Elle peut se résumer en cinq points.
1. Avant tout, le témoin-combattant fait la volonté de Dieu. C’est l’axe et l’inspiration de sa vie. Il en reçoit son élan ; et c’est aussi le but de son activité.
Pour lui, la volonté révélée de Dieu est la seule considération, la seule autorité, la seule opinion qui compte, au milieu du laisser-aller général et des compromis qui l’entourent. C’est un feu qui brûle en lui, une énergie divine qui le pousse, qui le charge de dynamite. L’opinion publique, les complots, les mots d’ordre religieux qui lient tant de chrétiens, les regards du sanhédrin, ne sont qu’autant de coups de vent qui augmentent ce feu et le stimulent dans sa mission divine. Persécuté, Jérémie s’écriait lors d’un moment de découragement passager : « Si je dis : je ne ferai plus mention de Lui, je ne parlerai plus en Son Nom, il y a dans mon cœur comme un feu dévorant qui est renfermé dans mes os. Je m’efforce de le contenir et je ne le puis … Mais l’Eternel est avec moi comme un héros puissant … c’est pourquoi, chantez à l’Eternel, louez l’Eternel ! » (Jérémie 20.9-13)
La volonté de Dieu révélée par la Parole devient plus précieuse au témoin que sa propre vie ; comme pour son Seigneur, cette volonté est sa nourriture, son breuvage, le secret de son existence et de sa force ; lorsque l’obéissance à cette volonté le conduira à souffrir, à mourir même au milieu de l’erreur, de l’hypocrisie et du péché, il témoigne alors en vainqueur et avec joie que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite (Romains 12.2).
En est-il ainsi de nous ? N’avons-nous pas à nous humilier ? Ne sommes-nous pas souvent comme ces gens qui, du temps de Jésus, étaient bien intentionnés, décidés jusqu’à un certain point, mais liés par la crainte des Juifs, les autorités religieuses de ce temps-là ? (Jean 7.13) « La crainte des hommes est un piège, mais celui qui se confie en l’Eternel est protégé » (Proverbes 29.25). Pourquoi craindre, ou plutôt, qu’y a-t-il à craindre ? Rien, absolument rien. « Cessez de vous confier en l’homme, dans les narines duquel il n’y a qu’un souffle » (Esaïe 2.22).
Que nos vies s’enracinent dans le roc de la volonté de Dieu. Elle seule, et la Parole demeurent. Vivons, travaillons, luttons pour ce qui demeure. Ayons vision de l’éternité.
2. Le témoin-combattant proclame fidèlement la vérité de Dieu dans des temps difficiles.
« Que celui qui a entendu Ma Parole rapporte fidèlement Ma Parole. Pourquoi mêler la paille au froment ? dit l’Eternel. Ma Parole n’est-elle pas comme un feu, dit l’Eternel, comme un marteau qui brise le roc ? » (Jérémie 23.28, 29)
Elie, Jérémie et Ezéchiel furent appelés d’une façon toute spéciale à briser le roc ! Méditez les vies de ces majestueux vieux prophètes; leur message revit avec une force toute actuelle ; laissez-vous en pénétrer, orienter et instruire. Vous n’avez pas à consulter la chair et le sang (Galates 1.16). Vous devez écouter votre Dieu, Lui seul est votre Professeur. Vous n’avez pas à vous préoccuper de savoir si la Parole de la vérité conviendra ou non à vos auditeurs ; mais prêchez-la, insistez en toute occasion, favorable ou non. La Parole de Dieu, la vérité, n’est pas venue apporter la paix, mais l’épée, la division, la souffrance : c’est elle qui appelle la lumière jour et les ténèbres nuit (Genèse 1.4). « Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur et la douceur en amertume ! » (Esaïe 5.20)
Le devoir du témoin, c’est de lancer les anathèmes de Dieu dans les rangs du péché et de l’erreur. La puissance du ciel agit en lui ; il ne lutte pas contre la chair et le sang ; il est homme parmi les hommes, mais avec un message d’en haut. Malheur à lui, s’il ne prêche pas la vérité toute pure soulignant tel angle, tel aspect, telle partie de la révélation dont Dieu seul voit le besoin pour l’heure actuelle ! Il proclame la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. La vérité de Dieu n’est pas une tradition qu’on vénère dans la passivité et l’adoration formaliste. Non, la vérité de Dieu est faite pour confondre l’erreur, pour assaillir les puissances des ténèbres, pour « renverser des forteresses … les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu », dans l’Eglise et dans le monde (2 Corinthiens 10.4, 5). Partout, en tous temps, avec la sagesse d’en haut, annoncez la vérité et soyez prêts à en payer le prix, car « elle est plus précieuse que les perles, elle a plus de valeur que tous les objets de prix » (Proverbes 3.15).
