il se trouve 28 fois dans le Nouveau Testament et dans la grande majorité des cas sa traduction ne présente aucune difficulté.
Dans quelques passages, il est employé comme un nom chaque fois au neutre pluriel pneumatika. Il est traduit alors très correctement « choses spirituelles ».
Quant à notre étude, il n’y a que deux ou trois mentions qui nous concernent : Dans 1 Corinthiens 12.1 et 14.1 plusieurs versions traduisent cette expression « dons spirituels ». Il va sans dire que cette traduction est arbitraire, puisque le mot « don » n’est pas dans l’original. Il n’y a cependant pas de raison de refuser cette traduction le contexte semble la justifier, du fait que Paul parle des dons de l’Esprit dans les chapitres en question. Pourtant, nous pouvons tout aussi bien le traduire chaque fois par « choses spirituelles ». Cette traduction me paraît préférable.
Le seul passage où le Nouveau Testament emploie, dans le grec original, l’expression « don spirituel », c’est dans Romains 1.11 où Paul dit qu’il espère communiquer à ses lecteurs quelque « don spirituel » , mais il emploie ici l’expression complète charisma pneumalikon.
Paul ne spécifie pas quel « don » il a en vue. Il n est pas du tout certain qu’il pense aux « dons » qu’il décrit dans 1 Corinthiens 12 car le mot « charisma » a un sens plus large que cela C’est encore possible , mais il est plus probable qu’il fait allusion dans ce contexte à des bénédictions plus générales, à des bienfaits spirituels dont il ne définit pas le caractère. Le texte ne nous permet pas de dogmatiser sur ce point. On ne peut pas fonder une doctrine sur un verset aussi imprécis.
Voici toutes les mentions néo-testamentaires du mot pneumatikos (y compris le pluriel pneumatika) : Romains 1.11 ; 7.14 ; 15.27 ; 1 Corinthiens 2.13, 15 ; 3.1 ; 9.11 ; 10 :3-4 (deux fois) ; 12.1 ; 14.1, 37 ; 15.44 (deux fois) et 46 (deux fois) ; Galates 6.1 ; Éphésiens 1.3 ; 5.19 ; 6.12 ; Colossiens 1.9 ; 3.16, 1 Pierre 2.5 (deux fois).
Voici les seules mentions de l’adverbe grec pneumatikos spirituellement) : 1 Corinthiens 2.14 ; Apocalypse 11.8.
Ce mot ne se trouve que deux fois dans le Nouveau Testament : dans 1 Corinthiens 12.7 et 2 Corinthiens 4.2. Seule la première de ces mentions concerne les dons spirituels.
Paul dit, en parlant des dons de l’Esprit (1 Corinthiens 12.4-11) que « la manifestation de l’Esprit est donnée à chacun pour l’utilité commune ».
Remarquons que Paul emploie le mot au singulier : la manifestation (et non : les manifestations). Dans le langage populaire chrétien on a tendance à parler des manifestations (au pluriel) comme si ce mot était un synonyme de « dons ».
Ce n’est pas là la pensée de Paul. Par phanérôsis Paul veut dire « évidence ». L’évidence de la présence de l’Esprit est donnée à chaque croyant et s’exprime de manières très variées selon le cas. Autrement dit, les dons (au pluriel) sont les différentes formes par lesquelles s’exprime la manifestation (au singulier) de l’Esprit.
Insister sur cette nuance, c’est peut-être vouloir couper les cheveux en quatre ; mais il est bon d’employer, dans la mesure du possible, une terminologie rigoureusement exacte. Parlons donc de la manifestation (ou de l’évidence) de l’Esprit et de ses dons ; mais cherchons à ne pas diminuer la distinction, qui est tout de même valable.
Le terme mantis, avec ses dérivés, est assez fréquent dans la version grecque des Septante, où chaque mention, sans exception, s’applique aux faux prophètes et aux pratiques occultes. Un mantis, pour Moïse et les prophètes d’Israël, était une abomination aux yeux de Dieu et tout acte de manteia était passible de la peine de mort. Les termes hébreux qu’ils emploient dans le texte original sont :
Le Nouveau Testament contient une seule mention du mot sous la forme du verbe manteuomai, que nous avons déjà commenté (Actes 16.16).
Pour celui qui juge utile de vérifier l’usage de l’Ancien Testament, je donne ici une liste complète des références où il est fait mention de ces termes.
mantis (= prophète)
Josué 13.22 — « le devin Balaam ».
1 Samuel 6.2 — les prophètes des Philistins.
Jérémie 29.8 (= LXX, chapitre 36.8) — « les faux prophètes (pseudopro - phêtai)... et vos devins (manteis) ».
Michée 3.7 — les faux prophètes sont appelés « devins ».
Zacharie 10.2 — « les devins prophétisent des faussetés ».
manteuomai (= prophétiser) Deutéronome 18.10 — Moïse l’associe à toutes les pratiques occultes.
