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Presse-les d’entrer

Presse d’entrer ceux que tu trouveras.

(Luc 14.23)

Je me sens tellement pressé de me mettre en campagne ce matin pour obéir à ce commandement et presser d’entrer ceux qui s’attardent dans les carrefours et le long des haies, que je n’ai pas le temps de faire un exorde et je me hâte d’en venir au fait.

Ecoutez donc, vous tous qui êtes encore étrangers à la vérité telle qu’elle est en Jésus, — écoutez donc la nouvelle que je vous apporte. Vous êtes tombés ; oui, vous êtes tombés en Adam, votre père ; vous êtes tombés par votre propre faute aussi, par vos péchés de chaque jour et vos incessantes iniquités ; vous avez provoqué la colère du Tout-Puissant, et, aussi certainement que vous avez péché, Dieu vous punira, — Dieu ne manquera pas de vous punir si vous persévérez dans vos iniquités, car l’Éternel est juste et ne tiendra point le coupable pour innocent.

Mais, ce message, ne l’avez-vous pas déjà entendu proclamer ? Ne vous a-t-on pas annoncé déjà, vous l’entendant, que Dieu, dans son infinie miséricorde, a révélé un moyen de salut par lequel Il peut, sans enfreindre sa justice, ni porter atteinte à sa gloire, avoir pitié de vous, qui êtes coupables et qui ne méritez que sa colère ? C’est à vous que je parle, c’est à vous que s’adresse ma voix, ô fils des hommes ! Jésus-Christ, vrai Dieu, Dieu béni éternellement, est descendu des cieux et a revêtu notre chair. Engendré du Saint-Esprit, Il est né de la Vierge Marie ; Il a vécu ici-bas dans une sainteté parfaite et Il a souffert les plus horribles tortures ; puis Il s’est livré lui-même à la mort pour nos péchés, « Lui, juste, pour les injustes », afin de nous ramener vers Dieu. Et maintenant cette œuvre de salut vous est présentée dans toute sa simplicité : « Quiconque croit au Seigneur Jésus sera sauvé. » Oui, c’est à vous qui avez violé tous les commandements de Dieu, qui avez dédaigné son pardon et bravé sa vengeance, — c’est à vous que la miséricorde est encore proclamée ; car « quiconque invoquera le nom du Seigneur Jésus sera sauvé. — C’est ici une parole certaine et entièrement digne d’être reçue, savoir : que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le plus grand. — Il ne mettra dehors aucun de ceux qui viendront à Lui, car Il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par Lui, attendu qu’Il vit à jamais, afin d’intercéder pour nous. »

Ainsi donc, tout ce que Dieu demande de vous — et encore vous le donne-t-Il aussi, — c’est simplement que vous regardiez à son Fils crucifié et mourant, et que vous vous en remettiez pour le salut de votre âme à Celui qui peut seul sauver les hommes de la ! mort et de l’enfer. N’est-il pas étonnant — étrange — que la proclamation d’un pareil salut ne soit pas reçue avec joie par toute créature humaine ? Ne semble-t-il pas qu’à la première prédication de cette nouvelle que « quiconque croit à la vie éternelle sera sauvé », chacun de vous, abandonnant ses péchés et ses iniquités, devrait s’être jeté dans les bras de Jésus-Christ et avoir fixé ses regards sur sa croix ? Mais, hélas ! la perversité de notre nature est si grande, la dépravation et la malice de nos cœurs sont si profondes, que ce message est méprisé, que cette invitation au céleste banquet est rejetée, et qu’aujourd’hui encore un grand nombre d’entre vous sont ennemis de Dieu à cause de leurs œuvres mauvaises, — ennemis de ce Dieu qui aujourd’hui vous fait annoncer Christ, — ennemis de ce Dieu qui a envoyé son Fils afin qu’il offrît sa vie en rançon pour plusieurs. C’est chose étrange qu’il en soit ainsi, je le répète ; cependant, c’est un fait, et c’est là ce qui a rendu nécessaire le commandement de mon texte : « Presse-les d’entrer. »

Enfants de Dieu, vous avez cru ; aussi aurai-je peu de chose à vous dire aujourd’hui. Je vais droit à mon but ; je m’adresse directement à ceux qui ne veulent pas venir, — à ceux qui se trouvent dans les chemins et le long des routes, — et mon devoir est maintenant d’accomplir ce commandement : « Presse-les d’entrer. Que Dieu veuille m’accompagner !

Il faut donc d’abord que je vous trouve, et ensuite que je me mette à l’œuvre pour vous contraindre d’entrer.

I

Il faut premièrement que je vous trouve. Si vous lisez les versets qui précèdent mon texte, vous y découvrirez une amplification du commandement dont je parle : « Va-t-en promptement par les places et par les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les impotents, les boiteux et les aveugles. » Et après cela : « Va par les chemins », c’est-à-dire amène les vagabonds, les voleurs de grande route, — « et le long des haies », c’est-à-dire amène ceux qui n’ont pas de lieu pour reposer leur tête et qui vont se coucher à l’ombre des haies ; amène-les tous et « contrains-les d’entrer. » — Oui, je viens à vous qui êtes pauvres, et je dois vous contraindre d’entrer. Vous êtes dans la pénurie et la disette, mais cet obstacle ne peut vous fermer l’entrée du royaume des cieux, car Dieu n’a pas exclu de ses grâces celui qui grelotte dans ses haillons et qui manque de pain. Dans le fait, s’il y a quelque faveur, elle est précisément pour vous et à votre avantage. — « C’est à vous qu’est adressée la parole de salut, car l’Évangile est prêché aux pauvres. » Toutefois, c’est à vous surtout qui êtes pauvres spirituellement que je dois annoncer la Bonne Nouvelle. Vous n’avez point de foi, point de sainteté, point de bonnes œuvres, point de vie spirituelle, et — ce qui est la pire des pauvretés — vous n’avez point d’espérance ! Ah ! mon Maître vous envoie aujourd’hui une bien généreuse invitation ! Venez au banquet de son amour et vous y serez les bien-venus. « Que celui qui veut venir vienne, et qu’il prenne gratuitement des eaux vives. » Venez, vous dis-je ! il faut que je vous saisisse, fussiez-vous couverts de la saleté la plus odieuse, fussiez-vous vêtus des plus misérables guenilles. Quand votre propre justice serait devenue comme le torchon le plus dégoûtant, il faut néanmoins que je m’empare de vous, que je vous invite les premiers et que je vous presse d’entrer.

