Une des illustrations modernes les plus remarquables du pouvoir de la prière peut être tirée de la vie de Moody. La prière explique sa carrière incomparable et unique de revivaliste, et il est étonnant que l’on n’en ait pas parlé davantage. L’exemple de cet homme consacré est en effet un vrai stimulant. Je suppose que la raison doit en être attribuée à la modestie de Moody lui-même. Toutefois, durant la dernière année de sa vie, comme s’il y avait été inconsciemment poussé, il fit de plus fréquentes allusions à son expérience.
La dernière fois que je l’entendis, ce fut dans sa propre église de Chicago et, si je ne fais erreur, quelques mois avant sa mort. Un matin, dans cette vieille église, célèbre par son influence, il nous en raconta l’histoire. Il remonta jusqu’en 1871, époque où une grande partie de la ville fut dévastée par un incendie. «La reconstruction de cette église», nous dit-il, «n’était pas encore assez avancée pour qu’on pût y faire grand travail; je décidai dès lors de passer l’Atlantique et d’aller à l’école des grands prédicateurs de l’Europe; j’espérais obtenir, dans la suite, en suivant leurs exemples, de meilleurs résultats à Chicago. J’arrivai à Londres, et là je profitai de toutes les occasions possibles d’entendre les prédicateurs anglais. Un soir, j’allai entendre Spurgeon au Metropolitan Tabernacle; apprenant qu’il devait parler une seconde fois dans la soirée à l’occasion de la dédicace d’une église, je me glissai hors du temple et courus pendant un mille derrière sa voiture; je voulais être sûr de l’entendre une deuxième fois. «Eh! oui», ajouta-t-il en souriant, «c’est ainsi que je courais après les hommes de talent». «Jusqu’alors je n’avais parlé nulle part; je m’étais borné à écouter. Un jour, c’était un samedi, à midi, je me rendis à Exeter Hall, sur le Strand. Me sentant poussé à dire quelques mots, je me levai et parlai. A la fin de la réunion, plusieurs personnes vinrent me saluer et, parmi elles, un pasteur. Ce dernier me pria de venir prêcher, le jour suivant, dans son église, et j’acceptai son invitation. Le lendemain matin, je pénétrai donc dans la dite église et je me trouvai en face d’une grande affluence de fidèles. Je parlai..., mais à présent encore, il me semble que c’est le travail le plus pénible que j’aie jamais accompli. Je ne sentais aucun lien entre l’auditoire et moi; tous ces visages étaient impassibles; ils ne répondaient pas à ma voix; vraiment, ils semblaient être sculptés dans la pierre ou dans la glace. Quelle corvée! Je souhaitais d’être à cent lieues de cette église et surtout je souhaitais de n’avoir pas promis de nouveau le soir. Mais j’avais promis; il fallait donc tenir parole.
«Le soir, ce fut la même chose: salle pleine, auditoire respectueux, mais ne manifestant aucun intérêt, ne vibrant pas. Et de nouveau j’étais au supplice quand tout à coup, au milieu de mon discours, survint un changement. Il me sembla que les portes du ciel s’ouvraient et qu’un souffle vivifiant en descendait. L’atmosphère du bâtiment se transforma: l’expression de mes auditeurs, elle aussi, se transforma. J’en fus si impressionné qu’à la fin de ma prédication, j’invitai ceux qui voulaient être chrétiens à se lever. Je pensais que quelques auditeurs répondraient à mon appel; aussi fus-je stupéfait de voir des groupes entiers. Je me tournai vers le ministre de l’église et lui dis: «Qu’est-ce que cela veut dire?—Je vous assure que je n’en sais rien, me répondit-il.—Pour sûr qu’ils m’ont mal compris, ajoutais-je, je vais leur expliquer ce que je voulais dire».—Je leur annonçai alors un second service qui se tiendrait dans la salle du bas et je leur dis qu’étaient invités ceux-là seuls qui voulaient être chrétiens. J’expliquai encore ce que j’entendais par là et congédiai l’assemblée.