Aujourd’hui, le monde a besoin de la vérité, le monde désire entendre la vérité, mais annoncée dans un langage qui lui soit accessible. Il faut la lui donner. Ne sommes-nous pas ici-bas pour rendre témoignage à la vérité ?
Aujourd’hui, l’Eglise apostate a besoin de la vérité, bien qu’elle ne l’aime pas ; cette vérité dérange trop les programmes et renverse l’ordre établi. Elle est trop intransigeante ; elle projette trop de lumière ; elle exige trop de sainteté, car c’est elle qui vient éclairer la maison (Luc 15.8). Mais elle révèle la poussière … « Crie aux oreilles de Jérusalem ! » dit Dieu à Jérémie. Mais Jérusalem n’aime pas qu’on lui crie aux oreilles ; preuve en est ce qui se passa au Calvaire, à la croix, où la vérité fut rejetée et crucifiée … « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-Je voulu … et vous ne l’avez pas voulu » (Matthieu 23.37).
3. Le témoin-combattant maintient sans fléchir l’honneur de Dieu.
La chrétienté appelée à maintenir l’honneur et la gloire de Dieu a failli en multipliant ses compromis avec le monde et l’erreur. N’est-il pas vrai que la théologie protestante actuelle déshonore Dieu ?
Car sous ses formes religieuses, sous son parler déloyal soi-disant évangélique, elle nie tout simplement la conception miraculeuse, par le Saint-Esprit, de Jésus dans le sein de la vierge ; elle nie que Jésus-Christ est Dieu béni éternellement, que, sur la Croix, Il a expié les péchés en versant Son sang, étant abandonné de Dieu, portant tout le poids de nos péchés, ayant été fait péché pour nous, apaisant ainsi la colère de Dieu à l’égard du coupable. La nouvelle théologie nie qu’il est ressuscité corporellement, qu’il est monté dans la gloire et qu’Il en reviendra comme Il y est monté. Elle nie sous les formes les plus subtiles et diverses que la Bible est la Parole de Dieu inspirée par Lui de la première à la dernière page. Et elle nie tant d’autres faits fondamentaux de notre foi qu’elle cache, qu’elle tord et qu’elle explique de telle façon que les chrétiens mal renseignés se laissent aveuglément prendre au piège !
Tout cela déshonore Dieu. Son honneur est jeté dans la boue … Tant de chrétiens ne le comprennent pas et ne veulent pas prendre position contre l’apostasie protestante. Ceux qui se taisent et qui nous jugent courent ainsi eux-mêmes le risque de déshonorer Dieu !
L’honneur même de Dieu est en cause ! Lecteur, pouvez-vous dire : Pour moi, je ne puis me taire ? Ecoutons la Parole de Dieu. Depuis quarante jours, Goliath s’avançait entre les deux armées ennemies, défiant Israël et Jéhovah. Saül et tout Israël tremblaient et se cachaient dans leurs tentes. David arrive soudain des pâturages de son père, il entend les paroles provocatrices du géant et, sans hésitation, il demande : « Qui est donc ce Philistin, cet incirconcis, pour insulter l’armée du Dieu vivant ? » Refusant l’armure de Saül, avec sa seule fronde et ses cinq cailloux, il se présente devant le géant et répond à son défi par ces mots : « Je marche contre toi au Nom de l’Eternel des armées, du Dieu de l’armée d’Israël, que tu as insultée » (1 Samuel 17.45). Il lui lance un caillou au front et vainc cet incirconcis. Le parallèle est exact, et cette Ecriture est écrite pour notre instruction : Ce géant incirconcis de la sagesse humaine qui s’appelle la nouvelle théologie déshonore Dieu, et nous ne voulons pas la craindre. En face de ses défis, nous voulons maintenir l’honneur de Dieu. Si vraiment nous aimons Dieu, nous ne pouvons pas nous dérober ! Laissons nous inspirer par l’exemple de David. Le Dieu de David est parmi nous. Son Nom glorieux fait trembler l’abîme et fuir les démons.