Et vous qui non seulement êtes pauvres, mais encore estropiés, je viens à vous aussi. Il fut un temps, où vous prétendiez pouvoir travailler à votre salut sans le secours de Dieu, — où vous cherchiez à faire de bonnes œuvres, à suivre les cérémonies religieuses et à gagner le ciel par vos propres efforts ; — mais, maintenant vous voilà estropiés ; le glaive de la loi vous a coupé les bras et vous ne pouvez plus travailler ; vous dites avec amertume :

La plus belle de mes œuvres
Ne peut plus t’être présentée.

Vous n’avez plus la force d’obéir à la loi. Vous sentez que, quand vous voulez faire le bien, le mal est attaché à vous. Vous êtes estropiés ! Vous avez abandonné toute vaine espérance de vous sauver vous-mêmes, parce que vos bras ne peuvent plus vous servir. Votre situation est encore pire, car vous pourriez ne pas faire votre chemin vers le ciel par vos propres œuvres et le faire néanmoins par la foi ; mais vos pieds sont tout aussi impuissants que vos mains. Vous sentez que vous ne pouvez pas croire, que vous ne pouvez pas vous repentir, — que vous ne pouvez vous placer vous-mêmes dans les conditions du salut. Vous vous sentez donc entièrement perdus et incapables de quoi que ce soit pour plaire à Dieu. Vous vous écriez :

Oh ! si seulement je pouvais croire,
Alors tout serait aisé.
Je le voudrais, mais je ne puis.
Seigneur, viens à mon aide !
Toi seul peux me secourir.

Hé bien ! c’est à vous aussi que je suis envoyé aujourd’hui ; c’est devant vous aussi que je dois déployer la bannière ensanglantée de la Croix ; c’est à vous que je dois annoncer cette bonne nouvelle que « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé », et que je dois crier : « Que celui qui veut venir, vienne et qu’il prenne gratuitement de cette eau ! »

Mais vous êtes boiteux ; vous êtes peut-être indécis. Tantôt vous êtes sérieux, tantôt vous cédez à la mondaine gaîté qui vous appelle. Vous clochez des deux côtés, et tous vos progrès dans la foi se réduisent à de vains efforts, après lesquels vous êtes toujours au même point. Votre vigueur est si faible que vous ne pouvez point faire de progrès décisifs. Ah ! mon frère qui boitez, c’est à vous aussi que cette parole de salut s’adresse. Quoique vous hésitiez sans cesse entre le ciel et l’enfer, le Maître vous envoie ce message : « Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, servez-le ; si Baal est Dieu, servez-le. » — Considère donc tes voies ; mets ordre à ta maison, parce que tu vas bientôt mourir et tu ne seras plus. Prépare-toi donc à la rencontre de ton Dieu, ô Israël ! n’hésite plus, mais décide-toi pour l’Éternel et sa vérité.

Mais je vois d’autres classes encore auxquelles j’ai à parler. — Aveugles, entendez-moi ! Oui, vous qui ne pouvez pas vous voir vous-mêmes ; vous qui vous croyez bons, tandis que vous êtes pleins de mal, qui prenez le doux pour l’amer et l’amer pour le doux, la lumière pour les ténèbres et les ténèbres pour la lumière, Dieu m’envoie aussi à vous. — O âmes aveugles ! qui êtes incapables de voir votre propre état de perdition, qui ne croyez pas que le péché soit aussi grave qu’il l’est en réalité, et qui ne pouvez pas comprendre que Dieu est un Dieu juste, je suis envoyé auprès de vous, — oui auprès de vous qui ne pouvez pas voir le Sauveur, qui ne pouvez découvrir en Lui ni beauté, ni rien qui vous le fasse désirer ; à vous qui ne voyez aucun attrait dans la sainteté, aucune gloire dans la foi, aucune félicité dans le service de Dieu, aucune joie à être son enfant ! Je suis envoyé, dis-je, auprès de vous, et, dans le fait, avec un pareil texte, à qui ne suis-je pas envoyé ? car ce texte va plus loin encore ; j’y trouve non seulement une description qui permet de reconnaître chaque cas particulier, — chaque classe d’appelés, — mais j’y vois après cela un appel général, une battue générale à faire. — « Allez par les grands chemins et le long des haies », est-il dit. Cette parole embrasse les hommes de tout rang et de toute condition. Le grand seigneur qui passe à cheval sur la grande route, la pauvre femme qui s’en va pour ses affaires et le voleur qui trousse les passants sont tous sur le grand chemin et doivent tous être contraints d’entrer. — Plus loin, là-bas, le long de la haie, sont couchés quelques infortunés qui ont perdu tout lieu de refuge et qui ne peuvent plus reposer leur tête sur des prétextes mensongers ; ils cherchent quelque abri pour leurs membres fatigués et ils se sont couchés sous la feuillée : c’est à ceux-là aussi que je suis envoyé aujourd’hui. L’ordre est général et universel : « Contrains-les d’entrer ! » Maintenant je m’arrête après avoir décrit tous ceux auxquels je suis envoyé, et je considère le travail gigantesque en présence duquel je me trouve. Mélanchton avait raison de dire que le vieil Adam était plus fort que lui. Il sera plus facile à un petit enfant de contraindre un Samson qu’à moi d’amener un seul pécheur à la croix de Christ. Cependant mon Maître m’a donné cet ordre : « Contrains-les ! » — Je vois se dresser devant moi la grande montagne de la dépravation et de l’indifférence humaine ; mais, par la foi, je m’écrie : « Qu’es-tu, ô grande montagne ? devant Zorobabel tu vas être changée en plaine. » — Est-il vrai que mon Maître me dise : « Contrains-les d’entrer ? » Hé bien ! quand chaque pécheur serait un Samson, et quoique je ne sois qu’un petit enfant, je les conduirai avec un fil. Si Dieu a dit : « Fais-le », je le ferai, pourvu que je l’essaie par la foi. Oui, pourvu que par les soupirs, les angoisses et les larmes de mon cœur, je cherche à amener les pécheurs à Christ, les douces influences du Saint-Esprit accompagneront chacune de mes paroles, et des âmes seront réellement contraintes d’entrer.