«Nous gagnâmes la salle en question et les auditeurs arrivèrent en foule, se pressant, remplissant tous les sièges, toutes les places disponibles, les corridors et l’entrée. Je parlai pendant quelques minutes et répétai ensuite mon appel: «Que ceux qui veulent être chrétiens se lèvent!» Cette fois, je savais que je m’étais fait comprendre. Et, de nouveau, ils se levèrent par groupes entiers, par séries de cinquante et plus. Je me tournai vers le pasteur et lui dis: «Qu’est-ce que cela veut dire?—Je vous assure que je n’en sais rien», me répondit-il; puis, après quelques instants: «Que ferais-je de cette foule? Je ne sais qu’en faire... Il y a quelque chose de nouveau.—A votre place, lui dis-je, je fixerais une réunion pour demain soir et pour après-demain soir et je verrais alors ce qui se passera; quant à moi, je dois m’embarquer pour Dublin». Je partis; mais à peine étais-je débarqué que je reçus un télégramme du dit pasteur avec ces mots: «Revenez immédiatement. Eglise bondée». Je revins donc et restai dix jours. Le résultat de ces dix jours fut que l’Eglise s’augmenta de quatre cents membres et que les autres Eglises reçurent, par contre-coup, un élan et une impulsion extraordinaires».
Après avoir fait ce récit, Moody baissa la tête, comme s’il réfléchissait à ces événements passés; puis il ajouta: «Je ne pensais à rien d’autre qu’à mon Eglise, mais le résultat de ce voyage fut que je me vouai au ministère itinérant; depuis lors, je ne l’ai pas quitté».
Et maintenant, comment expliquer l’œuvre merveilleuse qui se fit ce dimanche-là et les jours qui suivirent? Moody n’en était pas l’initiateur, bien qu’il fût un homme de valeur que Dieu pouvait employer et qu’il employa largement; le ministre de la dite Eglise ne peut, lui non plus, en être rendu responsable, car il fut aussi grandement surpris que son hôte. Il s’était évidemment passé quelque chose de mystérieux pendant ces dix jours. Moody, avec sa pénétration habituelle, entreprit de découvrir ce secret.
Quelque temps après, le fait suivant parvint à sa connaissance. Un membre de l’Eglise, une femme était tombée malade plusieurs mois avant ce magnifique réveil. Son état empira; les médecins la condamnèrent. Sa maladie n’était pas de celles dont on meurt subitement; elle allait vivre des années encore, mais cloîtrée dans sa maison. Elle resta donc couchée, s’efforçant de comprendre le but de cette longue et douloureuse épreuve. Elle fit un retour sur elle-même et se dit: «Qu’ai-je donc fait pour Dieu? En fait, rien; et maintenant, que puis-je faire, couchée et isolée du monde? Je puis prier», se dit-elle.
Permettez-moi d’ouvrir ici une courte parenthèse. Dieu permet souvent que nous soyons enfermés et isolés. Ce n’est pas Lui qui nous isole, Il n’a pas besoin de le faire; Il se contente de retirer légèrement Sa main, et notre désobéissance à Ses lois a vite fait de nous séparer des humains. Ce qui arrive alors L’afflige; c’est malgré Ses premières intentions à notre égard qu’il permet cette solitude forcée, mais Il le fait, parce qu’ainsi seulement Il arrive à tourner notre attention vers ce qu’il désire que nous accomplissions; ainsi seulement, Il parvient à nous rendre attentifs à certaines choses et à nous les faire juger comme Il désire qu’on en juge. Mais revenons à notre récit.
Elle se dit: «Je peux prier, donc je prierai». Elle le fit et pria, entre autres objets, pour son Eglise. Sa sœur, membre de la même paroisse, vivait avec elle; c’était son seul lien avec le monde extérieur. Le dimanche, après le service, la malade demandait toujours: «Y a-t-il eu quelque chose de nouveau à l’Eglise aujourd’hui?—Non», répondait invariablement la sœur. Chaque mercredi soir, après la réunion de prière, elle interrogeait sa sœur: «Quelque chose de nouveau ce soir? Il doit y avoir eu quelque chose.—Non, rien de nouveau; les mêmes vieux diacres ont fait les mêmes vieilles prières».