Voilà pourquoi l’apôtre Paul donnait cet ordre à son fils Timothée : « Combats le bon combat de la foi ! » (1 Timothée 6.12)
Le mot traduit ici par combattre signifie agoniser, contester publiquement, et ce besoin de combattre publiquement pour la vérité de Dieu est urgent. Il faut être volontairement aveugle pour ne pas le voir, il faut être singulièrement malade — spirituellement parlant — pour s’y opposer. Nous ne pouvons pas comprendre ceux qui se disent être d’accord avec nos convictions, mais qui critiquent nos attaques et n’en voient pas la nécessité. La nouvelle théologie, la critique biblique rationaliste sont pourtant des faits et un constant affront à notre Dieu; mais ce sont ces faits auxquels les chrétiens ne veulent pas faire face. L’ennemi est entré comme un déluge dans la chrétienté ; l’Esprit de l’Eternel est en train d’élever l’étendard de la vérité contre cet accusateur qui a envahi le sol sacré de notre. Bible et mine les fondements même de notre citadelle. Il empoisonne nos enfants et nos jeunes gens avec les hérésies, les mensonges précurseurs de l’Antichrist.
En face de tels assauts, il n’y a qu’une seule méthode : le combat. Ceux qui s’y refusent risquent de faire l’œuvre de l’ennemi et de perdre leur couronne. Qu’ils se laissent instruire par cette parole des Juges : « Maudissez Méroz, dit l’ange de l’Eternel, maudissez, maudissez ses habitants, car ils ne vinrent pas au secours de l’Eternel, au secours de l’Eternel parmi les hommes vaillants » (Juges 5.23).
Que voit-on de nos jours ? Des associations avec l’erreur, des compromis, des concessions de tous genres ; les lignes de démarcation et de séparation s’effacent ; il y a partout fléchissement et tolérance coupables ; à cela s’ajoutent les critiques et le recul de ceux qui combattaient autrefois avec nous pour la foi … un fait solennel que tous peuvent constater, un signe des temps.
Ce qui maintient le chrétien dans l’obéissance intégrale à la vérité, libre de tout compromis, c’est le combat pour la foi, contre l’erreur. C’est la bataille de minuit, celle de Gédéon (Juges 7.9), où les membres du corps de Christ luttent contre les puissances des ténèbres.
Ce combat pour l’honneur de Dieu n’est pas un combat dans lequel on s’engage à la légère ; c’est une agonie. Il entraîne des souffrances intimes et aiguës. « Souffre avec moi pour l’Evangile, par la puissance de Dieu », disait Paul à Timothée (2 Timothée 1.8).
Les événements marchent avec rapidité. Le diable travaille avec un succès extraordinaire parmi les chrétiens ; bien que peu le remarquent, il est vrai. A l’heure actuelle, si les choses visibles changent si rapidement, les choses invisibles changent plus vite encore. Mais il y a un tel aveuglement parmi les chrétiens qu’ils n’y prennent pas même garde. Dès qu’on a vision comme l’aigle qui « plonge au loin les regards » (Job 39.32), on ne peut faire autrement que de s’affranchir de toute torpeur, d’agir et de combattre, renonçant à toute passivité, tout compromis, tout sectarisme. On voit bien vite qu’il n’y a qu’un chemin à suivre, une méthode à adopter, un but à viser : obéir à Dieu, maintenir Son honneur en combattant pour la foi.
4. Le témoin-combattant sauve autant d’âmes que possible.
L’apostasie actuelle n’est pas une vague qui passera, un courant qui ralentira, ni un vent qui s’apaisera. La vague deviendra raz-de-marée, le courant deviendra déluge, et le vent deviendra ouragan. « Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. Mais les hommes méchants et imposteurs avanceront toujours plus dans le mal, égarant les autres et égarés eux-mêmes » (2 Timothée 3.12, 18).