II

Et maintenant, à l’œuvre ! à l’œuvre sans plus de retard ! Hommes et femmes inconvertis, qui ne vous êtes pas encore réconciliés avec Dieu et qui n’êtes pas régénérés par son Esprit, il faut maintenant que je vous contraigne d’entrer. Permettez tout d’abord que je vous accoste sur le grand chemin du péché et que je vous articule de nouveau mon message, le Roi des cieux vous envoie aujourd’hui une invitation pleine de miséricorde. « Je suis vivant », dit le Seigneur. « Je ne prends pas plaisir dans la mort du pécheur, mais dans sa conversion et sa vie. — Venez maintenant et débattons nos droits, » dit encore le Seigneur. « Quand vos péchés seraient rouges comme le vermillon, ils seront blanchis comme la laine, et quand ils seraient rouges comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige. » — Cher frère, mon cœur bondit de joie en pensant que j’ai une si bonne nouvelle à t’apporter, et cependant j’avoue qu’une grande tristesse pèse sur mon âme, en voyant que tu ne la considères pas comme un grand sujet de joie et que tu t’en détournes sans lui accorder toute l’attention qu’elle mérite. Laisse-moi te raconter tout ce que le Roi a fait pour toi. Il connaissait ta culpabilité et Il avait prévu ta ruine éternelle ; Il savait que sa justice redemanderait ton sang, et, pour te soustraire ’à cette, condamnation inévitable sans violer les exigences de sa justice, — afin que tu pusses être sauvé, — Jésus-Christ est mort. Daigne, ô mon frère ! jeter les yeux pendant un instant sur ce spectacle. Tu vois cet homme agenouillé là-bas, dans le jardin de Gethsémané : une sueur de sang découle de tout son corps. Regarde ! tu vois ce pauvre martyr attaché à une colonne et frappé de verges cruelles jusqu’à ce que ses os paraissent sur son dos comme de blanches îles sur une mer de sang. Encore un tableau : Vois ce même homme pendu à cette croix, les bras étendus, les pieds cloués ; Il est agonisant, Il gémit, Il est couvert de sang ; Il ouvre la bouche et s’écrie : « Tout est accompli ! » Voilà ce que- Jésus de Nazareth a fait pour que Dieu pût te pardonner sans faillir à sa justice, et le message que je t’apporte de sa part est : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé ! » Crois, c’est-à-dire confie-toi en Lui, renonce à tes œuvres mauvaises, rebrousse chemin, donne ton cœur à cet Homme qui s’est donné Lui-même pour les pécheurs.

Voilà, mon frère, voilà le, message que Dieu t’envoie. Que réponds-tu ? Te détourneras-tu ? me diras-tu que cela t’importe peu, que tu ne saurais l’écouter, que tu m’entendras plus tard, mais que, pour aujourd’hui, il te faut suivre ta route et t’en aller à ta métairie ou à ton trafic ? Arrête, mon frère ! Dieu ne m’a pas simplement ordonné de te dire ce qu’Il demande, et de passer ensuite mon chemin. Non ! j’ai reçu ordre de te contraindre d’entrer. Permets-donc que je te fasse observer une chose, savoir : que je te parle très sérieusement et que le plus ardent désir de mon cœur — Dieu m’en est témoin en ce moment ! — c’est que tu obéisses au commandement du Seigneur. Si tu traites légèrement ton propre salut, je suis loin de le traiter ainsi. Tu peux, si tu le veux, t’en aller et oublier tout ce que tu vas entendre ; mais souviens-toi que les paroles que je prononce en ce moment m’ont coûté bien des larmes avant que je vinsse ici. O mon frère ! ô mon frère infortuné ! je te parle du plus profond de mon cœur. Je t’en supplie au nom de Celui qui est vivant et qui a été mort, mais qui vit à jamais, prends en considération l’appel que mon Maître t’adresse aujourd’hui par ma bouche !

