Cette question et primordiale, car la nécessité d'une nouvelle naissance pour « voir » le Royaume de Dieu et pour y « entrer » est, sans aucun doute, l'enseignement fondamental que Jésus-Christ a apporté au monde.
C'est dans une conversation particulière avec le pharisien Nicodème, un chef religieux de son temps, que Jésus développa cette doctrine d'une seconde naissance qui n'est pas une amélioration progressive de l'homme, mais fait de lui un être nouveau, non plus charnel mais spirituel.
Saint Jean, dans son évangile, nous rapporte cet entretien, la première révélation écrite de l'enseignement du Maître qui a donné son Nom au monde moderne. (Jean 3:1-21).
1. Il est donc essentiel pour nous de comprendre pourquoi, sans faire de distinction, Jésus pose la nouvelle naissance comme condition sine qua non de salut, disant à Nicodème : « en vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître de nouveau, NUL ne peut VOIR le royaume de Dieu ».
2. Il est également important pour nous de savoir ce que le Christ entendait sous ces vocables mystérieux : « si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut ENTRER dans le royaume de Dieu ».
S'agit-il d'une MÉTEMPSYCOSE quelconque, universelle, animale ou humaine, d'une transmigration d'âme d'un corps à un autre, à la mode hindoue, égyptienne ou pythagoricienne ?
Serait-il question d'une RÉINCARNATION progressive, stationnaire, ou expiatrice, à la manière spirite ?
Ou, selon l'enseignement apostolique, Jésus envisageait-il véritablement une RÉGÉNÉRATION opérée dans la vie présente par la puissance de Dieu, la restitution de ce qui avait été détruit en l'homme, moyennant la repentance du pécheur et sa foi en la Personne et l'Œuvre de Jésus-Christ ?
3. Enfin il sera utile pour tous d'examiner comment cette naissance d'eau et d'Esprit s'accomplit et quelles en sont les conséquences pour la vie humaine.
Si nous avons déjà souligné que la nouvelle naissance est la doctrine chrétienne par excellence, nous devons constater cependant qu'elle est peu connue de ceux-là même qui portent encore le beau nom de chrétiens. Bien souvent, hélas, rien ne les différencie des pécheurs d'autrefois, sinon qu'aujourd'hui ils commettent de plus en plus au grand jour ce qui s'accomplissait auparavant dans les ténèbres.
Après vingt siècles de christianisme, la plus grande confusion règne dans le domaine religieux.
Il suffit de naître dans une famille baptisée pour recevoir le nom de chrétien comme il suffit à d'autres de voir le jour dans un foyer israélite pour être juif, dans un gourbi arabe pour être mahométan, dans une maison hindoue pour être bouddhiste ou brahmane.
Le christianisme est devenu une religion, celle que nous héritons de nos pères, comme les musulmans et d'autres races héritent les croyances de leurs ancêtres.
Ainsi des êtres qui n'ont pas demandé de venir au monde seront automatiquement élevés dans le rite romain s'ils naissent de parents catholiques, dans le rite grec s'ils naissent d'un couple orthodoxe, dans le protestantisme s'ils sont issus d'une famille luthérienne, réformée ou évangélique.
Sans donc l'avoir voulu, par l'éducation et l'instruction reçues dans le cercle où ils voient le jour, les hommes se trouvent placés dans des camps opposés les uns aux autres, tout en se réclamant du même Seigneur.
Pleins de préjugés à l'égard des autres, ils estiment, souvent sans examen, que tout ce qui ne sort pas de leur milieu est étranger à leur religion, ou lui est forcément contraire.
Ainsi, pour défendre une religion que l'on croyait menacée dans ses intérêts ou sa doctrine, que n'a-t-on pas fait au nom de Dieu ?
Je ne veux pas m'étendre ici sur les guerres de religion qui ont ensanglanté l'histoire de l'Église dite chrétienne.
