Nous voudrions relever ici, parmi un grand nombre, encore quelques paraboles, illustrations, enseignements ou propos, que le Sadhou tirait de la nature et des événements de la vie journalière, et qui sont frappés au coin de sa personnalité.
– « Il est étonnant – lui disait-on – que vous ne soyez pas enorgueilli par les louanges et la popularité dont vous êtes l'objet », tant il est vrai que l'adulation de l'Église constitue un danger plus grand peut-être que l'hostilité du monde.
– Je donne le message que Dieu m'a confié, répondait-il, et louanges ou blâmes ne me touchent pas. Prenez une pièce de vingt francs. Si quelqu'un s'exclame : « Elle est magnifique ! » cela n'en modifiera pas le taux, elle ne vaudra pas vingt-et-un francs. Si un autre s'écrie : « Cette pièce est affreuse ! » son prix n'en sera point diminué. Ce que les gens disent ne peut changer la valeur de votre témoignage. Nous devons suivre Christ les oreilles closes et les yeux fixés sur lui. Sinon, nous risquerions d'entendre, d'un côté des paroles flatteuses qui pourraient nous infatuer de nous-mêmes, et de l'autre, des critiques propres à nous décourager.
Le Sadhou ne prenait aucun argent avec lui. Une fois, cependant, suivant le conseil de ses amis, il consentit à en emporter quelque peu ; mais bientôt il y renonça. – Je n'aime pas à placer ma confiance dans ma poche, où il peut y avoir des trous, et il existe aussi des voleurs. Mais, lorsque je me confie en Dieu, je suis en sécurité.
Un riche Américain, étonné qu'il pût circuler sans argent, lui offrit de lui en donner. Il refusa. – Je voyage, dit-il, dans le royaume de mon Père céleste qui pourvoit lui-même à tous mes besoins. J'ai parcouru le monde sans avoir jamais manqué de rien.
A un ami qui lui demandait pourquoi il ne se mariait pas, Sundar répondit : – Je suis uni à Jésus-Christ, et goûte un bonheur plus profond dans l'amour de mon Seigneur. – Se fondant sur les paroles de saint Paul, il semblait éprouver la crainte que le mariage ne le portât à chercher à plaire à sa femme, l'empêchant de consacrer toutes ses énergies à Dieu. Mais il ne conseillait pas aux autres le célibat et affirmait qu'on peut servir Dieu tout aussi fidèlement en étant marié.
A travers la souffrance et le renoncement à soi-même, le Sadhou a conquis cette admirable douceur et cet esprit d'humilité qu'il manifesta toujours. Comme Moïse, il avait appris, à une dure école, à être l'homme le plus doux de la terre. Mais il savait à l'occasion être impérieux, lorsque la direction intérieure de sa vie lui disait qu'une chose était juste. Il balayait alors, avec une grande décision, toute opposition. D'autres fois, il se rangeait immédiatement à l'opinion de ses amis.
Il espérait mourir à l'âge même où Jésus fut crucifié. Il n'en parlait pas, sauf à de rares amis intimes, mais une ombre de tristesse semblait l'avoir envahi, quand il vit que le Seigneur tardait à le reprendre à lui.
Je ne suis, dit-il, ni un philosophe, ni un théologien, mais un humble serviteur de Dieu dont la joie et les délices sont de méditer sur son amour et sur les grandes merveilles de sa création.
Sundar Singh est pleinement convaincu de la merveilleuse puissance de la Bible. – J'ai éprouvé qu'elle est bien la Parole vivante de notre Sauveur. – Sundar prenait toujours avec lui, dans ses voyages missionnaires, des exemplaires du Nouveau Testament et des portions des Évangiles, les distribuant à ceux qu'il rencontrait, et aux ermites retirés dans les grottes de l'Himalaya, espérant ainsi leur apporter quelque lumière.
Dans une allocution, prononcée à la Société biblique britannique et étrangère à Londres, le Sadhou raconta l'histoire suivante : – Au cours de l'un de mes voyages aux Indes, j'annonçai le Sauveur à des non croyants, et terminai en leur demandant s'ils n'aimeraient pas lire eux-mêmes le Livre parlant de Jésus-Christ ? Il se trouvait là un grand ennemi de la religion chrétienne. En sortant, il acheta un exemplaire de l'Évangile de Jean, dont il lut deux ou trois pages. Puis, le déchirant en mille morceaux, il les lança par la fenêtre du wagon dans lequel il se trouvait.