Le repousserais-tu ? refuserais-tu de l’accueillir ? Il me faut, en ce cas, changer de ton. Je ne puis me borner à te répéter cette miséricordieuse invitation avec toute la ferveur et le sincère amour dont je suis capable. Il faut que je fasse plus. Pécheur ! au nom de l’éternel Dieu, je te commande de te repentir et de croire. Me demanderas-tu de qui je tiens cette autorité ? Je suis ambassadeur du ciel. Mes lettres de créance sont ici : j’en ai de secrètes que je porte dans mon cœur ; mais j’en ai de visibles dans les sceaux dont Dieu a revêtu mon ministère, c’est-à-dire dans tous ceux que tu vois debout ou assis autour de cette chaire, — dans toutes ces âmes que Dieu m’a données pour salaire. C’est en vertu de cette charge que j’ai reçue de prêcher l’Évangile de mon Dieu que je te commande de croire au Seigneur Jésus-Christ, et cela non pas en mon autorité personnelle, mais au nom et en l’autorité de Celui qui a dit : « Allez par toute la terre et prêchez l’Évangile à toute créature », et qui a ajouté : « Quiconque croira et sera baptisé sera sauvé, mais quiconque ne croira pas sera condamné. » Rejette mon message, si tu l’oses, mais rappelle-toi que celui qui avait méprisé la loi de Moïse était mis à mort sans miséricorde sur le témoignage de deux ou trois témoins. Combien plus grand sera le châtiment dont sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu ! Comme ambassadeurs nous ne pouvons pas nous placer sur le pied d’infériorité auprès de ceux auxquels nous sommes envoyés ; nous occupons, au contraire, un rang supérieur au leur. Lorsque le ministre de Dieu voudra conserver le rang auquel l’éternel Dieu l’a élevé en le ceignant de sa toute-puissance et en l’oignant de son onction sainte, il devra commander aux hommes et leur parler avec une pleine autorité, afin de les contraindre d’entrer : « Reprends, censure, exhorte avec toute douceur d’esprit. »

Vous révolterez-vous, disant : « Nous ne voulons pas qu’on nous commande ! » En ce cas, je changerai encore de ton avec vous. Puisque ce moyen ne réussit pas, nous en essaierons un autre. — O mon frère ! je viens à toi en toute simplicité et douceur, et je t’exhorte à te réfugier auprès de Christ. O mon frère ! sais-tu quelle profondeur d’amour se trouve dans le cœur de Jésus ? Laisse-moi te dire ce que je sais de Lui ; je vais te parler du fond de mon âme. Il fut un temps où moi aussi je le méprisais. Il frappait alors à la porte de mon cœur et je refusais d’ouvrir. Il revenait à la charge jour après jour, le soir, le matin ; Il me reprenait par la voix de ma conscience et me parlait par son Esprit ; et lorsqu’enfin les terreurs de sa loi violée saisirent mon âme, je l’accusai de cruauté et d’insensibilité. Ah ! je ne me pardonnerai jamais d’avoir pu nourrir de si coupables pensées à l’égard de mon Sauveur ! Mais avec quelle tendresse Il m’accueillit, malgré tout cela, lorsque j’allai à Lui ! Je m’attendais à être frappé ; mais, au lieu de retenir ses grâces, sa main s’ouvrit aussitôt pour me bénir. J’étais convaincu que ses yeux allaient darder sur moi des éclairs de colère ; mais, au lieu de cela, ils étaient remplis de larmes. Il se jeta à mon cou et m’embrassa ; Il me dépouilla de mes haillons et me revêtit de sa justice ; Il me combla tellement que mon âme était forcée de chanter de joie. Dans la maison de mon cœur, comme dans la maison de Dieu, il y avait des réjouissances et des danses, parce que « son fils qui était perdu avait été, retrouvé, et que celui qui était mort était revenu à la vie. » Je t’exhorte donc à regarder à Jésus et à être illuminé. Pécheur, tu ne le regretteras pas, — je te le garantis, — tu ne le regretteras pas ; jamais tu ne regarderas en arrière à ton état de condamnation avec un soupir de tristesse. Heureux de quitter l’Egypte, tu entreras avec délices dans la terre promise et tu trouveras un pays découlant de lait et de miel. Les épreuves de la vie te paraîtront parfois un lourd fardeau, mais la grâce te fortifiera et ton fardeau se trouvera allégé. Et quant aux joies et à la félicité que l’on trouve à être enfant de Dieu, si je mens aujourd’hui, tu pourras un jour me donner le démenti. Si seulement tu consens à goûter combien le Seigneur est bon, je suis bien assuré que bientôt sa bonté dépassera à tes yeux tout ce que des lèvres humaines peuvent exprimer.

Je ne sais quels arguments employer pour vous persuader. J’en appelle à vos intérêts les plus chers. Mon ami, ne vaudrait-il pas mieux pour toi d’être réconcilié avec Dieu que de persister à être son ennemi ? Que gagnes-tu à t’opposer ainsi à ton Dieu ? en es-tu plus heureux ? Réponds-moi, toi qui aimes les plaisirs : as-tu trouvé de véritables joies dans cette coupe à laquelle tu prétends te désaltérer ? Réponds-moi, toi qui cherches à établir ta propre justice : as-tu trouvé dans toutes tes bonnes œuvres de quoi reposer solidement la plante de tes pieds ? Toi qui crois être juste devant Dieu, je te somme de me répondre, la main sur la conscience : as-tu trouvé que ton sentier fût celui du bonheur ? Ah ! mon ami, « pourquoi emploies-tu l’argent pour des choses qui ne nourrissent point, et ton travail pour des choses qui ne rassasient point ? » Ecoute-moi attentivement, et tu mangeras de ce qui est bon, et ton âme jouira à plaisir de la graisse. Au nom de tout ce qu’il y a de plus solennel et de plus sacré, de tout ce qui importe à ton salut éternel, je te conjure de fuir, de sauver ta vie ! Ne regarde pas derrière toi, ne t’arrête pas dans la plaine ; ne t’arrête pas que tu n’aies une part dans l’effusion du sang de Jésus-Christ, — de ce sang qui purifie de tout péché. Es-tu encore froid et indifférent ? L’aveugle ne me permettra-il pas encore de le conduire au festin ? Mon frère estropié ne voudra-t-il pas mettre sa main sur mon épaule et me permettre de le conduire au banquet ? Le pauvre mendiant ne me laissera-t-il pas marcher côte à côte avec lui ?