Il suffit de penser à ces vagues d'antisémitisme, anciennes ou modernes, qui déferlèrent sur les pays christianisés ou à ces Croisades dont la chrétienté se glorifie parfois, pour reconnaître que, trop souvent, les chrétiens ont trahi Jésus-Christ, le Maître qui, attaqué refusait de se défendre et condamnait en ces termes l'intervention armée de son apôtre : « remets ton épée dans le fourreau, car tous ceux qui prendront l’épée périront par l'épée ». (Matthieu 26.52).
Comment donc ne pas comprendre tous ceux qui, aujourd'hui, estiment que de tels scandales ont assez duré et qui, devant la menace du matérialisme athée, préconisent une large alliance des religions monothéistes, se réclamant toutes en un sens d'un père commun.
Par Ismaël, le fils de la servante, les musulmans ne descendent-ils pas d'Abraham ?
Par Isaac, le fils de la femme libre, les Juifs n'ont-ils pas le même Abraham pour père ?
Et, enfin par leur foi en Jésus-Christ, les chrétiens ne sont-ils pas spirituellement fils d'Abraham ?
Les événements actuels se chargent eux-mêmes de démontrer combien ce rêve est utopique : la haine entre Arabes et Israéliens devient plus implacable, le fossé entre musulmans et chrétiens ne fait que s'agrandir.
D'autre part, à quoi servirait donc une telle union si elle n'avait d'autre but qu'une résistance armée contre les puissances athées ?
Quoi qu'il en soit, il faudrait d'abord que les communautés dites chrétiennes réalisent leur unité et se souviennent que Jésus-Christ avait donné à son Église d'autres armes que la bombe H, pour progresser, tenir ferme, ou résister.
« Les armes avec lesquelles nous combattons, disait saint Paul, ne sont pas charnelles : mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser les forteresses. Nous renversons les raisonnements et tout orgueil qui s'élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons TOUTE PENSÉE captive à l'obéissance de Christ ». (2 Corinthiens 10.3-5).
Enfin, il faut se souvenir que les adversaires de la religion ne sont pas toujours ennemis de l'Évangile. Trop d'hommes ont été repoussés par les inconséquences des chrétiens, et s'ils ont tout rejeté c'est qu'ils ont identifié Dieu et la religion dont les abus et les infidélités leur ont donné la nausée.
C'est pourquoi nous devons constater que le christianisme, envisagé même comme religion supérieure à toutes les autres, n'est pas capable d'améliorer l'homme et de transformer le monde. Ce n'était du reste pas la mission de l'Évangile. (Matthieu 28.19-20).
L'union des religions ne changerait donc pas les hommes puisque, de visu, tous savent qu'en tous pays des gens d'une même confession tuent, volent et font mille torts à leurs coreligionnaires.
Nous devons reconnaître qu'en pays chrétien, le baptême même, administré par un prêtre, un pope ou un pasteur, n'empêchera pas un homme de mourir sur l'échafaud, ou de finir ses jours aux travaux forcés pour avoir tué son semblable. Ce baptême, pas plus que la communion, n'empêchera un homme de voler son prochain, de tromper sa femme, ou une femme son mari.
S'il en est ainsi, c'est parce que tous les hommes sont nés de la chair ; ils possèdent tous la même nature, quelles que soient leur race, leur couleur, leur religion et leur langue.
Cette affirmation de l'Écriture sainte, « il n'y a point de distinction car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ». (Romains 3.23) se trouve donc confirmé par des faits précis.
Tous, musulmans, juifs, catholiques, orthodoxes, protestants, à quelque dénomination qu'ils appartiennent par leur naissance, tous sans exception ont besoin d'une vie nouvelle, s'ils veulent voir le royaume de Dieu et y entrer. Et cette vie nouvelle, la vie même de Dieu, qui nous rend participant de sa nature et fils de son royaume, Jésus a affirmé être venu l'apporter au monde.
Il ne présentait pas sa doctrine comme un ensemble de dogmes et de principes rigides, mais comme une vie, sa propre vie.
Nul Maître avant Lui, n'a parlé un tel langage : ni les moralistes grecs ou romains, ni les rabbins de la Judée, ni aucun philosophe ou réformateur. Ce ne sont pas là des abstractions vides ou de rigides préceptes, mais des paroles vivifiantes qui traduisent les faits les plus profonds de la conscience et que la conscience seule peut vérifier — si elle a le courage d'expérimenter Dieu dans, la foi et le sacrifice.