Deux ans plus tard j'appris ce qui suit : Au moment même où le lecteur avait jeté l'Évangile, un homme passait sur le quai. C'était une âme cherchant depuis sept ans la vérité, sans l'avoir trouvée. Remarquant ces fragments de papiers il en ramassa un, et lut ces deux mots : « Vie éternelle ». Sur un autre, « Pain de vie ». Désirant savoir ce que cela signifiait, il montra ces paroles à un passant. Celui-ci répondit : « C'est un livre chrétien, ne le lisez pas, car vous seriez souillé. » Mais l'homme ne se laissant point arrêter, s'en alla acheter un Nouveau Testament. Il le lut avec avidité, trouva son Sauveur, et, en lui, paix et joie. C'est ainsi que ces pages, mutilées par le premier, devinrent pour le second le véritable Pain de vie.
Un jour que je voyageais dans un pays aride, j'étais fatigué et la soif me brûlait. Je montai sur une colline, et regardai autour de moi, cherchant de l'eau. La vue d'un lac, à une certaine distance, me remplit de joie ; enfin, j'allais pouvoir calmer ma soif ! Je marchai longtemps sans atteindre l'eau, et je compris qu'elle était un mirage, une simple apparence causée par la réfraction des rayons du soleil. C'est ainsi que j'ai parcouru la terre en quête d'eau vive. Les biens de ce monde, fortune, situation, honneurs, bien-être, m'apparaissaient comme un lac dans lequel j'apaiserais la soif de mon âme. Mais jamais je n'ai pu trouver une goutte d'eau capable de l'étancher. Quand mes yeux spirituels s'ouvrirent, je vis un fleuve d'eau vive qui jaillissait du côté percé du Christ ! J'en bus, et fus désaltéré. Depuis lors, j'ai toujours puisé à cette source et n'ai plus connu la soif dans le désert du monde. Mon coeur est un hymne de joie.
La présence du Christ me donne une paix qui surpasse toute intelligence, et cela, en toute occasion. Quand sévissaient les persécutions, Il était là. Avec Lui la prison devenait le ciel, et la croix était changée en sujet de bénédiction. Au milieu des dangers, des tentations, des péchés et des tristesses de ce monde, je suis sauvé par Celui qui donna sa vie pour moi.
Si nous voulons entendre ce que les autres nous disent, il faut commencer par nous taire, et pour les comprendre, il faut leur prêter notre attention. Il en est de même pour percevoir la voix de notre Père céleste ; il est de toute nécessité que nous gardions le silence devant lui et fermions nos oreilles aux voix du monde. Notre esprit et notre coeur doivent rester fixés en lui, car il ne se révèle qu'à ceux qui le cherchent vraiment. Marie se contentait de s'asseoir aux pieds du Seigneur et d'écouter sa parole. Elle choisit la bonne part qui ne lui fut point ôtée.
Un pasteur tomba malade. Couché sur son lit de souffrances, il entendit la voix de Dieu : – « Maintenant tu auras le temps de parler avec moi. En bonne santé, tu étais si occupé à parler aux autres, que tu n'avais pas le temps de m'écouter. »
Comme la source remplit, jusqu'à le faire déborder, le vase placé au-dessous d'elle, ainsi l'Esprit de Dieu remplit le coeur de celui qui s'abaisse pour le recevoir.
Après être monté dans la solitude de la montagne de la prière, notre devoir est de retourner dans le monde des hommes et d'y porter la puissance nouvelle que nous avons reçue, afin d'accomplir l'oeuvre qui nous est demandée.
Saint Paul dit : « Dieu nous a fait asseoir avec Christ dans les lieux célestes. » Il ne dit pas, après la mort seulement, mais déjà dans cette vie terrestre. – J'étais un jour sur une haute montagne, lorsqu'un terrible orage éclata. Mais je ne courais aucun danger, car l'orage se déchaînait au-dessous de moi. J'étais à l'abri dans la calme clarté du sommet, tandis que les éclairs sillonnaient les nues. Il en est ainsi pour l'enfant de Dieu. Tant qu'il est avec Christ « dans les lieux célestes », Satan ne peut rien contre lui. Ce n'est que lorsqu'il quitte les hauteurs de cette communion, que la tentation et le péché peuvent avoir prise sur lui.
Rien ne peut ébranler ma foi. Quand un homme a soif et qu'on lui offre de l'eau, il boit et il est satisfait. Qu'on vienne lui dire : – Ce n'était pas de l'eau. Il répondra : Insensé ! je suis sûr que c'en était, car, assoiffé, j'ai bu et je suis désaltéré. Ainsi je sais que Jésus est vivant et qu'il donne la vie.
Bien des gens prétendent être chrétiens et n'ont pas la paix : ils ne connaissent pas Jésus-Christ. Ils savent son histoire, mais il ne vit pas en eux. Ils ignorent que Christ seul peut répondre aux désirs de leur coeur. Ils ont cherché le bonheur ailleurs et ne l'ayant pas trouvé, beaucoup sont tombés dans la désespérance, voulant parfois se donner la mort pour mettre fin à leur angoisse.
