Les premiers éléments d’une Théologie de l’A. T. se trouvent dans le N. T., et principalement dans les épîtres aux Galates, aux Romains et aux Hébreux.
Dès lors bien des questions qui rentrent dans cette branche de la théologie, furent débattues par les Pères de l’Église et par les savants du moyen-âge. Ainsi, par exemple, celle de savoir si l’A. T. parle de la divinité et de l’abaissement du Messie, occupa les Pères dans leurs luttes avec le Judaïsmea. Avec les Gnostiques, il fallut étudier la relation du Christianisme avec l’A. T. Avec les Manichéens, on aborda un problème qui n’est pas encore complètement résolu à l’heure qu’il est, celui de savoir ce que l’A. T. pense de l’immortalité de l’âme et de la vie éternelle. Mais ce n’est que dans ces derniers temps que la Théologie de l’A. T. a été traitée comme une branche d’étude à part. Les ouvrages que nous citerons dans la première partie de ce chapitre, sont donc bien loin d’être des ouvrages spéciaux. Ils ne se rapportent que fragmentairement à la Théologie de l’A. T.
a – Justin Martyr, Dialogue avec Tryphon. Tertullien, Contre les Juifs.
En outre, il est à remarquer que jusqu’au xviie siècle on traita beaucoup trop la Bible comme une dogmatique. On méconnut le caractère historique de la révélation ; on ne tint pas suffisamment compte des phases diverses par où elle a passé. L’Église sut bien tenir tête à l’hérésie de Marcion, qui séparait absolument la nouvelle alliance de l’ancienne. Mais ce ne fut que pour tomber dans l’erreur opposée, la confusion des deux alliances. L’A. T. renferme le Nouveau, a-t-on dit souvent, et le Nouveau explique l’Ancienb. Rien de plus vrai. Mais il ne faut pourtant pas aller trop loin : il ne faut pas s’imaginer qn’on puisse retrouver dans l’A. T. tous les dogmes chrétiens, même voilés sous diverses figures, comme le faisait en particulier la théologie alexandrine, qui ne maintenait entre la Loi et l’Évangile qu’une différence quantitative, et qui, en somme, attribuait aux Prophètes des lumières égales à celles des Apôtres. Origène, le grand maître en fait d’interprétation allégorique, était tout spécialement incapable de découvrir dans l’A. T. une marche progressive, un développement historiquec…
b – Novum Testamentum in Vetere latet. Vetus Testamentum in Novo patet.
c – Voyez l’ouvrage de Redepenning, sur Origène I, p. 273.
Il y eut pourtant des Pères, comme par exemple Augustin, qui surent mieux faire la part des deux alliances, et qui signalèrent hardiment l’infériorité de la Loi qui condamne, vis-à-vis de l’Évangile qui sauve. ; et pourtant c’est Augustin qui a dit qu’on pouvait retrouver tout le N. T. dans l’Ancien, même les promesses les plus magnifiques et les préceptes les plus sublimesd. Ceci n’empêche pas que les chapitres 15e, 16e et 17e de la Cité de Dieu ne soient dignes de toute notre attention. On peut les considérer comme la plus ancienne Théologie de l’A. T. qui-ait jamais été tentée. Il pense que, de même que l’œuvre de la création s’est accomplie en sept jours, l’histoire du règne de Dieu sur la terre peut se diviser en sept périodes successives :
d – In vetere Testamento tanta prædicatio et prænunciatio Novi Testamenti est, ut nulla in evangelica atque apostolica disciplina reperiantur, quamvis ardua et divina præcepta et promissa, quæ illis etiam libris veteribus desint. — Adim. chap. 3-4. Dans sa rétractation, il est vrai, Augustin ajoute un petit mot significatif : ut poene nulla…
- D’Adam à Noé ;
- De Noé à Abraham ;
- D’Abraham à David ;
- De David à la Captivité ;
- De la Captivité à Christ ;
- Les temps de l’Église ;
- Le Sabbat universel.
C’est là une pensée que la théologie réformée reprendra un jour.
La chronique de Sulpice Sévère, qui est également du commencement du Ve siècle, a une valeur beaucoup moindre. Le premier livre et le commencement du second renferment un abrégé de l’histoire de l’A. T. sans importance pour la Théologie biblique, bien que renfermant quelques détails intéressantse.
e – Voyez Bernays « la Chronique de Sulpice Sévère » 1861.
Grégoire-le-Grand forme la transition entre l’Église des premiers siècles et celle du moyen-âge. Ses grands ouvrages sur Job et sur d’autres livres de l’A. T. n’ont pas une valeur considérable en eux-mêmes, mais ils nous font connaître assez bien la manière dont on traitait alors l’A. T.
Au moyen-âge, on fut plus incapable que jamais d’étudier la Théologie biblique au point de vue historique. Les mystiques eux-mêmes manquaient de principes herméneutiques sains et raisonnables. Aussi bien que les scolastiques, ils trouvaient dans l’Écriture tout ce qu’il leur plaisait d’y trouver. La fleur des mystiques, les théologiens de Saint-Victor, entrevirent qu’il y avait pourtant un meilleur usage à faire de l’A. T., mais ils ne surent pas satisfaire leurs propres aspirationsf. Dans ces temps, c’est tout dire, le surnom de théologien biblique était presque une injure. Il y aurait injustice à passer entièrement sous silence les discours de Bernard sur le Cantique des Cantiques, qui était le grand arsenal du mysticisme ; mais il est évident que les rabbins du moyen-âge, et surtout Moïse Maïmonides, nous sont plus utiles que tous les ouvrages allégoriques de la théologie chrétienne de ces mêmes siècles.
f – Voyez Liebner, « Hugues de St-Victor et les diverses tendances théologiques de son temps ». 1832.