Mais, un dimanche, à midi, la sœur rentra du culte et demanda à la malade: «Devine qui a prêché ce matin.—Je n’en sais rien, qui donc?—Eh! bien, un étranger, un Américain du nom de Moody, à ce que j’ai entendu». Le visage de la patiente pâlit, ses yeux devinrent fixes et ses lèvres tremblèrent, mais elle dit tranquillement: «Je sais ce qu’il en est; c’est une visite à la vieille Eglise. Ne m’apporte pas à manger, car je veux passer l’après-midi dans la prière». Ainsi fut fait, et le même soir se produisait ce changement étonnant dans l’auditoire de Moody.
Ce dernier découvrit la malade; elle lui raconta comme quoi, environ deux ans auparavant, un exemplaire de Watchmann, publié à Chicago, lui était tombé entre les mains; il contenait un discours que Moody avait prononcé dans cette ville. Tout ce qu’elle savait, c’était que ce discours enflamma son cœur et qu’il était signé Moody. Elle insista dès lors dans ses prières pour que Dieu envoyât cet homme à Londres, dans son Eglise. Et voilà.! Quoi de plus simple que cette prière!
Les mois passèrent; une année s’écoula et toujours elle priait. Sauf Dieu, personne ne le savait. Pas de changement? N’importe, elle priait, et pour finir... sa prière triompha.—De même toute prière vraiment inspirée de l’Esprit remporte la victoire. Le succès! voilà la pierre de touche de nos supplications.
L’esprit de Dieu poussa Moody à traverser les mers, à venir à Londres, à pénétrer dans cette église. Puis vint la concentration de toutes les forces, le dernier assaut, et cette nuit-là la victoire fut remportée.
Je suis persuadé qu’un jour, quand les ténèbres auront disparu et que la lumière rayonnera partout, quand nous connaîtrons comme nous avons été connus, je suis persuadé qu’alors nous découvrirons que le facteur le plus important de ces dix jours où des milliers d’âmes se sont données à leur Sauveur, sous l’influence de Moody, aura été la prière de cette femme. Non pas le seul facteur, il est vrai, car il faut y ajouter l’appui de la puissante personnalité de Moody et le travail concentré de centaines de pasteurs et de laïques. Toutefois, je place sans hésiter, avant l’influence de Moody et de tous les autres, la prière de cette infirme.
Je ne connais pas son nom, tandis que je connais celui de Moody. Je pourrais citer un grand nombre d’aides qui se consacrèrent à l’œuvre du grand revivaliste. Mais cette femme, qui fut la cause humaine de ce grand succès, je ne la connais pas. On me dit qu’elle vit au nord de Londres et qu’elle continue de faire monter au Ciel ses supplications. C’est vraiment un service secret que celui de la prière, et dans ce domaine nous ne savons pas quels sont les plus puissants des hommes de prière.
Et nous, prierons-nous? saurons-nous prier? saurons-nous, en face d’un événement important, attribuer la première place à la prière?
Laissez-moi vous dire maintenant quelques mots sur la manière de prier. Oui, comment devons-nous prier?
La première condition de toute prière est de connaître les intentions de Dieu, leur direction, leur portée. Il nous faut connaître avant tout la pensée de Dieu et demander ensuite qu’elle se réalise. Dieu est assis dans les cieux sur son trône, avec Jésus glorifié à ses côtés. Partout, dans tous les mondes, la volonté du Créateur est observée; une seule exception: la partie que l’on appelle la terre, avec l’atmosphère qui l’entoure, est le coin du Ciel où règnent Satan et ses armées.
La volonté divine fut accomplie sur la terre par un homme: Jésus. Il descendit vers ce monde prodigue et fit la volonté de Son Père qui est dans les cieux; puis Il partit. Depuis Il a cherché et cherche maintenant encore sur la terre des hommes qui soient dans une telle union avec Lui, qu’il puisse, en eux et par eux, faire ce qu’il veut. Il désire trouver des imitateurs de Lui-même et obtenir ainsi que, par leur moyen la volonté de Dieu règne de nouveau en maîtresse sur la terre. Voici maintenant ce qu’est la prière: découvrir les intentions divines à notre égard, à l’égard du monde, et demander avec insistance qu’elles se réalisent. L’important est de découvrir la volonté de Dieu et de prier sans cesse qu’elle «soit faite». Voilà la réponse à la question: Comment devons-nous prier?