Les vrais chrétiens ne sont jamais réduits au désespoir, parce que, dans l'acte même de leur renoncement au monde, ils obtiennent la paix dans la communion avec Dieu.
L'homme ne trouve qu'en Dieu la satisfaction de ses aspirations les plus profondes, mais il a également besoin de l'amitié et de la sympathie de ses semblables. Si ce souhait n'est pas exaucé, Christ, lui, peut y répondre et rassasier l'âme affamée. Ayant souffert comme l'un de nous, il peut comprendre toutes les peines et secourir les fils des hommes dans toutes leurs afflictions.
La douleur, les tentations, la souffrance, sont des étapes nécessaires au développement de notre vie spirituelle et concourent à notre bien futur. Nous devons accepter joyeusement tout ce qui nous arrive, et ne jamais permettre que le moindre doute s'élève dans nos coeurs, sinon nous mettons une barrière entre Dieu et nous. L'écharde dans la chair, dont parle saint Paul, a été permise pour l'accomplissement de quelque plan grand et sage. Il est absolument nécessaire que nous passions par des temps d'épreuves, pour parvenir au but éternel, pour lequel nous avons été créés.
Comme les diamants et les pierres précieuses mettent des milliers d'années à se former, devant être comprimés et pressurés dans les laboratoires de la nature avant d'atteindre leur perfection de beauté, ainsi il nous faut passer par la douleur et la souffrance pour être rendus parfaits.
Il nous est impossible d'atteindre en un seul jour un état de perfection qui ne laisserait subsister aucun défaut en nous. Ce n'est qu'en vivant continuellement en la présence de notre Père céleste, et aussi près de lui que possible, que nous deviendrons parfaits comme il l'est lui-même.
Un jour, je m'assis sous le porche d'une maison. Un vent violent s'était mis à souffler, un petit oiseau s'abattit, chassé par la rafale. Un faucon, venu de la direction opposée, fondit sur lui pour en faire sa proie. Menacé de deux côtés à la fois, l'oiseau tomba sur mes genoux. En général il n'aime pas à s'approcher de l'homme ; mais, au jour de l'adversité, il chercha refuge auprès de moi. C'est ainsi que le vent violent de la souffrance nous pousse dans le sein de Dieu.
Une fois, au cours de l'un de mes voyages, je vis un berger faisant passer son bétail de l'autre côté d'une rivière. Tout le troupeau traversa, à l'exception d'une vache et d'un veau, qui paraissaient ne pas vouloir franchir l'eau. Craignant qu'en les abandonnant, les bêtes sauvages ne les dévorent, le pâtre se mit à les battre pour les faire obéir, mais sans succès. Puis il essaya de les attirer en leur présentant un peu de foin : ce fut tout aussi inutile. Je lui suggérai alors de porter le veau sur l'autre rive. Ce qu'il fit... et la vache les accompagna. – Il en est de même lorsque nous ne voulons pas suivre notre Maître : il nous enlève ceux que nous aimons et les prend auprès de lui. Nous sommes ainsi amenés à désirer les régions célestes, où nos bien-aimés s'en sont allés, et à nous préparer pour pouvoir les y rejoindre.
On demanda un jour au Sadhou comment il comprenait le salut par le sang de Christ. Le récit suivant fut sa réponse : – Une fois que je prêchais l'Évangile, je dis à mes auditeurs : Christ est mort pour sauver les pécheurs. – « Comment cela se peut-il ? » demanda l'un d'eux. Un jeune homme, qui se trouvait là, prit la parole : « C'est parfaitement vrai, c'est par la mort de mon père que j'ai été sauvé. Un jour je tombai dans la montagne, et, me blessant, je perdis beaucoup de sang. Quand mon père apprit l'accident, il vint et me transporta à l'hôpital. – Il va mourir, dit le docteur, je suis impuissant. Je ne pourrais le guérir que si quelqu'un veut bien offrir son sang. – Me voici prêt à donner ma vie, dit le père. – Ainsi fut fait. Je vécus et mon père mourut, et par sa mort, je fus sauvé. »
– Il en est de même pour moi, dit le Sadhou. J'étais tombé dans la montagne de la sainteté, j'avais perdu mon sang spirituel, j'étais sur le point de mourir. Le Sauveur me transfusa son sang ; il sacrifia sa vie et je fus épargné. Ceux qui sont prêts à donner leur coeur comprendront combien il est vrai que c'est par la mort de Jésus-Christ qu'ils peuvent être libérés. J'ai éprouvé cette vérité : si vous voulez sauver une vie, il faut donner la votre.
