Nous disons que la religion chrétienne assure à la morale chrétienne la garantie de son exécution, propre à elle, aussi bien que ses forces, sa norme et son objet, et que cette sanction ou garantie d’exécution se rattache également à la personne de Christ.
La religion naturelle assure bien à l’ordre moral, nous l’avons dit, une sanction certaine, soit que la loi soit observée ou violée, dans l’inviolabilité de la justice divine rétributive. La conscience humaine ne cesse d’exprimer le postulat, auquel l’expérience a donné plus d’une satisfaction péremptoire, que le bien attend sa récompense comme le mal sa punition, et la religion naturelle enseigne à l’homme à en appeler avec confiance des iniquités du présent à une manifestation future d’une justice supérieure.
Mais la religion chrétienne attribue expressément ce rôle judiciaire à Christ, en sa qualité de représentant suprême de l’humanité, et il y a une nécessité ou une convenance morale, au point de vue du christianisme, à ce que le même personnage qui a été le Sauveur soit un jour le Juge (Actes 17.34 ; Jean 5.27).
L’eschatologie, de même que la sotériologie, forme donc une des assises de la morale chrétienne. L’attente du retour de Christ, qui est tout ensemble objet d’espérance pour l’Église et de crainte pour le monde, fait partie des obligations et des vertus du chrétien.