Faut-il que j’use de paroles plus sévères ? Faut-il que je tente de nouveaux efforts pour vous contraindre d’entrer ? Pécheur, j’ai résolu aujourd’hui une chose, c’est de faire tout au monde pour que tu sois sans excuse dans le cas où tu perdrais ton âme. Oui, vous tous qui êtes ici, depuis le vieillard aux blancs cheveux jusqu’à l’enfant dans l’âge le plus tendre, si vous refusez aujourd’hui de saisir la main du Sauveur, je veux que votre sang soit sur votre tête ! Si l’homme a quelque pouvoir pour amener son semblable (et il en a quand le Saint-Esprit vient à son aide), ce pouvoir sera exercé sur vous aujourd’hui, avec le secours de Dieu. Allons, venez ! je ne veux pas me laisser rebuter par vos refus. Si mon exhortation demeure sans résultat, j’aurai recours à autre chose. Mon frère, je te supplie, oui, je te supplie d’écouter et de réfléchir. Sais-tu ce que tu rejettes en ce moment ? Tu rejettes Christ, ton unique Sauveur ! « Nul homme ne peut poser un autre fondement. — Il n’est pas d’autre Nom qui ait été donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés. » Mon frère, je ne puis te permettre d’accomplir un pareil malheur, car je ne perds pas de vue une chose que tu oublies, savoir : qu’un jour vient où tu auras besoin d’un Sauveur. Quelques mois encore, et bientôt tes forces déclineront, ton pouls s’affaiblira, ta vigueur disparaîtra, et il te faudra rencontrer face à face la hideuse et grimaçante figure de ce monstre qu’on nomme la Mort. Que deviendras-tu sans un Sauveur, quand le Jourdain débordera ? Le lit de mort est un lit de pierres sans un Sauveur. Mourir est chose toujours terrible en tout temps ; celui qui possède les espérances les plus brillantes et la foi la plus ferme trouve encore que la mort n’est pas chose légère. C’est une chose redoutable que de passer du visible dans l’invisible, du mortel dans l’immortel, du temps dans l’éternité, et il te sera dur de passer par la porte de fer de la mort sans pouvoir t’élancer sur les brillantes ailes des anges vers les portes éternelles du paradis ; il te sera dur de mourir sans Christ. Je ne puis m’empêcher de penser à ton triste sort. Je te vois peut-être accomplissant aujourd’hui sur toi-même un irrévocable suicide, et, debout par la pensée auprès de ton lit de mort, il me semble entendre tes cris, — les cris d’un agonisant qui expire sans espérance !… O spectacle horrible ! Je me penche sur ton cercueil, je contemple ton visage livide et glacé, et je m’écrie : « Voilà un homme qui a méprisé Christ et qui a négligé un si grand salut ! » Quelles larmes amères cette vue ne m’arracherait-elle pas, si j’avais manqué à la fidélité que je te dois, et quel reproche pour moi que ces yeux fermés pour jamais à la lumière et qui sembleraient me dire : « Pasteur ! j’ai assisté à ta prédication, mais tu ne m’as pas parlé sérieusement ; tu m’as charmé, tu m’as fait un sermon, mais tu ne m’as pas pressé, tu n’as pas lutté avec moi. Ah ! tu n’avais pas compris ce que Saint Paul voulait dire par ces paroles : C’est comme si Dieu vous exhortait par notre ministère, et nous vous supplions, pour l’amour de Christ, de vous réconcilier avec Dieu. »

Ne repousse pas ce message pour une autre raison. Je me représente le moment où je serai debout devant le tribunal de Dieu. L’Éternel est vivant, et le jour du jugement approche. Crois-tu cela ?… Tu n’es pas un incrédule ; ta conscience ne te permet pas de douter des Saintes-Écritures ? Tu peux avoir dit que tu en doutes, mais tu ne peux pas les nier. Tu comprends qu’il doit y avoir un jour auquel Dieu jugera le monde avec justice. Je te vois au milieu de l’immense foule ; le regard de Dieu s’est fixé sur toi. Il te semble que son œil ne voie que toi seul, et sa voix t’appelle par ton nom. Il lit tes péchés et Il s’écrie : « Va, maudit, au feu éternel ! » Ah ! quelle position que la tienne alors ! Je frémis en y pensant. Les cheveux se dressent sur ma tète à l’idée que tel de mes auditeurs sera damné ! Vous représentez-vous ce moment terrible, ô vous tous qui m’écoutez ! — ce moment où retentiront ces paroles ; « Allez, maudits ! » Ne voyez-vous pas s’entr’ouvrir l’abîme destiné à vous engloutir ? n’entendez-vous pas monter des profondeurs du gouffre les gémissements et les cris douloureux de ceux qui vous ont précédés dans l’étang ardent des éternels tourments ? Mais, au lieu d’essayer de peindre un pareil tableau, je viens à vous avec les paroles du prophète inspiré et vous dis : « Qui est-ce d’entre nous qui pourra séjourner avec le feu dévorant ? qui est-ce d’entre nous qui pourra séjourner avec les ardeurs éternelles ? » Ah ! mon frère, je ne puis pas te laisser mettre ainsi de côté la religion ; non, je prévois ce qui va t’arriver après la mort. Il faudrait que je fusse dépourvu de tout sentiment d’humanité pour qu’en voyant quelqu’un sur le point de s’empoisonner, je ne lui arrachasse pas la coupe des mains, ou qu’en voyant un homme prêt à s’élancer dans le fleuve, je ne l’en empêchasse pas. Et ne serais-je pas pire qu’un meurtrier si aujourd’hui même je ne vous suppliais, avec tout l’amour, toute la charité, toute l’instance dont je suis capable, de « saisir la vie éternelle, — de ne pas travailler pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui demeure en vie éternelle ? »

Tel calviniste exagéré me dira que j’ai tort de parler ainsi. Tant pis ! je ne puis faire autrement ; il faut que je parle de cette manière. Aussi vrai que je dois comparaître devant mon Juge, je sens que je ne puis pleinement accomplir mon ministère qu’en vous suppliant avec beaucoup de larmes de ne pas vous opposer à votre salut, mais de regarder à Christ et d’accepter sa glorieuse rédemption.