Malgré une loi frappant les joueurs d'une amende de 500 roupies, deux jeunes hommes jouaient aux dés. Ils furent arrêtés et incarcérés. L'un était le fils d'un homme riche qui acquitta la somme. L'autre, fils d'un pauvre paysan, fut gardé en prison. Afin de l'en faire sortir, sa mère travailla sans relâche, portant de lourdes pierres qui la blessèrent aux mains et firent couler son sang. A travers les barreaux de sa prison, le jeune homme vit ces mains meurtries. – « Mère, qu'est-ce que ces blessures et ce sang sur vos doigts ? – Mon fils, c'est en travaillant pour te sauver que j'ai souffert ainsi. »
À force de peine, la pauvre femme gagna les 500 roupies et libéra son fils. Peu après, le camarade fortuné le rencontrant, l'invita de nouveau à jouer. – « Non, dit le jeune homme pauvre, vous, vous avez été délivré aisément ; mais moi, je le fus par le dur travail, les blessures et le sang de ma mère ; comment pourrais-je, à l'avenir, me livrer à ce jeu qui lui valut tant de souffrances ? »
Ceux qui réalisent le prix que Christ a payé, en versant son sang pour les sauver, ne peuvent plus vivre dans le péché qui a causé tant de douleurs à leur Sauveur.
Au Cachemire, un homme possédait plusieurs centaines de moutons. Les serviteurs avaient coutume de les mener paître, et chaque soir, au retour, il en manquait deux ou trois. Le maître pria ses gens de les retrouver ; mais, par crainte des bêtes sauvages, ils ne s'en donnèrent pas la peine. Le propriétaire, qui aimait ses moutons, désirait les sauver. « Si je vais moi-même, dit-il, ils ne me reconnaîtront pas, puisqu'ils ne m'ont jamais vu. Ils reconnaîtraient mes serviteurs, mais ils refusent d'aller... Il faudra donc que je devienne semblable à un mouton ! » Il prit une toison, la mit sur son dos et partit à la recherche des animaux égarés ou blessés. Ceux-ci, le prenant pour un des leurs, le suivirent. Il les ramena et les nourrit. Lorsque tous furent saufs, il se défit de sa toison : il n'était plus un mouton, mais un homme. – Ainsi Dieu, Jésus-Christ, n'est point homme, mais s'est fait semblable aux hommes, dans le but de les sauver.
L'homme est un être libre qui, par un mauvais usage de sa liberté, peut porter atteinte à lui-même et aux autres.
Nous ne faisons aucun tort à Dieu en pêchant, mais à nous-mêmes et a ceux qui nous sont apparentés. Car il n'est pas possible de commettre le mal sans que d'autres en souffrent. La repentance doit nous amener à nous abstenir d'actes nuisibles, et nous conduire à faire comme Zachée : réparer le mal que nous pouvons avoir commis.
Comme il y a du feu dans une pierre à feu, ainsi il y a dans le coeur de l'homme, une soif intense de communion avec Dieu. Ce désir peut rester caché sous l'enveloppe dure de la pierre du péché et de l'ignorance. Mais au contact d'un homme de Dieu ou de l'esprit de Dieu, ce désir s'enflamme, comme le fait la pierre à feu lorsqu'elle est frappée par l'acier.
Si mauvais que soit un homme et si corrompue que soit sa vie, il y a en lui un élément qui ne trouve aucun attrait au péché. Sa conscience peut être émoussée et près de mourir : l'étincelle divine ne s'éteint jamais. Même chez les plus grands criminels on découvre quelque chose de bon. Certains hommes, auteurs de crimes particulièrement sauvages, ont aidé des pauvres et des opprimés.
Puisque l'étincelle, ou l'élément divin qui est en eux ne peut être détruit, nous ne devons désespérer d'aucun pécheur.
Si, constamment, nous critiquons les autres, nous leur portons grandement préjudice, ainsi qu'à nous-même. Si nous ne nous estimions pas autant, cela nous rendrait sympathiques et aimants vis-à-vis du prochain, et nous mériterions le pays promis, qui est le royaume de l'amour.
Du premier au dernier mot, la prédication du Sadhou roule sur ce thème : renoncement et prière. Celle-ci est de peu de valeur, si elle ne se traduit pas par le don de soi au service de Dieu.
– Notre Seigneur dit que nous sommes le sel de la terre. Ce n'est que lorsque le sel fond qu'il communique sa saveur aux aliments. Sinon, que servirait-il d'en jeter dans un bol de riz bouillant ? Mais parce qu'il s'y dissout, des milliers de grains deviennent savoureux. De même, lorsque nous voulons sauver les autres, nous devons faire le don de nous-mêmes. Sinon, nous deviendrons comme la femme de Lot, que son amour du monde changea en une statue de sel. Car à quoi sert le sel qui ne fond pas ?