1 Samuel 28.8 — s’applique à la sorcière d’En-Dor qui reçut Saül.
2 Rois 17.17.
Jérémie 27.9 ; 29.8.
Ézéchiel 12.24;13.6,23 ; 21.26, 28, 34 ; 22.28.
Michée 3.11.
manteia (= prophétie) Nombres 23.23.
Deutéronome 18.10-14 (ici mantis est associé à tous les arts occultes).
2 Rois 17.17.
Ésaïe 16.6 ; 44.25 (Noter que la version des Septante s’éloigne légèrement à certains endroits du texte hébreu qui est à la base de nos traductions françaises. En particulier les numérotations des chapitres et des versets ne correspondent pas toujours.)
Jérémie 14.14.
Ézéchiel 13.7, 8, 23 ; 21.26, 28.
Michée 3.6.
manteion (= oracle : soit le siège du « dieu », soit sa « réponse inspirée »)
Nombres 22.7 (Noter que la version des Septante s’éloigne légèrement à certains endroits du texte hébreu qui est à la base de nos traductions françaises. En particulier les numérotations des chapitres et des versets ne correspondent pas toujours.)
Proverbes 16.10.
Ézéchiel 21.27 (= LXX, chapitres 21-22.)
Les sept opérations initiales de l’Esprit | Les sept opérations progressives de l’Esprit |
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AVANT LA RÉGÉNÉRATION L’opération « prénatale » de l’Esprit par laquelle Dieu prépare l’homme pour le salut |
AU MOMENT DE LA RÉGÉNÉRATION Les cinq opérations instantanées de l’Esprit par lesquelles Dieu sauve l’homme |
À PARTIR DE LA RÉGÉNÉRATION L’opération initiale qui devient progressive par laquelle Dieu fait valoir son œuvre dans la vie quotidienne du croyant |
AU COURS DE LA VIE DU CROYANT Les sept aspects prin- cipaux de la plénitude de l’Esprit (ces actions sont normalement simultanées et se développent) |
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q u i r e n d p o s s i b l e |
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s’ e x t e r i o r i s e n t p a r |
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q u i s’ e x p r i m e p a r |
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La Parole de Dieu ne contient que quatre commandements concernant le Saint-Esprit. Nous en avons noté un : Soyez (continuellement) remplis de l’Esprit. Ce commandement révèle :
Il reste trois commandements à prendre en considération. Il va sans dire que de ces trois, ou plutôt des quatre commandements bibliques dépend la plénitude de l’Esprit dans la vie quotidienne du croyant. Ces trois commandements résument les principes fondamentaux de la vie spirituelle tels que nous les retrouvons partout dans les Écritures (Par exemple : Luc 11.2 ; 1 Timothée 1.5 ; Hébreux 10.22). Ils ont donc une importance on ne peut plus grande et exigent toute notre attention.
Comme supports de cette vie vraiment surnaturelle, Dieu a mis à la portée du croyant quatre moyens, quatre disciplines précieuses, par lesquelles l’Esprit de Dieu nourrit, développe et utilise sa foi :
L’appendice XI résume le contenu du livre : Si tu veux aller loin.
L’homme naturel
Le cœur de l’homme naturel ressemble à un champ dans lequel le diable a semé le péché. Celui-ci, par ses racines, accapare toutes ses facultés et s’exprime par des pensées, des paroles et des actions qui aboutissent à la fleur épineuse de la douleur et au fruit de la mort (Marc 7.21-23 ; Jacques 1.14-15).
Le croyant spirituel
Lorsque Dieu sauve l’homme, il implante dans son cœur une nouvelle semence, celle de la vie de Christ qui réside dans la Parole de Dieu. Si le croyant cède toute sa vie à Dieu, l’Esprit la remplit de « racines » qui transforment ses facultés en pensées, en paroles et en actions qui glorifient Dieu et qui créent la joie et apportent la bénédiction. Cet arbre de vie porte la fleur du caractère de Jésus-Christ (Galates 5.22) qui est surtout l’amour divin et qui aboutit à un fruit durable (Jean 15.16).
Le croyant spirituel est celui dont le cœur ne laisse pas à ses impulsions pécheresses d’occasion de se développer car la vie de Christ en lui prend toute la place. La racine du péché est encore là mais a de la peine à agir.
Pensées, paroles et actions provenant des deux sources à la fois
Le croyant charnel est celui qui ne fait pas entièrement confiance à Dieu dans tous les domaines de sa vie. Le résultat, c’est que les racines du péché repoussent et les deux tendances s’entremêlent dans son cœur. Ses pensées, ses paroles et ses actions viennent tantôt de l’Esprit de Dieu et tantôt de la chair. Le fruit de l’Esprit se développe imparfaitement et, bien que le fruit du péché ne puisse plus aboutir à la mort, la tendance pécheresse crée une grande souffrance et empêche un plein épanouissement de la vie de Christ.