Un chrétien authentique est donc un homme qui ne possède pas seulement la doctrine évangélique, mais la vie de Jésus-Christ, obtenue par la nouvelle naissance.
Désormais, le croyant n'est plus un homme dirigé par les principes du monde, par la gauche, le centre ou la droite. Il n'est plus, comme le dit saint Paul, la proie de la philosophie ou d'une vaine tromperie s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde et non sur Christ. (Colossiens 2.8). Il est en Christ et voit toutes choses par Lui en qui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. (Colossiens 2.9).
Un homme peut-il vraiment renaître ?
Si Jésus déclare que la chose est nécessaire, c'est certainement parce qu'il veut la rendre possible.
Jésus, dont le regard lisait jusqu'au fond des cœurs, ne discute pas longuement avec Nicodème de toutes les questions qui pouvaient agiter l'âme indécise du docteur d'Israël. Il ne tourne pas en rond, mais montre à son interlocuteur et à travers lui, à tous Les hommes troublés par des problèmes intérieurs ou extérieurs, que la nouvelle naissance est la seule voie du salut.
Selon Jésus-Christ, sans cette nouvelle naissance spirituelle le sens profond des choses terrestres et des choses célestes restera caché aux sages et aux intelligents de ce monde, « car, personne, dit saint Paul, ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'esprit de Dieu ». (1 Corinthiens 2.11). Tout restera donc problème pour l'homme naturel : la vie, la mort, le mal, la souffrance, les injustices, le passé, le présent et l'avenir. Il ne discerne ni les voies, ni les pensées de Dieu parce qu'il reste volontairement étranger à Sa vie. Il peut être religieux, honnête et vertueux, il ne demeure pas moins en dehors du royaume de Dieu.
On peut comprendre que de telles affirmations déconcertèrent et heurtèrent de front tous les préjugés de Nicodème.
Parler de la nouvelle naissance à un païen, à des pécheurs, certes ! Mais à lui, un théologien, un vrai fils d'Abraham, un Israélite de race pure, un pharisien zélé, qu'a-t-il besoin d'une transformation ? N'est-il pas digne du Royaume de Dieu, par son sang, sa croyance, ses œuvres même et sa fidélité ?
Et, de nos jours, comment oser parler de nouvelle naissance à des gens qui portent le nom de chrétiens. À des personnes dès longtemps baptisées et catéchisées ?
Nous croyons que l'amour pour Dieu et le prochain doit nous donner cette audace, car, aujourd'hui le témoignage et la triste existence de nombreux chrétiens prouvent qu'ils vivent comme si Jésus n'était pas venu ou n'avait rien fait de positif pour leur salut présent et éternel.
Oui, il faut parler de nouvelle naissance à ces multitudes d'hommes et de femmes qui ne savent plus la signification du nom qu'ils portent encore : ce beau nom de « chrétien » donné pour la première fois à Antioche aux disciples de Jésus. (Actes 11.19-26). Ces hommes avaient entendu et cru l'Évangile, et s'étaient convertis au Seigneur. Ils n'étaient pas « nés » chrétiens, ils l'étaient devenus ». (Actes 26.28). Ils avaient changé de vie et allaient bientôt connaître les souffrances que ce nom attire sur ceux qui veulent marcher ici-bas comme Christ a marché. (1 Pierre 4.16).
Penchons-nous maintenant sur les enseignements du Maître et voyons ce qu'il entendait par ces expressions : « naître de nouveau » et « naître d'eau et d'Esprit ».
Il existe deux royaumes, l'un visible et l'autre invisible.
Par la génération naturelle, nous entrons dans le royaume du monde sur lequel règne Satan, l'adversaire de Dieu. Que nous le voulions ou non, depuis la chute du premier couple, nous ne sommes pas dans le royaume de Dieu dès notre naissance, mais nous pénétrons et nous nous mouvons dans une sphère opposée à Dieu, avec une nature révoltée contre Lui et rebelle à ses lois.
