Jésus prenant la parole, lui dit : Que veux-tu que je te fasse ? (Mr 10.51)
Quand Jésus se fut rapproché, Il lui demanda : Que veux-tu que je fasse pour toi ? (Lu 18.41)
L’aveugle criait depuis longtemps : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Jésus savait de quoi ce malheureux avait besoin, Il était prêt à le lui accorder, mais avant de répondre, Il lui adresse cette question :
« Que veux-tu que je te fasse ? »
Le Seigneur veut qu’il ne se borne pas à cette demande vague : « Fils de David, aie pitié de moi », mais qu’il spécifie son désir.
Aujourd’hui le Seigneur pose cette même question à plus d’un suppliant, et jusqu’à ce qu’il ait répondu catégoriquement il n’obtiendra pas le secours réclamé. Nos prières ne doivent pas être un appel vague à la miséricorde de Dieu, mais la sollicitation d’un secours positif. Non pas que Jésus ne comprenne ou n’entende pas notre cri quel qu’il soit, mais c’est pour nous-mêmes qu’Il nous engage à formuler nos prières. Il veut que nous nous rendions exactement compte de ce qui nous manque. C’est la pierre de touche par laquelle Dieu éprouve la sincérité de nos requêtes et juge de notre persévérance dans l’oraison.
Une demande nette et définie nous met à même de constater si nos prières sont d’accord avec la Parole et la volonté de Dieu, et de juger du degré de notre foi. Cette prière-là nous autorise à attendre un exaucement spécial à une supplication spéciale, et surtout à le reconnaître au moment où il nous est accordé.
Trop souvent nos prières sont vagues et sans but ! Les uns demandent grâce, sans prendre la peine de s’informer de ce que cette grâce fera pour eux. D’autres supplient d’être délivrés du péché et n’ont pas l’idée de nommer le péché particulier dont Ils sont les esclaves. D’autres prient pour que la bénédiction de Dieu repose sur ceux qui les entourent, ou que l’Esprit de Dieu soit répandu en abondance dans leur pays et le monde entier, mais ils n’ont aucun champ spécial de travail où ils pourraient attendre et constater l’exaucement. À tous ceux-là, Jésus leur dit :
« Que veux-tu que je lasse pour toi ? Qu’attends-tu de moi ? »
Le chrétien n’a qu’un pouvoir très limité d’action ; de même qu’il doit circonscrire son travail dans un champ spécial, de même aussi doit-il donner une forme définie à sa prière.
Chacun de nous a son cercle intime de parents, d’amis, de voisins; s’il prend l’habitude de les présenter un à un, en les nommant par leur nom, dans ses prières, il ne tardera pas à découvrir que c’est une bonne école pour sa foi, et peu à peu, ses relations avec Dieu deviendront plus personnelles et plus positives.
C’est lorsque nous aurons reçu les dons particuliers que nous avons réclamés avec foi que nos prières seront plus ferventes, plus pressantes et plus efficaces.
Nous n’avons pas oublié la surprise avec laquelle nous avons appris, il y a quelques années, la manière dont les troupes régulières anglaises avaient été repoussées par les Boërs du Transvaal, à Majuba. À quoi les Boërs ont-ils dû leur succès? Dans les armées civilisées, les soldats tirent sur l’ennemi en masses compactes et ne visent pas chacun un homme en particulier. Le Boër a appris, à la chasse, une toute autre méthode. Son œil exercé dirige son arme vers un but précis. Il cherche et il atteint son ennemi. Dans le monde spirituel, usons de ce moyen-là. Tant que nos prières se répandront en demandes vagues sans se proposer aucun but positif, il faut nous attendre à ce que bon nombre d’entre elles ne seront jamais exaucées. Il en sera tout autrement si dans le silence et le recueillement, en présence de Dieu, nous nous posons des questions telles que celles-ci :
Qu’est-ce que je désire au fond ? Est-ce que je le désire avec foi ? Est-ce que j’en attends l’accomplissement avec certitude ? Puis-je placer cette requête sur le cœur du Père et l’y laisser ? Suis-je d’accord avec Dieu ? Ai-je le droit de compter sur un exaucement ?
De la sorte, nous apprendrons à faire connaître à Dieu nos besoins bien définis. C’est pour nous amener à ce point que le Seigneur nous met en garde contre les vaines redites, des Gentils, qui croient que de longues prières sont indispensables pour l’exaucement. Bien souvent, après avoir entendu de ferventes prières, le Seigneur serait en droit de nous demander : Que veux-tu donc que je te fasse ?
