Le feu du réveil

X. LES CAUSES DU DECLIN DES REVEILS

Selon moi, il existe une autre cause au déclin des réveils. Les Eglises n’ont pas été guidées dans les bonnes voies. Elles ont parfois été poussées à faire des efforts, des visites, et beaucoup d’activités pour la conversion des pécheurs. Mais elles-mêmes n’ont reçu qu’une nourriture fort peu abondante. On leur a demandé de beaucoup travailler en les mettant à un régime trop léger. Elles n’ont guère entendu autre chose que des prédications purement légalistes. Les prédicateurs n’ont adressé leurs messages presque exclusivement qu’aux pécheurs. Pendant des mois, ils n’ont pratiquement pas donné à leur Eglise un seul repas consistant. Ils ne lui ont pas présenté le véritable Evangile. Si les chrétiens doivent travailler pour Dieu et pour les âmes perdues, il faut qu’ils soient nourris en abondance avec le pain du ciel. On doit leur faire comprendre et savoir où réside leur grande puissance. Il faut fréquemment leur présenter Christ, dans tout Ses ministères, dans Son action, et dans Sa plénitude. Si l’on ne fait pas cela, non seulement la piété des chrétiens en souffrira, mais ils adopteront un esprit légaliste. Tous leurs efforts pour convertir les païens ne seront qu’activisme et légalisme. Dans cet état d’esprit, ils parcourront la terre et la mer pour faire des prosélytes, mais ils ne réussiront qu’à remplir l’Eglise de convertis superficiels.

Sauf erreur de ma part, c’est ce qui s’est passé, dans une mesure alarmante, pour tous les réveils de ces dernières années. Les chrétiens ont été si peu nourris de l’Evangile qu’ils sont devenus légalistes, pleins de leur propre justice, fanfarons, charnels, routiniers et incrédules. Leurs efforts ont abouti à faire des convertis qui leur ressemblent, et à jeter un grand discrédit sur les réveils.

Je le répète, on a prêché trop exclusivement aux pécheurs. Les serviteurs de Dieu n’ont pas assez servi de moelle et de graisse. Ils n’ont pas exposé la plénitude de l’Evangile. En agissant ainsi, ils ont porté un grand préjudice à leur propre piété. Ils sont souvent devenus légalistes, durs de coeur et portés à censurer. Dans un tel état, il leur est impossible de produire un véritable réveil spirituel. Ils ne se nourrissent pas eux-mêmes de Christ. Ils ne demeurent pas en Dieu, et Dieu ne demeure pas en eux. Ils ne sont donc pas en état de nourrir l’Eglise, ni de produire un véritable réveil spirituel.

Je le répète, les serviteurs de Dieu ont tellement craint la doctrine du perfectionnisme, au cours de ces dernières années, qu’ils ont trop négligé de présenter haut et fort l’Evangile du salut, dans sa plénitude et sa perfection. Beaucoup d’entre eux ont été complètement égarés par les erreurs répandues à propos de la doctrine du perfectionnisme, dans la presse qu’ils reçoivent et qu’ils lisent. Je me suis rendu à l’étranger. J’ai été étonné de voir la quantité de fausses informations circulant là-bas, concernant les choses que nous aurions réellement dites et enseignées, et concernant les effets de notre enseignement sur notre Eglise et sur les autres Eglises. Ces fausses informations ont poussé beaucoup de serviteurs de Dieu à mettre en garde les chrétiens de leurs Eglises contre toutes les erreurs. Ils ont dénoncé ce qu’ils pensaient être les erreurs des Perfectionnistes et des Sanctificationnistes. Dans la pratique, ils n’ont abouti qu’à abaisser considérablement le niveau de la sainteté biblique dans leurs propres Eglises. Je veux dire que cela a été le résultat pratique. En critiquant la doctrine de l’entière sanctification dans cette vie, et en défendant l’idée, comme beaucoup l’ont fait, que les chrétiens doivent s’attendre à pécher tant qu’ils sont sur cette terre, ils n’ont pratiquement abouti qu’à encourager leurs Eglises à rétrograder en permanence. On a créé dans l’Eglise des préjugés contre la doctrine de la sanctification. En outre, si je ne me trompe, les ministères ont eux-mêmes beaucoup souffert dans leur propre piété. Une baisse de spiritualité correspondante s’est donc manifestée dans leurs Eglises.