Tout ce qui précède a-t-il été inutile ? toutes mes supplications ont-elles laissé votre cœur sans émotion ? Etes-vous sourds à mes prières ? Je vais encore changer de ton. — Pécheur, j’ai contesté avec toi comme un homme conteste avec son ami, et, quand il s’agirait aujourd’hui de ma propre vie, je ne parlerais pas avec plus de ferveur que je ne le fais pour la tienne. J’avais à cœur de sauver mon âme, mais j’avais tout aussi à cœur le salut de mes auditeurs ; c’est pourquoi, si tu repousses mes supplications, j’ai encore quelque chose à faire : j’ai à te menacer ! Tu n’auras pas toujours des avertissements tels que ceux-ci. Le jour vient où la voix des ministres de Dieu aura cessé de se faire entendre, du moins à tes oreilles ; car la mort aura glacé tes oreilles. Ce ne seront plus alors des menaces, ce sera l’accomplissement des menaces que tu auras à subir. Il n’y aura plus alors de promesses, ni d’offres de pardon et de miséricorde ; il n’y aura plus de sang qui parle de paix ; mais, dans le lieu où tu seras relégué, les sabbats seront changés en nuits de douleur et toute prédication de l’Évangile sera interdite, parce qu’elle serait inutile. Je te somme donc d’écouter la voix qui s’adresse en ce moment à ta conscience, si tu ne veux pas que bientôt l’Éternel te parle dans sa colère et ne te dise en son courroux : « J’ai crié, et vous avez refusé d’ouïr ; j’ai étendu ma main, et il n’y a eu personne qui y prît garde ; aussi je me rirai de votre calamité, je me moquerai quand votre effroi surviendra. » — Pécheur, je te menace ! Souviens-toi que tu n’as plus que peu de temps pour écouter ces avertissements. Tu crois avoir encore longtemps à vivre ; mais sais-tu combien ce temps est court ? As-tu jamais réfléchi à la fragilité de ton existence ? As-tu jamais vu disséquer un cadavre par un anatomiste ? As-tu vu combien est admirable l’assemblage de nos membres ? « Chose étrange qu’une harpe à tant de cordes reste aussi longtemps accordée » Qu’une seule de ces mille cordes se détende, qu’une miette de pain prenne une fausse direction, et te voilà mort ! Le plus petit accident peut, selon la volonté de Dieu, t’envoyer en un clin d’œil dans l’éternité. Les hommes les plus robustes ont été tués par de très petites choses ; ce pourrait être ton cas bientôt. Des hommes sont tombés morts dans le temple, ou dans la chapelle. Que de fois nous entendons parler d’un homme tombé mort dans nos rues, et qui, par quelque soudaine catastrophe, a roulé de ce monde dans l’éternité en une seconde ! — Es-tu sûr que ton cœur soit exempt de tout mal caché ? Ton sang circule-t-il dans tes veines selon toutes les règles ? En es-tu bien sûr ? Et si tout se passe convenablement dans ton corps, combien cela durera-t-il ? Ah ! il y en a peut-être plus d’un ici qui ne verra pas le prochain jour de Noël ! Peut-être as-tu déjà reçu ce commandement : « Mets en ordre ta maison, car tu mourras et tu ne vivras pas. » Je pourrais calculer combien d’entre cette vaste assemblée doivent mourir cette année ; mais ce qu’il y a de très certain, c’est que jamais nous ne nous rencontrerons exactement tous dans une seconde assemblée comme celle-ci sur cette terre. D’ici à un mois, quelques-uns de ceux qui m’entendent aujourd’hui — deux ou trois au moins — seront partis pour l’éternité. Hé bien ! toi, mon frère, toi qui vas mourir bientôt, je te rappelle aujourd’hui que la porte du pardon, qui t’est largement ouverte en ce moment, peut t’être fermée alors, et que tu peux aller dans un lieu où les offres de la miséricorde ne pénètrent pas. Viens donc ! Que cette menace ait le pouvoir de te décider. Je ne menace pas pour le plaisir de menacer, mais dans l’espoir que les avertissements d’un frère pourront t’amener au trône de Grâce et au festin de joie que Dieu a préparé pour les siens.