Beaucoup ne découvrent jamais leurs propres défaillances et leurs manquements, et sont toujours à la recherche des fautes d'autrui. Mais lorsque nous nous regardons dans un miroir, l'oeil distingue ses propres défauts ou les taches du visage. Ainsi, en examinant nos vies à la lumière de la Parole écrite, nous apprenons à nous connaître nous-même. Christ ne se contente pas de nous montrer notre état de péché, il se révèle à nous dans sa puissance de guérison. Si nous nous tournons vers lui, il fera disparaître nos imperfections et nous transformera en son image glorieuse, afin que, pendant toute l'éternité, nous ayons part à sa gloire.
Les savants et les philosophes qui croient à l'évolution, parlent de la survivance des plus dignes, par la sélection naturelle. Mais il y a aussi la survivance des indignes par la sélection divine. Elle est prouvée par le changement de millions d'êtres : ivrognes, adultères, meurtriers, ont et, retirés de la profondeur du péché et de la misère. Ils ont reçu une vie nouvelle de paix et de joie par le salut apporté par Jésus-Christ, venu dans le monde pour sauver les indignes.
Les religions disent : « Faites le bien et vous deviendrez bons. » Le christianisme enseigne : « Vivez en Christ et vous ferez le bien. » La signification du rachat et du sang qui lave nos péchés, c'est que nous sommes greffés en Christ, moi en lui et lui en moi. C'est un rameau sauvage enté sur l'arbre. Une fois greffé, la bonne sève de l'arbre circule à travers le rameau, et ses fruits deviennent bons.
Les bons chrétiens ne sont pas ceux qui confessent le Christ, mais ceux qui possèdent le Christ.
Beaucoup de chrétiens ont perdu le sens des beautés de l'Évangile. Le scepticisme, le rationalisme et la mondanité ont obscurci leur vision.
Sundar Singh, dit le professeur Heiler, a un double message : pour l'Inde, qui malgré de précieuses richesses n'a pas trouvé jusqu'ici la perle de grand prix, celle de l'Évangile ; pour les chrétiens d'Occident qui eux, possédant cette perle précieuse, l'ont en grande partie perdue, enfouie qu'elle est sous une accumulation de culture, d'organisation et de recherches théologiques.
Ce que le Sadhou a révélé au christianisme occidental, c'est la valeur du trésor caché dans le champ : l'Évangile du Christ, dans sa simplicité, sa grandeur et sa puissance. Tant de chrétiens ne l'ont point trouvé, ou en connaissant l'importance, le rejettent. – Vous êtes, dit le Sadhou, comme un homme qui, possédant un diamant mais n'en sachant pas le prix, le vend au premier venu pour quelques roupies...
– Je demande parfois à des chrétiens : Pourquoi croyez-vous en Jésus-Christ ? On me répond « Parce qu'il est le Sauveur ». Quelle preuve avez-vous qu'il soit le Sauveur ? « Mais c'est écrit dans la Bible » Je dis alors : Le fait qu'il est parlé de Jésus dans un livre, même dans la Bible, n'est pas suffisant. C'est dans votre coeur que vous devez le connaître ; alors vous saurez qu'il est le Sauveur. C'est tout autre chose d'avoir entendu parler du Christ, d'avoir lu son histoire ou de le posséder, lui, personnellement.
« Quiconque est né de Dieu ne pêche point. » Autrefois cette parole me surprenait ; maintenant je la comprends. Le péché est généralement causé par la recherche du plaisir. Mais celui qui aime Dieu a en lui-même des sources de joies profondes, intarissables, au point que tout autre plaisir ne l'attire plus. Il ne pêche plus ; il est comme un homme possédant un louis d'or : il ne sait que faire d'un sou démonétisé.
Il ne suffit pas que nos péchés quotidiens soient pardonnés, il faut, comme dit l'apôtre, que nous ayons dépouillé le vieil homme.
Les catholiques attachent un grand prix à la rémission des péchés par l'absolution. Mais le mal qui est à la racine du péché continue d'agir.
Croyez-vous que les pécheurs repentants doivent penser continuellement à leurs fautes et renouveler leur contrition ?
Ne vous mettez pas en peine de savoir si Dieu pardonne ou ne pardonne pas vos fautes. Le salut n'est point seulement le pardon des péchés, mais l'affranchissement du péché.
Se sentir pécheur est un signe de santé spirituelle. C'est lorsque nous n'avons pas conscience de notre péché que nous sommes en danger.
Il en est de ce monde comme de la mer dont l'eau est salée, mais non les poissons qui y nagent, parce qu'ils ont la vie en eux-mêmes. Si nous recevons la vie de notre Sauveur, bien qu'étant dans le monde, nous serons, par sa grâce, libérés du péché qui y règne. Je parle de ma propre expérience.