Je me suis rencontré plus d’une fois avec des chrétiens dans le but de prier ensemble, et les sujets d’intercession furent naturellement des plus divers. Tel homme demandent ceci, tel autre cela et ainsi de suite; mais pendant qu’à genoux et priant moi-même, j’écoutais les supplications qu’un frère faisait monter vers les cieux, je me suis dit souvent, sans vouloir toutefois jouer le rôle de critique: «Voici ce que je dois dire: Esprit Saint, Tu connais cet homme, Tu sais ce qui lui manque; Tu connais aussi cette femme malade, et Tu sais quelles sont ses peines; Tu connais cette question que nous t’apportons, Tu en sais les difficultés; Esprit Saint, insuffle en moi la prière que Toi-même Tu formules pour cet homme, pour cette femme, pour cette question. Ta prière est la mienne, au nom de Jésus. Que ta volonté soit faite en tout et partout!» Quelquefois je vois clairement ce que je dois demander, mais souvent je suis embarrassé. Je connais tel fait particulier; je ne puis connaître tous les faits. Par exemple, je connais cet homme qui a besoin de mes prières; c’est peut-être un chrétien; son caractère, ses idées, sa volonté me sont connus; toutefois il y a en lui quelque chose que je ne connais pas et ce quelque chose d’inconnu est cause de toute la difficulté. Dès lors, je suis obligé d’avouer que je ne puis prier comme je le devrais. Mais l’Esprit qui est en moi intercédera pour cet homme selon que je lui laisserai toute latitude d’agir et de prier, et Celui qui, là-haut, prête l’oreille dès qu’il entend que Sa volonté, Sa pensée pour telle ou telle de ses créatures est proclamée sur le champ de bataille, reconnaîtra certainement Sa propre volonté dans ma prière. Le résultat sera l’exaucement de ma prière à cause de la victoire de Jésus sur Satan.
De plus, je puis devenir sensible à la pensée et à la présence de l’Esprit au point de percevoir plus facilement et plus rapidement ce pour quoi il me faut prier. Je serai par là-même un associé toujours plus utile pour réaliser la volonté divine sur la terre.
La prière ne peut être exercée que dans certaines conditions; nous en distinguons six.
Tout d’abord, il nous faut du temps pour prier. Trouvons chaque jour le temps nécessaire, et sachons aussi oublier ce qui nous entoure et les occupations qui nous attendent. Ne soyons pas pressés par l’heure. Telle personne se lève précipitamment le matin, s’habille en hâte et s’agenouille quelques instants avant d’aller vaquer à ses affaires; mais ce n’est pas là prier. Telle autre, fatiguée par le travail quotidien, se déshabille, en hâte aussi, car elle a besoin de repos; par habitude—habitude qui peut être excellente—elle parcourt quelques versets, s’agenouille un instant et croit avoir prié; mais ce n’est pas là prier. Je ne critique pas la bonne intention; mais je tiens à dire nettement que, si l’on veut vraiment prier, prier sérieusement, il faut prendre le temps de le faire à l’heure où l’esprit est frais et dispos, et non lorsqu’il est émoussé par la fatigue du jour.
«Nous n’avons pas le temps; la vie est trop remplie», dira-t-on. C’est possible; mais ce temps, nous devons le prendre, fût-ce à quelque chose d’important; ce sera toujours une chose moins importante que la prière.
Le sacrifice est la loi continuelle de la vie; l’important doit être sacrifié au plus important. Il faut arriver à posséder un jugement mûr, sinon notre force sera dilapidée dans mille détails secondaires et l’important ne sera pas accompli, ou si pauvrement qu’il ne sera d’aucune valeur. Si nous désirons intercéder utilement et savoir comment prier simplement, prenons le temps de passer chaque jour quelques instants dans le calme et la solitude.
