« Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu et vous le verrez s’accomplir. »
Il nous semble opportun de revenir sur le texte de Jacques 5.13-20 relatif à l’onction d’huile1 en nous attardant sur l’expression déjà citée : « … et la prière de la foi sauvera le malade ». Trois mots importants retiendront notre attention (prière – foi – sauvera) ; nous les aborderons successivement.
1 Il faut noter que Jacques n’attribue pas la guérison à l’onction d’huile, l’huile utilisée n’étant qu’un moyen extérieur de guérison ne possédant aucun pouvoir magique. Peut-être les chrétiens de jadis voyaient-ils dans cette huile un symbole de l’Esprit de Dieu dont la puissance devait opérer la guérison.
Rien dans la Bible ne nous permet de lier obligatoirement la réception d’une grâce – ici la guérison – au rite de l’imposition des mains ou de l’onction d’huile. Le Christ et les apôtres ont utilisé les moyens les plus divers pour guérir les malades (attouchement, prières, linges…).
Sans être catégoriques, nous croyons que l’onction d’huile est réservée à des chrétiens agrégés à une communauté puisqu’ils doivent faire appel à ses responsables ; l’imposition des mains (sans onction d’huile) ou autres interventions concerneraient plutôt les malades fraîchement convertis ou encore étrangers à la foi mais s’attendant à recevoir de Dieu la guérison.
1. LA PRIÈRE (la prière de la foi)
En formulant cette expression qui lui est propre (la prière de la foi), l’apôtre Jacques ne songe sûrement pas à ces vagues requêtes énoncées du bout des lèvres et qu’on termine par une allusion à la foi : « Seigneur, je crois que tu veux guérir notre ami, merci de nous avoir exaucés… »
Pour avoir une idée plus exacte de ce qu’il entend par prière de la foi, il suffit d’imaginer une famille vivant en Somalie ou au Soudan, pays où sévit durement la famine. Tenaillée par la faim depuis de longs jours, la mère supplie la Providence de subvenir. sans retard aux besoins des siens affamés et affaiblis. Sa prière, on le devine, ne peut être bâclée, superficielle, rapidement terminée pour songer à autre chose. Au contraire, cette femme luttera sans désemparer et avec la dernière énergie pour obtenir du ciel l’indispensable nourriture.
En vérité, la prière de la foi dont parle l’apôtre Jacques est un combat ; dans sa lettre aux Colossiens Paul utilise le même terme lorsqu’il mentionne le nom d’Épaphras intercédant pour ses amis : « Il ne cesse de combattre pour vous dans ses prières » (Colossiens 4.12). A l’exemple du compagnon de Paul ou de cette maman, les frères entourant le malade prieront avec ardeur, assurés de la réponse de Dieu. (L’auteur de ces lignes, humilié par ce rappel, doit avouer avoir trop rarement mené un tel combat).
2. LA FOI (la prière de la foi)
Un ancien disposé à faire monter vers Dieu la prière de la foi doit-il nécessairement s’attendre à la guérison physique et la promettre au malade en lui disant par exemple : « Maintenant, selon l’Écriture, je crois et j’affirme que tu es guéri. Loue le Seigneur ! » De son côté, le patient est-il tenu de s’associer à la prière des anciens en proclamant, en dépit de la réalité : « Je suis guéri ; je suis guéri ! » comme pour obliger Dieu à tenir ses engagements ? Le Seigneur n’a-t-il pas promis formellement d’exaucer quiconque le prierait avec foi ? (Voir le texte cité en exergue, Marc 11.24).
Avant de répondre à ces questions, affirmons une fois de plus et avec force que Dieu est fidèle et tient parfaitement ses promesses. Elles sont “oui et amen” (2 Corinthiens 1.20). Personne ne le prendra en défaut sur ce point. « Dieu n’est pas homme pour mentir » (Nombres 23.19). Ce serait lui faire injure que de le croire capable de trahir ses engagements, même lorsqu’il n’intervient pas exactement comme nous le souhaiterions. Il faut accepter humblement l’idée que ‘ses pensées ne sont pas nos pensées’ (Ésaïe 55.8), qu’il ne se trompe jamais et se plaît à donner le meilleur à ses créatures. Ce qui n’est pas évident sur le moment peut devenir, si nous lui faisons confiance, sujet de reconnaissance et d’émerveillement.
