« Voici, l’œil de l’Éternel est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui s’attendent à sa gratuité, afin qu’il les retire de la mort et qu’il les entretienne en vie durant la famine.
Notre âme s’est attendue à l’Éternel, il est notre aide et notre bouclier.
Certainement notre cœur se réjouira en lui parce que nous avons mis notre confiance en son saint nom. Que ta bonté soit sur nous, Ô Éternel, comme nous nous sommes attendus à toi. » Ps 33.18-22.
Dieu abaisse ses regards sur ses enfants, et ceux-ci élèvent leurs regards vers lui. Quand nous nous attendons à lui, nous regardons à lui et nous rencontrons son regard paternel.
Nous attendre à Dieu, voilà ce qui détourne nos yeux et nos pensées de nous-mêmes, de nos désirs et nos besoins, pour nous occuper de notre Dieu. Nous l’adorons alors, lui et son amour qui veille sur nous, clairvoyant et prêt à subvenir à tout ce qu’il nous faut. Remarquons bien ici ce qui nous est dit de « l’œil de l’Éternel, » de ce qu’il est pour ceux sur lesquels s’arrêtent ses regards, pour ceux qui regardent à lui.
« L’œil de l’Éternel est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui s’attendent à sa gratuité.» La crainte et la confiance paraissent généralement opposées l’une là l’autre, mais en la présence de Dieu et dans l’adoration que nous lui offrons, la crainte se trouve en parfait accord avec la confiance, car en Dieu se concilie toute contradiction apparente. La justice et la paix, le jugement et la miséricorde, la sainteté et l’amour, la toute puissance et la plus grande douceur, la majesté suprême et la condescendance qui sait s’abaisser, toutes ces choses se rencontrent et s’allient en lui. Il y a en effet une crainte qui fait souffrir, et que le parfait amour peut seul dissiper ; mais il y a aussi une crainte d’un autre genre qui se trouve dans le ciel même. Dans le cantique de Moïse et de l’Agneau, voici ce que disaient ceux qui le chantaient « O Seigneur ! qui ne te craindra et qui ne glorifiera ton nom ! » Et du trône même de Dieu sortait une voix qui disait : « Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs et vous qui le craignez, petits et grands ! » {Ap 15.3; 19.5} En nous attendant au Seigneur notre Dieu, souvenons-nous toujours que « son nom est saint et redoutable. » {Ps 111.9} Plus nous nous abaisserons devant lui avec crainte, adoration et sainte révérence, plus nous nous humilierons comme les anges qui se voilent la face devant son trône, plus aussi sa sainteté rayonnera sur nous, préparant notre âme à écouter Dieu et à le laisser se révéler à nous. C’est quand nous sommes pénétrés de la vérité de ces mots : « Que nulle chair ne se glorifie devant Dieu », {1Co 1.29} que nous sommes préparés à voir sa gloire. « L’œil de l’Éternel est sur ceux qui le craignent. »
« Sur ceux qui s’attendent à sa gratuité. » La vraie crainte de Dieu, bien loin d’entraver notre confiance, ne fera que la stimuler et la fortifier. Plus nous nous abaisserons devant Dieu, sentant que nous ne pouvons nous confier qu’en sa miséricorde, plus aussi Dieu se rapprochera de nous, nous donnant la sainte hardiesse de nous confier en lui. Que toujours notre attente à Dieu soit remplie de confiance et d’espérance, d’une espérance aussi rayonnante et inépuisable que la miséricorde de Dieu. Sa paternelle bonté envers nous est telle que toujours et quel que soit l’état de notre âme, nous pouvons compter sur sa miséricorde chaque fois que nous allons à lui.
Voilà ce que sont ceux qui s’attendent à Dieu. Et maintenant voyons ce qu’est le Dieu auquel nous nous attendons. « L’œil de l’Éternel est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui s’attendent à sa gratuité, afin qu’il les retire de la mort et qu’il les entretienne en vie durant la famine. » Non pas pour leur éviter le danger de la mort et de la famine, car ceci est parfois nécessaire pour les pousser à s’attendre à lui, mais pour les délivrer et les garder en vie. Les dangers qui nous menacent sont souvent très réels et effrayants, notre situation soit quant à la vie temporelle, soit quant à la vie spirituelle, pourra nous paraître désespérée, mais toujours voici l’espoir du croyant : « L’œil de l’Éternel est sur ceux qui le craignent. » Cet œil divin voit le danger, il suit avec sollicitude son enfant éperdu, mais confiant, il sait à quel moment son cœur sera prêt à recevoir la bénédiction, fruit de l’épreuve, il sait aussi de quelle manière elle doit lui être envoyée. Oh ! craignons le Dieu vivant, tout puissant, et confions-nous en sa miséricorde. Avec humilité, mais avec assurance aussi, écrions-nous: «Notre âme s’est attendue à l’Éternel, il est notre aide et notre bouclier. Que ta bonté soit sur nous, ô Éternel, comme nous nous sommes attendus à toi ! »
Quel bonheur de pouvoir s’attendre à un tel Dieu, secours toujours présent en toute circonstance, bouclier et rempart coulpe tout danger. Enfants de Dieu, dans votre complète incapacité, ne voulez-vous pas vous jeter à ses pieds pour attendre en silence son secours ? Dans la plus grande disette spirituelle comme à l’approche imminente de la mort, attendez-vous à Dieu, c’est lui qui délivre et qui maintient en vie. Ne vous bornez pas à vous le répéter à vous-même seulement, dites-le vous les uns aux autres. Ce psaume ne s’adresse pas à tel individu isolé, mais à tout le peuple de Dieu, « Notre âme s’est attendue à l’Éternel, il est notre aide et notre bouclier. » Fortifiez-vous mutuellement dans ce saint exercice de foi et d’attente, afin que chacun puisse dire de ses frères aussi bien que de lui-même : « Nous t’avons attendu, nous nous égaierons et nous réjouirons de son salut. » {Esa 25.9}
« Mon âme, attends-toi à Dieu ! »