En second lieu, il nous faut un endroit pour prier. Il va sans dire qu’on peut prier partout, dans la rue, dans les bureaux, en voyageant, en travaillant, en lavant la vaisselle..., que sais-je encore; mais vous ne pouvez vraiment vous recueillir que si vous recherchez un endroit tranquille pour y être seul avec Dieu. Le Maître nous dit: «Entre dans ta chambre, ferme ta porte—cette porte joue un rôle important, elle isole complètement—et prie ton Père en secret.» Dieu se trouve dans cet endroit solitaire. Il faut être seul pour se rendre compte qu’on n’est jamais seul. Plus nous sommes seuls, humainement parlant, et moins nous le sommes au point de vue divin.
La solitude et la tranquillité nous sont nécessaires pour développer notre entendement. Une mère entendra le plus faible cri de son bébé qui se réveille; les pleurs viennent d’un autre étage peut-être; ce n’est qu’un léger bruit que personne n’entend; mais l’oreille maternelle l’a saisi immédiatement et déjà la mère est auprès du berceau. Son oreille est exercée d’une façon toute spéciale par l’amour.
Nous aussi, nous devons exercer notre oreille. Un endroit retiré interceptera les bruits extérieurs et donnera à l’ouïe intérieure la possibilité d’entendre d’autres voix.
Un homme se trouvait un jour dans une cabine téléphonique; placé devant l’appareil, il essayait de comprendre la communication qu’on lui faisait; mais c’était en vain, et sans cesse il répétait: «Je n’entends pas, je n’entends pas». Son interlocuteur, après quelques essais, lui cria un peu sèchement: «Si vous voulez entendre, fermez donc la porte». Sa porte à lui était fermée et il pouvait entendre non seulement la voix de la personne à qui il téléphonait, mais aussi les bruits de la rue et des acheteurs qui remplissaient le magasin où se trouvait la cabine téléphonique.
Certaines personnes n’entendent pas bien, parce qu’elles n’ont pas fermé suffisamment la porte. La voix de l’homme et la voix de Dieu résonnent et se confondent dans leurs oreilles; elles ne peuvent les distinguer. La faute en est pour une part à la porte: «Si vous voulez entendre, fermez donc votre porte!»
La troisième condition mérite aujourd’hui une attention toute spéciale: «Donnez à la Bible sa place dans la prière». La prière ne consiste pas simplement à parler à Dieu; non, écoutez d’abord, vous parlerez ensuite. La prière se sert de trois organes: l’oreille, la langue et les yeux. L’oreille pour entendre ce que Dieu dit, la langue pour lui parler, les yeux pour voir le résultat. Lire la Bible, c’est écouter ce que Dieu dit. Ses paroles nous pénètrent; elles trouvent notre cœur où elles prennent un peu de notre personnalité, et elles ressortent de notre bouche sous forme de prière. Quelle peine Dieu a à obtenir qu’on L’écoute! Il parle constamment; mais les bruits de la terre assourdissent le son de Sa voix, même chez ceux qui auraient quelque désir de l’entendre. Dieu parle par Sa parole; ce que nous savons de Lui, nous le savons par elle. La Bible a été inspirée, et elle est inspirée. Dieu Lui-même parle dans ce livre. C’est donc un livre à part, différent de tous les autres. Etudions-le avec soin, avec intelligence, avec respect, et son contenu nous révélera la volonté souveraine de Dieu. Ce qu’il dit changera complètement ce que vous vouliez dire.
La quatrième condition est celle-ci: Laissez le Saint-Esprit vous apprendre à prier. Plus vous prierez et plus vous vous direz: «Je ne sais pas comment prier.» Vous reconnaissez là l’expérience et les paroles mêmes de Paul. Dieu, qui connaît et comprend cette difficulté, sait comment y remédier. Il nous a envoyé le Saint-Esprit, qui doit habiter dans nos cœurs et nous apprendre l’art si difficile de la prière. Laissez-vous donc enseigner par Lui.
Quand vous vous réfugiez, avec votre Bible, dans la solitude et la tranquillité, que votre prière soit: «Esprit saint et béni, Esprit de prière, apprends-moi à prier!» Et il le fera. Ne soyez pas énervé, agité, et ne vous demandez pas s’il vous comprendra. Apprenez à être calme, dans votre corps et dans votre esprit. Soyez tranquilles, et écoutez. Souvenez-vous de la version que donne Luther du Psaume XXXVII, verset 7: «Sois silencieux devant l’Eternel et laisse-toi façonner par ses mains» {Ps 37.7}.