Au sujet de la foi faisons plusieurs remarques :
a) L’objet de la foi c’est le Christ et non la promesse elle-même. Le Nouveau Testament nous le rappelle avec insistance par la répétition de diverses expressions comme : “la foi au Seigneur Jésus”, “croyez en Lui”, “courez les regards sur Jésus.” Ce qui donne du crédit à une promesse c’est la personne qui la formule. Je douterai de mon plombier si je sais, par expérience, qu’on ne peut se fier à sa parole. Et je douterai de ses promesses s’il a la réputation d’être menteur. C’est pourquoi, nous pensons que les anciens appelés au chevet d’un malade devraient d’abord, sans hâte et dans le silence, chercher la face du Seigneur et se placer réellement devant Lui. Torrey, l’éminent prédicateur, avait constaté que la pensée de Dieu était souvent absente de nos requêtes, aussi avait-il l’habitude d’introduire les réunions de prières par la recommandation suivante : « Avant d’ouvrir la bouche, ayez l’assurance que vous avez vraiment audience auprès de Dieu, que vous avez réellement accès jusqu’en sa présence même. Pleinement conscients de vous adresser à Lui, vous devez croire qu’Il prête l’oreille à votre requête et se dispose à vous accorder la chose que vous Lui demandez… »
b) Avant de prier en disant peut-être à la légère : « Seigneur, je crois fermement que tu vas relever notre ami », chacun des anciens entourant le malade ne devrait-il pas se poser intérieurement plusieurs questions : « Est-ce que je crois réellement que Dieu va nous exaucer ? Suis-je en mesure de lui adresser maintenant la prière de la foi ? »
Lors de réunions bénies à Brighton, en 1875, l’un des orateurs affirma qu’il aimait beaucoup le nom de croyants donné aux chrétiens, tout enfant de Dieu faisant profession de croire ce que Dieu dit. Toutefois, il exprima une crainte : « Trop souvent, dit-il, on prétend croire tandis qu’en réalité on n’a pas réellement la foi. » Pour illustrer sa pensée, il proposa l’anecdote suivante :
« Un tout jeune garçon interrogeait sa mère :
– Est-ce vrai que si nous demandons quelque chose à Dieu il nous le donne ?
– Bien sûr, pourvu que nous le demandions avec foi, c’est-à-dire en croyant que Dieu accorde la chose demandée.
– Eh bien, puisqu’il n’y a plus de pain à la maison, je vais demander à Dieu de faire qu’il y ait demain matin un gros pain dans le buffet.
– Soit, mais il faut que tu croies qu’il y en aura un en effet. Le lendemain, dès son lever, l’enfant courut à la cuisine et ouvrit toute grande le porte du buffet qu’il trouva vide. Un brin déçu, l’enfant s’écria :
– Ah ! Tu vois bien maman, j’en étais sûr ! Il n’y a pas de pain.
Et voilà comment, enchaîna le prédicateur, trop souvent nous avons prié “pour voir” si Dieu nous exaucerait, sans nous attendre réellement à l’exaucement de nos prières. »
Chaque ancien, me semble-t-il, devrait donc s’examiner en toute honnêteté pour savoir s’il est en état d’exprimer la prière de la foi en faveur du malade. Est-il encore perplexe, assailli par le doute ? Dans ce cas, il fera bien de l’avouer au Seigneur et à ses amis en lui demandant, soit de l’éclairer s’il y a un obstacle à Son intervention, soit de lui accorder la foi qui saisit la promesse. Alors tous ensemble et pleins d’assurance en “Celui qui guérit” (comme Il veut), les anciens oindront le malade avec reconnaissance tandis que le patient, plein de confiance lui aussi, s’abandonnera au Seigneur en lui disant : « Jésus, je me réfugie en toi ; ce corps malade est le temple du Saint-Esprit. Il t’appartient. Pour ta gloire seule et en accord avec mes frères, je te demande de me redonner la santé. Que ton nom soit béni et que ta volonté soit faite ! »
c) Il faut se garder de donner une quelconque valeur méritoire à nos actes de foi, ou de jauger notre foi en comptant sur elle pour obtenir quoi que ce soit de Dieu. Ce serait avoir foi… en notre foi plutôt qu’en Jésus. Or, Lui seul a le pouvoir de répondre à nos besoins, par pure grâce, uniquement parce qu’Il nous aime. C’est donc sur Jésus, l’auteur et le consommateur de la foi (Hébreux 12.2) et non sur nous ou notre foi (c.-à-d. sur nos œuvres) que doivent se porter nos regards. Les doutes qui se mêlent à nos actes de foi lorsque Dieu tarde à se manifester devraient nous guérir à jamais de compter si peu que ce soit sur notre foi tellement chancelante.