Saint Paul nous dit que dans cet état « le dieu de ce siècle a aveuglé l'intelligence des incrédules, afin qu'ils ne vissent pas briller la splendeur de l'Évangile de la gloire de Christ qui est l'image du Dieu invisible ». (2 Corinthiens 4.4).
En affirmant la nécessité pour tous de cette naissance d'eau et d'Esprit, Jésus détruit du même coup cet édifice de vertus, d'œuvres, d'observances légales, par lesquelles la propre justice de tous les temps pense pouvoir subsister devant Dieu. Il ne s'agit plus de faire, mais « d'être », et avant d'être, il faut NAITRE !
C'est donc en vain que l'homme cherchera à parvenir par lui-même à un dépassement, ou à trouver une issue en comptant sur les autres. Il est sans force et tous sont pécheurs. Il n'est donc pas question que l'homme s'améliore, mais qu'il reçoive UN ESPRIT NOUVEAU et UN CŒUR NOUVEAU. (Eze 36.26-27). Et pour cela, il faut renaître par une intervention surnaturelle de la grâce et de la puissance de Jésus-Christ.
Comment ?
C'est en fait une vie qui sort d'une autre vie, un être qui sort d'un autre être. Ainsi, par la naissance physique, nous sommes sortis du sein de notre mère. Êtres de chair, nous sommes issus de la chair et, nous le savons bien, cette chair va vers la mort, car les éléments qui la composent ont tous été tirés de la poussière et retournent à la poussière. (Deut 30.19).
Or, ce corps de chair est animé par un esprit immortel qui y séjourne un temps, puis retourne à Dieu qui Ta donné. (Ec 12.7).
Disons-le de suite : la distinction que nous faisons avec les Écritures entre l'esprit, l'âme et le corps, ne détruit nullement l'unité de l'homme. (1 Thessaloniciens 5.23). Il en est de même de l'unité de Dieu qui n'est pas anéantie par les trois personnes que la Parole inspirée nous révèle en Lui. (1 Corinthiens 8.4; 2 Corinthiens 13.13).
Nous ne sommes donc pas un corps, mais nous avons un corps que nous habitons. Par nos yeux, nous regardons ; par nos oreilles, nous écoutons ; par notre langue, nous nous exprimons ; par nos mains, nous travaillons. Mais nous ne sommes pas nos organes, ni nos membres. Nous les possédons ; puis un jour, nous les quittons. Ainsi l'homme n'est pas enseveli sous les décombres de sa demeure terrestre. (1 Corinthiens 5.8).
Mais cette âme, qui anime pour un temps notre corps de chair, s'est révoltée contre Dieu : toute l'histoire du monde en est l'irréfutable preuve.
Oui, l'âme humaine, en rébellion contre son Créateur, a perdu tous les bienfaits de son ineffable présence. Si donc, pendant son séjour ici-bas, l'esprit de l'homme ne se laisse pas éclairer, vivifier, libérer, si une réconciliation avec Dieu ne s'opère pas, il reste sous l'empire de la chair à laquelle il a cédé, aveuglé et obscurci. Quand à la mort, il quitte les ténèbres du dedans, c'est pour entrer dans les ténèbres du dehors, dans une éternelle séparation d'avec Dieu, source unique de vie, de lumière et d'amour.
Et rien dans la Bible ne laisse même supposer qu'une réconciliation soit possible dans l'au-delà. C'est MAINTENANT, pendant notre vie terrestre que le salut nous est offert et que nous pouvons recevoir le pardon de nos péchés et la vie éternelle.
Or, entre la chair et l'Esprit, il y a un abîme. L'Esprit peut être répandu sur la chair, mais la chair ne saurait d'elle-même s'élever vers l'Esprit.
Séparé de Dieu, spirituellement mort, l'homme n'est plus que chair. (Gen 6.3). Aussi, après sa naissance terrestre, il doit connaître une seconde naissance sans laquelle son âme assujettie à la vie charnelle, et à la domination de Satan, marche dans ses fautes et dans ses péchés. (Eph 2.1-3).