Faut-il, après de telles paroles, que je m’en retourne sans espoir ? Ai-je épuisé tout ce que j’avais à te dire ? Non ; je reviens à la charge. Dis-moi, mon frère, ce qui t’empêche d’aller à Christ ? — J’en entends un qui me répond : « Ah ! Monsieur, c’est parce que je me sens trop coupable ! — C’est impossible, mon ami ! c’est impossible ! — Mais, Monsieur, je suis le plus grand des pécheurs ! — Mon ami, tu es dans l’erreur. Il y a longtemps que le plus grand des pécheurs est mort et entré dans le ciel ; il se nommait Saul de Tarse et fut surnommé plus tard Paul, apôtre de Jésus-Christ. — Mais, dites-vous encore, je suis trop vil ! — Vous ne pouvez pas être plus vil que le chef des pécheurs. Il faut de toute nécessité que vous soyez le plus vil après lui. En supposant même que vous soyez le plus vil des pécheurs vivants en ce moment, encore faut-il que vous laissiez la première place à l’apôtre, puisqu’il était le plus grand des pécheurs. Mais, en admettant que vous soyez le plus vil de tous, n’est-ce pas là une raison de plus pour venir à Christ ? Plus un homme est malade, plus il a besoin d’aller à l’hôpital ou d’appeler le médecin. Plus vous êtes pauvre, plus vous avez de raisons d’accepter la charité qu’un autre vous offre. Or, Christ n’a pas besoin, vous le savez, que vous lui apportiez des mérites : Il donne gratuitement. Plus vous-êtes mauvais, mieux vous serez reçu, si vous allez de suite. Mais, permettez-moi une question : Espérez-vous devenir meilleur en renvoyant d’aller à Lui ? Dans ce cas, vous n’auriez rien compris au salut de l’Évangile. Non ! non ! Plus vous tardez, plus vous devenez pire. Vos espérances s’affaiblissent, votre désespoir s’aggrave ; les clous par lesquels Satan vous tient lié à son char seront toujours mieux rivés, et vous serez plus loin de Dieu que jamais. Venez donc, je vous en supplie ; n’oubliez pas que vous n’avez rien à gagner à attendre, et qu’au contraire vous avez tout à perdre. — Mais, s’écrie un autre, je ne puis pas croire ! — Je le crois bien, mon ami ! et jamais vous ne pourrez croire, aussi longtemps que vous ne commencerez pas par regarder à votre foi. Prenez garde que je ne suis pas venu vous inviter à croire ; je vous invite à venir à Christ. Et vous me dites : Où est la différence ? — La voici : si vous commencez par dire : « Je veux croire une chose », vous ne la croirez jamais. Votre première pensée doit être : « Quelle est cette chose que l’on me demande de croire ? » Alors vous arriverez à la foi. Ce n’est pas par la foi que nous devons commencer, mais par Christ. Venez, je vous en prie, sur le Calvaire ; venez contempler la Croix. Venez voir le Fils de Dieu, le Créateur des cieux et de la terre, mourant pour vos péchés. Regardez, et dites s’il a le pouvoir de sauver ! Regardez ce visage plein de compassion, et dites si son amour veut vous sauver ! Sois sûr, ô pécheur, que la seule vue de Christ crucifié t’aidera à croire. N’essaie pas de croire d’abord pour aller ensuite à Christ, car, dans ce cas ta foi ne serait d’aucune efficace ; viens à Christ sans aucune foi et confie-toi en Lui. Nage donc, sinon tu te noieras !

Mais j’en entends un autre qui me répond : « Ah ! Monsieur, vous ne savez pas combien de fois j’ai été invité, combien de fois j’ai méprisé les appels du Seigneur ! » — Je ne le sais pas, en effet ; ni n’ai besoin de le savoir ; tout ce que je sais, c’est que mon Maître m’a envoyé pour vous contraindre d’entrer ; ainsi venez donc ! venez, vous dis-je ! Si vous avez rejeté mille invitations de sa part, qu’importe ! Ne faites pas que celle-ci soit la mille et unième. Vous êtes souvent venu dans la maison de Dieu et vous n’avez fait que vous y endurcir davantage. Mais ne vois-je pas une larme dans vos yeux ? O mon frère ! viens donc, et ne te laisse pas endurcir par le sermon de ce matin ! O Esprit du Dieu vivant ! viens fondre ce cœur qui n’a jamais été réellement touché et contrains-le d’entrer !

Je ne saurais vous laisser sur de si vaines excuses. Si vous avez employé de longues années à traiter légèrement votre Sauveur, ce sont tout autant de raisons pour le prendre au sérieux cette fois. Mais, ai-je bien entendu ? n’avez-vous pas murmuré que le moment était mal choisi ? Mais, que vous dirai-je en ce cas ? Quand viendra donc pour vous le moment favorable ? Sera-ce quand vous serez en enfer ? Serez-vous plus dispos alors ? — Sera-ce quand vous serez sur le point de mourir, avec le râle au gosier, — sera-ce alors ? Sera-ce quand la froide transpiration de l’agonie perlera votre front ? Sera-ce quand les douleurs vous tordront sur votre couche, quand vous glisserez sur les bords de la tombe ? Non ! non ! c’est aujourd’hui, c’est maintenant le moment favorable. Que Dieu fasse qu’il devienne tel pour vous. Sachez que je n’ai pas le droit de vous inviter à venir à Jésus demain. Le Maître ne vous invite pas à venir mardi prochain. L’invitation porte : « Aujourd’hui, si vous entendez ma voix, n’endurcissez point vos cœurs. L’Esprit dit : aujourd’hui. « Venez maintenant, et débattons nos droits. » — Pourquoi renvoyer ? Cet avertissement est peut-être le dernier que vous entendrez. Renvoyez ! renvoyez ! si vous voulez ; mais il se peut que vous pleuriez pour la dernière fois dans la maison de Dieu. Il se peut que vous n’entendiez plus jamais de discours aussi pressant. Jamais on ne vous suppliera comme je l’ai fait aujourd’hui. Vous pouvez vous en aller ; mais Dieu peut dire aussi : « Il est adonné aux idoles, laissez-le ! » Il vous mettra les rênes sur le cou et alors votre course est certaine ; vous serez assurés de parvenir rapidement à une damnation et à une destruction inévitables.

