Nos enfants

PRÉSENCE INDISPENSABLE

Tu me réjouiras par ta présence.

Actes 2.28

L’enfant livré à lui-même fait honte à sa mère.

Proverbes 29.15

Les « croulants » sont débordés. Leurs « grands » – seize et dix-sept ans – tournent franchement mal. Ils courent les rues, rechignent à la besogne et rentrent tard au logis. De vrais chenapans qui font fi des supplications parentales. Pour obtenir un semblant de soumission et des bribes d’égard, le chef de famille – titre ô combien dérisoire ici : – ne peut que céder et se taire pour ménager ce petit monde susceptible et arrogant : le moindre heurt, le plus infime reproche déclencheraient une explosion aux retombées imprévisibles : des fugues … ou le suicide ! Pourquoi pas ? Ces « gentils » petits n’en sont pas à ça près.

J’engage la conversation avec des amis qui les connaissent bien et déplorent, comme moi, l’affligeante déroute dont l’explication, me semble-t-il, « crève les yeux ». Comme il se doit, papa travaille et gagne largement sa vie. Belle situation en vérité : la vie matérielle du foyer est donc largement assurée. Mais de son côté, l’épouse occupe un emploi bien trop lucratif pour se résoudre à l’abandonner. On n’a pas subi examens et concours pour rien ! Et puis, l’abondance d’espèces sonnantes et trébuchantes – que ce dernier mot est bien choisi – n’est pas à dédaigner. Donc maman travaille et n’a pratiquement jamais lâché son métier, même lorsque les siens étaient en bas-âge. Étonné, j’interroge :

— Mais que faisait-elle d’eux lorsqu’ils étaient petits ?

— Pas de problèmes ! Après les nourrices, la crèche, puis l’école maternelle. L’enfant qui devait rentrer le premier à la maison avait, sage précaution, la clé suspendue à son cou.

Ainsi je comprends : lorsque les deux garçons regagnaient leur demeure, ils trouvaient l’appartement vide et parce qu’une maison sans la maman est triste, ils filaient aussitôt dans la rue retrouver les copains logés à la même enseigne. Et c’est la rue qui eut, à défaut de parents, le triste privilège de les éduquer. Belle éducation en vérité aux fruits plutôt amers. Doit-on s’en étonner ? Tant de pères et de mères ont prétendu consacrer leur bébé au Seigneur alors qu’en réalité, ils le sacrifiaient à Mammon (1).

(1) Dieu de l’argent.

Je tiens d’une institutrice d’école maternelle le fait suivant : l’une de ses élèves, très indépendante de caractère, change totalement de comportement le jour où la maman reprend son activité professionnelle interrompue depuis deux ou trois années. Dès lors perturbée, l’enfant éprouve le besoin de se faire cajoler : elle mendie de l’affection et se montre comblée lorsque la maîtresse consciente de la situation de l’élève, s’intéresse à elle et la prend dans ses bras. Un jour – miracle ! – la fillette retrouve son allant d’autrefois. L’explication est simple : contrainte au chômage, la mère peut encore rester chez elle et donc consacrer plus de temps à sa fille.

Oui, l’enfant veut une maman qui l’accueille à la maison. J’en avais la preuve, chaque fois que ma femme était absente lorsque les enfants rentraient de classe. Leurs premiers mots étaient invariablement :

— Où est maman ?

Question vexante pour le papa qui les attendait. J’étais présent, bien présent … mais c’était elle qu’ils réclamaient. Toujours.

Une mère, sauf cas de force majeure, devrait rester au foyer. Elle est l’âme de la maison et une maison sans âme est triste pour l’enfant. Sans doute, la maman qui travaille objectera-t-elle :

— Vous avez raison mais mon mari gagne trop peu pour faire face aux dépenses du ménage. Nous avons de la peine à joindre les deux bouts, même avec un double salaire.

Motif ou prétexte ? Je ne sais. Pourtant, je vois autour de moi des foyers – il y en a encore – qui parviennent à vivre décemment avec un salaire unique, même modeste. Ce fut notre cas, en particulier lorsque nous habitions en plein Paris avec quatre enfants aux études et de nombreuses visites à notre table. Le sage avec raison disait : « L’argent le plus facile à gagner est celui qu’on économise ». Parole d’or que devraient méditer de jeunes parents. Ils découvriraient sans peine que la femme au foyer gagne plus qu’on ne croit lorsqu’elle se donne aux siens et à son ménage.