Vous verrez alors quelle transformation subiront vos prières. Vous parierez plus simplement, tel un homme occupé à ses affaires ou un enfant faisant une demande,—avec, en plus, évidemment, tout le respect que vous devez à Dieu. Vous cesserez de prier pour certaines choses et vous abandonnerez aussi quelques redites; vous emploierez moins de mots peut-être, mais vous les prononcerez avec une tranquillité, avec une foi si complètes que votre demande sera exaucée.
Cette influence du Saint-Esprit doit exister au début de chaque prière et se maintenir jusqu’à la fin, car il est le facteur principal qui la guidera vers Dieu. Le Saint-Esprit est avant tout un Esprit de prière. La loi suprême de la vie chrétienne est une obéissance complète aux directions du Saint-Esprit. Il faut un jugement éclairé pour comprendre ses voies et ne pas prendre nos pensées imparfaites pour ses ordres. Nous devrions l’autoriser à nous enseigner à prier et plus encore à régler nos prières. La bataille spirituelle se passe sous ses yeux; il est le général de Dieu sur le champ de bataille.
Des fléchissements peuvent se produire durant le combat; il y a des hauts et des bas. Le Saint-Esprit sait alors quand la prière est nécessaire pour ramener l’avantage et, par là, la victoire. Nous devons donc consacrer un temps spécial à la prière et y persévérer jusqu’à ce que le triomphe soit assuré. Obéissons par conséquent à son inspiration.
Nous nous sentons parfois poussés à prier ou à demander à quelqu’un de prier, et nous nous disons: «Pourquoi donc prier encore? Je viens de le faire.» Ou bien: «Je ne vois pas la nécessité d’inciter cette personne à prier, car elle le fait sûrement.» Ne pensons pas à cela, et contentons-nous de suivre cette inspiration de l’Esprit et de l’exécuter avec le moins d’explications possibles.
Laissez cet Esprit merveilleux vous enseigner à prier. Ce sera long; mais, si vous cédez devant sa sagesse et attendez patiemment, il vous enseignera comment il faut prier; il vous suggérera des sujets précis et souvent vous fournira les mots de votre prière.
Si vous y réfléchissez, vous remarquerez que le but principal de ces quatre premières conditions est d’apprendre à connaître la volonté de Dieu. Un endroit solitaire, un moment de tranquillité, la Bible, l’Esprit, voilà qui fera de nous de vrais hommes de prière. Nous apprendrons ainsi à connaître la volonté du Très-Haut, et cette connaissance nous fera toujours plus désirer que cette volonté soit faite et toujours plus prier qu’elle puisse être accomplie.
Il est un mot souvent employé dans les Psaumes et dans le livre d’Esaïe pour désigner notre attitude: attendre. Ce mot est sans cesse pris pour désigner cette union avec Dieu, qui nous révélera Sa volonté et nous fera part de Ses intentions. Le mot attendre n’indique rien d’accidentel, rien de pressé; il signifie fermeté, c’est-à-dire persévérance; patience, c’est-à-dire constance; espérance, c’est-à-dire confiance en Dieu; obéissance, c’est-à-dire entier consentement; il signifie aussi attention, c’est-à-dire calme et tranquillité pour mieux entendre la voix du ciel.
La cinquième condition a déjà été indiquée, mais nous tenons à souligner son importance. La prière doit être faite au nom de Jésus; elle doit être offerte en son nom, parce que toute sa force repose sur lui. Je me souviens d’une contrée que j’habitai quelque temps et où j’entendis rarement employer le nom de Jésus dans les prières. A différentes reprises, j’entendis prier des hommes que je savais être de vrais chrétiens, et toujours sans mention du nom de Jésus. Rappelons-nous que nous n’avons pas accès auprès de Dieu, si ce n’est par Jésus.