Mes chers frères, vous pourrez faire autant d’efforts que vous voulez, si vous continuez à vous attarder sur ce terrain, vos Eglises vont rétrograder à un point tel que vous en serez vous-mêmes consternés. Ma longue expérience me permet d’affirmer que la seule voie consiste à persuader profondément les Eglises qu’elles doivent absolument parvenir à ‘se purifier de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant leur sanctification dans la crainte de Dieu.’ Tout effort pour excuser le péché, toute tentative d’affirmer l’impossibilité pratique d’atteindre la perfection dans cette vie, constituent les erreurs les plus grandes et les plus désastreuses qui puissent être inculquées aux Eglises. Comme l’a écrit un auteur anglais il n’y a pas si longtemps: ‘Aucune erreur n’est aussi destructrice, et aucune ne doit être aussi fermement dénoncée, que celle qui consiste à dire que les chrétiens doivent s’attendre à pécher pendant toute leur vie.’

Mes frères bien-aimés, je ne cherche pas, par mes propos, à vous gagner à mon opinion. Mais je désire attirer votre attention, et l’attention de l’Eglise, sur cette réalité, et vous faire observer les résultats que l’on obtient quand on propose des critères spirituels moins exigeants que ceux que j’ai mentionnés.

En réalité, les Eglises s’éloignent rapidement de Dieu, faute d’être nourries du véritable pain de vie. En outre, les ministères, dans une mesure vraiment alarmante, ont trop mis leurs Eglises en garde contre la doctrine de la sanctification, et pas assez contre le péché.

Je supplie mes frères de prendre un autre chemin. J’exhorte aussi l’Eglise à vivre dans la sainteté. Je veux faire connaître que Dieu nous demande d’obéir à Sa loi et à Son Evangile. Faites-le aussi connaître, mes frères, et vous verrez que vous apporterez une vie de résurrection à vos Eglises.

Ne craignez pas le perfectionnisme. Cela ne m’étonne pas que la véritable doctrine de la sanctification ait été confondue avec celle du perfectionnisme dans beaucoup d’esprits. Les défenseurs de l’une ont aussi été confondus avec les défenseurs de l’autre. Mais, frères bien-aimés, n’est-il pas temps pour les serviteurs de Dieu de comprendre parfaitement quelles sont les différences entre ces deux doctrines, et de ne plus confondre des choses qui diffèrent tellement? Vous pourrez ainsi abandonner vos préjugés et ne plus vous inquiéter. Vous pourrez aussi montrer à l’Eglise comment abandonner ses propres préjugés et ne plus s’inquiéter.

Dans ce que je viens de dire, j’espère ne pas avoir créé des préjugés chez mes frères. J’espère ne pas vous avoir incités à ne plus m’écouter. Car j’ai encore des choses à dire à propos des erreurs commises dans la recherche des réveils. Je dois encore expliquer pourquoi ces réveils sont devenus si rares, si espacés, et d’une nature si superficielle.

Mes chers frères, j’ai le coeur rempli de ce sujet. J’ai beaucoup de choses à dire. Je vous supplie de m’écouter avec patience. Recherchez honnêtement si une grave erreur n’a pas été commise dans la direction que je viens d’indiquer.