Nous devons nous confier en Christ, sans jamais douter. Étendez la main en croyant, et vous recevrez la bénédiction attendue. – Un homme vint au Seigneur avec une main sèche. Jésus qui savait son désir, lui commanda : « Étends ta main ». L'homme obéit et fut aussitôt guéri. Il aurait pu raisonner et dire : « Quelle absurdité ! Si je pouvais mouvoir mon bras, je n'aurais pas besoin de toi ! » Étendons la main de notre foi sans raisonner ni douter. Obéissons et nous verrons la puissance de Christ. je suis témoin des grandes choses qu'il a faites pour moi. Il peut les faire pour vous.
Le salut ne s'obtient pas par la science, mais par la foi, en écoutant et en acceptant la Parole de Dieu.
Qu'il soit savant ou ignorant, jeune ou vieux, lorsqu'un homme a soif, ce qu'il demande, ce n'est pas de la science, mais de l'eau ; et avant de la boire, il n'a nul besoin de savoir qu'elle contient de l'oxygène ou de l'hydrogène. S'il attendait d'apprendre ce que sont ces corps, il pourrait bien mourir de soif. Depuis les temps les plus reculés, les hommes se sont désaltérés avec de l'eau sans se soucier d'en connaître la composition. De même, nous n'avons pas besoin d'être très instruits pour recevoir l'eau vive que Jésus-Christ veut nous donner et qui peut satisfaire notre âme.
En 1921, un incendie éclata dans une forêt de l'Himalaya. Pendant que la plupart des gens essayaient de l'éteindre, d'autres hommes étaient arrêtés et contemplaient quelque chose au haut d'un arbre. Ils me montrèrent un nid rempli d'oisillons, entouré de branches en feu. Un oiseau, en proie à une grande angoisse, voletait au-dessus du nid. – « Combien nous aimerions sauver ces petits, disaient les témoins du drame, mais cela est impossible, le feu est trop intense pour que nous puissions approcher. » Je restais là à regarder, impuissant comme les autres spectateurs. Bientôt je vis le nid s'enflammer à son tour. Je pensais que la mère oiseau allait s'envoler. Mais non, elle se précipita au contraire dans les flammes, étendit ses ailes sur ses petits pour les protéger. En un instant, victime de son amour, elle fut réduite en cendres. Je n'avais jamais rien vu de semblable ; aussi, me tournant vers mes compagnons, je leur dis : Cet amour merveilleux nous étonne. S'il nous est donné d'être les témoins d'un tel dévouement chez une si petite créature, combien plus grands seront l'amour et le dévouement que nous rencontrerons chez le Créateur ! Le même amour infini l'a amené à quitter le ciel et à prendre forme humaine, afin de nous préserver, en donnant sa vie, de mourir dans nos péchés.
Nombreux sont ceux qui ont perdu le temps précieux qui leur avait été accordé pour le service de Dieu. Mais ils peuvent, maintenant encore, se lever et faire l'usage le meilleur des jours qui leur restent à vivre.
Sur la berge d'une rivière, un chasseur ramassa quelques pierres et, une à une, les employa à tuer, avec sa fronde, des oiseaux perchés sur les arbres non loin de là. Toutes tombèrent dans l'eau et disparurent. Lorsqu'il rentra à la ville, une seule lui restait en main. Près du bazar, un joaillier le vit, tenant cette pierre : c'était un diamant valant des milliers de roupies, lui dit-il. Quand l'homme entendit cela, désespéré, il se lamenta : « Malheur à moi ! J'ignorais leur prix, et j'ai employé ces diamants à tuer des oiseaux ! Emportés par le courant, ils sont à tout jamais perdus. Je n'en ai gardé qu'un seul ; si je les avais tous, je serais millionnaire... »
Chaque jour est comme un diamant précieux ; et bien que beaucoup aient été dilapidés à la poursuite des plaisirs et des choses de la terre, et qu'ils soient tombés dans les profondeurs du passé, il faut prendre conscience de la valeur de ce qui nous reste et l'utiliser le mieux possible, afin d'acquérir les richesses éternelles. Consacrez au service de Christ la vie qu'il vous a donnée, avec toutes ses possibilités, en travaillant au salut des autres pour les arracher au péché et à la mort.
