Au chapitre du baptême de l’Esprit, il faut en ajouter un autre plus court, celui du baptême de feu qui explique un aspect ignoré du parler en langues. Les langues n’ont pas seulement été associées au baptême de l’Esprit (dans le sens où nous venons de l’étudier (12)) mais aussi avec le baptême de feu.
(12) Nous donnons cette précision entre parenthèses, afin de parer d’avance à toute tentative ultérieure visant à déformer ce que nous avons dit sur la relation existant entre les langues et le baptême dans l’Esprit. Cela a été précisé au chapitre 9 pages 165-168 et est aux antipodes de la position pentecôtiste sur le sujet.
Sait-on, par exemple, que la première fois où l’on a “parlé en langues”, ce n’était pas à Jérusalem à la Pentecôte, mais à la tour de Babel ?! La diversité des langues était un JUGEMENT. Il y a dans la Bible ce qu’on appelle la loi de la première mention. Cela veut dire qu’une vérité qui y est mentionnée pour la première fois, gardera sa signification initiale jusqu’au bout. En chemin elle pourra se charger de sens, se développer, s’enrichir, mais sa valeur de départ ne s’annulera pas.
Est-il donc possible que le parler en langues portait en lui une idée de jugement ? C’est en tout cas ce qu’affirment les versets qui s’y rapportent. Le texte de base du parler en langues repris par Paul, se trouve en Ésaïe 28.11. Paul porté par l’Esprit le cite librement : “C’est par des hommes d’une autre langue et par des lèvres d’étrangers que je parlerai à ce peuple” (1 Corinthiens 14.21). La citation d’Ésaïe continue par une précision qui confirme que le jugement est bien contenu dans le parler en langues : “…afin qu’en marchant ils tombent et se brisent, afin qu’ils soient enlacés et pris”. Cet enseignement de base a échappé à la totalité du mouvement de pentecôte, bien que depuis toujours on lise en Actes 2 que les langues qui sont descendues séparément sur chacun étaient de FEU. Or, dans l’Écriture, le feu est sans contredit un symbole de jugement. C’est encore Ésaïe qui le dit, résumant ainsi tout l’enseignement biblique sur le sujet : “Voici l’Éternel arrive dans un feu… il convertit sa colère en un brasier, et ses menaces en flammes de feu. C’est par le feu que l’Éternel exerce ses jugements” (Ésaïe 66.15-16). Même si certains de ses effets sont purificateurs, le sens du jugement se retrouve partout dans le feu. Cela est clairement expliqué par un texte souvent compris et cité à rebours. Jean-Baptiste a dit des paroles qui sont reprises cinq fois dans le Nouveau Testament dont quatre dans les évangiles : “Lui (Jésus), vous baptisera de Saint-Esprit et de feu”. “Le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel… au milieu d’une flamme de feu pour punir d’une ruine éternelle…” (2 Thessaloniciens 2.7-9). Dans le Nouveau Testament, le feu, dans son sens figuratif, se rencontre 63 fois, et toujours dans le sens du jugement (13).
(13) Hébreux 1.7 n’est pas une exception, voir aussi : Actes 12.23 ; 1 Thessaloniciens 1.7 ; Hébreux 2.2 et les anges en Apocalypse.
Une lecture attentive fait découvrir que Jean, Marc et Actes 1, omettent de parler du feu. Seuls Matthieu et Luc le font parce que les pharisiens, les opposants sont là, présents et cités dans le contexte. C’est en raison de leur présence et à leur adresse que le feu est mentionné, les opposants étant absents du contexte de Marc, de Jean et d’Actes 1, le baptême de feu et le jugement sont aussi absents. C’est Jean-Baptiste lui-même qui en donne l’interprétation : “Il amassera son blé dans le grenier (c’est le baptême du Saint-Esprit) et il brûlera la paille dans le feu (c’est le baptême de feu)”. Et pour éviter toute spéculation sur le sujet, il parle trois fois de ce feu dans le texte qui s’y rapporte (Matthieu 3.7-12), et il désigne ce feu comme étant “le feu qui ne s’éteint point” (versets 10 et 12), et non pas comme un quelconque enthousiasme ou revêtement de puissance.
Ce double aspect ne devrait étonner personne puisque l’évangile, qui est pourtant la Bonne Nouvelle par excellence, porte aussi en lui-même cette notion de jugement. Nous lisons en 2 Corinthiens 2.16 “que l’évangile est pour les uns une odeur de vie donnant la vie et pour les autres une odeur de mort donnant la mort”. Le parler en langues étrangères était aussi confronté à deux catégories de personnes. Il sera pour les Juifs bien disposés, la révélation du grand mystère de l’entrée dans l’Église des gens aux langues étrangères pour ne plus former qu’un seul corps avec eux ; mais aux autres Juifs il sera l’annonce, comme le précise Ésaïe, d’un terrible jugement fait de chute, de brisement, de liens et de prison (Ésaie 28.13). Quelle était donc l’attitude de ces Juifs pour qu’une telle menace soit contenue dans une telle bénédiction ? Elle nous est décrite par un Juif de l’autre bord : “…les Juifs… qui nous ont persécutés, qui ne plaisent point à Dieu et qui sont ennemis de tous les hommes, nous empêchant de parler aux païens pour qu’ils soient sauvés, en sorte qu’ils ne cessent de mettre le comble à leurs péchés. Mais la COLÈRE a fini par les atteindre” (1 Thessaloniciens 2.14-16). Et ce terrible baptême de feu que leur annonçaient ces langues de feu, a commencé à les atteindre nationalement lors de la prise historique de Jérusalem en l’an 70, et par la plus longue et la plus douloureuse diaspora de toute leur histoire.
Nous posons une question toute simple : “Où est le signe de ce jugement dans l’actuel parler en langues et où est le peuple à qui il s’adresse ?”