Certes, il n’appartient à personne de juger une maman qui travaille et je me garderai d’en culpabiliser une seule, en dramatisant les choses. D’ailleurs, les lignes qui précèdent ne concernent nullement les épouses dont les enfants sont hors du nid, les célibataires, les veuves même chargées de famille ou les femmes abandonnées trop heureuses d’être employées pour répondre aux besoins de leur nichée. Toutefois, si Dieu vous interpelle en lisant ces lignes, examinez honnêtement votre situation pour savoir si vous devez conserver plus longtemps une activité qui vous tient éloignée de la maison. Vous serez encouragée de savoir qu’en y renonçant vous rendrez un fier service à un chômeur : grâce à vous, il pourra porter son salaire à la maison, pour la joie de toute une famille.

A bien réfléchir, la femme salariée est à plaindre car elle dispose de bien peu de temps. Les jours n’ont que vingt quatre heures et les forces sont loin d’être illimitées : peu de temps pour son âme, peu de temps à consacrer aux siens. Peu de temps pour le ménage et les travaux domestiques, pour les amis, l’Église et … elle-même. Pourrait-elle imiter cette maman qui se rend toutes les semaines au centre culturel pour y apprendre la poterie et y élargir le cercle de ses amies ? Pendant que les enfants sont en classe, serait-elle en mesure de jouer un rôle actif dans une œuvre sociale, de visiter des personnes isolées ou d’exercer son talent dans une école de musique ?

Souvent reprise intérieurement, la mère débordée tentera de compenser par de l’argent ou des cadeaux l’affection dont elle frustre ses enfants. Elle abdiquera souvent « pour avoir la paix », trop lasse pour maîtriser des gamins d’autant plus déchaînés qu’elle manque d’énergie pour leur tenir tête. Elle attendra l’été pour refaire surface, à condition de se débarrasser des gosses qu’on expédiera volontiers et avec bonne conscience dans une colonie d’autant plus si elle est évangélique – ils s’y feront tellement de bien ! – afin de ne pas subir leur présence. Il faut bien récupérer son énergie perdue … avant de reprendre le travail !

Lors des événements de 1968, il me fut remis un tract ramassé quelque part dans le quartier latin et distribué massivement par d’ardents gauchistes : un texte dense aux relents de révolte, rédigé en termes orduriers qui ne ménageaient ni les adultes, ni les parents. Or, dans ce fatras de grossièretés, une phrase digne d’être méditée attira mon attention : « Nous sommes des mal-aimés ». Nombre de gens aux cheveux grisonnants pouvaient baisser la tête, eux qui avaient préféré à leurs enfants le travail, l’argent et un semblant d’indépendance. Que le reproche d’avoir été mal aimé ne parvienne jamais à vos oreilles.

Une maman souvent absente de chez elle, voyant tous les siens s’éloigner de la foi, invita l’un de ses fils à lui ouvrir son cœur :

— Maman, lui répondit-il, il y a une phrase que tu répétais sans cesse et qui m’était devenue insupportable : « Jacques, tu garderas la maison ».

Ne perdez pas vos enfants. Leur âme est précieuse plus que tout autre chose.

LES PARENTS S’INTERROGENT

  1. Madame, si vous travaillez loin du foyer, n’avez-vous pas l’impression de sacrifier un peu les vôtres et donc de ne pas remplir pleinement votre rôle de maman ? Qu’en pense votre mari ?
  2. Est-ce pour des raisons pécuniaires ou pour réaliser votre indépendance que vous gardez votre emploi ? Etes-vous heureuse d’être maman et maîtresse de maison ? Est-ce à contrecœur que vous accomplissez cette double vocation ?
  3. Cherchez ensemble la pensée du Seigneur si cette question vous concerne. Accepteriez-vous de gagner moins pour donner plus à vos enfants ? Vous feriez certainement de belles expériences sur le chemin de la foi.

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