Je veux encore parler de quelque chose dont les conséquences ont été très funestes sur les réveils spirituels. Il s’agit des fausses conceptions concernant les meilleurs moyens de promouvoir un réveil. Si j’ai bien compris, on a actuellement une forte tendance à s’orienter vers deux extrêmes presque aussi nuisibles l’un que l’autre. D’un côté, il y a ceux qui semblent rechercher un réveil sans utiliser aucun moyen particulier. Ils disent que les réveils sont l’oeuvre de Dieu. Ils croient donc qu’il leur suffit de continuer à faire ce qu’ils font habituellement. Ils continuent à donner régulièrement leurs messages hebdomadaires ou mensuels, à avoir quelques réunions de prière occasionnelles, etc. Ils laissent le réveil, cet ‘événement,’ selon leur terme, à la souveraineté de Dieu. Ils pensent que Dieu peut Se manifester sans que nous ayons à utiliser de moyens particuliers. Ils disent que cela reviendrait à prendre la place de Dieu dans Son oeuvre et à produire des réveils avec notre propre force. Il leur suffit de poursuivre leurs activités habituelles pour le salut des âmes.

Il me semble que l’on a négligé ici un principe de la nature humaine, qu’il faut respecter si l’on veut travailler avec succès pour le royaume de Dieu. Supposez qu’un homme ait l’esprit fortement intéressé par un sujet quelconque. Si vous voulez attirer son attention sur un autre sujet, il vous faut utiliser des moyens propres à l’intéresser et à le stimuler. Depuis trente ans, le monde chrétien tout entier se trouve dans un état de grande excitation. Il se dirige vers une grande révolution morale. Par révolution morale, je veux parler d’une révolution dans les opinions, suivie d’une révolution dans les comportements. On ne parle que de réforme. On soulève l’une après l’autre de nombreuses questions d’un intérêt profond, pour agiter l’opinion publique. C’est Dieu qui, par Sa providence, continue à faire pression sur les pensées des hommes, par ces questions qui les agitent. Ce sont des questions politiques et des questions religieuses. Tout cela produit une excitation à la limite du supportable. En réalité, tout sujet d’intérêt profond et fondamental pour l’humanité a dans la presse ses avocats, ses conférenciers et ses défenseurs, qui contribuent à fixer l’attention et l’intérêt de l’opinion publique. Dans ces conditions, il est parfaitement déraisonnable d’espérer gagner l’attention des hommes et de produire un réveil, si l’on ne fait pas des efforts particuliers et prolongés. Le monde entretient constamment l’intérêt du public, pour alimenter l’agitation politique et lancer des réformes. De même, les ministères doivent élever la voix comme une trompette, ‘crier à plein gosier,’ et ne pas se retenir. Ils doivent multiplier leurs efforts et leurs tentatives, à la mesure de l’excitation manifestée par le monde pour les sujets qui l’intéressent. Ils doivent persévérer jusqu’à ce que, par la grâce de Dieu, l’attention de leurs auditeurs soit captée et conservée, et que les coeurs soient gagnés au Seigneur.

Il se peut qu’un réveil éclate sans que l’on ait fait d’effort particulier, dans un endroit où les gens ne s’intéressent pas vraiment à d’autres sujets. Mais l’Eglise se trompe si elle espère avoir un réveil sans avoir recours à des efforts exceptionnels et prolongés. C’est parce que les réveils sont l’oeuvre de Dieu que ces efforts sont indispensables. Cela ne nous autorise donc pas à invoquer une seule raison pour négliger de tels efforts. Dieu, en bâtissant Son Royaume et en établissant Son gouvernement sur le monde, ne viole pas les lois de l’intelligence, mais Il les respecte strictement. Par conséquent, si nous traînons les pieds, ou si nous craignons de faire un surcroît d’efforts, tout en espérant obtenir un réveil, ce serait irrationnel et absurde, alors que le monde s’enflamme pour tant d’autres sujets. Il est vrai qu’il nous faut conserver une grande sagesse pour ne pas commettre des actions inconsidérées. Nous ne devons pas avoir recours à des moyens qui ne seraient que de l’agitation et de l’excitation inutiles, ou qui détourneraient l’attention de la vérité. Mais il faut pourtant utiliser certains moyens et multiplier les réunions. Les prédicateurs et les chrétiens doivent être eux-mêmes enflammés. Ils doivent pouvoir élever leur voix pour couvrir le bruit des vagues et des vents de ce monde, jusqu’à ce qu’ils parviennent à fixer l’attention des hommes. Sinon, ils ne parviendront jamais à sanctifier les coeurs.

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