Les hommes ont souvent le nom de Christ sur les lèvres, mais il n'est point dans leur coeur. C'est pourquoi ils n'obtiennent pas ce qu'ils désirent. Mais lorsqu'ils demeurent en lui et lui en eux, tout ce qu'ils demandent, ils le reçoivent parce qu'ils prient par le Saint-Esprit qui leur révèle ce qui glorifie le Père et ce qui est le meilleur pour eux-mêmes et pour les autres. Sinon, ils recevront la réponse qu'un méchant garçon obtint de la part du gouverneur auprès duquel il sollicitait la faveur d'un emploi. Il présenta sa requête au nom de son père, dont les services n'avaient été que courage et dévouement. Le gouverneur, rappelant alors au jeune homme sa conduite et ses habitudes mauvaises, lui dit : « Ne me demandez rien au nom de votre père, mais agissez premièrement selon son exemple. Que sa noble vie ne soit pas seulement sur vos lèvres, mais qu'elle se reproduise en vous, et votre démarche sera agréée. »
La chose essentielle est d'être en règle avec Dieu : alors toutes les souffrances s'enfuiront. Les rationalistes disent : « Commencez par nous expliquer toutes les choses difficiles, et nos doutes s'enfuiront... » Il y a cinq ans, je me trouvais avec un docteur de mes amis, lorsque nous aperçûmes un homme pleurant à chaudes larmes. – Qu'y a-t-il donc ? lui demanda le médecin. – En tombant, je me suis cassé le bras, et j'ai mal ! – Ne crains rien, dans une semaine tu seras guéri, et la douleur disparaîtra dès que j'aurais replacé l'os. – Commence par m'enlever la douleur, dit l'homme ; après, tu feras tout ce que tu voudras. – Insensé, comment le pourrai-je ? C'est l'os cassé qui cause la douleur, et c'est seulement lorsqu'il sera remis en place que tu n'auras plus mal !
On trouve beaucoup d'insensés pareils à celui-là. Nos doutes spirituels, les souffrances de notre âme sont causés par le péché : mettez-vous en règle avec Dieu par la repentance et la foi en lui, alors la souffrance et le doute disparaîtront.
J'ai parlé l'autre jour avec quelqu'un de très instruit qui m'assurait que la paix dont j'ai fait l'expérience était l'effet de mon imagination. Avant de lui répondre, je lui racontai l'histoire d'un aveugle-né qui refusait de croire à l'existence du soleil. On le fit asseoir dehors, dans les tièdes rayons, par une froide journée d'hiver. « Comment te trouves-tu ? lui demanda-t-on. – J'ai bien chaud, dit-il. – C'est le soleil qui te réchauffe, car même si tu ne le vois pas, tu en éprouves les bienfaits. – Non, cela est impossible ; cette chaleur vient de mon corps et de la circulation de mon sang. Vous ne me ferez pas croire qu'il y a, dans le ciel, une boule de feu suspendue, sans une colonne pour la soutenir » – Eh bien ! demandai-je au savant, que pensez-vous de cet aveugle ?
C'est un fou, répondit-il. – Et vous, lui dis-je, vous êtes un fou érudit. Vous prétendez que ma paix est une illusion ; mais moi, je l'ai expérimentée.
Un homme, prenant une corde, essaya d'en défaire les noeuds. Son travail lui demanda plusieurs heures. Son petit garçon qui le regardait, attacha l'autre bout de la corde à un arbre et y fit un noeud coulant. Il y passa la tête, et tandis que le père était absorbé par son travail, il s'étrangla. Sa mère le vit et accourut : « Malheureux, l'enfant se meurt ! Et toi, au lieu de le sauver, tu défais les noeuds de la corde... » Et, l'enfant expira.
Tel est le résultat des recherches inutiles : il vaudrait mieux employer le temps qu'on y consacre à sauver les millions d'âmes en péril.
L'idée populaire que les enfants sont innocents, est juste au point de vue de la connaissance du mal, mais elle est entièrement fausse en ce qui concerne les impulsions mauvaises. Une demi-heure dans la chambre de jeux des petits nous en convaincra facilement.
Les hommes prient : – Que ta volonté soit faite : mais au fond de leur coeur ils disent : Que ma volonté puisse s'accomplir ! Ils ne savent pas que celle de Dieu est toujours la meilleure.
Questionné sur la méthode de travail à suivre, le Sadhou résuma ainsi sa pensée : « Tâter le pouls, puis donner la pilule ! »
Comme les prophètes trouvaient, au moment où ils prophétisaient, une source d'inspiration dans la musique, les aidant à révéler la vérité, nous éprouvons que sa beauté élève nos coeurs vers Dieu et pousse ceux qui sont capables d'en éprouver les effets, à l'adoration.
En remplissant, dans un esprit de sacrifice, tous nos devoirs envers les membres de notre famille, nous accomplissons la volonté de Dieu, aussi bien qu'en passant notre temps dans la prière, le jeûne ou les veilles. Sans esprit de sacrifice, il est impossible de servir Dieu.
Comment discerner la volonté de Dieu ? – C'est parfois difficile, dit le Sadhou, mais par la prière nous apprenons à la connaître. Si, en prenant certaines décisions, notre paix intérieure augmente, alors nous savons que nous sommes dans sa volonté.
La prière est l'entier abandon du coeur à l'être suprême. Avant que l'homme commence à prier, Dieu est à l'oeuvre.