Et maintenant aurai-je parlé en vain ? Ne voulez-vous pas venir maintenant à Christ ? Et que dirai-je de plus ? Je n’ai plus qu’un moyen, et je vais l’essayer. J’ai la ressource de pleurer sur vous, de prier pour vous. Moquez-vous du discours, si vous voulez ; moquez-vous du prédicateur ; appelez-le fanatique, si cela vous plaît ; il ne vous cherchera pas querelle, il ne vous accusera pas devant le Grand Juge. Votre insulte, en ce qui le concerne, vous est pardonnée d’avance. Mais vous vous rappellerez que le message que vous avez reçu aujourd’hui vous était apporté par quelqu’un qui vous aime, et provenait de la bouche de quelqu’un qui veut votre salut. Vous vous rappellerez que vous êtes libres de jouer votre âme à quitte ou double avec le diable, et de traiter cette affaire comme n’ayant aucune importance. Mais il est un homme — au moins un homme sur cette terre — qui a pensé sérieusement à votre âme, — un homme qui, avant de venir ici, a combattu avec Dieu pour obtenir de Lui de vous parler avec courage, et qui, après avoir quitté ce lieu, n’oubliera pas aujourd’hui ses auditeurs. Oui, quand, à force de parler, les paroles nous manquent, nous vous parlons par nos larmes. La parole et les larmes, voilà les bras avec lesquels les ministres du Seigneur doivent vous contraindre d’entrer. Vous ne savez pas et vous ne sauriez croire quelle peut être l’angoisse qu’un homme que Dieu a appelé au ministère éprouve pour son troupeau et surtout pour certaines personnes qui le composent ! — L’autre jour encore, on me parlait d’un jeune homme qui avait suivi depuis longtemps nos services ; la seule espérance de son père était qu’il parviendrait à connaître Jésus-Christ. Cependant il avait fait la connaissance d’un incrédule, et le voilà qui abandonne aujourd’hui son travail et qui mène une vie de péché et de souillures. J’ai vu le pâle et triste visage de son père ; je ne lui demandai pas de me raconter cette douloureuse histoire, car je sentais que c’eût été rouvrir une plaie saignante et renouveler ses tortures. Je crains bien que les cheveux gris de ce pauvre père ne descendent avec chagrin dans la tombe. — Jeunes gens, tandis que vous oubliez de prier pour vous-mêmes, vos mères combattent pour vous. Tandis que vous négligez les intérêts de vos âmes, vos pères sont en travail et en douleur pour vous. J’ai assisté à des réunions de prière et je les ai entendus : à voir leur ardeur, leur intense angoisse et leur ferveur, on aurait bien pu croire qu’ils cherchaient leur propre salut. Et n’est-ce pas une chose à jamais étrange que nous soyons capables de remuer pour vous les cieux et la terre, tandis que vous ne pensez pas vous-mêmes à votre salut et que vous ne faites aucune attention aux choses éternelles ?

Je m’adresse maintenant à certains d’entre vous. Vous êtes ici plusieurs qui êtes membres d’églises chrétiennes, et dont, si je ne me trompe (et plaise à Dieu que je me trompe !) la profession chrétienne n’est qu’un mensonge. Vous ne vivez pas selon ce que vous professez ; vous déshonorez votre titre de chrétiens. Vous vous abstenez presque toujours de nos saintes assemblées, et qui sait dans quels péchés vous allez vous, plonger pendant nos cultes ! Hé bien ! je demande à ceux d’entre vous qui déshonorent ainsi la doctrine de notre Dieu Sauveur : Comment voulez-vous que je vous entende m’appeler votre pasteur et que je ne tremble pas, que je ne pleure pas sur le sort de vos âmes ? Peu vous importe de souiller la sainte robe de chrétien dont vous vous revêtez ; mais cela importe aux enfants de Dieu, qui soupirent et qui gémissent en secret sur les iniquités des habitants de Sion.

Après avoir pleuré et prié, que reste-t-il à faire au ministre de Christ ? Une chose encore ! — Dieu n’a pas donné à ses serviteurs le pouvoir de régénérer autrui, mais Il leur a conféré quelque chose de semblable. Nul ne peut changer le cœur de son voisin, et cependant comment les hommes sont-ils enfantés à Dieu ? L’Apôtre ne dit-il pas avoir enfanté dans les liens tel de ses enfants spirituels ? Le pasteur a donc reçu de Dieu le droit d’être regardé comme étant le père et la mère de ceux qui sont enfantés à la foi, puisque le même Apôtre disait ressentir les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que Christ fût formé en eux. Que pouvons-nous donc faire de plus ? Nous pouvons en appeler à l’Esprit. Je sais que je viens de vous prêcher l’Évangile de vous le prêcher avec instances. Je somme maintenant mon Maître de faire honneur à sa promesse. Il a dit que sa Parole ne retournera pas à Lui sans fruit, et elle n’y retournera pas ! L’affaire n’est plus entre mes mains, mais dans les siennes. Je ne puis pas vous forcer ; mais Toi, ô Esprit de Dieu ! qui possèdes la clef des cœurs, tu peux les contraindre ! — Avez-vous remarqué ce passage, de l’Apocalypse, où il est dit : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. » Quelques versets plus haut, le même personnage est représenté comme celui qui a la clef de David ; en sorte que si, après avoir frappé, l’on n’ouvre pas, il a la clef, il peut et il veut entrer. Si donc on n’ouvre pas ce matin, quand le fidèle ambassadeur frappe, il reste encore la clef secrète que l’Esprit possède et qui vous contraindra.

J’ai cru de mon devoir de vous parler comme si j’avais le pouvoir d’ouvrir ; mais maintenant je vous remets entre les mains de mon Maître. Son intention ne peut pas être que nous soyons en travail d’enfantement et que nous n’enfantions pas des âmes à la vie. A Lui donc d’agir ! Il est le maître des cœurs, et le jour nous montrera que plusieurs d’entre vous, vaincus par la souveraine Grâce, sont devenus volontairement les esclaves de Jésus et ont ouvert leur âme pendant ce sermon à ce Vainqueur irrésistible.

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