Cette naissance d'en-haut s'opère à l'ouïe de la Parole de Dieu et par l'action puissante du Saint-Esprit.
Mystérieux, libre comme le vent, l'Esprit souffle où II veut. Il est seul capable de nous pénétrer, de nous saisir et de réaliser en nous la rédemption accomplie par l'œuvre du Christ, nous transportant du royaume des ténèbres dans le royaume de Dieu. (Colossiens 1.12-14).
Sa première action consiste à convaincre les hommes de péché et à les amener par la Parole à reconnaître la nécessité de mourir à cette vie de la chair, avant la mort du corps.
L'Esprit-Saint n'entreprend donc pas l'amélioration de la vie de la chair, mais la conduit au jugement et à la mort afin de nous faire renaître à Sa vie, rétablissant ainsi notre relation avec Dieu et restaurant Son image en nous par l'action sanctifiante de la Parole. (2 Pierre 1.3-4).
C'est donc bien d'une régénération qu'il s'agit, régénération que les Épîtres néotestamentaires attribuent toujours à la double action de la Parole de Dieu et du Saint-Esprit. (2 Corinthiens 5.17).
Un exemple tiré de la nature nous aidera à mieux comprendre comment une vie nouvelle peut jaillir de la mort.
Prenez un grain de blé et conservez-le précieusement dans un écrin de velours. Dans une année, vous retrouverez votre grain de blé intact, mais solitaire.
Prenez-le maintenant, séparez-vous de lui et jetez-le en terre. Vous ne retrouverez certes pas votre grain de blé mais trente, soixante ou cent autres grains semblables dans l'épi auquel il a donné naissance.
Jésus disait de Lui-même : « si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il demeure seul, mais s'il meurt il porte beaucoup de fruit ». (Jean 12.24).
Mais comment mourir ?
De quelle mort s'agit-il puisqu'il ne peut être question de la mort du corps, qui nous conduirait tout simplement au jugement, car, dit l'Écriture : « il est réservé aux hommes de mourir une fois, après quoi vient le jugement ». (Heb 9.27).
Il n'est donc pas question de réincarnation progressive. Ici-bas, l'homme meurt une fois.
La Bible n'enseigne nulle part la réincarnation.
Ce qu'elle établit avec force, C'EST LA RÉSURRECTION, tant des justes que des injustes, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l'opprobre et la honte éternelle. (Daniel 12.2; Jean 5.28; 1 Corinthiens 15).
Ainsi, le suicide n'offre aucune solution à celui qui désire changer de vie. Au contraire, en attendant la résurrection et le jugement, la mort le fixe dans l’état qu'il voulait quitter.
La mort dont nous parle l'enseignement de Jésus est une mort à SOI-MÊME. Il s'agit donc de mourir avant notre mort. DE MOURIR EN VIE, pour laisser une autre vie s'implanter en nous, et produire du fruit pour Dieu dans notre chair mortelle, avant la mort de notre corps. (Luc 9.23-24).
La nouvelle naissance est une vie qui sort de la mort, mais de la mort d'un Autre, de la mort de Jésus-Christ. (2 Corinthiens 4.10-12).
Or, Jésus n'est pas un théoricien. Ce qu'il ordonne, Il le donne.
S'il pouvait dire à Nicodème que, sans nouvelle naissance, NUL ne pouvait voir le royaume de Dieu, parlant de Lui Il ajoutait aussitôt : « il faut que le Fils de l'homme soit élevé, afin que QUICONQUE croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle ». (Jean 3.16). Par ces paroles, Il annonçait sa mort volontaire et expiatoire, la mort du grain de blé d'où allait jaillir d'autres vies nouvelles, vies dont le GERME serait conforme à la sienne. Et c'est ainsi, qu'un jour, dans la gloire, le Christ pourra présenter à son Père des vies rendues parfaitement semblables à la sienne.