Dieu donne à la mère du lait pour alimenter son enfant, mais le liquide ne vient dans la bouche du nourrisson que si celui-ci le prend. Ainsi Dieu, notre mère spirituelle, a pour nous un lait qui ne nous sera accordé que si nous nous en emparons, c'est-à-dire si nous prions. Quand nous prenons ce lait spirituel, alors nous en connaissons la douceur, et comme l'enfant, nous devenons de jour en jour plus forts et pouvons triompher des tentations. Tout ce que j'ai trouvé, je l'ai reçu uniquement dans la prière.
Pour le Sadhou, le mystère et la grandeur de la vie chrétienne consistent en ceci : la vie du ciel commence sur la terre, lorsque nous vivons avec le Seigneur. Le christianisme n'est pas seulement une espérance à venir, mais une possession présente.
Toutes les autres religions offrent une rédemption future ; le christianisme dit : « Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut. » Bien des chrétiens se réjouissent à la pensée d'entrer dans le ciel après leur mort et ne réalisent pas qu'il doit débuter ici-bas déjà.
– Le ciel, c'est Christ lui-même en nous. Dans cette vie je suis déjà au ciel parce que je suis en Christ.
Je n'aime pas à dire que j'ai été en prison, car j'étais en réalité au ciel ; mais, pour expliquer la chose, je suis obligé d'employer ce mot-là.
Beaucoup d'infortunés chrétiens s'attendent à aller dans l'au-delà après leur mort, mais ils ne savent pas que le ciel doit commencer sur la terre. Quand notre âme entre en communion avec Dieu et que nous réalisons sa présence, nous découvrons que le ciel, c'est posséder la parfaite paix de l'âme.
Tout ce que nous aurons fait pour le Seigneur aura sa récompense.
La vie chrétienne a un double aspect : elle est en même temps une vie dans le ciel et une vie dans le monde. Celui qui voudrait ne vivre que dans le ciel courrait le danger de perdre ce qu'il a. Celui qui se donnerait entièrement au travail pour le monde risquerait d'oublier Dieu et verrait tous ses efforts humains être insuffisants pour gagner le ciel. Le chrétien doit vivre et travailler dans le monde et avoir son coeur attaché au ciel, où est sa demeure éternelle.
Parfois on trouve un arbre verdoyant et fertile dans un pays aride. Un soigneux examen révèle que ses racines plongent dans un courant d'eau souterraine et invisible. Lorsque nous voyons un homme rempli de joie, ayant, au milieu de la misère, du péché et de la souffrance de ce monde, une vie utile et bienfaisante, nous pouvons être certains que, par la prière, les racines de sa foi plongent jusqu'à la source des eaux vives et puisent à ce contact l'énergie et la puissance de porter des fruits pour la vie éternelle.
Il est très difficile d'expliquer par la parole les profondes expériences de la vie cachée, mais lorsque les mots sont impuissants, l'action peut agir. Un jour, tandis que je méditais et priais, j'éprouvai avec force la présence de Dieu et mon coeur déborda d'une joie céleste... Je vis que sur cette terre de tristesse et de souffrance, il existe une source de joie intarissable, que le monde ne connaît pas. J'étais anxieux d'aller au village voisin pour partager mon bonheur avec d'autres. Mais à cause de ma grande faiblesse physique, un conflit s'éleva entre mon âme et ma chair. Finalement je triomphai et pus traîner péniblement mon corps souffrant et dire aux gens ce que la présence de Christ était pour moi. Ils savaient que j'étais malade et qu'une contrainte intérieure m'avait poussé à venir à eux. Malgré mon incapacité d'exprimer ce que je ressentais, cette profonde expérience leur fut transmise en action et put leur aider.
L'amour de Dieu est sans bornes : c'est un océan, et des fleuves sortent incessamment de lui. Et dans son amour infini, Dieu désire le bonheur des êtres qu'il a créés. Il aime tous les hommes, non seulement les bons et ceux qui se confient en lui, mais aussi les méchants qui jusqu'ici refusent de croire en lui.
Si nous avons reçu l'amour de Dieu et si nous y avons cru, nous ne pouvons nous taire. Nous devons sans délai l'apporter aux autres.
J'ai essayé d'aimer les autres, parce que ma religion me le disait ; mais je n'avais aucune puissance pour le faire. Le seul commandement ne pouvait créer en moi l'amour que je ne possédais pas. Mais lorsque Christ s'est révélé à moi, alors j'appris ce qu'était cet amour. Je vis la différence entre l'hindouisme et le christianisme : l'un me laissait renfermé, dans mon égoïsme étroit, l'autre me donna le pouvoir de vivre pour mes frères et de les aimer.
Nous pourrions puiser, longtemps encore, dans les récits imagés et si proches de nous qu'a laissés le Sadhou, mais il faut nous borner.