Lorsqu’un enfant demande à son père de lui acheter une bicyclette – chose acceptée et promise – il ne s’admire pas en disant : « Je sais que j’obtiendrai cet objet parce que j’ai la foi et fais une totale confiance à celui qui me l’a promise. » Pas du tout. Si le fils ne doute pas, c’est qu’il connaît et estime son père : homme de parole, il ne le décevra pas.
3. SAUVERA le malade
Ici, le verbe “sauver” est certainement synonyme de guérir, selon le contexte ; cependant il a un sens plus large et signifie à la fois guérir et sauver. J’en veux pour preuve une expérience assez lointaine qui nous apportera quelque lumière sur le contenu de ce terme.
Voici le fait : Nous avions été appelés au chevet d’un chrétien de fraîche date gravement atteint et dont les souffrances étaient telles par moment qu’il se serait ôté la vie si sa femme ne s’y était opposée vigoureusement. Conformément à l’enseignement de Jacques, nous l’avons oint d’huile en réclamant l’intervention du Seigneur. Le lendemain, cet homme nous raconta la merveilleuse expérience qu’il avait faite durant la nuit. Non seulement ses douleurs s’étaient estompées mais plus encore, il avait vécu dans la louange des heures de vraie communion avec son Sauveur. Hélas ! Bientôt la maladie reprit son cours et quelques semaines plus tard cet homme décédait dans la paix du Seigneur. Une chose nous frappa cependant. Durant cette dernière période, ce frère, visiblement soutenu, ne parla plus de mettre fin à ses jours mais se montra plus serein, en dépit des souffrances intolérables qui ne le quittaient pas. Il n’avait pas été guéri physiquement comme nous l’espérions, mais il avait été sauvé ; oui, sauvé du désir d’attenter à ses jours et de se rebeller contre son Créateur. Jeune converti encore chancelant, Dieu l’avait rendu plus fort et capable de surmonter sa rude épreuve grâce à l’assistance de l’Esprit-Saint, certainement en réponse à la prière de la foi.
Il est bon de rappeler ici qu’il y a trois domaines dans lesquels Dieu tient à manifester sa souveraineté.
a) À Lui le moment de l’exaucement qu’on ne saurait lui imposer.
J’ai connu un jeune chrétien obligé de se soumettre soir et matin à une médication très stricte et combien contraignante. Il confia son problème à des amis qui prièrent pour sa guérison et l’encouragèrent à jeter tous ses médicaments, lui déclarant avec autorité : « Tu es guéri. » Ce qu’il fit pour donner les preuves de sa foi. Hélas ! Le lendemain matin il fut trouvé mort dans sa chambre. Ce garçon, quoique sincère et zélé, avait tenté Dieu, oubliant que le Tout-Puissant a “son heure et sa réponse bien à Lui”. Ignorait-il que l’enfant de Dieu hérite des promesses non seulement par la foi mais aussi par « l’attente patiente » (dans la foi, Hébreux 6.12).
b) À Lui de fixer les conditions à remplir pour que soit accordée la faveur demandée (par exemple celles de croire et de pardonner aux autres les offenses, Marc 11.24-25…).
Un jeune pionnier œuvrant dans un milieu incrédule, s’attendait à Dieu pour nourrir et entretenir sa famille. Un jour, n’étant pas en mesure de régler une facture importante dont l’échéance arrivait à terme, il s’en ouvrit à des collègues qui l’encouragèrent à prendre au mot la parole de Jésus : « Tout ce que vous demanderez avec foi croyez que vous l’avez reçu et vous le verrez s’accomplir. » Sans hésiter, il accepta de mettre le Seigneur à l’épreuve en signant un chèque… sans provision. On l’avait persuadé que Dieu ferait un miracle en réponse à sa foi et réapprovisionnerait son compte juste au dernier moment. Hélas ! Vous devinez la suite !
Je vous le demande : Dieu pouvait-il donner son accord à une opération qui n’était pas honnête devant les hommes ? A la décharge de ce jeune frère, reconnaissons que ses amis plus âgés et plus expérimentés, au lieu de lui fournir ce mauvais conseil, auraient mieux fait de venir à son secours en lui accordant un prêt, sans intérêt naturellement !
c) À Lui enfin “le comment” de la grâce accordée, la forme ou le contenu de Sa réponse. Qu’on se rappelle ici l’expérience de Paul dont nous nous sommes longuement entretenus.
Questions :