Mais, pour que la mort et la résurrection du Christ, pour que les grands faits accomplis en Lui, et par Lui, se reproduisent en nous, il faut notre participation qui se manifeste en une foi vivante, par une adhésion du cœur, qui nous identifie au Christ dans la mort au péché, et dans Sa vie pour Dieu.
Si nous recevons Jésus par la foi, si nous croyons en Lui, Il accomplit Lui-même en nous cette œuvre merveilleuse. Liant son sort au nôtre, Christ subit pour nous la condamnation et la mort que nous méritaient nos péchés ; mais, ayant la vie en Lui-même, après avoir souffert la mort et le jugement, Il ressuscite et nous fait vivre désormais de sa vie. (Romains 5.6).
Saint Paul se fait l'écho de cette bienheureuse expérience quand il s'écrie : « j'ai été crucifié avec Christ et si je vis ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré Lui-même pour moi ». (Galates 2.20).
C'est ainsi que prend fin l'effort pénible et stérile de l'homme et que cesse la vie de malédiction sous une loi que la chair ne peut pas accomplir. (Romains 7).
Dès lors commence dans la paix avec Dieu cet abandon quotidien de l'être tout entier à la vie de Jésus, qui va manifester dans notre chair mortelle le fruit de l'Esprit : « l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la tempérance ». (Galates 5.22-23).
Régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente Parole de Dieu, une intelligence nouvelle nous est donnée des choses de Dieu et de celles du monde. Dieu n'est plus accusé, mais adoré, aimé et obéi.
Il est dès lors facile de comprendre le sens mystérieux des paroles de Jésus : « naître d'eau et d'Esprit ».
Si, comme nous l'avons vu, « naître » peut signifier « sortir de », il est question pour nous, si nous voulons renaître, de sortir de l'eau qui est la Parole, et de l'Esprit.
Pour sortir de l'eau, il faut y être entré. Entrer dans cette eau, c'est croire la Parole. C'est mourir, et cette mort est symbolisée par le baptême, cette immersion du croyant qui confesse avoir renoncé à sa vie, cette vie qui a causé la mort de Christ.
Acceptant Jésus-Christ, le croyant se trouve baptisé dans sa mort, dont l'eau est le symbole. Mais comme Christ est ressuscité des morts, le néophyte en sortant de l'eau témoigne que, désormais, par une foi vivante, par la puissance du Saint-Esprit, il marchera en nouveauté de vie.
Ainsi, Jésus-Christ seul, par Sa mort et Sa résurrection, offre à l'homme la possibilité de mourir ici-bas à sa vie de péché et de vivre dès maintenant, dans son corps mortel d'une vie éternelle.
De même que Noé, ayant cru la Parole de Dieu, traversa dans l'arche les flots du déluge, de même le chrétien, réfugié en Christ, traverse la mort et le jugement divin pour commencer une vie où les choses vieilles sont passées et où toutes choses sont devenues nouvelles.
Aussi l'apôtre Pierre peut-il écrire : « aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur, puisque vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu ». (1 Pierre 1.22-23).
Amis, avez-vous déjà rencontré Celui qui seul peut nous faire voir le royaume de Dieu et nous y faire entrer ?
Le rencontrer, c'est voir clair dans notre vie et découvrir notre nature pécheresse, à la lumière du Christ sans péché.
C'est l'entendre nous dire : « repentez-vous, car vos œuvres sont mauvaises » !
Je sais bien que plusieurs parmi vous, ont des habitudes religieuses, des gestes de piété. Je sais que certains récitent encore leurs prières, se confessent et communient.
Cependant, votre vie est-elle changée ?
Êtes-vous nés de nouveau ?
Si vous L'avez rencontré, que Lui avez-vous dit ? Qu'avez-vous confessé ?
Si, parfois, les confessions au prêtre, au pasteur ou à des frères, sont si stériles et rebutantes, ne croyons pas que c'est parce que nous avons toujours la même chose à dire ; c'est, en réalité, parce que nous disons seulement des choses insignifiantes.
Nous nous contentons, d'ordinaire, de tout ce qui importe peu, d'une petite ritournelle de péchés commis depuis l'enfance, que nous continuerons à commettre et confesserons à nouveau, sans même croire qu'un jour nous en serons délivrés.