Supposons que le plus habile des juristes anglais, connaissant à fond les lois américaines, les statuts de l’Illinois et les ordonnances municipales de Chicago, vienne en Amérique; pourrait-il plaider devant nos tribunaux? Vous savez pertinemment qu’il ne le pourrait pas, car il n’y serait pas légalement autorisé. De même, vous et moi, nous ne sommes pas autorisés à plaider à la barre de Dieu; nous en sommes exclus de par le péché; nous ne pourrons parvenir à Lui que par Jésus qui a accès au tribunal céleste.
Mais, inversement, puisque nous venons au nom de Jésus, c’est la même chose que si Jésus priait, s’il nous prenait par la main et nous conduisait à son Père en disant: «Père, voici un de mes amis; je T’en prie, accorde-lui ce qu’il Te demande, par amour pour moi.» Dieu se penchera vers vous et dira: «Que désires-tu? Ce que tu demanderas, tu l’obtiendras, au nom de Mon Fils.» Tel est l’effet d’une demande faite au nom de Jésus.
Je suis persuadé, absolument persuadé, et c’est pourquoi j’y reviens avec tant d’insistance, qu’en dernière analyse, si nous pouvons nous réclamer du nom de Jésus, c’est qu’il a vaincu le prince du mal. Prier, c’est répéter le nom du Vainqueur, le proclamer aux oreilles de Satan et demander la défaite finale de ce dernier. La prière incessante au nom de Jésus provoquera la fuite de l’Ennemi; à contre-cœur, irrité, il devra lâcher prise et abandonner le champ de bataille.
La sixième et dernière condition nous est familière et, pourtant, combien elle est mal comprise. La prière doit être faite avec foi. Remarquez, à ce propos, que la foi ne consiste pas à croire que Dieu peut, mais qu’il veut. L’homme de foi s’agenouille, prie et dit ensuite: «Père, je Te remercie. Tu exauces ma prière, je Te remercie.» Il se lève et va à ses occupations en se disant que la chose est sûre. A travers son travail de la journée, il répète la prière et les actions de grâces, et il a la ferme assurance de son exaucement. S’il répète sa prière, ce n’est pas pour persuader Dieu, mais parce qu’il sait que la prière est une force décisive dans la lutte spirituelle et que chaque prière est une blessure nouvelle au front de l’ennemi.
D’aucuns diront: «Ne poussez-vous pas les choses à l’extrême? Pouvons-nous tous avoir une foi si grande? Pouvons-nous nous forcer à croire?» Cette question révèle une erreur que commettent beaucoup de personnes des plus sérieuses. Non, assurément, nous n’aurons pas tous une foi si parfaite; cela ne fait aucun doute et la raison en est fort simple à donner. La foi qui croit que Dieu fera ce qu’on Lui demande ne naît pas en un jour; elle ne naît pas non plus dans le tumulte de la rue, ni dans le brouhaha de la foule. Voulez-vous savoir quelle est son origine? Elle se manifeste et se développe dans le cœur de tout homme qui a mis à part, chaque jour, quelques instants pour les vivre avec Dieu et écouter ce que Sa Sagesse lui révèle; le résultat de tels entretiens est la conviction que Dieu exauce toutes les prières que l’on se sent pressé de lui adresser.
Cette foi possède quatre qualités. Elle est intelligente; elle découvre ce que Dieu veut. La foi n’est jamais l’opposé de la raison; seulement, parfois, elle la dépasse. Secondement, elle est obéissante; elle adapte sa vie à la volonté de Dieu. De temps à autre, il y a quelques heurts, mais la foi les surmonte. En troisième lieu, elle est attentive; je dis attentive, en pensant au sens original de ce mot, c’est-à-dire dirigée, tendue vers un but. Elle est enfin persévérante; elle s’attache à son but et s’écrie: «Que nul ne se décourage! Revenons à la charge, sept fois et soixante-dix fois sept fois.» Connaissant la volonté de Dieu, sachant qu’elle ne change pas, la foi explique les retards et les lenteurs par la présence d’une troisième personne, l’Ennemi, et elle est persuadée que cette résistance opiniâtre sera brisée au nom du Vainqueur et que le diable laissera bientôt le champ libre.