Si je me trouve en pays étranger pour m’occuper des affaires de mon père, il est évident que j’écrirai deux espèces de lettres très différentes. Celles à ma famille seront pleines de détails sur ma vie intime, tandis que les lettres d’affaires ne traiteront que de négoce. Peut-être y en aura-t-il qui participeront des deux caractères. Les réponses seront en rapport avec la nature des lettres. Je ne m’attendrai pas à en recevoir répondant à chacune de mes réflexions sur moi ou ma famille. Mais pour ce qui concerne la maison de commerce, je suis en droit de compter sur une réponse catégorique, point par point. Dans nos rapports avec Dieu il ne faut pas que l’élément affaire soit négligé.
Soit que nous lui confessions nos péchés, soit que nous lui exprimions nos besoins, notre amour, notre foi ou notre volonté de nous consacrer à lui, nous devons le faire clairement. La Parole de Dieu nous l’enseigne, Jésus ne nous dit pas :
« De quoi as-tu envie ? » mais : « Que veux-tu que je te fasse ? »
Bien souvent on désire une chose sans la vouloir. J’aimerais posséder un certain objet, mais le prix en est trop élevé pour moi, donc j’y renonce. J’en ai envie, mais je ne le veux pas. Le paresseux désire être riche, mais il ne le veut pas. Plus d’un a désiré être sauvé, mais il a péri parce qu’il ne l’a pas voulu. La volonté doit dominer le cœur et la vie. Si je veux réellement une chose et qu’elle soit à ma portée, je n’aurai pas de repos que je ne la possède. De même lorsque Jésus nous dit : Que veux-tu ? Il nous demande si c’est bien notre ferme volonté d’obtenir ce que nous réclamons, à n’importe quel prix.
Sommes-nous tellement décidés que quelque délai qu’Il mette à nous répondre, nous ne nous lassions pas de le lui demander jusqu’à ce que nous l’ayons obtenu ? Hélas ! que de prières qui ne sont que des désirs, sitôt oubliés qu’exprimés ; requêtes faites comme un devoir sans trop nous soucier de les voir s’accomplir.
Mais, nous demandera-t-on, peut-être vaut-il mieux exposer nos désirs à Dieu et le laisser décider dans sa sagesse sans chercher à imposer notre volonté ? Absolument pas !
La prière que Jésus enseigne ici à tous ses disciples ne consiste pas seulement à faire connaître leurs besoins à Dieu et à s’en remettre à sa décision ; c’est là, la prière de soumission laquelle a sa raison d’être quand nous ne discernons pas clairement la volonté, du Père. La prière de la foi, qui connaît la volonté de Dieu et ses promesses, supplie jusqu’à l’obtention de l’exaucement.
Dans (Mt 9.28) Jésus dit aux aveugles : « Croyez-vous que je puisse faire cela ? »
Dans notre texte : (Mr 10.51) « Que veux-tu que je te fasse ? » Il déclare dans ces deux cas, que la foi les a sauvés, de même qu’à la Syro-Phénicienne lorsqu’Il lui dit : « Femme, ta foi est grande, qu’il te soit fait comme tu le désires ». (Mt 15.28)
La foi, c’est la volonté s’appuyant sur la Parole de Dieu et disant : « Il faut que je l’obtienne ! » Mais cette volonté ne peut-elle pas se trouver en opposition avec notre dépendance de Dieu et la soumission que nous lui devons ? Nullement ; au contraire, c’est la vraie soumission, celle qui honore Dieu. Ce n’est que lorsque l’enfant de Dieu a identifié propre volonté avec celle du Père qu’il reçoit de lui la liberté, le droit et la faculté de vouloir ce qu’Il veut. Une fois la volonté de Dieu révélée et acceptée, le devoir du croyant est d’employer au service de Dieu sa propre volonté renouvelée.
La volonté est la puissance suprême de l’âme, et la grâce de Dieu a pour but spécial de la restaurer et de la sanctifier. Elle est l’un des éléments essentiels de l’image de Dieu en nous. Rendue à elle-même, affranchie et renouvelée, elle pourra dès lors s’employer librement pour Dieu.
Un fils, qui ne vit que pour les intérêts de son père et qui ne cherche pas à faire sa volonté propre, finira par gagner toute la confiance de celui-ci, qui lui remettra toutes ses affaires entre les mains. Dieu en agit de même avec son enfant lorsqu’Il lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Il ne faut pas mettre sur le compte de l’humilité, ce qui n’est trop souvent que paresse spirituelle, à savoir: l’abandon de toute volonté, le laisser-aller qui redoute la peine de rechercher la volonté de Dieu, ou même lorsque celle-ci est connue, n’ose pas la réclamer par la foi.
L’humilité vraie marche de pair avec une foi virile, la seule qui, s’identifiant avec la volonté de Dieu, peut réclamer hardiment l’accomplissement de cette promesse :
« Tout ce que vous demanderez en mon nom, croyez que vous le recevez, et vous le verrez s’accomplir ». (Mr 11.24)
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.