Nous ne nous confessons pas de ce qui nous tourmente vraiment, de nos vrais soucis, de nos états d'âme les plus profonds.
Nous gardons jalousement pour nous notre problème, celui qui nous ronge, nous paralyse et étouffe notre vie spirituelle, sans que nous désirions pourtant le résoudre.
Même devant Dieu, nous nous accusons rarement de ne pas avoir su accepter notre vie, notre famille, telle qu'elle est, notre situation de fortune, notre âge, notre laideur, notre infirmité.
Nous ne nous confessons pas de nos révoltes, de nos découragements, des mauvaises tristesses que nous entretenons ; de nos terribles manques de foi et d'espérance qui font que, lorsque nous prions, nous savons déjà que rien ne sera changé. Nous manifestons ainsi que nous n'espérons rien de Dieu et que nous sommes résignés à rester aussi médiocres, aussi tristes, aussi mauvais et pauvres que nous le sommes, parce qu'au fond nous ne voulons pas changer.
Si vous aviez rencontré le Christ, si l'on vous avait averti qu'Il passait, que vous pouviez vous présenter devant Lui, que Lui auriez-vous dit ? Que Lui auriez-vous demandé ?
Quelles guérisons ? Quels miracles ? Quel changement d'âme, de vie, de cœur auriez-vous imploré ?
Ah ! Je suis sûr que vous ne Lui auriez rien dit de ce que vous dites dans vos prières ordinaires, aucune des vieilles formules ne vous aurait servi !
En Le voyant, un cri nouveau aurait jailli de votre cœur, la vraie plaie de votre être se serait ouverte et vous vous seriez senti arraché de vous-même ; vous n'auriez pu vous empêcher de Lui demander le Tout, la seule chose importante : de croire en Lui, de L'aimer, de vivre dans son amour et selon sa volonté.
Et même si vous n'aviez pas su d'avance, ni trouvé ce que vous deviez Lui demander, dès que vous L'auriez rencontré, à peine L'auriez-vous vu, vous auriez compris ce qui vous manquait ; Lui, pour Bien-aimé de votre âme, Lui l'Être ineffable dont on ne se passe plus !
Votre âme alors aurait débordé de joie, de certitude et de foi.
Amis, Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et éternellement.
Il vient à la rencontre de ceux qui le cherchent.
Si vous savez vous arrêter, vous recueillir devant Lui, Il vous révélera ce dont vous avez souffert jusqu'ici, ce qui vous a tellement manqué... Lui, sa plénitude !
Évidemment sans cela, c'est-à-dire sans Lui, votre vie est vide et vous devez la remplir de quelque chose, fût-ce même de péchés, de péchés auxquels vous ne tenez pas tellement, dont vous n'êtes pas si fiers après tout, mais il faut bien combler ce terrible vide...
Il faut bien occuper son temps...
Qu'auriez-vous dans votre pauvre vie si vous n'aviez pas vos péchés ? N'est-ce pas la seule chose solide à laquelle vous vous accrochez un peu ?
Mais si une rencontre avec Jésus vous révélait, comme aux premiers disciples, la grandeur de sa grâce et éveillait en vous un amour qui remplisse et transfigure votre vie, si vous pouviez vous croire épaulés, accompagnés, peuplés par un tel amour, alors vous posséderiez tout ce qu'il vous faut.
Vous n'auriez plus besoin de pécher, vous n'auriez plus « envie » de pécher : vous seriez trop heureux ainsi !
Comme Nicodème, dans le silence de la nuit, recherchez cette ineffable rencontre.
Alors, avec Job, vous ne tarderez pas à Lui dire :
« J'avais entendu parler de toi, mais maintenant mon œil t'a vu et je me repens sur la poussière et sur la cendre ». (Job 42.6).
Puis, devenant disciple du Maître, à la fin d'une vie de luttes stériles, et à l'aurore d'une vie nouvelle, vous pourrez vous écrier comme le patriarche Jacob :
« J'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée ». (Gen 32.30).