Il est contraire à la révélation divine autant qu’aux faits d’espérer un retour à des temps meilleurs, ou de croire que la chrétienté infidèle échappera au désastre. Le navire est torpillé ; il n’est plus question de le sauver, ni d’arrêter les flots de l’erreur ; mais le devoir, le privilège de ceux qui, comme les hommes d’Issacar (1 Chroniques 12.32), ont le discernement et la connaissance de ce qu’il faut au peuple de Dieu à l’heure actuelle, est de sonner la trompette, d’avertir et de sauver autant d’hommes que possible. « Lorsque Je fais venir l’épée sur un pays, et que le peuple du pays prend dans son sein un homme et l’établit comme sentinelle — si cet homme voit venir l’épée sur le pays, sonne de la trompette et avertit le peuple; et si celui qui entend le son de la trompette ne se laisse pas avertir, et que l’épée vienne le surprendre, son sang sera sur sa tête. Il a entendu le son de la trompette et il ne s’est pas laissé avertir, son sang sera sur lui ; s’il se laisse avertir, il sauvera son âme. Si la sentinelle voit venir l’épée, et ne sonne pas de la trompette ; si le peuple n’est pas averti, et que l’épée vienne enlever à quelqu’un la vie, celui-ci périra à cause de son iniquité, mais Je redemanderai son sang à la sentinelle » (Ezéchiel 33.2-6).
Et dans le même ordre d’idées, l’apôtre Paul, décrivant son ministère et la méthode qu’il avait été conduit à adopter, dit : « Car bien que je sois libre à l’égard de tous, je me suis rendu le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Avec les Juifs, j’ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme sous la loi … afin de gagner ceux qui sont sous la loi … Je me suis fait tout à tous afin d’en gagner de toutes manières quelques-uns. Je fais tout cela à cause de l’Evangile » (2 Corinthiens 9.19-23). En rien, il n’abandonne la Parole, les droits et l’autorité de l’Evangile, mais à cause de la vérité, il s’adapte aux circonstances afin de gagner le plus grand nombre possible d’âmes. Il faut nous laisser inspirer par cet exemple : tout faire pour sauver les perdus, ouvrir les yeux des chrétiens qui sommeillent, délier les esclaves, gagner à Christ les ignorants. Voilà le premier objectif du témoin-combattant.
Cet appel de Dieu se fait entendre aujourd’hui : sonner la trompette, combattre pour la foi, insister en toute occasion, favorable ou non, afin de sauver autant d’enfants, d’hommes et de femmes que possible.
5. Enfin, le témoin-combattant crie dans le désert (Esaïe 40.3 ; Marc 1.13).
Sa vocation vient de Dieu ; comme Elie, Jean-Baptiste, Etienne, il crie, il donne son message et disparaît après avoir accompli sa mission divine. Peut-être la foule n’y prête-t-elle pas grande attention, mais l’avenir lui donne raison ; le temps le justifie. Il appartient à l’éternité. Pour lui, les choses de ce monde ont moins d’importance que les réalités divines.
Son âme connaît les assauts haineux de l’enfer, la malveillance des hommes, mais elle demeure ancrée au-dedans du voile (Hébreux 6.19). Il est dans la main de Dieu. Il voit « le ciel ouvert … et Jésus debout » (Actes 7.55). La solitude est sa demeure et sa force : « Une voix qui crie dans le désert. » Pour le monde, qu’y a-t-il de plus insensé que de choisir le désert pour y crier ? Il va au désert ; il crie ; sa voix se perd dans l’immense vide de l’indifférence et de la surdité volontaire de la masse. Telle est sa mission ; telle est sa tâche. « Une voix qui crie ! » Malheur à elle, si elle ne crie pas.
Voilà de quoi le monde a un urgent besoin. C’est là notre vocation : une voix qui crie dans le désert de l’apostasie. Et Jésus dit que ce ministère-là est le plus grand de tous (Matthieu 11.11). En effet, c’est un grain de blé qui tombe en terre et meurt, mais plus tard, il porte beaucoup de fruit. C’est donner sa vie pour ses frères, dans le vrai sens de ce terme. C’est le désintéressement par excellence. C’est livrer son dos à ceux qui frappent, ne pas se dérober aux ignominies et aux crachats. C’est rendre son visage semblable à un caillou, sans connaître ni honte, ni crainte, ni hésitation, tandis que ceux qui s’opposent à la vérité s’usent comme un vêtement que la teigne ronge (Esaïe 50.6-9).